L’ALF britannique: un haut degré de morale individuelle

L’ALF se posait initialement comme affirmation morale. Lors d’une intervention clandestine dans un laboratoire, une importante somme d’argent fut trouvée, mais elle ne fut pas emportée. Les billets furent déchirés, afin de souligner la supériorité morale de l’action.

Il n’existait pas encore un esprit d’organisation et, pour cette raison, un grand débat se fit sur la nécessité ou non d’atteindre aux biens, notamment par l’intermédiaire de l’incendie comme moyen d’action.

Une scission apparut dans l’ALF pour cette raison, alors qu’une autre structure émergea, la Northern Animal Liberation League (NALL). Celle-ci prônait les raids organisés contre les laboratoires au moyen de l’irruption de plusieurs centaines de personnes. Leur point de départ véritable fut l’opération contre la Babraham Agricultural Research Centre de Cambridge, révélant au moyen de photographies et de film la vivisection se déroulant là-bas.

L’ALF avait pris une autre direction : aux actions de libération d’animaux – sa tâche principale – devaient s’associer des actions devant porter atteinte aux intérêts économiques de l’exploitation animale.

Cela impliquait la clandestinité et la décentralisation, à l’opposé des actions de la NALL. Cette dernière connut, de par ses activités « en surface », un large écho à l’initial, se déclinant en plusieurs autres structures : la EALL (pour l’Est), la WALL (pour l’Ouest), la CALL (pour le centre du pays) et surtout la SALL (pour le Sud), qui devint la plus importante. Cependant, le succès avait comme prix une répression toujours plus forte.

Un commando de la SEALL libéra un macaque et filma les autres singes subissant la vivisection dans l’université royale des chirurgiens à Downe, rééditant l’opération dans les locaux de Bios laboratorium, filmant et libérant 13 chiens beagles.

Mais l’action contre le centre de recherche de Wickham fut éventé, les activistes se retrouvant face à des hommes armés, des arrestations nombreuses s’ensuivant et le procès, en septembre 1983, aboutissant à la dissolution de la SEALL.

Une logique similaire se produisit avec l’échec de l’action du 24 avril 1984 menée par la NALL contre le centre de recherche ICI à Alderly Edge. Il fallut affronter la police, détruire des installations pour arriver jusqu’aux animaux, pour finalement subir des arrestations nombreuses et brutales.

A cet échec marquant la disparition de la NALL succéda celui de l’EALL. Ses 300 activistes agissant contre le centre de recherches d’Unilever à Bedford étaient munis de marteaux et d’engins afin de se tronçonner un passage, mais se perdirent dans les locaux, l’action durant plus d’un quart d’heures et amenant de très nombreuses arrestations. Le procès de cette action en 1986 amena la dissolution de l’EALL.

Plusieurs dizaines de personnes eurent des peines de quelques années de prison ; le principe d’une action publique apparaissait comme impossible. Seule la CALL se maintint, mais sans chercher à de mobilisations de masse, cherchant seulement à obtenir des enregistrements vidéos.

L’ALF, opérant de l’illégalité, ne connaissait pas ces déboires ; l’action significative de la seconde vague d’intervention de l’ALF fut, en août 1979, une attaque incendiaire des bureaux des fournisseurs de laboratoires Tuck and Sons, dans l’Essex, provoquant d’importants dégâts.

Une autre action d’importance fut dans ce cadre fut la dégradation au moyen de peinture du garage et du véhicule de Georges Sabey, des laboratoires Wellcome. Ce fut la première action ne visant plus qu’indirectement l’exploitation animale, en s’en prenant à un individu y jouant un rôle considéré comme important.

Cette étape semblait se placer dans le prolongement direct des autres actions, mais elle posait une question politique de la plus haute importance, formant d’ailleurs un point d’achoppement très important au sein du mouvement, une frange considérant qu’il était stratégiquement nécessaire de passer au stade de l’agression contre de telles personnes.

L’ALF, historiquement, a refusé cela, contrairement à d’autres organisations lui étant très proches, voire composant pratiquement des tendances en son sein. Toutefois, sous l’égide de Ronnie Lee, l’ALF conserva une démarche facile et portée par n’importe qui, sur une base très simple, devant permettre une vague de sabotages qui forcerait l’exploitation animale à plier.

L’ALF produisit en ce sens une charte, qui consistait en les points suivants :

a) Libérer les animaux des endroits où l’on abuse d’eux, c’est-à-dire les laboratoires, les fermes usines, etc., et de les amener dans de bons endroits où ils auront de grandes chances de vivre leur vie naturelle, libres de souffrances.

b) Infliger des dommages économiques à ceux et celles qui profitent de la misère et de l’exploitation des animaux.

c) Révéler les horreurs et atrocités commis contre les animaux derrière les portes fermées à clef, en menant des actions directes non violentes et des libérations.

d) Prendre toutes les précautions nécessaires afin de ne mettre en danger aucun animal, humain et non humain.

Avec cette approche rejetant la violence contre des humains, l’ALF rejetait, par définition, toute révolution, qui présuppose la violence dans la mesure où il y a un renversement social. La raison est qu’elle considérait son approche comme révolutionnaire en soi.

L’ALF se voyait comme une vague de réforme radicale au sein de la société elle-même ; elle prônait une morale quotidienne nouvelle, des actions éminemment révolutionnaires de par leur contenu tant illégal qu’exigeant des changements économiques, sociaux et culturels profonds, mais en contournant ouvertement la question de l’État.

L’ALF ne voyait, en fait, que la société : il ne s’agissait pas d’un mouvement anarchiste, refusant la société et prônant une certaine marginalité, mais d’un mouvement contestataire moraliste cherchant à soulever le peuple. Le parallèle avec le protestantisme des origines – Thomas Müntzer – est inévitable dans un pays où la religion officielle, l’anglicanisme, est un protestantisme ayant échoué et sombré sous la forme d’une sorte de catholicisme royal combattant ardemment les « puritains ».

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De la guérilla non-violente de la Band of mercy à l’ALF

La bataille du chien marron marqua la fin d’un positionnement antagoniste en Angleterre. Il faudra attendre les années 1960 et 1970 pour voir apparaître une contestation réelle et générale de la vie quotidienne. L’aspect le plus connu culturellement consiste en le foisonnement des mouvements de jeunesse (notamment rockers, mods, skinheads et bien sûr punks), cependant l’aspect le plus authentiquement relié aux luttes de classe fut l’émergence de l’ALF, du Front de Libération Animale.

Les mouvements de jeunesse se plaçaient en marge ou en parallèle des luttes de classe, restant dans l’esprit étroit de la reconnaissance sociale de classe au sein de la société capitaliste. C’est pourquoi le mouvement skinhead, initialement liée à la classe ouvrière et au rocksteady, au reggae, bascula en mouvement identitaire raciste de type plébéien.

Le Front de Libération Animale se plaça immédiatement sur le terrain de l’affrontement, échappant pour cette raison de manière temporaire à l’intégration dans le consensus dominant.

Tout part en 1973, à Londres, d’un groupe de quelques personnes organisé autour de Ronnie Lee (né en 1951), tous activistes de la protection animale, végétariens ou végans. Considérant que les tactiques employées jusque-là étaient sans résultat réel, le groupe décida de mener des actions illégales.

Ronnie Lee

De manière significative, le groupe prit comme nom celui de Band of mercy, le regroupement de la pitié, formé en 1875 par Catherine Smithies et qui devint la section de jeunesse de la Society for the Prevention of Cruelty to Animals (SPCA) au 19e siècle, avec une visée éducative pour promouvoir la compassion envers les animaux. La Band of mercy se développa par la suite surtout aux Etats-Unis, avec 27 000 groupes locaux.

La Band of mercy de Ronnie Lee se considérait ainsi comme le prolongement et le dépassement de ce qui avait existé, mais sans aucune conscience théorique de cela, l’aspect pratique étant le moteur de la démarche.

Ronnie Lee s’appuyait également sur sa propre expérience de membre de la Hunt Saboteurs Association (HSA), une organisation anti-chasse à courre existant depuis 1964 un peu partout dans le pays, allant sur le terrain pour perturber des chasses particulièrement importantes dans un pays encore marqué par une aristocratie très puissante.

Les débuts de la Hunt Saboteurs Association

La Band of mercy apparaissait comme une rupture, une nouvelle perspective. Elle mena ainsi plusieurs actions en 1973 : le sabotage de véhicules amenant des chiens de chasse aux chasses à courre contre les renards, la destruction d’un bateau participant aux chasses aux phoques, plusieurs destructions de véhicules transportant les animaux destinés aux laboratoires, la libération de six cochons d’Inde d’un élevage, ainsi que deux incendies d’un laboratoire de vivisection en construction, les 10 et 16 novembre 1973.

Le communiqué d’un de ces incendies explique alors :

« Le bâtiment a été mis en feu dans une tentative d’empêcher la torture et le meurtre de nos frères et sœurs animaux dans des expériences maléfiques.

Nous sommes une organisation de guérilla non-violente dédiée à la libération des animaux de toutes les formes de cruauté et de persécution de la part de l’humanité.

Nos actions continueront jusqu’à ce que nos objectifs soient atteints. »

Cependant, à l’été 1974 deux personnes furent arrêtées et condamnées à trois ans de prison pour certaines de ces actions, une troisième recevant du sursis et une amende. Cliff Goodman garda ses opinions, mais fut traumatisé par l’emprisonnement, dénonçant par la suite les actions illégales et collabora avec la police en lui expliquant les méthodes de communication des activistes.

Ronnie Lee, quant à lui, maintint le cap, menant même une grève de la faim pour avoir une alimentation végétalienne et non pas simplement végétarienne.

La vague de solidarité qui se forma aboutit, à la sortie de prison de Ronnie Lee qui émergea comme le chef de file du mouvement, à la fondation de l’ALF, le Front de Libération Animale, en juin 1976, avec une trentaine de personnes organisées dans le mouvement.

L’ALF mena immédiatement des actions. 1 000 renards furent libérés de l’élevage Dalchonzie en Écosse, alors qu’en 1977 eurent lieu 14 opérations visant des laboratoires pratiquant la vivisection, 200 animaux étant libérés et les locaux saccagés.

La fermeture des laboratoires Condiltox, dans le Nord de Londres, suite aux actions, fut considérée comme la première grande victoire ; l’ALF cambriola en novembre 1976 la Research Defence Society pour se procurer la liste de ses membres impliqués dans la vivisection. Un autre dossier volé fut celui sur l’ALF elle-même, qui apparaissait comme un problème fondamental dès son émergence.

En 1976 et 1977, l’ALF avait provoqué environ 300 000 euros de dégâts, attaquant des élevages, des fermes à fourrure, des chasses, des abattoirs, des cirques et des laboratoires.

Une vague de répression s’ensuivit, désorganisant profondément l’organisation. Ronnie Lee, lui-même arrêté, ayant chez lui des souris libérés d’un laboratoire, qu’il n’avait pas pu encore placer dans des foyers.

Il passa huit mois en prison, fut une fois sorti confronté aux médias demandant des explications pour les actions : il devint alors le porte-parole du mouvement qui était parvenu à s’ancrer, mais ne parvint à une réelle réorganisation qu’à partir du milieu de 1979.

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La bataille du «brown dog»

C’est en Grande-Bretagne que se fondit la première association moderne de protection des animaux, la Society for the Prevention of Cruelty to Animals (SPCA) en juin 1824. La SPCA s’engage sur le terrain des conditions des animaux dans les fermes et la production, mais mena également campagne contre la vivisection, ainsi que les sports impliquant la violence jusqu’au sang et la peine de mort.

Le mouvement se cantonnait cependant aux humanistes des classes aisées, dans une perspective idéaliste. Il était porté par des femmes, appartenant à la haute société et saisissant le caractère dépassé de certains comportements aristocratiques, tentant d’aller dans le sens d’un humanisme à prétention moraliste.

La grande figure de ce courant fut Louise Lind af Hageby, issue de la plus haute aristocratie suédoise, qui mit sa culture au service d’une intense propagande contre la vivisection.

Louise Lind af Hageby

Accompagnée alors de son amie suédoise Leisa Katherine Schartau, elle avait été horrifiée en 1900 par la situation des animaux subissant la vivisection à l’Institut Pasteur à Paris.

Aussi les deux femmes s’inscrivirent-elles en 1903 à l’école londonienne de médecine pour femmes, qui ne pratiquait pas la vivisection, mais permettait d’assister à celle effectuée dans le cadre des études pour les hommes, au King’s College et au University College.

Louise Lind af Hageby y prit 200 pages de notes et les remit au dirigeant de la Société Nationale Anti-Vivisection, fondée en 1875. Elle y décrit notamment comment devant une audience étudiante à chaque fois rieuse, des professeurs procédèrent à plusieurs reprises à l’opération et à la dissection sans anesthésie du même chien.

Elle dit entre autres :

« Un gros chien, allongé sur le dos sur une table d’opération, est transporté dans la salle de conférence par le démonstrateur et le préposé du laboratoire. Ses pattes sont fixées à la planche, sa tête est fermement maintenue de la manière habituelle et elle est étroitement muselée.

Il y a une grande incision dans le côté du cou, exposant la glande. L’animal présente tous les signes de souffrance intense ; dans ses luttes, il soulève encore et encore son corps par rapport au plateau et fait de puissantes tentatives pour se libérer. »

La situation de ce pauvre chien terrier de couleur marron ouvrit une période de plusieurs années de polémique publique, formant l’affaire dite du « Brown dog ».

La première étape fut un procès en diffamation en 1903 dès la publication des notes des deux étudiantes suédoises. Gagné par le médecin en chef ayant dirigé la vivisection, le dirigeant de la Société Nationale Anti-Vivisection fut ainsi condamné à une forte amende.

Le procès

The Times salua le verdict, mais regretta le « hooliganisme médical » des étudiants en médecine particulièrement virulents ; à l’opposé, The Sun, le Star et le Daily News dénoncèrent le verdict et une vaste mobilisation se produisit en effet pour rassembler l’argent de l’amende.

L’écrivain américain Mark Twain publia au même moment un conte, A Dog’s Tale, où sont racontées les terribles mésaventures d’un chien fidèle, avec une dénonciation acerbe de la vivisection.

L’ouvrage des deux étudiantes fut lui-même republié plusieurs fois, sous le nom de The Shambles of Science: Extracts from the Diary of Two Students of Physiology (Les pagailles de la science : extraits du journal de deux étudiantes en physiologie).

L’État tenta de temporiser avec la nomination en 1906 d’une seconde Commission royale sur la vivisection. Toutefois, le mouvement anti-vivisection rencontra alors le mouvement ouvrier.

Des fonds furent rassemblés, afin d’élever un mémorial en l’honneur du chien. Élaboré par le sculpteur Joseph Whitehead, il devait servir de fontaine, tant pour les humains que pour les chiens et les chevaux, avec un multiple système d’irrigation également à leur hauteur.

De plus, le quartier choisi fut celui de Battersea, un bastion populaire avec une forte base socialiste et un soutien fort au mouvement anti-vivisection. Le premier maire noir d’un quartier de Londres y sera élu par le conseil municipal en 1913. Le quartier possédait également un petit hôpital n’employant que du personnel anti-vivisection, le Battersea General Hospital, qui exista de 1903 à 1933.

Le quartier disposait également d’un refuge pour chiens, le Battersea Dogs Home, dirigé par le duc William Cavendish-Bentinck, un conservateur possédant pratiquement toutes les hautes décorations honorifiques, qui considérait comme « non seulement horrible, mais absurde » que des chiens du refuge soient fournis pour la vivisection.

Le mémorial fut inauguré le 15 septembre 1906, en présence notamment de l’écrivain végétarien George Bernard Shaw, prix Nobel de littérature en 1925, ainsi que de Charlotte Despard.

Le mémorial dédié au brown dog

Né en 1844, amie de la fille de Karl Marx Eleanor Marx, déléguée de la seconde Internationale en 1896, Charlotte Despard mena une intense campagne pour le vote des femmes et refusa tout lien avec l’armée britannique pendant la première guerre mondiale. Elle rejoignit en 1930 le Parti Communiste de Grande-Bretagne et devint la secrétaire des amis de la Russie soviétique.

Figure de l’antifascisme, elle vit sa maison détruite à Dublin par un commando fasciste, alors qu’elle avait déjà 89 ans.

Le mémorial devint le point de cristallisation de la lutte des classes. Toute l’attitude par rapport à la société se polarisait, symbolisée par rapport à l’acceptation ou le refus de la vivisection. Sur le mémorial, on pouvait lire :

« En mémoire du terrier brun
Chien mis à mort dans les laboratoires
du Collège universitaire en février
1903 après avoir enduré la vivisection
s’étendant sur plus de deux mois
et ayant été remis
d’un vivisecteur à l’autre
Jusqu’à ce que la mort vienne à son Soulagement.

Aussi à la mémoire des 232 chiens
ayant subi la vivisection pendant l’année 1902.

Hommes et femmes d’Angleterre
combien de temps ces choses seront-elles? »

Rassemblement pour la protection du mémorial au Brown dog

Après avoir tenté des recours légaux, la situation devint explosive à partir de novembre 1907. Les étudiants en médecine lancèrent des opérations de vandalisme, la première s’ensuivant par une arrestation suivie d’une amende.

Cela s’ensuivit d’une manifestation de mille étudiants en médecine, tenant l’effigie d’un chien sur un bâton, chantant « Pendons [le magistrat] Paul Taylor sur un pommier amer / alors que nous continuons de marcher », tentant de brûler l’effigie du magistrat avant de jeter celle-ci dans la tamise.

La tension ne cessa pas et les réunions des suffragettes furent même attaquées en général, ce qui témoigne bien de la lecture faite de la question. De fait, le 10 décembre 1907 ce furent les masses du quartier qui empêchèrent une attaque d’une centaine d’étudiants à la fois contre le mémorial et contre l’hôpital.

Un milliers d’autres étudiants s’étaient rassemblées dans le centre de la ville et provoquèrent plusieurs heures de batailles rangées avec la police. Celle-ci fit en sorte d’avoir désormais six policiers protégeant le mémorial.

Comme pourtant la direction du mouvement était resté dans les mains des membres de la haute bourgeoisie et des cercles libéraux, le mouvement s’enlisa. Un conseil municipal conservateur s’accorda avec l’État pour expliquer que les coûts de surveillance du mémorial étaient trop onéreux, et malgré les rassemblements de plusieurs milliers de personnes, dans la nuit du 10 mars 1910, quatre ouvriers encadrés par 120 policiers enlevèrent le mémorial.

C’était un moment historique : le mouvement ouvrier n’avait pas été en mesure de prendre le flambeau. La question resta dans les mains d’une critique libérale du conservatisme. Les capacités des libéraux étaient bien plus fortes, sur le plan intellectuel et culturel, ainsi que sur le plan des moyens matériels.

Témoignant de cette capacité que la classe ouvrière n’avait pas, lors d’un procès en 1913 contre le journal du soir le Pall Mall Gazette, Louise Lind af Hageby battit les records de durée en prononçant 210 000 mots pour se justifier, ainsi que 20 000 questions à 34 témoins. Avec la duchesse Nina Douglas-Hamilton, elle ouvrit des sanctuaires sur de larges terrains, prônant la paix pendant la première guerre mondiale et organisant des postes vétérinaires pour les chevaux engagés sur les fronts anglais et français.

La question animale échappait à la classe ouvrière pour une longue période.

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ALF : le cadre britannique

L’Animal Liberation Front est un mouvement de masse qui a émergé en Angleterre dans les années 1970. Il s’agit du produit de la lutte des classes, dans les conditions propres à ce pays alors.

L’antagonisme y était particulièrement asséché : le mouvement ouvrier avait basculé dans le réformisme ouvert des syndicats, les trade-unions, ainsi que du parti travailliste, le Labour Party ; à aucun moment les communistes n’ont su développer une ligne de masses, en raison de leur incompréhension fondamentale tant de la réalité de leur pays que du matérialisme dialectique.

Pour cette raison, la lutte des classes ne pouvait pas passer par les domaines sous le contrôle du réformisme des trade-unions et du parti travailliste ; l’autonomie prolétaire prit alors la forme d’une confrontation violente avec un secteur très précis du mode de production capitaliste : l’utilisation des animaux.

Il y avait deux raisons essentielles pour cela :

– la réalisation du compromis ente l’aristocratie et la bourgeoisie à travers la monarchie constitutionnelle avait permis la continuation d’activités aristocratiques spécifiques, devenant spécifiques à leur identité (course de lévriers, chasse à courre, etc.) ;

– la généralisation de la consommation de produits d’origine animale se heurtait à une sensibilisation au rapport avec les animaux et plus globalement avec l’environnement.

La contradiction entre villes et campagnes sous sa forme britannique s’est ainsi exprimée sous la forme de l’Animal Liberation Front, consistant en une vague d’opérations de libération d’animaux de laboratoires et de destructions ciblant des boucheries, des véhicules, des laboratoires, etc.

Si ce n’est pas toi, qui? Si ce n’est maintenant, quand?
Soutiens le Front de Libération Animale.

L’Animal Liberation Front a atteint une telle dimension dans la société britannique que ce mouvement est devenu une composante en tant que telle de la culture de la vie quotidienne de ce paysA son point culminant, l’Animal Liberation Front menait plusieurs actions par jour, dans un élan durant une décennie et marquant très profondément les esprits.

En fait, si les luttes de classes ne sont en Angleterre jamais parvenues à une maturité scientifique, elles ont su générer des formes romantiques de combat, trouvant dans le rapport entre les villes et les campagnes une source d’énergie qu’on ne trouvait pas dans le rapport entre le travail manuel et le travail intellectuel, de par le verrou syndical.

L’exemple le plus connu et le plus significatif de remise en cause du rapporentre les villes et les campagnes est le roman Les nouvelles de nulle part, publié en 1890, de l’immense artiste William Morris, grande figure des Arts & Crafts et proche des artistes dits les « préraphaélites ».

Anémone, motif en jacquard, Morris & Co 1876

L’esprit de remise en cause d’une société entièrement bloquée par un conservatisme pesant, sous l’égide d’une monarchie sacrée et d’un nationalisme insulaire systématique, a profité de la dénonciation du caractère abstrait, invivable, anti-naturel des conditions de vie imposées par le capitalisme.

Cette approche se fonde donc principalement sur un ressenti, une aigreur fondamentale vis-à-vis de la société anglaise.

Pour cette raison, l’Animal Liberation Front est la conjugaison immédiate de trois phénomènes :

– la sentiment intense de frustration des structures de lutte en faveur des animaux, faisant face à un véritable mur, notamment en ce qui concerne la vivisection ;

– l’existence dans les décombres du mouvement punk de velléités de révolte orientées dans une perspective positive ;

– le décrochage de personnes d’extrême-droite de leur cantonnement dans une esthétique nazie nihiliste pour tenter de réaliser une vraie contribution « communautaire ».

Cela sous-tend un profond apolitisme et l’ALF n’est pas ici différente en soi des très nombreux mouvements de jeunesse née dans une Angleterre façonnée par un rapport à la ville, aux campagnes, qui a produit toute une série d’attitude rebelles à différents degrés (punks, skinheads, mods, rock progressif, british wave of heavy metal, etc.).

La particularité du développement britannique dans son ensemble tient à cette caractéristique. Il n’y a pas eu de Lénine et de Mao Zedong, mais les Beatles et Pink Floyd, les Rolling Stones et Led ZeppelinGenesis et Iron Maiden, Joy Division et The Smiths, The Cure et New Order, etc.

Tous ces artistes ne présupposent pas simplement une musique, mais également une esthétique, un look, un style, une manière de voir la vie, certaines attitudes, etc.

Si on ne saisit pas cette dimension, on ne peut pas comprendre ce qu’a été l’ALF, qui a été un mouvement apolitique, anti-politique, et pourtant totalement politique.

Ce point est très important également pour savoir comment traduire l’acronyme ALF et sa signification anglaise d’« Animal Liberation Front ».

La traduction la plus répandue est « Front de Libération des Animaux ». Pourtant, la traduction à l’origine, si l’on remonte à juin 1984 avec la toute première génération de gens de l’ALF en France, donne « Front de Libération de l’Animal ».

Qui plus est, une traduction vraiment littérale donnerait « Front de Libération Animale », voire « Front de la Libération Animale ».

Or, on se doute bien que le terme a été choisi en allusion aux « fronts de libération nationale ». La question nationale est ici remplacée par la question animale. Ce que pose l’ALF comme concept, c’est la « libération animale », expression largement employée dans les documents du mouvement.

Il ne s’agit pas que de libérer des animaux, mais d’obtenir la libération de tous les animaux, à travers un front de lutte le plus large possible, ce que l’ALF britannique ne cessera de souligner. La libération animale est le concept au cœur de la stratégie proposée.

La traduction « Front de Libération des Animaux » n’a donc aucun sens, car elle parle de la libération d’animaux – ce que fait l’ALF – sans poser le rapport avec l’objectif à long terme de l’ALF : la libération animale.

La traduction sous la forme de « Front de Libération de l’Animal » semble donc davantage pertinente, mais elle n’a pas de sens eu égard au décalage par rapport au concept de « libération animale ».

La véritable traduction est donc clairement « Front de Libération Animale ». Sans cette traduction, on perd de vue la base morale du mouvement, son exigence du véganisme comme rapport non conflictuel avec les animaux, et au-delà, même, d’un rapport positif.

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URC (MLM) : Se débarrasser des illusions électorales, préparer la guerre populaire!

QUESTION 

Il ne fait aucune doute que les élections ne mènent pas au triomphe. 

Nous autre chiliens nous pouvons en parler, mais je ne pense pas non plus que ce soit le cas d’un comité anti-électoral, et je ne pense pas qu’un tel nom soit attractif, je crois que c’est un projet mort-né. 

La loi électorale ne permet pas la participation des options populaires, pas plus que la loi sur les partis politiques, mais si les choses se présentaient autrement, je crois humblement que les partis de gauche devraient utiliser cette scène pour accumuler des forces, établir des contacts avec les masses, sans envisager d’être élus, mais en considérant la chose électorale comme une instrument pour avancer.

La différence avec un parti électoraliste, c’est que les élections ne sont pas vues comme une fin, comme la seule façon de faire de la politique. 

Pour un parti révolutionnaire, la situation est difficile, la chose électorale est vue tactiquement, elle permet d’avancer si elle est bien maniée, elle rend possible le contact et le débat, elle met en avant le parti, le fait connaître davantage, et ceci ne peut pas être balayé d’un revers de la main. 

Dans la situation présente, la logique serait d’appeler à voter nul, bien que les pourcentages de bulletins nuls et blancs seront les mêmes que dans les élections antérieures et bien qu’il soit illusoire de penser qu’on pourrait créer par ces appels des organismes autour du thème du vote nul ou du rejet des élections. 

Vous parlez depuis un certain temps de la formation d’un Parti Comuniste (mlm), mais comment pensez-vous avancer dans cette tâche su vous n’êtes pas liés politiquement, si vous ne montrez pas aux gens que le P « C » n’est pas le seul et que vous êtes une alternative. 

R. 

RÉPONSE 

Camarade R. 

Nous vous sommes profondément reconnaissants pour les notes que vous nous avez envoyées, puisqu’elles nous permettent d’approfondir quelques aspects qui ont pu être expliqués de manière insuffisante.

Nous reconnaissons dans vos commentaires le souci honnête de dévoiler le chemin de la révolution chilienne et pour cette raison nous sommes disposés à continuer avec vous le débat touchant la signification qu’a pour le peuple la voie électorale. 

Les arguments que vous nous opposez pour mettre en doute la pertinence et le sens de la campagne anti-électorale que nous impulsons actuellement, nous les avons déjà rencontrés chez certains autres camarades, raison pour laquelle nous avons décidé de rédiger cette réponse en tant que lettre ouverte, permettant de fournir aux lecteurs de Nueva Democracia de nouveaux éléments pour la discussion au sujet du sens des élections et de la voie de la révolution au Chili.

En tant que communistes, nous nous appuyons, pour analyser la réalité, sur le matérialisme dialectique et le matérialisme historique, en particulier sur la théorie de la lutte des classes. 

Le président Mao nous avertit en outre de nous garder du subjectivisme, de l’unilatéralité et de la superficialité, lorsque nous étudions les problèmes.

Le subjectivisme nous mène à avancer des jugements basés sur des idées préconçues, en oubliant le matérialisme qui nous demande de rechercher la vérité dans les faits; l’unilatéralité nous mène à n’observer que des aspects isolés du problème, sans considérer l’ensemble d’éléments impliqués en lui et la relation dialectique entre eux; la superficialité nous mène à n’observer que les aspects extérieurs des problèmes, en général les aspects les moins importants, sans enquêter sur leur contenu ni sur les connexions internes des différents phénomènes.

Nous tenterons dans cette réponse de livrer quelques éléments qui à notre avis sont absents de votre réflexion, afin de pouvoir avancer dans cette discussion et de l’approfondir.

Mille et un faits objectifs de l’histoire du prolétariat mondial nous ont montré que les élections pour les différents postes de l’appareil étatique des exploiteurs sont un mécanisme profondément contre-révolutionnaire. 

Commençant avec l’espoir d’obtenir des améliorations des conditions de vie du prolétariat grâce à la participation « démocratique », on finit par dévier les énergies du prolétariat et du peuple de la préparation nécessaire de la révolution, qui signifie la destruction de tout l’appareil bureaucratico-militaire des exploiteurs et non leur participation à celui-ci.

Dans l’histoire du mouvement communiste international, il y a eu des situations où les partis prolétariens ont été jusqu’à obtenir la majorité parlementaire. 

Il y a beaucoup d’exemples de cela. 

Les plus significatifs sont ceux de l’Indonésie pour les pays dominés et de l’Allemagne et de la France pour les pays capitalistes développés. 

Mais à chaque fois, au moment où la bourgeoisie et les propriétaires terriens voient leur hégémonie mise en danger dans l’administration de l’Etat, ils ont mis fin aux libéralités « démocratiques » en utilisant la force, en persécutant les communistes et en proscrivant le parti. 

Les élections et les postes étatiques sont nécessairement amarrés aux lois de la bourgeoisie et des propriétaires terriens au service de l’impérialisme. 

Les exploiteurs font en sorte que la propagande des idées révolutionnaires et les organisations qui les impulsent soient interdites par la loi, parce qu’elles sont un danger pour la perpétuation de leur dictature de classe. 

Toute organisation qui promeut la destruction de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien est considérée comme ennemie de l’Etat.

Il n’y a pas besoin de beaucoup réfléchir pour se rendre compte que cette condition évidente empêche un parti révolutionnaire de se faire connaître parmi les masses au moyen de candidats et de campagnes électorales, tout comme elle permet de comprendre l’insistance de Lénine au sujet du caractère clandestin que doit avoir le Parti. 

C’est seulement en « mettant de l’eau dans notre vin » qu’il serait possible de rendre public le parti et « d’utiliser l’Etat », mais alors seulement au prix du remplacement du marxisme par le révisionnisme, par l’opportunisme de la pire espèce. 

Bien au contraire, l’histoire des révolutions victorieuses nous montre que seule l’organisation des masses en opposition à l’Etat des exploiteurs a signifié l’avancée sur le chemin de la révolution. 

Si nous sommes confiants dans le principe « les masses font l’histoire », alors nous communistes devons nous donner une série de tâches permanentes : nous unir aux masses, les organiser, les politiser, construire le parti en leur sein pour ainsi préparer et développer la guerre populaire. 

Sur ce chemin, comme l’a expliqué Lénine, tout moyen pour nous unir aux masses est correct pourvu que nous mettions en avant l’idéologie du prolétariat. 

Etant donné ce qui vient d’être dit, nous communistes ne rejetons pas la participation aux élections – au contraire, nous participons activement quand elles ont lieu – mais nous le faisons en suivant une ligne politique prolétarienne et non bourgeoise. 

Dans un pays comme le nôtre, cela signifie que nous communistes ne présentons pas de candidats ni ne nous faisons d’illusions sur les promesses démocratiques de la grande bourgeoisie, des propriétaires terriens et de l’impérialisme, mais dénonçons le caractère profondément contre-révolutionnaire de ces élections, impulsons l’opposition active aux lois de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien et appelons à développer la protestation populaire avec une perspective révolutionnaire opposée à la stratégie d’endiguement du mouvement populaire promue par l’impérialisme dans ses semi- colonies, ayant comme objectif de maintenir la soumission des peuples et pouvoir ainsi mettre à sac ces nations en toute tranquillité.

Ceci signifie opposer la politique révolutionnaire du prolétariat et du peuple à la politique contre-révolutionnaire de la grande bourgeoisie, des propriétaires terriens et de l’impérialisme. 

Ceci signifie agir avec de la souplesse tactique, mais en maintenant invariablement la stratégie révolutionnaire.

Si nous ajoutons à cela l’analyse de la situation politique national et internationale, nous devons observer qu’au Chili depuis environ cinq ans, les masses sont en train de développer des luttes populaires croissantes. 

Les illusions électorales semées à l’époque de la Concertation avec la campagne du Oui et du Non il y a 20 ans se sont pratiquement évanouies. 

Les contradictions à l’intérieur des partis bourgeois et révisionnistes se sont aiguisées.

L’impérialisme entre dans une crise qui se déchargera inévitablement sur les semi-colonies comme notre pays, chose qui approfondira la décomposition du système politique démocrato-libéral et provoquera probablement un nouveau passage vers des formes de gouvernement de caractère fasciste ou social-fasciste.

Tous ces éléments sont des faits objectifs qui ouvrent une perspective lumineuse au chemin révolutionnaire. 

Les masses luttent sans attendre les élections, cela est un autre fait objectif. 

De la même manière, les révolutionnaires doivent continuer à s’unir à elles à tout moment. 

Maintenir le cap sur la ligne de masses, l’accumulation de forces le long du chemin de la révolution implique de rejeter toute illusion concernant les élections et d’avancer avec persévérance dans la propagande communiste, de façon à semer des graines de rébellion, de nous lier aux masses pour connaître les éléments les plus actifs, de nous unir à eux, impulser le débat et la lutte de lignes pour les organiser en vue de la préparation des actions contre l’Etat bourgeois-propriétaire terrien, de diffuser le marxisme-léninisme-maoïsme et la nécessité de forger les trois instruments de la révolution. 

Tout cela, ce sont les tâches permanentes des cadres et activistes révolutionnaires. 

Mais nous les maoïstes, nous ne sommes encore qu’une poignée de révolutionnaires avec de maigres liaisons avec les masses, confrontée à l’immense tâche d’impulser la révolution de Nouvelle Démocratie dans notre pays. 

Dans ces conditions, par où commencer? Sur quoi concentrer nos forces?

C’est dans cette série de réflexions que s’insère la campagne anti- électorale en tant que campagne de propagande communiste qui cherche en outre à impulser la mobilisation de multiples forces dispersées pour un objectif commun : la dénonciation du caractère de classe de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien, de ses élections et du service que celles-ci rendent à l’impérialisme.

Cette campagne se déroule principalement sur le terrain de la propagande, qui n’est qu’un aspect du travail de masses, mais les contenus et l’ambition de la campagne transforment aussi celle-ci en une école où l’on apprend comment réaliser des actions ayant un contenu politique révolutionnaire.

Une des tâches importantes de la campagne anti-électorale est la formation de comités anti-électoraux. 

C’est une erreur de considérer que la formation de ces comités implique la création d’un grand organisme. 

Si nous nous plions aux logiques traditionnelles du révisionnisme et de l’opportunisme (« la gauche »), qui en appellent éternellement à une unité sans principes par le truchement de pactes, de coordinations ou autres instances amorphes aux perspectives électoralistes, effectivement la création d’un organisme ayant pour but le fait de ne pas aller voter aurait fatalement l’air de quelque chose de non viable.

Mais l’idée des comités est quelque chose de plus simple. 

Ces comités sont des instances ouvertes qui peuvent accueillir beaucoup de gens, qui peuvent participer en fonction de leur niveau de conscience et de leur disponibilité.

L’organisation en comités est simple, des objectifs simples et des tâches bien précises sont tracées, autour de la discussion des contenus politiques de la campagne (pourquoi ne pas voter). 

Ceux qui participent à un comité ressentent une communauté de vues, où l’élément d’unité ne vient pas de ce qu’ils se connaissent tous et participent à un même organisme, mais d’une ligne politique commune à laquelle tous adhèrent et qu’ils sont disposés à impulser.

Une grande quantité de comités anti-électoraux qui fonctionnent de façon décentralisée mais sous une ligne politique commune sont le meilleur exemple de travail conspiratif. 

Cela permet de commencer d’observer comment travaillera le Parti avec ses cadres et activistes révolutionnaires, unissant des milliers d’efforts dispersés dans le déclenchement et le développement de la guerre populaire, au moyen de cadres et d’activistes révolutionnaires qui se lient aux masses par des milliers de fils invisibles aux yeux de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien et de ses organes de répression. 

La campagne anti-électorale actuelle a évidemment de grandes limitations. 

Ce n’est qu’un passage qui répond aux conditions actuelles de la politisation et de l’organisation des masses. 

La révolution ne se fait pas avec une paire de campagnes, ni par une série de campagnes de ce style. Mais ces campagnes signifient une accumulation de forces et d’expériences pour le peuple dans son ensemble. 

A à un moment, cette accumulation de forces doit déboucher sur un mouvement de masses, sur la formation des trois instruments de la révolution et sur la guerre populaire. 

A partir de tout ce qui a été dit, nous pouvons observer dans une évaluation provisoire qu’en un mois de campagne anti-électorale, les objectifs posés n’étaient pas erronés. 

La campagne anti-électorale nous a permis de mobiliser des gens que nous n’aurions pas imaginé se mettre en mouvement, des comités se sont construit à des endroits que nous n’imaginons même pas. 

Les comités ne se sont pas créés tout seuls, c’est sûr, mais l’expérience montre que l’initiative et le travail décidé d’un activiste peut suffire à organiser la discussion des contenus de la campagne et à préparer quelques actions. Les comités anti-électoraux ne sont pas une idée morte, au contraire, ils se sont montrés pleins de vie. 

De manière encore plus directe, cette lettre est elle-même le produit de la campagne anti-électorale. 

Avant la campagne, ces problèmes n’auraient pas été discutés avec vous. La campagne vous a poussé à exposer vos doutes et nous à approfondir ces aspects de la propagande communiste. 

Nous avons confiance dans le fait que ces problèmes théoriques et pratiques seront aussi discutés avec vos proches. De cette façon, la propagande communiste continuera et s’amplifiera.

Nous sommes patients, la situation actuelle nous oblige de l’être. Pendant des décennies, la propagande communiste au Chili a été quasi nulle et sans régularité.

Aujourd’hui, nous commençons à voir les premiers exemples de la façon dont le MLM prend chair parmi les masses. C’est seulement le développement futur du mouvement de masses qui révèlera si le chemin que nous suivons est correct ou non.

Salutations communistes

Le Comité de Rédaction de Nueva Democracia

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Octobre 2008

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) : Le révisionnisme, danger principal pour la victoire de la Révolution Démocratique chilienne

Le révisionnisme, qui est exprimé aujourd’hui par différents groupes et dirigeants politiques, trouve en la clique des Teillier- Carmona ses plus grands avocats. 

Le révisionnisme est un danger qui existe à l’intérieur même du mouvement ouvrier et populaire. Il s’agit de faux marxistes, qui tronquent les principes fondamentaux établis par Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao. 

Ils sont une avancée de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier, et constituent pour cette raison une véritable menace pour le développement de la lutte révolutionnaire de notre peuple.

Ces individus, qui représentent une fraction de la bourgeoisie bureaucratique chilienne, aspirent à utiliser l’Etat bourgeois- propriétaire terrien comme levier pour se promouvoir en tant que classe. 

Pour parvenir à imposer leurs objectifs, les révisionnistes utilisent l’organisation, la mobilisation et la lutte des masses : en encourageant, en limitant ou en déviant selon les cas de figure la juste protestation populaire. 

Aujourd’hui, ils sont occupés à négocier et à manoeuvrer politiquement pour se trouver une niche électorale. Ces objectifs n’ont rien à voir avec les intérêts de la classe et du peuple. 

Le système électoral constitue un des principaux mécanismes de domination et de légitimation de l’ordre actuel, les élections représentent, en ce sens, un objectif contre lequel doit se diriger la lutte des masses révolutionnaires; et ne pas le faire impliquerait que nous hypothèquerions le futur de la révolution de nouvelle démocratie dans notre pays.

1. Le rôle néfaste du révisionnisme au Chili

Le XXè Congrès du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS) en 1956 a signifié une étape importante dans l’avancée vers l’usurpation définitive du pouvoir de l’Etat soviétique par la bourgeoisie, menée à ce moment-là par la clique krouchtchevienne.

Celle-ci était composée d’une série d’éléments déclassés, dont la base sociale, formée par une couche différenciée du prolétariat, permit à ce secteur droitier-opportuniste de mener un Coup pour arracher le pouvoir politique des mains du prolétariat et du peuple soviétique et imposer une série de réformes politiques et économiques destinées à restaurer le capitalisme en URSS.

Vers la fin des années 1950 – début des années 1960, les révisionnistes khrouchtchéviens (ou révisionnistes contemporains comme le disaient les révolutionnaires), triomphants, établirent un régime fasciste pour se défendre des masses et les opprimer. 

Au Chili, une partie importante de la direction du vieux Parti Communiste du Chili (le même qu’aujourd’hui) se fit l’écho de ce Congrès. Ceci fut facilité par l’action invétérée d’une ligne opportuniste de droite qui prédominait dans le vieux Parti. A cela, il faut ajouter deux éléments.

Premièrement, Luis Emilio Recabarren, ouvrier typographe, fondateur du Parti Ouvrier Socialiste [l’ancêtre du PC du Chili] en 1912, ne s’est jamais débarrassé d’une série de boulets idéologiques hérités de sa militance passée dans feu le Parti Démocratique. 

Malgré son activité d’organisateur de la classe ouvrière chilienne, sa pensée restait et est restée jusqu’à sa mort pétrie d’ influences étrangères à l’idéologie scientifique de la classe; idéologie qu’il ne put connaître en profondeur et qu’il ne put, pour cette raison même, pas appliquer dans la pratique. 

Ses conceptions se rapprochaient davantage du socialisme utopique que du socialisme scientifique, et il ne put les corriger, bien qu’il rendit visite à la république des soviets. 

Sa foi dans la voie électorale, ses postions sur l’épuisement de la nécessité de la violence comme moyen de transformation révolutionnaire de la société, ont embué ses efforts pour propager dans la classe ouvrière et laborieuse les vertus du socialisme et la nécessité de la conquête du pouvoir par cette classe.

Deuxièmement, les choses ne changèrent pas avec la mort de Recabarren. 

Au point qu’en 1929, un représentant du Komintern signala aux communistes chiliens leur « complète incompréhension des principes bolchéviks d’organisation » et les avertit qu’en empruntant ce chemin, ils s’en allaient droit vers la liquidation du parti en tant qu’organisation prolétarienne communiste.

Le nouvel essor des luttes de masses déployée au début des années 1930 démontra la disposition combative des masses populaires et des militants communistes de base. 

Certaines manifestations radicalisées de la lutte des masses prirent la forme de tentatives de résistance armée contre l’abus et l’exploitation, comme le Soulèvement de l’Escouade [grande mutinerie de marins et soldats] en septembre 1931, la Pâque tragique à Copiapó et Vallenar en décembre 1931 [prise de caserne, suivie de répression] et le soulèvement paysan à Alto Biobío, Ranquil et Lonquimay en avril 1934. 

Cependant, ceci ne se traduisit pas en une politique révolutionnaire tendant à préparer et déclencher la lutte armée pour la conquête du pouvoir pour et par la classe et le peuple. 

A partir du VIIè Congrès de la IIIè Internationale en 1935 et l’impulsion de la politique de fronts populaires pour lutter contre l’avancée écrasante du fascisme à l’échelle mondiale, aurait pu être adoptée et appliquée au Chili une ligne résolue d’unité de toutes les forces antifascistes, à condition d’assurer la direction prolétarienne du front sur la base d’une ferme alliance ouvrière- paysanne.

La direction du PC opta néanmoins pour une interprétation opportuniste, étrangère aux principes marxistes-léninistes (qui consistent à faire des préparatifs sérieux pour la révolution), amenant le parti à placer son action et le prolétariatà la remorque de la bourgeoisie. 

Cette situation aboutit à un crétinisme parlemenaire débilitant et au refus de déchaîner et diriger le soulèvement armé des masses paysannes et mapuche [peuple autochtone « amérindien »du Chili] avec le prolétariat révolutionnaire à sa tête. 

Au contraire, réfrénant la lutte de la paysannerie pauvre, il vendit le droit au syndicalisme paysan en vue de convaincre le parti radical de participer au Front Populaire et de faire ensuite pression pour l’intégration dans le front du parti socialiste (social-fasciste).

En avril 1936 fut signé l’acte de constitution du Front Populaire avec les oppresseurs historiques des masses rurales – le parti radical – scellant ainsi un pacte de conciliation et d’abandon la lutte des classes. 

Les radicaux étaient un parti composé par des secteurs de la bourgeoisie, de la petite-bourgeoisie urbaine et des propriétaires terriens de la Vallée centrale.

Ce pas tactique consista en fait à abandonner stratégiquement la tâche d’impulser l’alliance ouvrière-paysanne, base du front et du future Etat de dictature démocratique populaire – forme spécifique de la dictature prolétarienne dans les pays comme le nôtre. Suivre en pratique cette stratégie réformiste eut un coût très élevé pour les masses.

Cette interprétation erronée et opportuniste de la politique des fronts populaires remit à plus tard les tâches agraires de la révolution démocratique-populaire. 

Au même moment, en Chine, une interpétation et une application correcte de la politique de front établie par la IIIe Internationale permit non seulement une victoire écrasante sur l’impérialisme japonais en 1945, mais donna aussi les bases du triomphe à venir du Parti Communiste de Chine en 1949 à la tête des masses populaires dans la guerre révolutionnaire menée contre le Kuomintang (le parti nationaliste chinois financé par l’impérialisme yankee), contre les grands propriétaires terriens et la bourgeoisie monopoliste, principaux ennemis du peuple chinois.

A partir de 1938, le Parti Communiste du Chili soutient les gouvernements radicaux (pro-yankees) et collabore avec eux, jusqu’en 1947. Cette année-là, le président radical Gabriel González Videla, obéissant aux politiques anti-soviétiques de l’impérialisme yankee, édicte une loi de « défense » de la démocratie (bourgeoise évidemment) et interdit le Parti. 

Face à cela, loin d’entrer dans une phase de lutte plus décidée, la clique révisionniste du PC poursuit une politique d’endiguement de la lutte des classes en vue de recouvrer son statut légal, ce qui est finalement obtenu à la fin des années 1950, en récompense de sa « bonne conduite ».

Lorsque la direction révisionniste de Corvalan et Teitelboim assume la politique du renégat Krouchtchev à partir de 1956, elle le fait tambour battant. La voie pacifique au socialisme devient leur maxime, et infatigables, ils reprennent « à la chilienne » la ligne révisionniste krouchtchévienne, mais en s’appuyant sur une « riche » expérience accumulée lors des décennies d’opportunisme de droite.

L’ action « irréprochable » de ces révisionnistes faisait l’orgueil de la grande bourgeoisie créole et faisait soupirer tous les opportunistes d’Amérique latine et au-delà, le Chili étant considéré politiquement comme la « Suisse » de cette partie du monde, ils allaient pavoisant et se rengorgeant en choeur sur la prétendue « tradition démocratique » irréprochable du Chili.

Cependant, une poignée de communistes sortirent de ce chemin en coupant en partie avec cette orgie démocrato-libérale et social- fasciste. 

Les anti-révisionnistes chiliens se consacrèrent à la diffusion des documents par lesquels le président Mao – à la tête du Parti Communiste de Chine – bombardait les positions politiques et idéologiques des révisionnistes russes et leurs comparses au sein des faux partis communistes qui avaient arboré les positions de la direction révisionniste du PCUS, comme Corvalan-Teitelboim.

2. La défense du marxisme-léninisme contre le révisionnisme contemporain au Chili

Ce fut une poignée de révolutionnaires communistes, dirigés par David Benquis (le camarade Velasquez) qui prirent en charge la tâche de propager et de défendre la proposition chinoise du 14 juin 1963 autour de la ligne générale pour le mouvement communiste international, dès que celle-ci fut connue d’eux.

Ils tentèrent de développer la lutte de lignes à l’intérieur du PC du Chili, en fondant les Editions Spartacus pour publier une grande partie des documents de la Grande Polémique (à cette époque, la lettre chinoise « en 25 points » et ses neuf commentaires étaient pratiquement une lecture interdite pour les militants du parti).

Dès qu’ils furent expulsés par la clique révisionniste, loin d’abandonner la juste tâche de propagande qu’ils avaient commencée, le camarade Velasquez et une plus forte poignée formèrent le Groupe Spartacus.

Plus tard, se joignant à d’autres communistes et à d’autres militants qui s’étaient incorporés au cours de plus de deux années d’un travail révolutionnaire rétabli au sein des masses, ils adoptèrent la décision de fonder en 1966 le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR). 

Ce fut à eux que revint la tâche de défendre et revendiquer le marxisme-léninisme (aujourd’hui nous disons marxisme-léninisme-maoïsme) en plein milieu de l’essor du révisionnisme contemporain et du crétinisme parlementaire des acolytes chiliens.

Justement, pendant les années du gouvernement de l’Unité Populaire, le PCR et Benquis eurent le courage d’attaquer fermement la voie pacifique qu’on criait sur tous les toits, et en même temps de signaler les conséquences funestes que celle-ci apporterait à la classe et au peuple, tout en soulignant le caractère de classe du gouvernement de l’Unité Populaire et son projet de capitalisme bureaucratique monopoliste d’Etat qu’il tentait d’appliquer à notre pays. 

Projet, qui plus est, subordonné au régime établi par le social-impérialisme soviétique en URSS.

Mais, ce travail intense et nécessaire théorico-pratique de dénonciation et d’élucidation fut hélas interrompu au début des années 1980 par la liquidation du PCR. 

A côté d’autres raisons qu’il est inutile de traiter ici, ce qui contribua à cette inexcusable capitulation fut la mort prématurée en 1978 de celui qui était l’âme de ce parti : le camarade Velasquez.

Le coup fasciste de septembre 1973 foudroya en quelques heures la voie pacifique et la pratique électoraliste développées pendant des décennies par l’opportunisme. 

Les masses populaires durent affronter dans leur chair les résultats dévastateurs du prêche pour la voie pacifique au socialisme. Les illusions légalistes, électoralistes et pacifistes furent rejetées; mais pas les espoirs. Ceux-là palpitent dans chacune des luttes menées par le prolétariat et le peuple jusqu’à aujourd’hui. 

3. Le révisionnisme chilien depuis le coup fasciste de 1973

La situation générée par le coup militaire rendit impossible l’utilisation de la voie parlementaire – au grand dam des révisionnistes – mais aussi trancha drastiquement la dispute inter- impérialiste pour la domination et le contrôle du pays. 

La tentative de stratégie de voie pacifique du social-impérialisme soviétique pour pénétrer dans les pays qui appartenaient à l’aire de domination ou d’influence directe de l’impérialisme yankee, avait comme contrepartie nécessaire la voie violente pour soumettre ceux qui osaient altérer l’ordre imposé par eux en Europe de l’Est, comme cela arriva en Tchécoslovaquie en 1968. 

Comme on peut le constater, le révisionnisme lui aussi agissait les armes à la main si les conditions l’exigeaient. La violence ne lui était pas étrangère.

Pour cette raison, il ne faut pas s’étonner que les révisionnistes chiliens, qui cherchaient depuis les années 1960 une alliance politique avec le Parti Démocrate Chrétien (parti pro-yankee, collaborationniste avec la Junte Militaire Fasciste jusqu’à 1977), une fois épuisée toute possiblité réelle d’aboutir à l’unité avec eux et une fois défaite l’illusion d’un rétablissement rapide des institutions représentatives de caractère démocratico-bourgeois, se mirent aux discussions et aux préparatifs pour utiliser la violence politique aiguë.

Il reviendra à une étude plus approfondie de déterminer – sur la base de la théorie militaire du prolétariat, la guerre populaire – s’il y eut, au sens stratégique, lutte armée dans les années 1980. L’utilisation des armes, l’installation d’engins explosifs, l’organisation de détachements armés, et même la création de milices, n’est pas forcément exactement la même chose que développer la lutte armée révolutionnaire.

Ce fut Luis Corvalán lui-même qui, en 1977, lors d’une appréciation des causes du coup et du manque de préparation pour défendre le gouvernement de l’UP, formula le problème du « vide historique » dans la politique du parti, en liaison avec « le manque d’une politique militaire ». 

Mais ce ne fut qu’en 1980 que Corvalán appela à l’emploi de « toutes les formes de lutte ».

Il n’y a pas l’ombre d’un doute que cette décision avait l’accord du gouvernement social-impérialiste soviétique.

Toute une légende a été tissée autour de la préparation et du déclenchement de la violence politique aiguë menée par le révisionnisme chilien. 

Il y a une confusion de versions sur l’identité des participants, sur le soutien international qu’ils reçurent (par l’intermédiaire du social-impérialisme soviétique et de ses dépendances), ou sur le caractère des erreurs qui furent commises. 

Mais l’important est d’enquêter en premier lieu sur les racines idéologiques du révisionnisme chilien, et de voir en quoi l’aura révolutionnaire que possède l’emploi de la violence politique armée peut comporter de nouveaux dangers pour la lutte révolutionnaire du prolétariat et du peuple chilien. 

4. Quelques caractéristiques du révisionnisme (armé)

L’idéologie scientifique du prolétrariat ( la science de la révolution prolétarienne) est la synthèse théorique de l’expérience accumulée dans la lutte de classe contre la bourgeoisie, et recueille aussi les apports fondamentaux de la lutte révolutionnaire des masses et peuples opprimés du monde. La conception prolétarienne, l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste est distincte de et opposée à l’idéologie de la bourgeoisie. 

Ce sont deux conceptions idéologiques qui s’excluent et ne se concilient pas. L’idéologie bourgeoise est la conception du monde des oppresseurs, et avec cette conception, le prolétariat ne saurait avoir aucune espèce d’indulgence.

De ce point de vue, le révisionnisme est l’expression la plus trompeuse et subtile de l’idéologie bourgeoise. 

Ils ont l’air marxistes, par leur phraséologie; ils en appellent formellement aux masses et sont même dans certaines circonstances politiques prêts non seulement à prendre les armes, mais aussi à déclencher la lutte armée (bien que ça ne soit jamais pour conquérir le pouvoir pour la classe et le peuple et instaurer la dictature intégrale du prolétariat).

Les révisionnistes peuvent organiser les masses, diriger leurs luttes, préparer leur résistance face à un ennemi commun. Cependant, le révisionnisme fait toujours passer ses propres intérêts avant ceux des masses. 

Il a peur des masses, il redoute leur politisation révolutionnaire, il craint qu’elles n’élèvent leur niveau idéologique, parce qu’il sait que si c’est le cas, il court le risque d’être démasqué en tant qu’opportuniste.

Le paradoxe est que le révisionnisme a besoin des masses, le parti révisionniste lui-même est composé des masses, mais il en a besoin pour chevaucher sur leur dos. 

Il les utilise pour manoeuvrer et arracher quelques lauriers politiques, comme un poste au sénat ou dans l’administration de l’Etat bourgeois. Une fois atteint son but, il doit tirer les rênes, freiner le mouvement de masses, ou faute de mieux, le dévier s’il ne peut plus l’arrêter. 

Peu importe que les révisionnistes s’appellent marxistes, marxistes- léninistes ou même marxistes-léninistes-maoïstes, c’est dans leur pratique politique (avec ou sans armes) que se dévoile leur idéologie bourgeoise et leurs véritables intérêts de classe.

Ils transforment la philosophie marxiste en philosophie bourgeoise, la dialectique révolutionnaire en évolutionnisme vulgaire. 

Ils changent l’économie marxiste en économie bourgeoise, le socialisme scientifique en socialisme bourgeois, la dictature prolétarienne en dictature bourgeoise, le parti prolétarien en parti ouvrier bourgeois; la guerre populaire est échangée pour une ligne militaire bourgeoise.

Ils altèrent le marxisme, en font une doctrine acceptable pour le système de domination et passent leur vie à signaler que la révolution et la dictature du prolétariat seront atteints dans un futur qu’ils ne déterminent jamais; ils trompent leur monde en disant qu’une fois que les contradictions de classe seront assez aiguës, des régimes fascistes surgiront comme réponse, ce que les masses ne tolèreront pas, et qu’ainsi l’insurrection se déchaînera comme un éclair et le pouvoir sera conquis.

Cependant, « faisons attention à ne pas provoquer la bourgeoisie, allons à la conquête des majorités parlementaires, gagnons à la cause du peuple l’armée et les forces de l’ordre, et ainsi nous aboutirons à un rapport de forces favorable au sein de l’Etat et seront imposées à la bourgeoisie toutes les exigences politiques que nous voudrons »; la démocratie vaincra le néolibéralisme. 

Voilà leur maximum possible, c’est la doctrine du moindre mal, c’est « tactique, tactique ». 

Ils ne définissent pas ni n’expliquent ce que signifie pour eux la « démocratie », ça n’est pas plus en tous cas que la conquête d’un ensemble de libertés politiques qui peuvent être concédées tout en laissant tel quel fondamentalement l’ordre de classe.

Comme nous l’avons dit plus haut, entre 1980 et 1986, le révisionnisme applique la tactique de mener toutes les formes de lutte.

Si nous considérons la politique menée par la clique Corvalán- Teitelboim avant le Coup de 1973, jusqu’à celle qui fut adoptée en relation avec les événements politiques ayant eu lieu après « l’année décisive » de 1986 (le plébiscite de 1988 et les élections de 1989), nous constaterons que la tactique de mener « toutes les formes de lutte » (qui incluait l’emploi de la violence à travers l’appareil armé du parti) n’est rien d’autre qu’un inter-règne à l’intérieur d’une continuité politique et idéologique de caractère révisionniste et électoralo-opportuniste.

5. L’emploi de la violence armée

L’utilisation de la lutte armée (dans sa signification la plus étroite) ou « violence aiguë » – comme il est dit dans les documents du révisionnisme – en tant que forme de lutte ne change pas la nature historiquement révisionniste de sa politique, c’est-à- dire : le révisionnisme armé.

« Tout est illusion, sauf le pouvoir » disait Lénine en 1905. Ce qui est central dans une révolution, c’est le pouvoir, et celui-ci se gagne par la violence et se défend par la dictature révolutionnaire. 

Marx expliquait qu’on ne devait pas jouer à l’insurrection, que celle-ci était une affaire sérieuse, un art véritable. 

De son côté, le président Mao signalait en 1938 que « la tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la prise du pouvoir par la lutte armée, c’est-à-dire résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire marxiste-léniniste, ajoute-t-il, a une valeur universelle ».

Pour le prolétariat et le peuple chilien ce sont là des questions de principe, des questions fondamentales et inoubliables, ce sont des lois historiques inéluctables. 

Si le prolétariat et le peuple abandonnent ces principes, ils se condamnent à garder leurs chaînes et donc à perpétuer la domination impérialiste, celle de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens : ses ennemis principaux. Le révisionnisme n’a jamais voulu comprendre ce b-a ba de la ligne militaire du marxisme-léninisme-maoïsme.

L’échec de l’attentat contre Pinochet en septembre 1986, auquel s’ajoutèrent les directives du Département d’Etat yankee adressées à la junte militaire fasciste pour qu’elles « s’acheminent vers la démocratie » – qui comportait l’exigence pour le Parti Démocrate Chrétien de renoncer publiquement et définitivement à la violence politique, et donc la fin de toute alliance avec ceux qui l’exerçaient – menèrent le révisionnisme chilien, confronté à l’isolement politique qu’il commençait à subir vis-à-vis des autres partis, à « réinterpréter » la politique de rébellion populaire et à « adoucir » l’appel à employer « toutes les formes de lutte ».

Cette réinterprétation les conduisit à échanger les armes pour les urnes, c’est-à-dire : se délester de la « violence aiguë », persévérer dans la recherche d’une alliance politique avec le bloc DC-PS (base de la Concertation) avec l’objectif de faire partie d’un futur gouvernement de transition, comme résultat d’élections ouvertes. Le plan politique de l’impérialisme yankee pour le Chili et l’Amérique latine gagnait sur toute la ligne.

Cependant, la scène politique nationale, marquée par les journées de protestation populaire et l’essor important du mouvement populaire, manifestaient objectivement le développement de la situation révolutionnaire et justifiaient pleinement la rébellion armée des masses. 

A propos du 9 septembre 1986 [le 7 septembre 2007 avait eu lieu l’opération « XXè siècle », attentat manqué contre Pinochet par le FPMR], le quotidien espagnol El País affirmait : « Bien que les forces modérées de l’opposition, en particulier la Démocratie Chrétienne, condamnent toute usage de moyens violents, on ne peut pas fermer les yeux devant le fait que l’influence du Parti Communiste du Chili, qui soutient le Front [FPMR], est en train de croître sensiblement, surtout dans les secteurs les plus jeunes et radicaux du pays, dans les universités et les populations qui vivent autour de la capitale, où se concentrent les couches les plus spoliées et désespérées. Ceci s’est traduit par les récents succès communistes aux élections universitaires et syndicales. »

Ce que ne dit pas le quotidien espagnol, c’est que faisaient défaut – et font toujours défaut – les conditions subjectives : parti marxiste-léniniste-maoïste, armée populaire et front, les trois instruments de base de la révolution démocratique.

Cet ensemble de choses était le risque que l’impérialisme yankee essayait d’empêcher par tous les moyens.

Ils n’acceptaient pas la nicaraguaïsation du pays, et encore moins une autre guerre populaire comme celle qui était dirigée par le Parti Communiste du Pérou.

Le révisionnisme était-il disposé à impulser une véritable révolution au Chili? Non, il ne l’était pas. Etait arrivée pour lui l’heure de faire preuve de bonne conduite et de de vendre des bons de stablité politique et sociale en échange des moelleux sièges parlementaires.

6. Fin du soulèvement national

En bon agent pro-soviétique (sans négliger ses apports propres et originaux à l’initiative), la clique révisionniste chilienne suivit les pas de Gorbatchev et la perestroïka. 

La « révolution dans la révolution » et le changement d’orientation du révisionnisme soviétique vis-à-vis de la lutte armée se répercutaient dans les nouvelles politiques de la direction révisionniste soviétique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

La violence armée – ou plutôt le révisionnisme armé – en tant que moyens de pression en vue d’atteindre certains objectifs politiques, n’avait plus cours lors des nouveaux temps de paix (la paix des cimetières bien entendu) et de l’apparente détente inter- impérialiste.

Presqu’en même temps, la restauration capitaliste en URSS, processus déclenché en 1956 avec l’ascension de Krouchtchev, finit par déboucher, dans les années 1989-1991 sur un capitalisme déchaîné à l’occidentale, avec le rétablissement d’institutions démocrato-libérales, qui ont d’abord affaibli, puis mis fin ensuite à toute aide aux révisionnistes de diverses latitudes, et entre autres aux latino-américains.

Manquant d’une « arrière-garde stratégique pour la révoluton », effrayés par leur statut d’orphelin politique et plus encore par le torrent populaire qui commençait à déborder leur politique de rébellion, les révisionnistes chiliens décidèrent de faire machine arrière, de « s’adapter » aux nouvelles conditions politiques et de collaborer activement à l’endiguement de la puissante avancée des masses.

L’une des conditions pour son inclusion politique relative, c’est-à- dire sa légalisation, fut sa prise de distance totale avec « l’aventure armée »; pour ce faire, ils firent passer le soulèvement national pour un encanaillement de circonstance (comme l’avait dit sur le ton de la plaisanterie au début des années 1990 le révisionniste endurci Luis Corvalán Lepe), puis, pour ne pas avoir l’air de renier leur politique de rébellion populaire de masses, ils dirent que celle-ci se poursuivait, mais dorénavant en accord avec la nouvelle situation, en la diffusant sous la forme d’une rébellion électorale, en tant que « soulèvement » des votes « conscients ».

Voyons maintenant, à travers leurs documents, quel fut le cheminement qu’ils suivirent entre 1987 et 1994.

En février 1987, les révisionnistes expliquaient dans un document intitulé « Propositions pour une issue politique », qu’ « une fois posé le droit, et au fond le devoir de mettre fin à l’ordre fasciste, il est possible de trouver un consensus pour l’emploi de toutes les formes de lutte qui permettent d’obtenir la victoire ».

Le document ajoute encore : « Il est certain que nous considérons que la connaissance de l’art militaire, la préparation de cadres militaires et le développement d’une politique spéciale pour les hommes qui vont entrer dans l’armée, comme des impératifs inaltérables d’un parti révolutionnaire. 

Mais il ne faudrait pas employer et nous n’emploierons jamais des moyens armés lorsque la volonté du peuple peut s’exprimer et se réaliser librement et démocratiquement ». 

Il n’y a pas l’ombre d’un doute : l’ambiguïté est chez eux un art véritable. La phrase « toutes les formes de lutte » perd sa force en étant accomodée à la nouvelle situation politique.

Suite à cette nouvelle situation politique, en 1987 les révisionnistes se séparent de leur bras armé le FPMR, le transformant en Mouvement Patriotique Manuel Rodriguez (MPMR). 

Au sujet du FPMR-autonome, nous n’en dirons pas plus, car cette expérience de révisionnisme armé exige une étude à part.

Démentant ce qu’ils avaient jadis affirmé – à savoir qu’ils ne participeraient pas au plébiscite par ce que celui-ci ne serait qu’une fraude – le Comité Central réuni en Plénum en juin 1988 appela à voter pour le « non » au référendum d’octobre 1988. Evidemment, ils participèrent activement à la campagne pour le « non », légitimant ainsi la Constitution de 1980.

En mai 1989, la déclaration du XVè Congrès expliquait : « La rébellion populaire de masses, tel est le nom de notre ligne politique dans cette période. C’est le point d’articulation de la stratégie et de la tactique pour résoudre la contradiction principale dictature/démocratie. Son objectif est d’avancer vers la fin du fascisme, de conquérir et d’approfondir la démocratie ».

Un peu avant, en mars de cette même année, Volodia Teitelboim, à la tête de la clique révionniste pro-soviétique expliquait la teneur de la politique de rébellion populaire de masses : « A propos de la rébellion populaire de masses, je dois dire que les dénominations doivent essayer de répondre à l’essence d’une politique. Les dénominations peuvent être plus ou moins appropriées. 

Mais lorsque nous proposâmes la dénomination « rébellion populaire de masses », nous n’entendions évidemment pas proposer la révolution sociale, car dans ce cas nous aurions employé d’autres mots.

Pour nous, la rébellion est un acte massif face à une situation injuste. Ce n’est pas la prise du pouvoir.

Ce n’est pas le changement du système, bien qu’une série de rébellions puisse, dans un pays déterminé, culminer en un processus révolutionnaire qui mène à la prise du pouvoir et à une révolution. Mais ici il ne s’agit pas de cela. Il ne peut pas s’agir de cela. ».

Un aveu vaut une preuve. Il ajoute : « Il me semble que la rébellion populaire de masses doit se comprendre dans cette période comme lemode nécessaire d’action par les urnes, par le vote, qui lui aussi est une arme, et très puissante. »

Tels furent les préparatifs politiques en vue du soutien aux candidats de la Concertation pour les élections présidentielles de la fin 1989, à propos desquelles ils avaient affirmé qu’ils n’allaient pas y participer.

Dans d’autres documents de la fin février 1990, ils disaient que : « c’est à notre corps défendant que le peuple a identifié la Rébellion Populaire avec une certaine forme de lutte. »

Il était naturel que des couches populaires de plus en plus larges commençassent à voir dans la violence armée non seulement la plus haute forme de lutte contre l’oppression, mais aussi, dans son possible développement en tant que lutte armée révolutionnaire, la seule voie praticable pour la révolution démocratique, solution des contradictions de la société chilienne.

Et pour cette raison : la forme principale de lutte, seule capable de donner une résolution décisive aux tâches politiques qui découlent de ces contradictions.

Evidemment, là où le peuple peut et veut, le révisionnisme ne peut ni ne veut.

Le révisionnisme, qui face aux refus de la junte militaire fasciste, avait déclenché l’usage de la « violence auguë » pour « ouvrir des espaces politiques de participation », ne peut au final qu’obtenir un mauvais siège dans le wagon de queue de la grande bourgeoisie.

En outre, le Parti Démocrate Chrétien, qui avait mis son veto à l’entrée de la clique révisionniste dans la Concertation, savait bien que parmi « toutes les formes », il y avait les votes, dont il bénéficierait. De leur côté, les révisionnistes allaient justifier ce passage tactique par la logique du « moindre mal », tout comme il savaient qu’en échange de l’abandon de la « violence aiguë » , ils obtiendraient leur légalisation.

L’impérialisme yankee et la grande bourgeoise, représentées alors par la Concertation, pouvaient donc en toute tranquillité continuer l’accumulation sur la base du pillage des ressources naturelles, de la surexploitation de la classe ouvrière et de l’oppression des masses nationales.

Les principaux ennemis du peuple savaient que les nombreuses organisations de masses – qui dépendaient de la direction révisionniste – attelées à lui et le suivant jusqu’à la pacification presque totale du mouvement populaire, généreraient les conditions de la gouvernabilité : la stabilité politique et sociale que la Junte n’arrivait pas à garantir pour leurs affaires.

Nous devons insister un moment là-dessus. « L’Etat, dit Lénine, est le produit et l’expression du caractère inconciliable des contradictions de classe. L’Etat surgit au moment et dans la mesure où les contradictions de classe ne peuvent plus objectivement se concilier. 

Et inversement, l’existence de l’Etat démontre que les contradictions de classe sont inconciliables. » 

Il ajoute aussi : « D’après Marx, l’Etat est l’instrument de la domination de classe, un instrument de répression d’une classe par une autre, c’est la création d’un « ordre » qui légalise et renforce cette oppression, en amortissant les chocs entre les classes».

Voilà d’où vient la thèse de Lénine sur la nécessité de détruire, de démolir cet outil de domination. 

Par conséquent, lorsque le peuple de notre pays commença à comprendre que la violence révolutionnaire ne devait pas seulement être utilisée pour échanger un gouvernement militaire pour un autre, civil; lorsque le peuple commença à discerner, comme produit de sa propre combativité, que ce changement serait une simple conséquence de l’accomplissement de sa tâche politique fondamentale, c’est-à-dire la destruction de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien; lorsque précisément étaient là les conditions les plus propices pour faire une propagande révolutionnaire comprise par le peuple, autour de la nécessité de la dictature des classes révolutionnaires sur les classes réactionnaires, de la dictature de la majorité sur la minorité, à ce moment-là le révisionnisme, tout en jetant de la poudre aux yeux des masses les plus combatives – qui augmentaient de jour en jour – tendit la main aux ennemis du peuple et offrit, une fois de plus dans l’histoire de notre pays, un « chèque en blanc » à la grande bourgeoisie et à l’impérialisme.

Continuons le cheminement. Au Xè Plenum du Comité Central de 1990, ils affirmèrent : « Le Congrès et la Conférence sont d’accord sur les aspects généraux de notre ligne politique visant à établir au Chili une société socialiste, démocratique et humanitaire, à direction pluraliste, qui accepte le principe de l’alternance gouvernementale et qui n’invoque pas la dictature du prolétariat comme forme d’exercice de l’hégémonie de la classe ouvrière dans la société. »

Or c’est justement celle-ci – la dictature du prolétariat – qui est pour tout marxiste conséquent, comme l’a dit Lénine, un principe non-négociable.

En 1994, ils parachèvent l’abandon de la politique de « rébellion populaire de masses » et formulent leur politique de « révolution démocratique », par laquelle ils prétendent impulser un changement dans le rapport de forces, pour en finir avec le bipartisme qui les empêche de participer au parlement. 

La déclaration du XXè Congrès de 1994 dit : « La nécessité d’arriver à l’objectif stratégique de conquérir un régime véritablement démocratique, non soumis à une tutelle militaire ni à des pouvoirs impériaux et patronaux, tel est le sens de notre proposition de révolution démocratique. »

Est symptomatique de leur opportunisme éhonté cette évaluation de leur politique de rébellion populaire : « Le temps nous adonné raison. Si avait été suivi le chemin que nous avions proposé, consistant en une issue politique de masses, pourvue d’une opposition unie, menée par une coalition démocratique englobant tous les secteurs oppositionnels de l’époque (partis politiques, organismes pour les droits humains; le monde social, avec ses syndicats, groupes professionnels, entités culturelles, de jeunesse, tous regroupés dans une Assemblée de la Citoyenneté), et menant des actions aussi puissantes et combatives que des protestations de masses qui auraient jeté la tyrannie dans le plus grand embarras, alors celle-ci se serait écroulée.

La force de tout un peuple dans la rue, aurait permis par sa mobilisation d’atteindre une démocratie sans entraves, une authentique liberté, sans hypothèque ni dépendance militaire, sans le « rôle directeur » de l’armée. »

Cet unique paragraphe montre bien à quoi ils ressemblent. Ils parlent d’une « issue politique de masses ». 

Mais tout marxiste sait que la solution des problèmes fondamentaux de la société chilienne passe par une issue armée de masses pour la conquête du pouvoir, par l’organisation armée des masses pour la défense du pouvoir conquis, voilà une question de principe qui doit constituer l’expression la plus haute d’une politique révolutionnaire communiste. 

Pour éviter toute confusion, nous insistons sur le fait que le problème ne passe pas par un changement de gouvernement, mais par la démolition totale du vieil Etat, par l’expulsion de l’impérialisme et par la confiscation des biens de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens.

Le comble dans cette déclaration, c’est qu’ils font référence au « rôle directeur » de l’armée, sans plus. C’est pour cette raison que leur politique à ce sujet consiste à dépinochettiser l’armée et la police, parce qu’ils les considèrent comme un patrimoine du peuple tout entier, et non d’un seul secteur de la société chilienne. L’armée de l’Etat chilien constitue un pilier stratégique contre- révolutionnaire, n’est-ce pas là une des grandes leçons de l’histoire, confirmée par le Coup d’Etat et ce qui l’a précédé?

7. Le « virage » : le révisionnisme
récupère la mémoire

En 1994, au moment où ils exposèrent leur voie d’une « issue politique de masses », ils n’évoquent pas leurs acquis militaires face à la junte militaire fasciste. 

Mais au fur et à mesure qu’avance la décennie et que nous entrons dans le XXIè siècle, ils commencent à « récupérer » la mémoire. De son côté, le mouvement ouvrier et populaire commence à connaître un nouvel essor dans ses luttes.

Pour cette raison, le révisionnisme devait dépoussiérer son expérience armée, pour d’une part « ré-enchanter » les masses et une grande partie de leurs militants, et d’autre part pour « rappeler » au gouvernement le souvenir de ce qui s’est produit lorsqu’ils furent mis dans les cordes politiquement à partir du Coup de 1973.

Malgré ce flirt avec leur mémoire et leurs acquis, la clique des Tellier et Carmona n’oublient jamais d’affirmer, comme ce fut le cas dans les années 1950 avec Corvalan, qu’ils ne représentent de menace pour aucun intérêt respectable.

En effet, lors de la convocation au XXIIè congrès, ils expliquent la tactique du virage dans l’application de la ligne de révolution démocratique, consistant en ceci que « seule l’organisation, la lutte et la mobilisation sociale imposeront les changements démocratiques et rompront les obstacles imposés par la structure institutionnelle actuelle. »

Ils ajoutent à cela la nécessité « d’un changement dans notre mode d’action politique, qui fasse de la mobilisation sociale, en rébellion contre les ordonnances politiques du système, la clef de l’accumulation de forces… Tel doit être le centre de notre pratique politique dans la période à venir… 

Un système à ce point illégitime et anti-démocratique comme est le système actuel ne peut être affronté que par une attitude de rébellion et de de confrontation totale… 

Ceci ne signifie pas abandonner les batailles électorales, mais y participer d’une manière absolument différente de celle d’aujourd’hui. On ne vient aux élections qu’après la plus intense lutte sociale et seulement en tant qu’expression de celle-ci. 

Le principal aujourd’hui, ce n’est pas la participation aux processus électoraux ou aux structures institutionnelles. Ceci implique un changement dans notre façon de faire de la politique. »

Plus loin, ils affirment dans la même convocation. « Nous revendiquons en particulier que soit mis fin au monopole des courants politiques militaristes et de droite dans l’armée, et que soit assumé l’indispensable pluralisme qui est la condition de la démocratie ».

Et plus loin, comme une mence indirecte au gouvernement, ils ajoutent : « Les aspects militaires de la politique ne peuvent ni ne doivent être ignorés et il est de notre devoir de sauvegarder en tant que patrimoine du parti toutes les expériences et capacités que nous avons acquises dans la période où nous dépassâmes le vide historique de notre élaboration politique qui fut mis en évidence par le Coup militaire du 11 septembre 1973. 

Cela n’est possible que si ces aspects de la politique sont l’objet d’une préoccupation constante de la part des structures du parti, et que nous prenons l’offensive toutes les fois qu’on prétendra discréditer l’immense apport développé dans la lutte contre la dictature par des centaines de nos camarades. »

Les « batailles électorales » ne sont pas abandonnées, mais pour les gagner il faut accumuler des forces, c’est-à-dire augmenter le nombre des votants, et ceci s’effectue en mobilisant les masses vers les urnes. 

Il s’agit, comme disait Lénine, d’ « un soulèvement soumis ». Ils disent que les élections ne sont pas le principal, mais alors qu’est-ce qui est le principal? 

En ambiguïté, aucun expert ne peut battre les révisionnistes. 

« Le principal aujourd’hui, ce n’est pas la participation aux processus électoraux ou aux structures institutionnelles », formulèrent-ils au moment du virage. Voilà ce qu’on appelle « des phrases qui ont jolie allure », mais nous devrions préciser : une jolie allure opportuniste.

Ce sont des phrases faites pour duper les naïfs, puisque n’importe qui sait que leur lutte contre leur exclusion du système politique et pour la fin du bipartisme, ils ne la mènent pas pour regarder le parlement depuis la fenêtre d’en-face. 

C’est plutôt qu’avec cette phrase, ils prétendent calmer le mécontentement croissant de leurs militants, non seulement vis-à-vis des faibles résultats électoraux, c’est évident, mais aussi face à l’inutilité et au caractère contre-révolutionnaire des élections, et ce qui est le pire, face à la complicité qui est acquise en y participant et en les légitimant.

D’autre part, comme nous l’avons dit, le problème de l’armée chilienne, puisqu’ils la reconnaissent comme une institution démocratique de tous les Chiliens, se pose à leurs yeux comme celui d’en terminer avec le monopole de la droite et de ses courants en son sein, pour atteindre « l’indispensable pluralisme ».

8. Le développement du « virage » autour du XXIIè Congrès: un peu plus de crétinisme parlementaire, toujours le même, vieux et pourri

En juin 2006, lors de sa « Convocation au XXIIIè Congrès » considérant les changements politiques ayant eu lieu en Amérique latine, ils lancent un ensemble de propositions plus radicales, du point de vue de « l’utilisation des formes de lutte les plus diverses » (nous le soulignons, « les plus diverses » ne sont plus « toutes les formes de lutte »).

Cette convocation essaie de faire croire que les mobilisations ouvrières et étudiantes étaient le fruit du « virage tactique », au milieu desquelles se développaientles propositions formulées à Bachelet [l’actuelle présidente sociale-démocrate] lors de la campagne électorale pour le deuxième tour et qui a selon eux pour toile de fond « l’ample convergence » pour mettre fin au système électoral du bipartisme.

Il mérite d’être dit que les luttes populaires constituent pour eux, en même temps qu’une monnaie d’échange pour négocier leurs ambitions électorales obstinées, un mécanisme que peut les tirer d’affaire face au discrédit croissant qu’ils subissent au sein des masses populaires et face à leur propre crise interne, produite précisément par le « pas tactique » fait lors du deuxième tour des élections présidentielles, qui laissa dans le plus grand abattement une partie signifiactive de leurs militants, qui travaillent honnêtement et véritablement pour une révolution démocratique.

Mais la direction révisionniste, aveugle d’arrogance, ose affirmer dans la convocation : « Notre défi consiste à nous approprier de ce nouveau moment politique, ce qui nous permettra de déterminer le caractère et le rythme des initiatives à entreprendre pour isoler les secteurs qui représentent le capital financier transnational et ses alliés, et réussir ainsi les avancées de type stratégique que nous traçons pour la période actuelle ». 

Ceci revient à avouer ouvertement que s’il est nécessaire de freiner le mouvement populaire, en fonction de leurs politiques, il le feront. 

Le « caractère » et le « rythme », ce sont eux qui le déterminent, contre toute expressin de « maximalisme » dans le parti ou hors de lui.

Il s’agit d’insinuer un repositionnement vis-à-vis de toutes les formes de lutte radicalisées ou « aiguës ». 

En ce sens, il a fallu un art consommé pour garder les militants et sympathisants illusionnés par le rétablissement de la politique de rébellion de masses, tout en affichant un discours qui raye de la carte la préparation au soulèvement, autrement dit la « confrontation totale » comme il était dit en 2002.

« Les communistes, instruits par la tragique expérience vécue par le peuple chilien, savent qu’il faut être toujours prêts à employer toutes les formes de lutte, mais il doit être aussi très clair qu’il y a des moments adaptés à chacune d’elles.

Les provocations et les actions violentes sans signification et sans raison politique, détachées du mouvement réel des masses, freinent et empêchent la lutte des masses, qui est aujourd’hui le principal.

Ce qui ne discrédite en rien l’auto- défense si on persiste à soumettre le peuple à l’agression ou aux provocations, et aux attaques néo-nazies qui ont émergé ces derniers temps.

Ces formes de lutte et d’auto-défense doivent générer de meilleures conditions pour que les mouvements et les protestations de rue s’expriment, de façon massive et multiple. » Le discours révisionniste devient très sophistiqué, puisque les acquis des années 1980 l’ont revêtu d’une aura révolutionnaire.

Mais celle-ci s’évanouit rapidement, dès qu’on la secoue apparaît son véritable fond : le vieux et putride crétinisme parlementaire. Avec ou sans les armes, ce qui n’a pas changé en l’espace de 50 ans ne va pas changer tout soudain, ni avec le « virage tactique », ni avec le rappel des « acquis ».

C’est ainsi que, d’après les mots de Lautaro Carmona lui-même – haut dirigeant du révisionnisme – prononcés au début 2006, on peut constater la vérité sur pièce : « Il faut un Etat, dit-il, qui prenne en charge la tâche de générer des sources de travail digne, qui procure des services à chacun, comme la santé et l’éducation, et des lois électorales qui permettent à toutes les sensibilités d’être représentées dans les institutions. Nous ne voulons pas revenir au socialisme, nous avons des propositions pour le 21è siècle. »

Comparons ces paroles à celles dites un demi-siècle auparavant, par Luis Corvalán, lors de la 24è Session Plénière du Comité Central : « Nous voulons et nous réclamons notre liberté. Et nous déclarons solennellement que, libres d’agir dans la vie politique, nous ne serons une menace pour aucun intérêt respectable.

Nous sommes partisans que tout se résolve démocratiquement, conformément à la volonté de la majorité du pays dans le cadre du libre jeu de tous les partis et courants. Nous n’aspirons pas aujourd’hui au remplacement de la propriété privée des capitalistes chiliens par la propriété collective.

Et quand demain il sera nécessaire d’avancer sur ce terrain, nous pensons que cela doit aussi se faire avec l’accord de la majorité des Chiliens, par la voie pacifique et en garantissant le bien-être et les droits des capitalistes, c’est- à-dire en les indemnisant comme il se doit. »

9. Davantage sur la ligne militaire
bourgeoise du révisionnisme

A propos du trentième anniversaire du Déclenchement de la Tâche [vaincre le fascisme], dans cette convocation au congrès de 2006, ils clarifient – à destination de ceux qui auraient pu avoir « oublié » – les caractéristiques de la politique de rébellion de masses, et qui, d’après eux, ont insufflé la vie à la Tâche.

« En avril de cette année, nous célébrerons les 30 ans du Déclenchement de la Tâche, et en septembre les 20 ans de l’opération de Carrizal [opération de réception par le Front Patriotique Manuel Rodriguez d’une grande quantité d’armes provenant par la mer de Cuba, ayant été découverte et mise en échec le 6 août 1986] et l’attaque armée contre le convoi du tyran.

Pour mener ces actions, nous avons réuni plus d’une centaine d’ex- officiers formés à Cuba et dans d’autres pays qui faisaient cause commune avec nous, des officiers révolutionnaires internationalistes. Dix-neuf d’entre eux perdirent la vie au combat. Dix sont repartis dans leurs pays. Il ont contribué à la mise en pratique de notre politique de rébellion populaire contre la dictature. Beaucoup ont subi la prison, beaucoup sont encore poursuivis, d’autres vivent à l’étranger à cause des peines de bannissement, un nombre important d’entre eux a perdu la vie dans des assassinats prémédités ourdis par les forces répressives. Ceux qui vivent au Chili se sont intégrés à la vie civile. » 

Le document continue ainsi :

« Le Parti Communiste reconnaît le rôle de chacun d’entre eux dans un seul nom : celui de Raúl Pellegrinni, premier chef du Frente Patriótico Manuel Rodríguez, qui était composé en grande partie de militants du Parti Communiste. Le rodriguisme fut un acquis du Parti Communiste, qui se prolonge aujourd’hui et demeure en chacun de nous. »

Patients lecteurs, comparez ces « phrases » avec celles de Volodia Teitelboim dans l’interview de mai 1990, que nous répétons : « C’est à notre corps défendant que le peuple identifia la Rébellion Populaire avec une certaine forme de lutte ».

Se réveillant du coma opportuniste et une fois terminée l’amnésie tactique, le « patrimoine » du parti en matière militaire est déterré, dans la même convocation :

« Ces commémorations ont contribué à reconnaître de manière plus complète de rôle joué par le Parti dans l’incorporation des formes d’auto-défense et de lutte armée au patrimoine historique du mouvement populaire chilien, et en liaison à cela, elles ont mis en valeur le nécessité de mettre en oeuvre avec décision la politique militaire du Parti dans cette période, parce qu’en avançant vers la réalisation des objectifs politiques que nous avons posés, la confrontation politique s’aiguisera et s’élucidera quelle sera la forme de développement de la lutte révolutionnaire. Nous devons être préparés politiquement et idéologiquement pour mener des formes de lutte distinctes si les circonstances le réclament. »

Soulignons que l’utilisation des armes dans la lutte politique, la « violence aiguë » comme l’appelle à l’occasion la clique révisionniste, peut être considérée comme une « lutte armée », mais alors dans ce cas, l’emploi de ce concept refléterait un usage partiel et limité de la chose, un usage peu rigoureux au regard de la doctrine militaire du prolétariat.

En ce sens, les protestations massives développées entre 1983 et 1986, qui en partie seulement obéissaient à l’application de la « Politique de Rébellion Populaire de Masses » (PRPM), auraient pu déboucher sur un « soulèvement national » en 1986, c’est-à-dire une insurrection, qui aurait placé le révisionnisme à la tête d’un gouvernement provisoire (c’est ainsi qu’ils posaient le problème au début des années 1980).

Sans méconnaître ces aspects, il faut voir que la lutte armée menée par le révisionnisme était employée comme stratégie de « violence aiguë » sous le mot d’ordre « toutes les formes de lutte », mais cette stratégie n’a jamais compté sur une « coalition démocratique » unie – comme ils le souhaitaient – et qui était fondamentale pour leur modèle de soulèvement passant obligatoirement pour eux par des alliances politiques. C’est-à-dire que leur stratégie n’eut jamais le soutien du Parti Démocratique Chrétien, mais au contraire son rejet le plus absolu.

Mais en 2006, se référant aux années 1980, la « PRPM » et son couronnement dans le soulèvement national se transforme en une « issue politique de masses ».

Ils parlent de la lutte armée en tant que « patrimoine historique » pour ensuite affirmer « la nécessité de mettre en oeuvre avec décision la politique militaire du Parti ». Quelle phrase encore! Comme s’ils allaient reprendre les armes à nouveau!

Ce n’est rien d’autre qu’un miroir aux alouettes, ils agitent des lucioles pour éblouir les simples. Ils disent qu’ils sont préparés « pour entreprendre des formes de lutte distinctes », mais plus toutes les formes de lutte. Il est donc possible qu’ils se préparent au soulèvement national, au soulèvement électoral.

Entre 1905 et 1921, la Russie passa par trois révolutions et par la Guerre Civile. 

En octobre 1902, Lénine n’avait vécu aucun essai révolutionnaire, encore moins une révolution triomphante; mais regardons attentivement comment réfléchissait ce chef bolchévik et comparons avec l’affirmation révisionniste hésitante de tout à l’heure, au sujet de comment dans le futur « s’élucidera quelle sera la forme de développement de la lutte révolutionnaire ».

Lénine dit : « Tant que nous ne disposons pas d’organisations révolutionnaires solidement unies, capable de réunir les détachements suffisants pour diriger tous les aspects d’une manifestation, les échecs seront inévitables. 

Mais une fois que cette organisation se sera structurée et fortifiée au cours même de son travail, grâce à une série d’expériences, elle pourra alors résoudre le problème de quand et comment s’armer, de quand et comment il faut employer les armes. Cette organisation doit travailler sérieusement, autant pour augmenter la « vitesse de la manifestation » (facteur très important, que l’auteur de la lettre souligne avec raison), pour augmenter le nombre de manifestants actifs, pour entraîner les dirigeants de la manifestation, pour attirer la « masse des spectateurs » à participer à « la tâche » et pour « corrompre » les troupes. 

C’est justement parce qu’un processus comme celui de se lancer dans la lutte armée de rue est « dur », et parce que « tôt ou tard c’est inévitable », qu’il est nécessaire de lui donner une solide organisation révolutionnaire, qui se place tout de suite aux avant-postes du mouvement. »

Le problème est que, malgré l’existence de bases honnêtes, la clique révisionniste Tellier-Carmona et le parti qu’ils dirigent ne sont pas une « solide organisation révolutionnaire », mais le contraire de cela. Le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Avant de poursuivre, nous devons faire une petite mais utile digression théorique. 

La ligne militaire prolétarienne est l’application de la théorie militaire du prolétariat, laquelle est l’accumulation de l’expérience de la lutte armée contre l’oppression et l’exploitation dans différents pays : il s’agit de la Guerre Populaire dirigée par les partis prolétariens, et il faut souligner que cette théorie exige l’établissement de bases d’appui, c’est à dire le nouveau pouvoir, qui ne peut exister qu’au bout du fusil. 

La théorie marxiste sur l’Etat part du fait que l’armée, les tribunaux, le parlement, sont de parties constitutives de celui-ci et qu’en dernière analyse ce sont des institutions qui défendent les intérêts des classes dominantes réactionnaires qu’elles représentent, et qui doivent pour cette raison être détruites, démolies. 

Le révisionnisme, au contraire, répand l’illusion d’un changement pacifique dans l’attitude de l’armée et de la police vis- à-vis du peuple. 

Le révsionnisme part du principe que l’Etat exprime des rapports de force déterminés qui peuvent être changés sans qu’il soit nécessaire de le détruire de fond en comble en tant qu’appareil. 

De là découle sa ligne militaire bourgeoise qui a été exposée si magnifiquement au XXIIIè Congrès :

« Ainsi, nous devons donner une continuité et un caractère systématique aux initiatives en direction de l’armée et de la gendarmerie. 

Même s’il est certain que l’armée chilienne n’est pas encore démocratisée et ne s’est pas séparée de la défense des intérêts réactionnaires ni de sa doctrine de sécurité nationale, et que de nombreux responsables de violations des droits humains restent impunis, il n’est pas écrit que l’armée fera forcément obstacle à tout projet populaire d’alternative au néolibéralisme.

L’expérience de divers processus révolutionnaires et progressistes en Amérique latine et notre expérience propre montrent que les institutions militaires ne sont pas imperméables aux idées de changement social. Il arrive que la force du mouvement populaire soit telle qu’elles jouent, en totalité ou en partie, un rôle différent, favorable aux intérêts populaires. »

Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne peuvent pas donner d’exemple concret de cela pour notre pays ni pour les autres nations latino- américaines. 

L’armée et les forces de l’ordre sont l’ultime recours de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien chilien, et 100 ans après les événements de l’Ecole Santa María de Iquique [massacre ayant eu lieu le 21 décembre 1907, où des milliers d’ouvriers du salpêtre en grève furent tués alors qu’ils étaient réfugiés dans une école de la ville de Iquique], il est irresponsable et criminel (étant donné leur trajectoire répressive et génocidaire) de répandre des illusions sur leur compte.

Cependant, le révisionnisme au Chili peut le faire, et il l’a fait. Dire que ce n’est pas « écrit » revient à dire que l’exception confirme la règle, et la règle est que l’expérience historique dans chaque cas concret, montre que le caractère essentiellement anti- populaire et contre-révolutionnaire de l’armée dans chaque pays et au plan international, est irrécusable.

Nous sommes loin d’avoir épuisé la caractérisation de ce courant opportuniste au sein du mouvement populaire par cet article. 

En tous cas, la nature ambivalente du révisionnisme, ses définitions imprécises qui cherchent à contenter tout le monde n’ont rien à voir avec la tactique marxiste, qui évolue toujours à l’intérieur de principes bien définis, chose sur laquelle Lénine a toujours été catégorique. 

Etait admise la souplesse tactique, mais jamais au sujet des principes, car cela équivaut à une capitulation. 

Nous terminons cette partie avec cette citation, qui est une véritable synthèse, faite par Lénine en 1904 :

« Quand nous parlons de lutte contre l’opportunisme, il ne faut pas oublier un trait caractéristique de tout l’opportunisme contemporain sur tous les terrains : son caractère indéfini, diffus, insaisissable. L’opportuniste, par nature, cherche toujours à esquiver la position précise et définie des problèmes, il cherche le résultat, il se glisse comme une couleuvre entre des points de vue inconciliables, en s’efforçant de rester d’accord avec les uns et les autres, pour transformer les désaccords en petits amendements, en doutes, en bonnes volontés innocentes, etc, etc. »

10. Nos tâches

Pourquoi le révisionnisme est-il le danger principal ? 

La lutte contre le révisionnisme ne se livre pas seulement à l’extérieur des organisations communistes, mais aussi en leur sein. 

Cette nécessaire lutte de lignes est le moteur de tout véritable parti communiste. 

Le problème du changement de couleur et de la lutte pour toujours préserver le rouge, est le reflet dans les partis communistes de la lutte de classes existant dans la société, et ceci indépendamment de quelles sont les classes dominantes à tel ou tel moment.

En ce sens, la lutte à mort entre voie socialiste et voie capitaliste a été une bataille nouvelle et un problème dur à affronter pour le mouvement communiste. L’URSS et la Chine ont fait partie pendant des décennies du camp socialiste. Dès le moment du triomphe de la révolution prolétarienne ou de la révolution de nouvelle démocratie, la lutte contre les tentatives de restauration capitaliste fut très dure.

Le président Mao, à la tête du PC de Chine, sut non seulement reprendre de façon critique l’expérience soviétique de construction d’une nouvelle société, mais aussi, en l’appliquant à sa nation, il la fit passer à une étape supérieure.

C’est pour cela que la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine (1966-1976), expression de la théorie du président Mao sur la continuation de la lutte des classes sous la dictature du prolétariat, a signifié dans l’histoire de l’humanité la plus haute étape dans la lutte des classes opprimées pour conquérir leur émancipation définitive. 

Elle a constitué, c’est certain, une des formes qu’a prise la lutte contre le révisionnisme au sein de la société socialiste et à l’intérieur des partis communistes qui la dirigeaient.

Faire de la propagande sur ces problèmes importants est une tâche constante de tous ceux qui se considèrent comme des communistes. C’est une question de principe quand on aborde la lutte contre le révisionnisme.

En 1963, la lettre ouverte du PCC au PCUS disait : « Si les communistes prennent le chemin de l’opportunisme, ils se transformeront en nationalistes bourgeois et en appendices de l’impérialisme et de la bourgeoise réactionnaire ». 

Le révisionnisme chilien, incarné dans le pseudo-Parti Communiste du Chili, dans le groupe Action Prolétarienne et d’autres organisations, correspond tout à fait à la définition citée plus haut.

Ils ont besoin des masses pour arracher quelques concessions au gouvernement, tout en essayant de tenir allumée l’illusion en un lendemain libre d’exploitation, par la voie parlementaire. Le révisionnisme tente de faire croire au peuple que ses intérêts et les siens sont uns et indistincts; alors qu’ils constituent un pilier de plus pour le maintien en l’état de l’ordre actuel des choses. 

En tout ceci réside leur danger et la nécessité pour les révolutionnaires de lutter contre lui.

Depuis sa genèse dans notre pays, le mouvement ouvrier et populaire n’a pas réussi à se débarrasser de l’influence de la bourgeoisie et de l’idéologie des classes dominantes. 

A ce sujet, Engels expliquait que pendant de longues périodes le mouvement ouvrier accumule un « colossal tas d’ordures » , et qu’il est nécessaire de la balayer. Toutes les révolutions ont montré la nécessité de balayer ce colossal tas d’ordures, de briser cette croûte sous laquelle les masses basses et profondes clament l’organisation de la rébellion. 

Un des aspects fondamentaux de la tactique marxiste consiste précisément à aller au sein du bas et profond des masses.

Nous ne pouvons pas dans notre travail politique révolutionnaire relâcher la vigilance face au révisionnisme et à son rôle à l’intérieur du mouvement populaire.

Tout en nous dirigeant au sein du bas et profond des masses, vers les masses sans parti et inorganisées, nous devons travailler systématiquement sur tous les terrains pour démasquer les révisionnistes dans le processus même où nous nous lions aux masses et à leurs luttes.

A chaque fois qu’ils s’obstinent à chevaucher sur le dos des masses, nous devons savoir profiter de l’impulsion qu’ils doivent donner au mouvement populaire (chose qu’ils ne peuvent pas ne pas faire, sous peine d’expulsion hors de ses rangs) pour mieux les dénoncer lorsqu’une fois satisfaites leurs mesquines revendications politiques, ils tentent de freiner et d’endiguer le débordement populaire. 

Nous devons agir avec souplesse au moment de nous lier aux masses, malgré l’existence ou la présence du révisionnisme dans les organisations du peuple. Nous devons leur arracher la direction du mouvement.

La dénonciation occasionnelle du révisionnisme est insuffisante pour les déloger de la direction et les expulser des rangs du mouvement ouvrier et populaire. 

Parce que c’est une tâche dont les masses elles-mêmes doivent s’emparer, est nécessaire une action patiente d’explication parmi elles.

On doit apprendre aux masses et apprendre d’elles à tout moment: quand les luttes se préparent, quand elles se déroulent et quand elles ont pris fin, dans les intervalles entre telle ou telle période de lutte ouverte, etc.

Pour y parvenir, il faut s’unir aux masses, les organiser, les mobiliser, les politiser et construire l’organisation communiste – dans la perspective de fonder le Parti Communiste du Chili (marxiste-léniniste-maoïste). 

Nous répétons. Expliquer, éduquer, apprendre et lutter résolument avec les masses sans perdre de vue que tout ceci fait partie des préparatifs inéluctables pour déclencher la guerre populaire d’abord et la développer ensuite.

Union des Révolutionnaire Communistes
(marxistes-léninistes-maoïstes)

Août 2007

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) : L’«homme nouveau» et le rôle de l’individu dans l’histoire

L’idée de « l’homme nouveau » est un thème largement diffusé en Amérique Latine. 

Les conceptions castro-guévaristes qui la promeuvent ont enchanté romantiquement beaucoup de jeunes, surtout les générations des années 1960-70, mais aussi les générations actuelles. 

En général, cette idée, commençant pour un temps par être inspiratrice d’engagement et d’abnégation pour la cause du peuple, finit par provoquer son contraire : de la déception et des morts. 

De la déception, car est suivi un modèle idéal abstrait impossible à atteindre, celui du « guérilléro héroïque »; et des morts, parce que ceux qui ont tenté de développer la révolution en suivant l’idée castro-guévariste du foyer de guérilla ont toujours fini par se faire dépasser par la contre-révolution se matérialisant en meurtres, razzias, massacres. 

Tout ceci a mené certains à la pensée que la révolution est irréalisable si l’on ne peut pas compter sur ces « hommes nouveaux ». 

Lénine au contraire, l’un des grands dirigeants [jefatura] les plus reconnus du socialisme scientifique, expliquait qu’il ne fallait attendre aucun type d’homme d’exception pour faire la révolution, et qu’il fallait simplement partir des personnes existantes, en chair et en os.

Ce ci nous amène à la question suivante : ce concept « d’homme nouveau » fait-il partie du patrimoine du mouvement communiste international et spécifiquement du Socialisme Scientifique, ou est-il au contraire un concept imprécis, ambigü et largement dépassé par les grands dirigeants [jefaturas] que sont Marx, Lénine, Staline et Mao Zedong?

Répondre à cette question implique de pénétrer au coeur de la conception marxiste du rôle de l’individu dans l’histoire. Cet individu, cependant, n’est pas un être abstrait, mais un être social qui possède une position de classe, des intérêts et tient une position dans la lutte des classes. 

Les commentaires qui suivent visent à connaître la place et les tâches historiques qui reviennent à l’individu. 

Le rôle de l’individu dans l’histoire 

Dans l’historiographie traditionnelle bourgeoise, seuls les grands personnages, hommes d’Etat, militaires, apparaissent ou figurent en tant qu’artisans de l’humanité, hommes d’exception et remplis de vertus, à l’image de Napoléon ou de Pierre le Grand, entre autres. 

Toutefois, l’histoire est construite matériellement par les classes populaires, ce qui est spécifiquement le cas de la Classe Ouvrière moderne, par le truchement du travail. 

Que serait l’armée de Napoléon sans les canons, les aliments, les balles, les vêtements et les hommes, qui ont tous surgi des classes populaires? 

Avec l’avènement du Socialisme Scientifique, les masses ont gagné la conscience d’elles-mêmes et pour elles-mêmes, en développant une politique indépendante de celle de la classe dominante. 

Elles en ont fini ainsi avec leur longue léthargie qui les avait réduites à l’état de simples spectatrices de l’histoire, en tant que « multitude aveugle qui errait dans les ténèbres et sans horizon », comme nous le disait Staline.

La Commune de Paris, la Révolution d’Octobre, la Révolution Chinoise ne furent pas menées par une armée d’hommes d’exception, mais par les larges masses, par les masses les plus méprisées.

C’est ainsi que l’Idéologie Scientifique opposa très tôt ses propres définitions à celles de la bourgeoisie, en affirmant : les masses font l’histoire; pour atteindre leur libération, elles ne doivent pas impulser une politique conciliatrice, mais une politique visant la conquête du pouvoir au moyen de la violence révolutionnaire, en opposant à l’Etat bourgeois et ses instruments l’idéologie prolétaire, le parti de cadres et la guerre populaire. 

Pour le camp du travail, la conséquence de la propriété privée, c’est la violence. 

Celle-ci, tout au long de l’histoire n’a été saisie que dans les mains de quelques uns, dans les mains de la classe dominante. Cette classe, pour conserver ses privilèges et son pouvoir, recourt à ses propres instruments de violence que sont l’Etat bourgeois et l’Armée bourgeoise. 

C’est pour cette raison qu’on doit opposer au pouvoir réactionnaire un pouvoir révolutionnaire, car d’après Marx, « une puissance matérielle ne peut être abattue que par une puissance matérielle, mais la théorie elle aussi se transforme en puissance matérielle dès lors qu’elle s’empare des masses ». 

Ainsi, les grands changements n’ont lieu que de manière violente, par la violence révolutionnaire.

Il existe donc deux grands pouvoirs sur la terre : l’un organisé, dominant, et l’autre qui reste à organiser, surtout dans notre pays. 

Pour organiser le nouveau pouvoir,
il faut recourir aux masses

D’après Lénine, les masses se divisent en classes, et pour défendre leurs intérêts, les classes ont développé des instruments, les partis. 

Ces partis sont dirigés par des groupes plus ou moins stables, par exemple la bourgeoisie lève des partis de masses, destinés prioritairement à promouvoir ses personnalités les plus riches ou importantes dans les élections (crétinisme parlementaire). 

De son côté, le prolétariat développe des partis conspiratifs, et ceux-ci développent dans la lutte politique des agitateurs, des organisateurs, des propagandistes, des chefs et des grands dirigeants. 

En ce qui concerne les grands dirigeants, il s’agit de commandants qui ont fait leurs preuves professionnellement ou qui se sont préparés et instruits tout au long d’une longue pratique. 

Ils ne sont pas simplement ceux qui ont été élus pour assumer les charges de direction, ils sont les membres ayant le plus de prestige, d’influence et d’expérience, c’est-à-dire qu’ils se sont forgés dans la lutte de classes en recevant la reconnaissance des masses. 

Aussi bien Marx que Lénine, Staline et Mao ont compris qu’il y a également un processus non-homogènes dans les classes populaires (dans les masses ou dans le peuple) où l’on rencontre des secteurs avancés, intermédiaires et arriérés, pour ce qui est du niveau idéologique. 

C’est pour cette raison que Lénine travailla d’arrache-pied à ce que les processus révolutionnaires aient à leur tête les secteurs d’avant-garde, c’est-à-dire la classe ouvrière en tant que direction – et la paysannerie comme force principale d’après Mao Zedong – et soient dirigés par un état-major, le parti communiste, composé des éléments les plus avancés de la classe. Dans cette perspective, les cadres à l’intérieur du parti ont pour tâche de convaincre les éléments les plus arriérés des secteurs populaires, travailler parmi eux, élever leur conscience politique et ne pas s’isoler d’eux. 

De cette manière, tout communiste doit s’intégrer dans les organisations de la classe, et pour cela il doit partir des réalités. 

On ne peut pas construire la démocratie nouvelle et ensuite le socialisme avec un matériel humain abstrait créé par nous-mêmes, mais avec le matériel que nous a légué le capitalisme. Tel est le point de départ. 

L’homme nouveau
et le rôle de l’idéologie prolétaire 

Les trois sources et parties constitutives de l’idéologie prolétaire sont constituées par la Philosophie, l’Economie Politique et le Socialisme Scientifique. 

L’idéologie communiste tente de refléter le monde, de l’interpréter pour ensuite transformer révolutionnairement la réalité, en adoptant à cette fin la position de classe du prolétariat. 

Le surgissement du Socialisme Scientifique et son développement en MLM a eu pour signification que pour la première fois dans l’histoire, les opprimés ont pu compter sur une théorie qui reflétait fidèlement leurs intérêts. 

Toutefois, ni dans le capitalisme ni dans le socialisme on ne peut parler d’un individu ayant une formation communiste complète. 

Les hommes possèdent des contradictions, l’un se divise en deux, la pensée de chaque personne a un côté obscur et un autre qui est clair. 

A l’intérieur d’un sujet existent des conceptions bourgeoises, celles-ci ne peuvent être atténuées que par l’idéologie, unie à la pratique révolutionnaire et collective, renforçant ainsi le pôle révolutionnaire que nous avons tous. 

Dans la conception communiste, le terme « homme nouveau » fut employé par Staline dans le sens des aptitudes nécessaires qui devaient être celles des nouvelles générations, touchant à la formation technique pour le développement de la grande industrie en URSS. 

Ceci veut dire que c’est un terme qui a son sens dans la construction socialiste. 

Cependant, le concept a acquis sa plus grande « popularité » avec le commandant Che Guevara. 

Mais avec Guevara, le concept change de signification, et garde aujourd’hui ce rapport avec les qualités supposées que doit posséder un individu, dans ce cas un révolutionnaire, quelles que soient les conditions avant la révolution, et après elle, dans le cours du processus de construction du socialisme. 

Guevara possède une conception idéaliste, romantique pour ce qui touche au rôle de l’individu dans l’histoire, puisqu’il sépare la guérilla des masses, la personnalité ou le révolutionnaire des secteurs populaires, ces derniers étant mis en position subordonnée, avec une participation reléguée à un rôle secondaire. 

C’est ainsi que dans l’étape de la lutte guérillera telle que définie par Guevara, il nous est dit qu’il y a deux environnements distincts et séparés : d’un côté se tiendrait la guérilla, et d’un autre les masses, ces dernières étant endormies, mais prêtes à être mobilisées par l’exemple de la guérilla. 

On suppose que cet exemple génère les conditions subjectives ou la conscience qui mène la masse à se rebeller et « se prolétariser ». 

De cette façon est mise en avant l’idée que la seule existence d’un groupe d’hommes bien préparés suffit à faire la révolution, au moyen du développement du foyer de guérilla et avec l’idée que c’est la participation à la guérilla qui forge « l’homme nouveau », à la marge des masses. 

Pour Guevara, «l’homme nouveau», dès le début de son action guérillera constitue un « germe de socialisme » et développe de nouvelles valeurs de justice, d’amour et d’humanité. 

D’après Guevara, « le révolutionnaire authentique est guidé par des grands sentiments d’amour. 

Il est impossible de concevoir un révolutionnaire authentique dépourvu de cette qualité », et ajoute-t-il, « il faut posséder une forte dose d’humanité, une forte dose de sentiment de justice et de vérité… il faut stimuler les masses avec notre exemple. » 

Les nouvelles valeurs et idéaux de Guevara peuvent-ils exister sans une base matérielle qui les soutienne ? 

Car tant que subsiste le capitalisme, l’idéologie dominante est celle de la bourgeoisie, en tant que reflet du mode de production bourgeois. 

Le plein développement de l’idéologie prolétarienne ne sera possible que s’il existe un contrôle du mode de production dominant, puisque la culture est le reflet, en dernière analyse, du mode de production. 

Pour transformer cette base matérielle, la seule voie est de placer la politique prolétarienne au poste de guide de cette édification. Pour cette raison, la voie individuelle proposée par Guevara pour devenir révolutionnaire, dans les conditions où domine encore le vieux pouvoir, doit être remplacée par des instruments, le parti en primer lieu, chose qui dans la conception de Guevara n’a pas lieu d’être. 

Seul le parti en tant que système d’organisations donne des garanties pour le développement et le maintien de l’idéologie. 

Au sujet du processus de prolétarisation de la pensée, ou de la stimulation des masses par l’exemple, reste la question : la justice doit-elle être rendue par un général en chef ou par les masses? 

Doit-on montrer aux masses comment rendre la justice? Est-ce ainsi qu’elles réussiront leur prolétarisation? 

A l’opposé de ce que pense Guevara, le développement de la prolétarisation ne pourra être possible que si les masses s’organisent et se constituent en pouvoir, rendent la justice et administrent des zones, construisent la démocratie nouvelle, le socialisme et consolident le processus en conjurant la restauration au moyen de Révolutions Culturelles. 

En synthèse, le terme d’ « homme nouveau » ne rend pas compte des caractéristiques que doit posséder un communiste ni des tâches qu’il doit accomplir. 

Ce terme ample empêche d’assigner des tâches et de comprendre quelles classes sont chargées de maintenir vivante la révolution, c’est-à-dire qui sont avant-garde et direction. 

Dans la conception guévariste, il n’y a pas de compréhension de ce que sont les grands dirigeants ni de leur rapport avec les masses, pas plus que n’existent état-major et parti conspiratif à caractère de masses. 

C’est ici que Guevara insère le thème de la subjectivité, de l’exemplarité de la guérilla, à la place d’un système d’organisations liées aux trois instruments de la révolution : Parti, front, Armée populaire. 

D’autre part, il n’y a pas d’analyse de classes qui dise quelle sont leurs caractères et les tâches qu’elles doivent accomplir dans la Démocratie Nouvelle comme dans la construction socialiste. 

Pour cette raison, il n’y a pas de commandement et de guide. 

Et ainsi, dans la catégorie du prétendu « homme nouveau », peuvent entrer en contrebande des êtres des variétés les plus diverses, des classes et des intérêts les plus divers, amenant ainsi un danger pour l’hégémonie des intérêts du prolétariat et pour cette raison, un danger pour le triomphe de la révolution. 

Chez Guevara existe une forme gauchiste qui va avec un contenu essentiellement réactionnaire. 

Ses critiques de l’URSS pendant la décennie 1960 sont pusillanimes, étant donné qu’il lutte pour les stimulants moraux et critique la vente d’armes par le social-impérialisme, dans un contexte où commence le démontage de la base socialiste de l’URSS à la suite de la prise du pouvoir par le révisionnisme en 1956 avec Khrouchtchev à sa tête. 

Les stimulants matériels, la décentralisation des usines et le fait qu’elles sont rendues responsables de leurs bénéfices et pertes, fait que la vente d’armes se transforme en un commerce de plus du social-impérialisme. 

Cependant, Guevara ne voit pas cela et ne critique pas le révisionnisme, ne rend pas compte de l’usurpation du pouvoir soviétique par cette nouvelle bourgeoisie. 

L’homme nouveau ne comprend pas le processus de restauration capitaliste ni comment l’éviter.

Les dangers de la restauration

Mao Zedong met de l’insistance à nous signaler les dangers de la restauration capitaliste. 

Au niveau général, avant et après la révolution – dans la construction du socialisme – il existe aussi des contradictions de classes et des luttes de classes, une lutte entre la voie socialiste et le danger de restauration capitaliste, et c’est pour cette raison que dès la prise du pouvoir le processus doit être dirigé par les classes les plus avancées, à savoir : la classe ouvrière et la paysannerie, avec la dictature du prolétariat en tant que seule moyen d’éviter la restauration capitaliste. 

La bourgeoisie renversée militairement cherche à retrouver son paradis perdu et pour cela conspire, s’affaire et promeut les préjugés et les vieilles idées, culture, habitudes et coutumes héritées de la vieille société, et elle le fait spécialement du dedans-même du parti communiste et des organes de direction étatiques. 

Ceci oblige les ouvriers à entrer dans le domaine de la superstructure, dans laquelle s’enkystent les agents de la restauration du capitalisme et les manifestations les plus enracinées de la vieille classe dominante. 

Le prolétariat doit exercer sa direction, mais surtout sa dictature dans ce terrain peu labouré de la lutte des classes, en diminuant pas à pas la division du travail manuel-intellectuel, la division ville-campagne, en abolissant les méthodes bourgeoises d’enseignement, en promouvant le critère politique sur le critère technique et en défendant son programme maximum et minimum, avec la compréhension que la politique comme expression concentrée de l’économie ne fait pas que refléter la réalité, mais agit aussi sur elle, en la transformant.

Voilà pourquoi la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne accomplit la mission d’alerter les masses du danger de restauration; la lutte des classes continue après la prise du pouvoir, y compris dans les organisations ouvrières, et dans le parti il continue d’y avoir la lutte entre la conception bourgeoise et la conception prolétarienne. 

Ainsi donc, les masses, les hommes et les femmes doivent rester en alerte, mobilisées pour approfondir et consolider la révolution. Pour les communistes, il est important de se lier aux masses, et s’il n’est pas organisé, un communiste ne peut pas l’être. 

Pour le communiste, l’action politique organisée, de masses, systématisée par le parti, est l’expression la plus concentrée des intérêts de la classe, ce travail se constituant une véritable école politique. 

A l’intérieur de ses organisations, il doit promouvoir le centralisme démocratique et la lutte de lignes, combattre les formes bureaucratiques, le sectarisme et le subjectivisme qui l’éloignent des masses, et se lier à elles, en contribuant à toujours élever leur conscience tout en se gardant de l’arrogance petite-bourgeoise et en adoptant une style de vie simple et austère.

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Décembre 2008

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) : L’hommage à Nestor Cerpa et au MRTA : solidarité internationale ou hommage à l’anti-communisme ?

Le 25 et 26 avril 2008 s’est tenue à Santiago du Chili un vernissage pour le lancement du livre « Prendre d’assaut le 21è siècle », qui consiste en une compilation de documents de Nestor Cerpa, commandant du Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA), garni d’une biographie de ce dernier.

La présentation du livre fut prise en mains par le « Comité International pour le jugement équitable de Víctor Polay », le « Collectif Andamios » et la « Coordination Bolivarienne section Bolivie ». Pendant l’exposition, les documents furent commentés et ensuite les participants ont posé leurs questions aux présentateurs. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de s’envoyer mutuellement force saluts et félicitations. 

LE CARACTÈRE DE CLASSE
DE CETTE RENCONTRE 

Malgré le large panel d’organisations participantes, l’assistance a à peine dépassé les 100 personnes. 

Tout en tenant compte du fait que cette rencontre était publique, avec affiches dans les rues, sur les blogs et pages web des organisations participantes, et du fait que se trouvait parmi la centaine de personnes plus d’un agent des organismes de sécurité, comme l’a dit la presse péruvienne. 

Objectivement, l’hommage rendu n’a pas été un meeting de masses, ce qui met en évidence une vieille erreur de ce genre d’organisations : tenter de combler l’absence des masses à l’aide d’une grande quantité de sigles.

Le fait qu’une grande partie des organisations de la « gauche chilienne » rende hommage à Nestor Cerpa et au MRTA pourrait avoir l’air d’une action de solidarité internationale envers les « lutteurs et révolutionnaires » du pays voisin. Cependant, il n’en va pas ainsi. 

Il n’y a rien jusqu’à présent pour confirmer que le MRTA soit une organisation révolutionnaire, qui lutte pour mettre au tombeau le vieux régime et prendre le pouvoir dans la perspective de la dictature du prolétariat et du communisme. 

Au contraire, tout démontre que le MRTA est une organisation qui ne représente pas les sentiments des masses ni leurs aspirations et qui pour cette raison est une organisation contre-révolutionnaire.

Si l’on voulait faire une analogie historique (toutes proportions gardés), rendre un hommage a Nestor Cerpa et au MRTA serait comme honorer Trotsky et les Mencheviks. Cette action n’a comme résultat que de faire tomber les admirateurs du MRTA dans l’erreur et la confusion, en plus de les entraîner directement à s’opposer au processus révolutionnaire. 

Et même si le MRTA objectivement n’existe plus que dans la sphère virtuelle et que les quelques militants et sympathisants se réduisent à des cercles de solidarité avec les prisonniers, il est important de dire clairement quelle est la véritable nature de cette organisation.

Afin que ceux qui aspirent à lutter en suivant le chemin révolutionnaire authentique ne soient pas éblouis par les chants de sirène qui sont lancés depuis les quartiers généraux des organisations révisionnistes. Nous éclairerons donc ici quelques questions centrales sur la question du MRTA. 

CLARIFIER LA VERITABLE NATURE DU MRTA 

1. Origine du MRTA 

Le MRTA apparaît à partir d’une scission de l’APRA (parti fasciste) qui plus tard fusionne avec une fraction du MIR péruvien et du Parti Socialiste Révolutionnaire – Marxiste-Léniniste (PSR-ML). 

Ces différents aspects organiques marquent d’un cercle de le feu le caractère du MRTA, qui prétend s’en sortir de façon éclectique en essayant de réunir en un tout les idéologies fascistes et castro-guévariste. 

Par dessus le marché, les partisans du MRTA n’ont pas hésité à dire ici et là que leur idéologie est l’expression du « marxisme-léninisme ». 

Si cela ne suffisait pas, il faudrait remarquer que le chef du MRTA, Víctor Polay Campos, est un personnage ayant milité depuis son enfance au sein de l’aprisme. A l’âge de 17 ans, il était déjà secrétaire des relations extérieures du « Commando Universitaire Apriste » (groupe para-militaire du fascisme) ; deux ans plus tard il fut promu à l’école de cadres de l’APRA, où l’on forme les futurs dirigeants fascistes. 

En 1972, il devient général du Comité Exécutif de l’APRA à El Callao. Cette même année, il est arrêté par la police, accusé d’avoir commis des crimes de sang, mais l’APRA négocie sa remise en liberté et l’envoie en exil. 

Un an plus tard il partage son séjour à Madrid avec Alan García Pérez, l’un des plus grand génocidaires du Pérou. C’est à la fin des années 1970 que Polay Campos rompt organiquement avec l’APRA pour suivre son « propre chemin » et chercher une convergence avec la fraction du MIR-El Militante et le PSR-ML, présidé par Luis Varesse Scotto, président d’une ONG et qui compte lui aussi dans son curriculum des années de militance fasciste.

En octobre 1982, le PSR-ML et le MIR-El Militante donnent naissance au MRTA. Il est décidé d’attribuer la direction à Varesse, Polay Campos et Avellaneda. 

La nouvelle organisation foquiste, sans ancrage dans les masses, dut financer ses activités grâce aux ressources de l’ONG de Varesse. Plus tard, en 1984, Polay Campos dépose Varesse, qui se rend à la police, est amnistié par le régime d’ Alan García et finit par être envoyé au Mexique. 

Il voyage ensuite au Nicaragua pour y jouer le rôle de fonctionnaire des Nations Unies (ONU). Pendant ce temps, Polay Campos se donne le grade de « comandante ». 

Cependant, même à l’époque où Polay Campos se faisait nommer commandant de cette organisation auto-proclamée « marxiste-léniniste », elle n’a jamais rompu idéologiquement avec le fascisme apriste. 

Par exemple, en 1985, le chef du MRTA déclare son admiration pour le fascisme péruvien en disant: « L’histoire de l’APRA est pleine d’un esprit de conséquence, de lutte, de martyrologie ».

Cette admiration, loin de s’atténuer au fil du temps, ne fait que se renforcer. En 1992, Polay Campos affirme : « Je ne peux méconnaître que dans la lutte pour changer le pays, il y eut des centaines et des milliers d’apristes qui ont donné le meilleur de leur vie pour la cause de la liberté […] 

Nous nous revendiquons du « Buffle » Barreto des années 1930. Nous pensons que tout cela, c’est une seul et même lutte. Eux étaient apristes, nous, nous sommes tupacamaristes. Mais c’est la même chose. Ce sont les mêmes idéaux de justice, les mêmes désirs de changement, de démocratie. »

A cet égard, il est important de remarquer que Polay Campos ne rachète pas seulement l’APRA en bloc, mais qu’il souligne en particulier le rôle joué par les « buffles », nom qui désigne les cogneurs réactionnaires (similaires au groupe Patria y Libertad). 

En outre, quiconque connaît un tant soit peu l’histoire péruvienne pourra vérifier que les apristes des années 1930 étaient aussi fascistes que ceux d’aujourd’hui. 

Depuis la fondation du MRTA il n’y a eu aucun document où Polay Campos rompe idéologiquement avec ses anciens camarades, tout comme on ne trouve aucun document interne du MRTA où une cellule ou un membre critique la position de Polay Campos face au fascisme péruvien. 

2. Ligne politique du MRTA

Le fait qu’une organisation prenne les armes et mène à bien des actions violente ne garantit pas le caractère révolutionnaire de celle-ci. 

Le fait qu’une organisation soit révolutionnaire ou non n’est pas décidé par les armes et les cagoules, mais par son idéologie. 

Le MRTA s’est proclamé « marxiste-léniniste ». Cependant, il ne suffit pas de se déclarer tel ou tel pour l’être automatiquement. Nous voyons par exemple qu’au Chili il y en a qui se disent « socialistes » et qui sont en réalité des fascistes, et aussi ceux qui se nomment « communistes » et qui ne sont pas autre chose que des révisionnistes. 

Ce qui démontre l’adoption d’une idéologie, ce ne sont pas les paroles mais les actions, et la façon d’agir du MRTA montre à quel point cette organisation est éloignée du marxisme. 

Même s’ils font semblant d’être marxistes, ils ne peuvent s’empêcher de s’opposer au marxisme dans leurs discours sur le parti du prolétariat, où ils se rangent du côté des théories petites-bourgeoises qui soutiennent que le parti peut être remplacé par des organisations politico-militaires de type foquiste : « Déjà, depuis les années 1960, suite au Triomphe de la révolution cubaine, les nouvelles avant-gardes ont dû se construire en tant qu’organisations politico-militaires qui développent, dominent et pratiquent toutes les formes de lutte, y compris, depuis le début de la construction du pouvoir militaire de la révolution. »

Au sujet de sa ligne politique et de son programme, le MRTA soutient à plusieurs reprises qu’il est possible de faire la révolution socialiste de façon immédiate au Pérou.

Position qui est totalement absurde, étant donné que le Pérou est un pays semi-colonial et semi-féodal, raison pour laquelle, si l’on veut faire la révolution socialiste, il faut passer d’abord par une révolution de Nouvelle Démocratie. 

Parler de révolution socialiste immédiate dans un pays comme le Pérou, c’est ne rien comprendre au socialisme scientifique ni au caractère de classe de la société péruvienne. La thèse de la révolution immédiatement socialiste dans un pays à économie arriérée n’est pas une thèse marxiste, c’est une thèse trotskyste. 

Pour ce qui est de la thèse communiste au sujet de la prise du pouvoir et de la dictature du prolétariat, le MRTA s’est montré davantage partisan des secteurs bourgeois et petits-bourgeois que du chemin révolutionnaire. 

Comme nous allons le voir, le MRTA ne faisait que jouer à l’insurrection, prenant les armes pour demander automatiquement des amnisties et des accords de paix. 

Le MRTA réduit toute son action à envoyer des messages à la presse et à opérer en suivant une logique de foquisme urbain, choses qui n’ont en rien menacé le régime bourgeois-propriétaire terrien au Pérou. 

De plus, le MRTA avait pris la précaution de signaler par avance que son objectif n’était pas la prise du pouvoir pour le peuple, mais de mettre fin au conflit armé. En d’autres termes, ils prenaient les armes pour rendre public leur renoncement à la lutte.

LE CHEMIN CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRE
DU MRTA

1. Alors que la lutte fait rage au Pérou, le MRTA capitule En 1980, le Parti Communiste du Pérou (PCP), un parti marxiste-léniniste-maoïste, déclenche la lutte armée de la façon la plus haute qui existe, par la guerre populaire. 

De son côté, le MRTA regarde de l’extérieur comment le peuple dirigé par le PCP s’affronte aux réactionnaires et aux impérialistes. 

En 1985, la guerre populaire passe le cap de sa cinquième année en ayant accompli de grands exploits. Pour sa part, le MRTA avait fêté sa première année « d’action », et sans avoir connu aucun succès, signa avec l’APRA une trêve d’un an. 

Mais cette trêve, loin d’être une tactique visant à gagner du temps et à se renforcer sur un autre terrain, n’était ni plus ni moins qu’une tentative de mettre fin au conflit, en ignorant en passant les réussites que le PCP matérialisait dans le feu de la lutte armée. 

Dans ces circonstances, Polay Campos, agenouillé devant Alan García, lança ses suppliques : « Nous, nous ne voulons pas de cette guerre civile, nous voulons l’éviter… Ce peuple exige le changement, ce peuple est mûr pour le changement, ce pays est gros d’une révolution. Ces douleurs, nous les sentons tous, il faut éclairer cette nouvelle société, et il y a la possibilité de le faire au moyen d’une guerre civile, ou au moyen d’une concertation. » 

Comme si l’histoire ne nous avait pas assez appris que la théorie révisionniste de la voie « pacifique » au socialisme est une farce qui finalement se termine par un peuple couvert de sang, soumis à la botte fasciste, désarmé et ne pouvant que voir comment le pouvoir se consolide dans les cercles les plus réactionnaires. 

Entre 1988 et 1989, le PCP lança une nouvelle vague d’actions militaires, les masses se joignaient aux luttes, et le rêve d’en finir avec la guerre populaire se brisait. Mais le MRTA, regardait à nouveau depuis la fenêtre d’en face quel tour prenait la lutte des classes. 

Au lieu de se joindre à la lutte, les tupacamaristes entonnèrent une nouvelle fois leurs suppliques pour « que soit mis fin à la guerre », d’abord en envoyant une lettre au Cardinal Juan Landazuri, puis par l’intermédiare de l’apriste Demetrio Tafur. 

2. MRTA, les soldats de la contre-révolution 

Alors que le gouvernement tentait de freiner la guerre en en appelant à l’expression « démocratique », le PCP mit en marche une grande campagne de boycott des élections et de renforcement de la guerre populaire; le MRTA en revanche, décida de jouer le prendre le dernier wagon du révisionnisme péruvien lors des élections municipales. 

Utilisant la vieille excuse qu’il faut freiner la droite (en votant et en ne luttant pas), le chef tupacamariste déclara avoir formé un front avec la Gauche Unie (IU). Mais alors que le MRTA participait aux élections et baissait les armes face aux exploiteurs, il n’hésitaient pas à s’en servir contre les révolutionnaires. 

Dans une interview à la revue « SI » du 8 mai 1989, Victor Polay Campos reconnaît que : « Il y a eu un affrontement avec le Sentier Lumineux (nom que les fascistes donnent au PCP) au niveau des communautés villageoises… Le MRTA a aidé les communautés à les rejeter, nous leur avons causé 20 pertes. » 

Comme on le voit, à ce niveau le MRTA ne faisait pas que renoncer à la lutte révolutionnaire, ils lançaient des attaques en liaison avec leurs compères fascistes contre les communistes péruviens. 

C’était là montrer patte blanche devant le gouvernement et le révisionnisme, afin que la presse internationale élève le MRTA au rang de « bonne guérilla ». C’est ainsi que le MRTA franchit la ligne étroite qui sépare l’opportunisme de la contre-révolution, en se transformant en poste avancé de l’anti-communisme à l’intérieur du camp populaire. Si déjà autrefois ils avaient pris les armes pour se faire l’écho de la réaction en en appelant à la « pacification » du Pérou, à ce moment le MRTA tombe son masque de « révolutionnaire » pour assumer ouvertement que ce qu’il cherche, c’est la défaite de la guerre populaire. 

C’est ce qu’avouent « German » et « Ricardo », deux commandants régionaux tupacamaristes dans une interview à la revue Caretas du 15 juin 1991 : « Les conditions minimales que nous exigeons pour en arriver au processus de pacification passent nécessairement par la défaite du Sentier Lumineux. Rendre nos armes dans les conditions actuelles développerait encore plus de violence, puisque cela provoquerait la croissance du Sentier… Dans ce contexte, nous sommes prêts à vaincre politiquement et militairement le Sentier Lumineux, comme nous l’avons fait dans cette zone où nous avons éliminé plus de 60 commandants du Sentier. Cela sera notre contribution à la pacification du pays… ». 

S’il restait encore des doutes sur le véritable rôle joué par le MRTA dans la lutte des classes au Pérou, il suffit de voir qu’au même moment où ils déclarent affronter les combattants communistes, ils reconnaissent que les secteurs les plus fascistes répondent à leurs espérances pour atteindre leurs objectifs : « Au Pérou, malgré la profonde crise morale et économique qui existe, il y a d’importantes forces saines et démocratiques à l’intérieur des partis politiques, aussi bien chez les traditionnels (droite) que chez ceux de gauche, ainsi que dans les organisations populaires, dans les Forces Armées, dans les Forces Policières. Nous croyons que la Conférence Episcopale doit jouer un rôle important. 

De même, de grandes figures comme Javier Pérez de Cuellar [secrétaire général de l’ONU de 1982 à 1991] peuvent jouer un rôle de médiateur pour initier un processus de discussion, de dialogue à plusieurs niveaux, et arriver à certains accords. » 

Il est évident que le MRTA lit les choses à l’envers. Tous les organismes qu’ils énumèrent étaient en proie à une franche décomposition et n’hésitaient pas à imprimer leurs griffes dans les chairs du peuple devant chaque soulèvement populaire.

Quel est donc le marxisme du MRTA? 

Il est pitoyable de les voir se déclarer « révolutionnaires » tout en tentant de jouer le rôle d’infirmiers au chevet du régime d’exploitation caduc, au lieu de le combattre. 

Mais enfin les tupacamaristes ignoraient-ils que Javier Pérez de Cuellar était l’un des pions de l’impérialisme yankee dans différentes menées et invasions militaires contre d’autres pays? 

Tout à leur désir d’entrer dans la composition des gouvernements réactionnaires, les membres du MRTA n’ont pas hésité à diriger leurs attaques contre les communistes péruviens et à les dénoncer à la police. Mal leur en a pris, car les communistes possédaient non seulement une puissance de feu, une idéologie et une discipline supérieures, mais aussi ils avaient mené un travail de masses beaucoup plus développé, ce qui aboutit finalement à la défaite du MRTA dans la grande majorité des combats. 

3. Le MRTA et le show de l’ambassade japonaise 

En décembre 1997, un groupe de 22 tupacamaristes, commandés par Nestor Cerpa, prend l’ambassade japonaise avec à l’intérieur 900 hauts fonctionnaires nationaux et internationaux pris en otage. 

Sur le champ, la presse se met en mouvement et prend contact avec le MRTA, ces derniers déclarant qu’ils ne quitteraient pas l’ambassade avant que soit établie au Pérou « la paix et la justice sociale », chose aussi ambiguë qu’absurde dans un régime pro-impérialiste comme celui de Fujimori. 

Plus tard sortit une communiqué du MRTA qui disait : « Le MRTA a toujours été une organisation disposée au dialogue, mais qui n’a rencontré que refus et moquerie de la part du gouvernement… ». 

Peu de temps après, dans un deuxième communiqué, le MRTA fait savoir quel était l’objectif de l’action : « faire le premier pas pour une solution globale au problème de la violence politique, via le chemin du dialogue et un accord de paix permanent ».

Dans un troisième communiqué tupacamariste, il est dit que : « Nous n’acceptons pas qu’on continue à nous comparer au Sentier Lumineux, organisation que nous avons condamné de façon répétée, et qui emploie une violence irrationnelle qui affecte le peuple lui-même ». 

Il ressort de tout cela que par ses écrits, le MRTA reconnaît être une organisation qui dès ses débuts a recherché le dialogue et l’entente avec les régimes les plus sanguinaires du Pérou, dans la perspective d’aboutir à un accord de paix permanent et de mettre fin à la violence politique. 

Quant à la politique de « pacification » de Fujimori, il est clair qu’elle ne représentait rien d’autre qu’une partie de sa stratégie anti-subversive, une nouvelle farce pour démobiliser les masses. 

Enfin, le MRTA n’a pas hésité à obtenir la sympathie du gouvernement fujimoriste en lançant de lâches attaques contre les communistes péruviens. 

Quiconque connaît un peu le marxisme sait que le rôle des révolutionnaires est de porter jusqu’à leurs ultimes conséquences les contradictions de classes et de mettre au tombeau le régime bourgeois au moyen de la lutte. 

Mais pour le MRTA, le principal est de faire plaisir au régime fasciste et de chercher la fin de la lutte des classes. Qu’est-ce donc que ce marxisme?

Au sujet de la prise de l’ambassade en elle-même, il n’y rien à dire à part que ce fut un échec cuisant. 

Les preneurs d’otage perdirent l’initiative et sans avoir obtenu d’objectif révolutionnaire, ils libérèrent le plus grande partie des otages, entre autres le chef de la police anti-terroriste; ils permirent que Cipriani [un évêque, nommé médiateur pendant la prise d’otage] cache à l’intérieur d’une bible un micro, grâce auquel il racontait à la police tout ce qui se passait du côté des tupacamaristes; Nestor Cerpa a répété une fois ou deux que l’objectif était un accord de paix. 

Le MRTA démoralisé s’engageait à déposer les armes, alors que Fujimori gagnait du temps pour pouvoir les massacrer.

C’est ainsi que Fujimori commanda l’opération consistant à creuser un tunnel sous l’ambassade et accéder sur les lieux à coups de bombes. Finalement, les militaires firent irruption dans l’ambassade en tuant en peu de temps les preneurs d’otage, et sans subir aucune perte. 

4. La défaite du MRTA 

Après la prise de l’ambassade, qu’allaient devenir les membres du MRTA s’ils avaient déjà dit adieu aux armes? 

Ainsi cette organisation prit acte de sa défaite finale. Cependant, le PCP qui avait souffert un rude coup en 1992, suite à la détention de son grand dirigeant et de sa direction, réussit à sortir du détour et commence à ce moment à redoubler d’efforts pour recomposer sa direction (ce qui est chose faite aujourd’hui) 

Entre les mois de janvier et août 1998, rien que dans les départements de San Martín, Huanuco et Ucayali, la revue Sol Rojo enregistre pas moins de 70 actions frappantes – agitation et propagande, propagande armée, anéantissement sélectif, combat de guérilla et sabotage – de la part de l’Armée Populaire de Libération. 

Mais à ce moment-là, que faisait le MRTA ? Rien, rien de rien. Réduit à de petits cercles, incapables de mener quelque action que ce soit, ils se mirent à propager leurs idées par l’intermédiaire de groupes de solidarité qui ne faisaient que répéter « le MRTA est bon et le Sentier Lumineux mauvais », que les premiers sont des « guérilleros » et les seconds des « terroristes ».

En manque d’arguments pour expliquer leur défaite et la croissance du PCP, les tupacamaristes n’ont pas hésité à dire que les communistes étaient les causes de leur défaite. 

Ainsi parlèrent-ils de nombreuses années. Pendant l’année 2005, alors qu’ils attaquaient d’un côté le PCP, d’un autre côté ils envoyaient leurs saluts et félicitations aux révisionnistes les plus invétérés, cherchant auprès d’eux de nouveaux alliés. 

C’est ainsi que le MRTA se mit en quatre pour saluer et féliciter le PC chilien, Hugo Chavez, Lula da Silva, le Front Large en Uruguay, etc. 

Le tout assorti de promesses de participer bientôt aux élections bourgeoises : « Nous ne rejetons pas la participation au prochain processus électoral […] il faut être présent sur ce terrain de confrontation, ce serait une erreur crasse que d’offrir à la bourgeoisie ce grand espace dans les circonstances actuelles ». 

Depuis ses débuts le MRTA a manifesté une impotence quasi absolue dans ses actions de guérilla. La chose s’est aggravée après la prise de l’ambassade du Japon, jusqu’à aujourd’hui où le MRTA n’existe pratiquement plus. 

Nous pouvons maintenant conclure que le problème du MRTA n’a pas été de posséder peu d’hommes ni que les masses n’ont pas été préparées pour la lutte. 

Le problème du MRTA fut sa conception idéologique (mélange de fascisme et de castro-guévarisme) qui l’amena inévitablement à renoncer à la révolution, à se mettre dans le sillage des révisionnistes et à combattre les communistes. 

La défaite du MRTA représente la défaite des théories petites-bourgeoises, du révisionnisme armé qui nie le rôle des masses dans la lutte, ainsi que la nécessité d’un Parti Communiste guidé par l’idéologie du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme. 

Voilà le problème, voilà la question principale, la question de l’idéologie. Qui ne comprend pas cela est voué à reprendre le chemin de la défaite et de l’hésitation. 

Depuis la tranchée communiste, nous appelons les révolutionnaires authentiques à se démarquer des apologistes de la défaite, des trafiquants de la révolution et à joindre leurs efforts pour donner une conduite révolutionnaire à la lutte du peuple du Chili, en servant à la constitution du Parti Communiste du Chili (marxiste-léniniste-maoïste), organe d’avant-garde des masses révolutionnaires au Chili. 

SALUONS LA LUTTE DES COMMUNISTES ET LE PEUPLE PERUVIEN ! 

A BAS LE RÉVISIONNISME DU MRTA ET DE SES APOLOGISTES !

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Juin 2008

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) : Dénoncer et combattre activement l’électoralisme

Ouvrir le chemin de la lutte révolutionnaire de masses dans la perspective de déclencher et de développer la guerre populaire

Une fois encore, la machinerie électorale et contre-révolutionnaire a été mise en branle. Qui tient la barre? Comme toujours, elle est dans les griffes sanglantes des ennemis du peuple chilien : les impérialistes (principalement nord-américains), la grande bourgeoisie et les grands propriétaires terriens. 

Cette gigantesque machinerie fonctionne en étant alimentée par des tonnes de mensonges et de promesses fantastiques que ne seront jamais tenues. Par ce biais, tous les réactionnaires s’efforcent de semer des illusions démocratiques dans l’esprit des masses, en faisant valoir leurs arguments trompeurs. 

De telles illusions d’optique tentent de démontrer qu’existe la possibilité « réelle » que le peuple obtienne le pouvoir et tous les changements sociaux dont il a besoin d’urgence, par l’intermédiaire du vote, de façon pacifique, sans grands sacrifices, sans recourir à la violence et encore moins à la violence révolutionnaire!

Toute cette ordure idéologique a comme destin d’être retirée des cerveaux des secteurs populaires les moins avancés sur les questions idéologiques et politiques (tout comme les préjugés qui par exemple font croire que la pauvreté a comme origine « la mollesse » ou « la race »). 

Tous les mass médias, tout le système d’instruction (mal nommé d’éducation), tout l’appareil culturel du système de domination fonctionne dans ce but.

D’autre part, cette oeuvre contre-révolutionnaire ne serait pas complète sans la collaboration enthousiaste d’une poignée de dirigeants opportunistes appartenant aux partis politiques et aux organisations de masses. 

Ce sont eux qui, fondamentalement, partagent, promeuvent et bénéficient de cette espèce de « démocratie », concept créé, offert et vendu par les oppresseurs, les grands exploiteurs de la classe ouvrière et du peuple chilien. 

Ce sont eux qui se vendent pour recevoir en échange tous types de récompenses, reconnaissances et privilèges de la part des oppresseurs. Cette catégorie de dirigeants prétend toujours représenter les intérêts populaires. 

Lorsqu’ils soutiennent ou soulèvent des revendications économiques des travailleurs, y compris lorsqu’ils encouragent des mobilisations populaires petites ou grandes, ils finissent souvent par les trahir.

La chose se produit quand la lutte des masses atteint le point où elle devient une menace leurs buts égoïstes, ou quand elle va au- delà des limites qu’ils on fixées comme « convenables », afin de ne pas être considérés comme « dangereux » aux yeux de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien.

Sur le plan politique, leurs intérêts mesquins sont antagonistes avec les intérêts objectifs du peuple (guerre révolutionnaire des masses, expulsion de l’impérialisme, destruction du vieil Etat Démocratique Populaire, avancée vers le communisme). S’opposant à ceux-ci, ils soutiennent des projets de réforme politiques qui se concilient avec les classes dominantes. 

Ils mettent ainsi en valeurs divers modes de coexistence entre exploités et exploiteurs, entre opprimés et oppresseurs. Ils promeuvent la collaboration du peuple avec ses ennemis. Ils sont des propagandistes invétérés de la conciliation de classes. 

Dans le but de rendre encore plus complète leur tromperie, une partie de cette catégorie de dirigeants adopte un discours soi-disant marxiste ou marxiste-léniniste. En réalité, ce type de marxisme est une contrefaçon de l’authentique. Le « marxisme » qu’ils mettent en avant a été entièrement vidé de sa substance, de tout son profond contenu révolutionnaire.

En procédant ainsi, ils le transforment en quelque chose d’inoffensif, d’acceptable et de « légal » face au regard inquisiteur des ennemis du peuple. Ces escrocs politiques s’efforcent de vendre aux masses leur verroterie opportuniste, ou plutôt leur révisionnisme « type marxisme » ou « type marxisme-léninisme ».

Une guimauve éclectique, inacceptable pour tout véritable révolutionnaire communiste. 

Cette altération contre-révolutionnaire du marxisme (et de son développement léniniste et maoïste) reçoit le nom de REVISIONNISME et ces dirigeants qui se disent communistes, mais mettent en pratique cette altération s’appellent des REVISIONNISTES. 

Ce sont eux qui historiquement ont fait obstacle historiquement, de mille et une manières, au surgissement, au développement et au triomphe de la guerre révolutionnaire de masses, au Chili comme dans tout autre pays du monde.

Sans arrêt, ces dirigeants opportunistes et révisionnistes crient sur tous les toits leur appartenance à la « gauche politique », à la « gauche progressiste », ou à la « nouvelle gauche ». Ils se prétendent les promoteurs des « grandes réformes sociales » (à l’intérieur de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien). 

Ce qu’ils ne clarifient jamais, et ils restent toujours ambigus à se sujet, c’est quels intérêts de classe ils représentent. Ce qu’ils cachent, c’est qu’ils cherchent à représenter la bourgeoisie bureaucratique, dont ils partagent fondamentalement la culture, les lois, les symboles, les institutions, les lois, la démocratie (pour une minorité évidemment), etc. 

Ces dirigeants opportunistes ont déguisé cette culture bourgeoise. Ils lui ont mis du rouge sur les joues avec quelques touches de « marxisme », ils lui ont poudré le nez avec des nuances de « culture populaire » et l’ont recouverte de la soie des meilleures « traditions d’organisation et de lutte ouvrière » (de caractère plus économiste que révolutionnaire).

A ce méli-mélo idéologico-politique matérialisé en organisations, programmes et actions (qui n’ont jamais conduit à une révolution), les opportunistes et révisionnistes donnent le nom de « gauche ». 

Toutes ces forces, réactionnaires, opportunistes et révisionnistes, convergent pour faire fonctionner la machine électorale contre-révolutionnaire. De façon régulière et cadencée, au bout d’une certaine quantité d’années, les désirs de liberté, de bien-être et de prospérité de la classe ouvrière et du peuple chilien, sont triturés à l’intérieur de leurs engrenages rouillés. 

Avec les élections, encore et encore, les oppresseurs et leurs complices renouvellent parmi les masses qui sont dépourvues de conscience révolutionnaire les promesses et espérances qu’ils n’ont jamais satisfaites et qu’ils ne satisferont jamais. 

Les autres fonctions contre-révolutionnaires de la machinerie électorale 

Dans le cadre de la stratégie de contre-insurrection que promeut l’impérialisme nord-américain pour maintenir sa précaire domination mondiale, les machineries électorales et les processus électoraux ont acquis avec le temps de plus en plus de valeur en tant qu’instruments de domination.

Ils ont été utilisés pour neutraliser le potentiel révolutionnaire qui est contenu dans les explosions sociales de plus en plus fréquentes dans les divers pays semi-coloniaux et semi-féodaux. Les cas les plus proches de nous ont été ceux d’Argentine, d’Equateur et de Bolivie, lors desquels le débordement de la lutte des masses a provoqué la chute de gouvernements successifs (trop enchaînés aux recettes économiques de l’impérialisme). 

Les élections régulières mises en place par les autorités qui administrent les Etats de ces semi-colonies sont considérées par les impérialistes comme un symptôme de bon augure. Cela leur indique qu’il existe là bas une « démocratie », autrement dit que les masses populaires se trouvent relativement sous contrôle, ce qui procure de la « stabilité » à chaque pays, et pour cette raison de la « sécurité » à ses investissements. 

Les élections des autorités semi-coloniales ont aussi une autre fonction : elles sont un moyen de trancher, plus ou moins pacifiquement, les disputes acharnées qui se produisent entre les diverses fractions bourgeoises pour le contrôle sur l’Etat bourgeois propriétaire-terrien.

Liées à tel ou tel impérialisme, les différentes factions de la grande bourgeoisie et des grands propriétaires terriens ont besoin de promouvoir leurs intérêts réactionnaires de classe. Pour cela, elles doivent obtenir directement ou indirectement (au moyen de pistons) le maximum de postes exécutifs étatiques (rémunérés par millions et avec des privilèges de tous ordres). 

Leurs querelles, ils les expriment à l’intérieur des partis politiques qui les représentent et où militent certains membres de ces classes. Dans ces partis, ces gens luttent pour le contrôle des hautes charges de direction. 

Pour y réussir, ils montent de puissantes machineries électorales et passent par leurs bases partidaires pour que celles-ci agissent en tant qu’arbtitres, au moyen de votes. Une fois installés aux postes dirigeants, ils peuvent se présenter comme candidats aux mairies, au parlement ou au gouvernement. 

Les partis bourgeois sont des trampolines pour sauter dans la vie politique du pays et se plonger dans les postes de pouvoir (et aussi sous les arches fiscales pleines d’argent). 

Dans les processus électoraux organisés par l’Etat bourgeois- propriétaire terrien, ce sont les masses inscrites sur les registres qui jouent le rôle d’arbitre. Ce sont ces masses, sans conscience révolutionnaire, qui éliront ceux qui devront les opprimer et les exploiter étatiquement pour une durée déterminée. 

Les élus tentent d’assurer leur poste en vue de leur ré-élection à venir, c’est pour cela qu’ils cherchent à monopoliser les postes dirigeants les plus importants (présidence, secrétariat, etc.) dans leurs propres partis.

Il n’est donc pas étonnant que ceux qui occupent les hautes charges dans leurs partis occupent aussi les hautes charges dans l’Etat bourgeois-propriétaire terrien. 

Ils superposent les charges de l’Etat et les charges du parti, puisqu’ils redoutent de perdre leur position de haut fonctionnaire s’ils en laissent d’autres contrôler l’organisation politique. Les dirigeants révisionnistes emploient la même logique bourgeoise. 

Telles des hyènes affamées se disputant un os, les classes oppresseuses et leurs représentants s’affrontent entre eux. Il s’agit pour elles de prendre le contrôle du pouvoir et de la richesse, de perpétuer la domination impérialiste sur le Chili et la sur-exploitation de son peuple. 

Ce ne sont pas les problèmes des masses qui sont résolus lors des élections. Ce sont les problèmes internes aux exploiteurs, ce sont leurs luttes pour le pouvoir qui sont tranchées pour un temps, au moyen des élections.

Les secteurs populaires qui sont trompés par le boniment électoral ne sont utilisées que comme arbitre pour résoudre des problèmes qui ne sont pas les leurs. La tromperie consiste à faire croire que la solution des problèmes populaires est au bout des élections et n’est pas au bout de la lutte décidée, et surtout pas au bout de la lutte révolutionnaire.

Une troisième fonction des élections bourgeoises est de renforcer le pouvoir réactionnaire par le biais de la division de la classe ouvrière et du peuple. Avec les élections, les masses se trouvent divisées en partisanes de tel ou tel candidat, de tel ou tel parti. 

Ainsi, on cherche à détruire l’unité et la solidarité de classe, fondées sur les intérêts objectifs (et non créés) des classes populaires. Ainsi, les réactionnaires cherchent à faire confronter les masses contre les masses, comme dans le cas des supporters violents. 

Avec la lutte électorale en faveur des différents candidats, qu’ils soient opportunistes ou révisionnistes, on cherche à détourner et éloigner le peuple de la lutte pour ses véritables intérêts. 

Enfin, il faut signaler que les élections bourgeoises jouent le rôle d’une sorte de thermomètre. Elles permettent, par elles-mêmes et indépendamment d’une volonté particulière, de mesurer ou constater l’état d’esprit des masses, ses inclinations, les tendances qui se dominent parmi elles.

En observant les résultats, on peut constater les quantités et les pourcentages des non-votants, des votes nuls, des votes blancs, les votes pour les candidats de « droite », les votes pour les candidats de « gauche ». Tout cela est à faire en prenant comme point de départ les millions de personnes non-inscrites sur les registres électoraux.

Les élections permettent d’avoir une vision nationale des tendances prédominantes dans les diverses régions et zones en lesquelles le pays est subdivisé. Toutes ces données serviront pour planifier les futures actions des forces contre-révolutionnaires pour conserver le pouvoir, de même que pour planifier les actions des forces révolutionnaires pour détruire le pouvoir réactionnaire. 

De tout ce qui précède nous pouvons conclure que : 

1. La machinerie électorale bourgeoise et les processus électoraux qui en sont dérivés, dans un pays semi-colonial comme le Chili, ont un caractère éminemment contre-révolutionnaire. C’est une partie de la stratégie contre-insurrectionnelle de domination mondiale menée par l’impérialisme yankee et ses alliés. 

2. Les élections sont un instrument pour résoudre de manière pacifique les contradictions et les conflits internes aux classes dominantes. Elles leur permettent de renforcer et consolider la domination semi-coloniale sur le Chili. 

3. Les élections sont une tactique pour affaiblir la classe ouvrière et le mouvement populaire par le biais de la division. En créant des contradictions artificielles et de les manipuler au bénéfice des ennemis du peuple. 

4. Les élections sont un moyen de connaître et de mesurer le niveau de conscience des masses face à la capacité de tromperie et de manipulation des contre-révolutionnaires. 

Les élections actuelles, appelées par les ennemis du peuple, ont pour objet de rénover le personnel des postes d’autorité au niveau le plus bas de la hiérarchie qui administre l’Etat bourgeois- propriétaire terrien au Chili, semi-colonie yankee. 

Les élections des maires et des conseils municipaux n’apporteront pas les solutions que le peuple attend. 

La corruption, l’abus de pouvoir et l’indifférence permanente face aux problèmes des masses se perpétueront avec le vote. 

Les problèmes de la subsistance, de la santé, de l’éducation, du travail, de la pauvreté, des dettes, du manque de services, et beaucoup d’autres, ne pourront jamais recevoir de solutions sous ce système de domination de la part de l’impérialisme et de ceux qui lui ouvrent les portes du Chili : la grande bourgeoisie et les grands propriétaires terriens.

Pour toutes ces raisons, il est totalement nécessaire de développer une campagne anti-électorale, qui démasque entièrement les objectifs cachés de ces processus électoraux.

Une campagne anti-électorale qui fasse apparaître la nécessité de la lutte révolutionnaire de masses pour la prise du pouvoir démocratique populaire. 

Une campagne anti-électorale qui ait aussi pour objet de saboter les diverses formes d’activités pro-électorales. 

Pour mener à bien ces tâches, est nécessaire la formation de Comités Anti-Electoraux qui regroupent tous ceux qui partagent ce point de vue, qui développent le débat, qui planifient leurs activités et qui agissent de façon conséquente.

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Septembre 2008

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) : Déclencher la guerre populaire dans le monde, combattre le révisionnisme prachandiste dans le MCI

Si nous communistes pensions que le Mouvement Communiste International (MCI) et les organisations qu’il génère sont ou doivent être comme un bloc de granit, monolithique et sans aucune fissure, nous commettrions une erreur de subjectivisme, qui nous conduirait à nier le fait qu’en son sein se reflète inévitablement la lutte des classes qui se développe continuellement dans la société divisée en classes. 

Même le granit le plus dur subit les effets des tempêtes. 

Les eaux et les vents le fouettent et l’érodent, mais à la différence de la roche, nous communistes pouvons défendre notre cohésion idéologique et politique au moyen de la lutte de lignes, diminuant les effets négatifs des tentatives d’érosion révisionniste à l’intérieur des organisations communistes.

Aujourd’hui, les graves événements qui sont en train de se dérouler au Népal depuis 2006 et qui mènent à la liquidation totale de la Guerre Populaire dans ce pays, nous indique le surgissement d’un nouveau courant révisionniste, cette fois-ci à l’intérieur même du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI), organisation communiste internationale, fondée en 1984, qui a déclaré formellement son adhésion aux principes du maoïsme, le reconnaissant en 1993 comme l’étape actuelle du développement du marxisme-léninisme. De même, le MRI a reconnu formellement la Guerre Populaire (GP) comme la voie de la prise du pouvoir par le prolétariat, à la tête des classes révolutionnaires.

La face émergée de ce courant révisionniste du 21ème siècle apparaît aujourd’hui en la personne du président du Parti Communiste du Népal (maoïste), Prachanda, et de sa direction. 

Ces nouveaux révisionnistes prétendent remplacer la révolution, développée au travers de la GP, par des élections gouvernementales et parlementaires, avant d’avoir détruit le vieil appareil d’Etat. 

Or au Népal, la monarchie féodale, la grande bourgeoisie, les expansionnistes indiens et l’impérialisme continuent à maintenir le pouvoir. 

L’abandon de la GP de la part des prachandistes a donné de la stabilité aux réactionnaires. 

Et même si ces derniers sacrifiaient la monarchie, cela ne changerait rien. Car c’est seulement l’avancée de la GP qui garantit que le pouvoir change vraiment de main.

Devant le surgissement de ce courant révisionniste, nous communistes ne pouvons rester impassibles et nous croiser les bras en silence au bord de la route, spectateurs d’une trahison qui avance devant nos yeux. 

Si cela était, nous serions de vils complices des néfastes révisionnistes népalais. 

Et ce serait pire si nous leur donnions notre soutien. 

Nous maoïstes authentiques, que nous fassions ou non partie du MRI, nous sommes obligés d’unir nos voix, nos efforts et nos forces pour démasquer ces nouveaux révisionnistes et tous ceux qui lèvent trompeusement la bannière rouge du maoïsme, mais qui au fond la combattent.

Les nouveaux révisionnistes suggèrent que la situation internationale a changé, que la révolution de nouvelle démocratie correspond à un autre moment historique, et que pour analyser correctement les événements actuels dans le monde, il faudrait une « rupture épistémologique » avec le déterminisme, pour ainsi comprendre qu’aujourd’hui nous sommes dominés par un « super- impérialisme ». 

Ces maoïstes en parole exigent une autre vision, « plus actualisée », pour l’avancée de la révolution dans le monde.

A titre d’exemple de cette lutte qui se livre à l’intérieur du MCI, nous pouvons citer le commentaire rédigé par le service d’information d’Un Monde à Gagner, la revue non-officielle du MRI, à l’occasion du 12è anniversaire de la Guerre Populaire au Népal (déclenchée le 13 février 1996). 

Ce commentaire, daté du 11 février 2008 et ayant pour titre « Le 12è anniversaire de la Guerre Populaire au Népal et son résultat en suspens », fut traduit et publié (sans aucun commentaire ou observation annexe) par le journal REVOLUTION, organe officiel du Parti Communiste Révolutionnaire des USA. 

Ce fait est significatif, puisque cet organe avait gardé un silence complet depuis les négociations de Prachanda avec l’alliance des sept partis bourgeois il y a deux ans. 

Le commentaire en question tente non seulement d’expliquer le processus électoraliste dans lequel s’est immergé le PCN(M) depuis la signature des « accords de paix » (qui ont entraîné le cessez-le- feu, la démobilisation, la fragmentation et l’internement dans des camps surveillés de la victorieuse Armée Populaire de Libération (APL) dirigée par le PCN(M), le démantèlement des zones libérées et des organes de nouveau pouvoir qui s’y construisaient, etc.). 

Ce faisant, le commentaire justifie la voie empruntée par les révisionnistes prachandistes.

Le commentaire reconnaît les avancées grandioses et les changements impliqués par la GP dans la vie des masses exploitées du Népal.

Cependant, il intègre le processus électoral qui a été proposé de façon répétée) dans la continuité du processus révolutionnaire initial. 

Il ne le considère pas comme un coup d’arrêt imposé à celui- ci. Il ne le considère pas comme la liquidation de la GP, mais comme une nouvelle étape de la lutte révolutionnaire.

Les révisionnistes prachandistes ont intégré le gouvernement provisoire en avril 2007, s’en sont retirés en septembre (pour faire pression sur les autres partis bourgeois et révisionnistes) et à la fin 2007, ils ont repris des charges gouvernementales de « rang mineur ». 

La nouvelle date prévue pour élire le gouvernement et l’assemblée constituante (censée donner lieu à des changements révolutionnaires) a été fixée pour le 10 avril 2008. 

Pour le service d’informations d’Un Monde à Gagner, cette situation appelle le commentaire suivant : « Ce qui doit se décider désormais, c’est quelle classe se consolidera au pouvoir et quel système économique prévaudra… »

Cela revient à accepter que l’avenir de la révolution népalaise sera décidé électoralement, par « volonté populaire », « pacifiquement », « sans coûts majeurs ». 

Ils ne tiennent pas compte du fait que le pouvoir des classes dominantes reste intact. 

De plus, avec leur renoncement à la lutte armée, les prachandistes ont contribué à renforcer ce pouvoir contre-révolutionnaire, créant ainsi une situation qui facilite la répression des masses et des cadres révolutionnaires qui luttent encore. 

Les classes réactionnaires ne sont pas endormies, dans l’obscurité de la nuit, elles aiguisent leurs couteaux de bouchers. 

Elles conspirent contre le peuple népalais parce qu’elles savent que c’est leur existence qui est en jeu.

Le service d’informations d’Un Monde à Gagner, embarqué dans la logique révisionniste de Prachanda et de sa clique, explique dans son commentaire que : « le problème fondamental au Népal est : quel genre d’Etat remplacera la monarchie haïe et déconsidérée? »

Pour ces révisionnistes, le problème fondamental, ce n’est plus le pouvoir, ce n’est plus de savoir qui a le pouvoir. 

Pour eux, le pouvoir n’est plus au bout du fusil. 

Il est désormais au bout des arrangements passés avec des secteurs de la grande bourgeoisie népalaise qui n’ont rien de révolutionnaires ou de nationalistes, mais qui sont au contraire de fidèles alliés de l’impérialisme anglo-yankee et des expansionnistes indiens.

Ces mêmes secteurs bourgeois ont pareillement été de très proches collaborateurs de la monarchie, gouvernant avec elle pour exploiter le peuple et réprimer dans le sang sa lutte révolutionnaire. 

Parmi ces collaborateurs contre-révolutionnaires du roi, on trouve le Parti Communiste Népalais (marxiste-léniniste unifié), vieux parti révisionniste qui a combattu furieusement la guerre popualire alors qu’il était au gouvernement et qui désormais est un des alliés les plus proche des révisionnistes prachandistes dans leur tentative de transformer pacifiquement un système monarchique de gouvernement en un système républicain bourgeois au Népal, pays qui maintient sa structure de classe et sa condition semi-coloniale et semi-féodale.

Le révisionnisme prachandiste ne peut plus être considéré comme une simple déviation droitière au sein du MCI. 

Il a cessé d’être un simple positionnement théorique opportuniste, pour passer dans les faits. 

Ce passage fut concrétisé à partir de 2001, avec des cessez- le-feu successifs et des négociations avec la monarchie. 

Suivirent les négociations avec les sept partis bourgeois et petit bourgeois, avec lesquels fut passé un accord qui culmina avec la signature des « accords de paix » sous les auspices des Nations Unies (organisme international sous les contrôle des impérialistes). 

Pour finir, la direction prachandiste mit en pratique ces accords.

a) Il a démobilisé la victorieuse Armée Populaire de Libération, composante de base de l’Etat de Nouvelle Démocratie qui se construisait dans les zones libérées. 

Il l’a morcelée et l’a confinée dans des camps parfaitement localisables et contrôlables par l’ennemi de classe. 

Il l’a désarmée et a emmagasiné ses armes dans des conteneurs fermés (où la rouille les rend inutilisables).

Il l’a exposée à une situation précaire, sans vivres ni médicaments suffisants, et recevant de la part de l’Etat réactionnaire un salaire ridicule (moyens par lesquels la grande bourgeoisie et l’impérialisme cherchent à parachever la destruction du moral révolutionnaire des combattants).

b) Il a dissout les organes de pouvoir créés par le Parti et les masses révolutionnaires au cours de la croissance de la Guerre Populaire (comités populaires, tribunaux populaires, etc.). 

Il a accepté la réinstallation dans les zones libérées par la GP des anciens postes de police de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien (contre la volonté et les intérêts des masses révolutionnaires).

Sans l’APL, le peuple népalais ne peut réaliser ses volontés et l’option offerte par les prachandistes ce sont les « élections démocratiques » qui ne garantissent aucunement la fin de l’oppression. 

Avec cette manoeuvre, la contre-révolution tente de détruire la volonté révolutionnaire du peuple népalais.

c) Il a détruit le caractère révolutionnaire (bolchévik) du PCN(M) en l’adaptant au système électoral convenu avec les partis bourgeois et révisionnistes. 

Ainsi, une grande partie de ses dirigeants participent en tant que parlementaires à l’Assemblée provisoire et comme ministres du Gouvernement Provisoire. 

Se pose même la question de la candidature de Prachanda comme président d’un futur gouvernement élu par « suffrage universel ». 

Pendant ce temps, ces révisionnistes reçoivent des salaires et des privilèges de la part du vieil Etat, dans le but des les soudoyer, de les corrompre et des les assimiler au système de domination qui s’exerce sur le peuple népalais.

Tout cela, ce sont des faits concrets, ce sont des motifs plus que suffisants pour placer Prachanda et sa clique dirigeante dans le camp de la contre-révolution, en tant qu’ennemi de la classe ouvrière et du peuple du Népal, en tant qu’ennemis du MCI. 

Le sang versé sur les champs de bataille par les cadres et combattants héroïques du PCN(M), par les combattants de l’APL, par le prolétariat et le peuple révolutionnaire ne doit pas avoir coulé pour rien. 

Il revient aux authentiques communistes (maoïstes) népalais de reconstituer le PCN(M) comme parti de la classe ouvrière et de reprendre le chemin de la Guerre Populaire pour prendre le pouvoir et établir l’Etat de Nouvelle Démocratie.

Il revient aux communistes (marxistes-léninistes-maoïstes) du monde d’unir leurs forces pour contrer le courant révisionniste du 21ème siècle surgi à l’intérieur du maoïsme, dont la tête visible est aujourd’hui Prachanda.

Il devient nécessaire pour cela de développer un grand débat international pour démasquer ces nouveaux révisionnistes, pour conjurer le péril que surgissent et se développent des lignes opportunistes de droite partisanes d’abjurer le chemin de la GP et de se regrouper autour du révisionnisme prachandiste.

Aujourd’hui dans le MCI (marxiste-léniniste-maoïste), des voix se sont élevées pour condamner fermement la trahison des prachandistes. 

Il y en a d’autres qui la défendent par ignorance, ou bien parce qu’ils épousent complètement ses points de vue liquidateurs.

Il reste enfin ceux qui restent silencieux par opportunisme ou parce qu’ils sont vacillants. 

Quoiqu’il en soit, le débat doit être mené.

Les effets de la trahison prachandiste ne sont pas irréversibles, c’est un détour sur le chemin comme le signalait le président Gonzalo au moment de son arrestation et sous les coups de la réaction péruvienne.

Dans les événements qui se déroulent au Népal, bien qu’ils soient fort négatifs, existent des aspects très positifs et encourageants : le Népal est devenu un foyer bouillonnant de luttes de masse de tout type, pourvues de divers objectifs. 

Bien qu’elles manquent d’une direction révolutionnaire unifiée, ces luttes indiquent la présence d’une lutte de classe aiguë. 

En outre, il y a eu des manifestations de rébellion au sein du PCN(M) face à la politique imposée par les prachandistes. 

Il faut aussi considérer la position du Népal sur la carte du monde. 

C’est justement en Asie du sud que se développe puissamment la Guerre Populaire dirigée par le Parti Communiste d’Inde (Maoïste), qui encouragera nécessairement la renaissance de la GP au Népal. 

D’autre part, nous maoïstes d’Amérique Latine sommes témoins des succès obtenus par le Parti Communiste du Pérou dans le dépassement du détour et dans la tâche difficile de se doter d’une direction reconnue et éprouvée au coeur de la Guerre Populaire. 

Tout cela servant la révolution mondiale.

Les véritables communistes (mlm) népalais se sont pas seuls, ils sont épaulés pleinement par le MCI (mlm) et avec son soutien combatif, ils renverseront leur situation.

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Mars 2008

=>Retour aux documents de la bataille anti-révisionniste
au Chili (1960-1980)

URC (MLM) – DAVID BENQUIS, « Camarada Velásquez », Brève ébauche et évaluation de sa vie révolutionnaire

La principale contribution de David Benquis à la lutte pour la libération de la classe ouvrière et du peuple chilien fut d’avoir été l’un des fondateurs et le principal dirigeant d’un parti authentiquement marxiste-léniniste, pleinement basé sur la pensée de Mao Zedong : le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR).

Le PCR a été la tentative la plus sérieuse (de 1966 à 1980) pour développer un parti politique qui représente pleinement les intérêts objectifs du prolétariat chilien sur le plan idéologique, politique et organisationnel.

En signalant que le PCR fut la tentative communiste la plus avancée du Chili, nous ne nions pas les efforts et les expériences d’autres communistes, qui depuis longtemps ressentaient l’absence d’un parti révolutionnaire appliquant une ligne politique conséquente.

Au contraire, notre obligation en tant que communistes est de rechercher quelles ont été les faiblesses et les limitations qui ont empêché le succès de ces tentatives, y compris l’expérience du PCR.

David Benquis ne s’est jamais lassé de propager cette vérité : la seule façon de résoudre la contradiction entre le peuple chilien opprimé et l’impérialisme et ses alliés oppresseurs, c’est la Guerre Populaire.

Bien que le PCR dont il était à la tête ne réussit pas à déclencher la lutte armée, cette expérience échouée nous a laissé en héritage : un Programme communiste révolutionnaire (qui pourrait être considéré comme le premier programme authentiquement communiste au Chili), une stratégie consistant en la révolution démocratique populaire, quelques éléments pour la ligne militaire au Chili, en plus d’une abondante documentation dans laquelle on peut déjà percevoir la perspective maoïste.

Dans ces documents, on trouve synthétisées les expériences de centaines de militants anonymes, courageux et persévérants qui ont donné une partie importante de leur vie dans le travail interne du Parti, dans le travail de masses parmi les ouvriers, les paysans et les Mapuches, dans la lutte contre le révisionnisme, dans le travail international, etc.

Dans l’histoire du mouvement ouvrier et communiste mondial, on peut trouver des cas innombrables d’échec. 

Au milieu de tous ces échecs, seuls quelques uns ont une signification historique particulière et très spéciale, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas des échecs ordinaires, mais revêtent, de par leurs circonstances, leurs implications, et tous leurs enjeux, un caractère extraordinaire.

Ils sont des annonces du nouveau, de quelque chose qui n’a pu réussir à se déployer ou à culminer pleinement, mais qui marque d’une empreinte indélébile la direction dans laquelle doit marcher et marche la révolution prolétarienne.

Ils signifient, tout à la fois, le glas qui sonne la mort des classes réactionnaires.

Quelques exemples de cela sont la Commune de Paris en 1871, la révolution russe de 1905, la Révolution allemande de 1918-19, l’Insurrection de Canton en Chine en 1927.

Tous ces exemples sont des échecs qui ont servi et qui serviront certainement de base à des succès révolutionnaires futurs.

A notre avis, l’expérience du PCR a une telle importance au Chili.

Elle a tracé la voie pour la fondation d’un nouveau Parti Communiste du Chili, cette fois clairement marxiste-léniniste- maoïste.

Dans cette circonstance, la situation nationale et internationale est, pour les maoïstes chiliens, très différente de celle qui existait il y a 50 ans.

A cette époque, les communistes révolutionnaires ne s’étaient pas complètement défaits des tares révisionnistes ni des idées métaphysiques contaminant ceux qui prétendaient arborer le marxisme- léninisme en tant que pensée-guide.

N’existait pas non plus l’expérience sur la question de savoir comment résoudre le problème du déclenchement de la lutte armée sans tomber dans la tentation du foyer de guérilla, isolé des masses.

Aujourd’hui, la situation est tout autre. Le maoïsme est engagé dans l’offensive révolutionnaire mondiale, malgré quelques revers et de l’apparition en son sein de courants révisionnistes et capitulards.

Les expériences des guerres populaires au Pérou, Népal, Turquie, Philippines et Inde en attestent.

Elles sont un appel clair, un signal d’encouragement au prolétariat, aux peuples du monde pour qu’ils se rebellent, se soulèvent les armes à la main, pour qu’ils mettent à terre l’impérialisme et ses alliés, pour qu’ils s’emparent du pouvoir pour eux-mêmes.

David Benquis, « camarade Velásquez » dans la période de démocratie bourgeoise, « camarade Ernesto » pendant la dictature militaire fasciste, ou « le pelé » comme ses camarades l’appelaient familièrement, n’a pas vécu la liquidation du PCR.

Le cancer, maladie cruelle et douloureuse, lui arracha la vie, des années avant la disparition de son cher Parti.

A celui-ci, il consacra ses plus grands efforts, cherchant à le développer pour en faire un instrument efficace pour la révolution, le protégeant de l’action corrosive des idées économistes qui le subordonnaient à l’activité purement syndicale, le protégeant aussi du sectarisme qui l’isolaient des masses.

Avec ses camarades, dans la direction du Parti, il dut affronter l’activité fractionnelle de quelques dirigeants du Comité Central et de quelques comités régionaux, qui surgissait de temps en temps pour s’opposer à la ligne politique générale tracée lors du Congrès Constitutif.

David Benquis était un camarade au caractère ferme. Energique pour faire passer à la pratique les accords conclus, inflexible quand il fallait défendre les principes, dur avec les ennemis déclarés, enthousiaste et emphatique quand il exposait ses idées.

Rien qu’au vu de sa personnalité, il est impensable d’imaginer qu’il aurait pu le moment venu accepter l’idée de dissoudre ou de liquider le Parti, auquel il considérait que sa propre vie était liée.

L’incompréhension du marxisme-léninisme et de son étape maoïste, en tant que science de la révolution prolétarienne, l’abandon du point de vue des intérêts objectifs du prolétariat, la démoralisation provoquée par les défaites successives dans le mouvement communiste international alors en formation, etc., pourraient être dans l’ensemble ce qui explique le désastre.

Un fait est indéniable : tout cela reflète un affaiblissement profond, idéologique et politique. Il appartient aux maoïstes chiliens d’aujourd’hui d’élucider ce fait historique et d’en tirer les leçons qui s’imposent.

La contribution idéologique et politique de David Benquis à la cause de la révolution communiste au Chili semble minuscule, aussi insignifiante qu’un pignon d’araucaria [pin du Chili].

Cette semence communiste révolutionnaire, qui fut semée au Chili de ses propres mains, germera dans une terre fertile, arrosée du sang et de la sueur de la classe ouvrière et du peuple révolutionnaire.

Cette semence rouge, sans aucun doute, croîtra et se fortifiera dans la lutte révolutionnaire tel un pin puissant défiant les tempêtes.

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Février 2008

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) : Au Népal a été consommée une grande trahison révisionniste

Le 21 novembre 2006 restera dans les annales comme un jour funeste dans l’histoire de la lutte révolutionnaire du prolétariat et du peuple du Népal. 

Ce jour restera dans l’histoire du mouvement communiste international comme un jour de trahison des principes mlm. C’est ce jour qui a vu la direction du Parti Communiste du Népal (maoïste), dirigé par Pushpa Kamal Dahal – « Prachanda » – poser sa signature sur le processus contre-révolutionnaire qui couvait à l’intérieur du Comité Central depuis des années.

Ce jour, le président du PCN(m) et le premier ministre Girija Prasad Koirala ont signé un accord de paix qui met en principe fin à la guerre civile révolutionnaire qui fut déclenchée le 13 février 1996 et qui a coûté 13.000 vies (dont la grande majorité étaient des militants du parti et des membres du peuple népalais). 

Cet acte constitue un abandon de la voie révolutionnaire et une capitulation devant l’Etat bourgeois-féodal, les impérialistes et les expansionnistes indiens. Koirala est un réactionnaire avéré, vieux collaborateur de la monarchie et des impérialistes anglo-yankee. Un des principaux dirigeants du parti du Congrès, fortement lié avec l’Etat indien.

Prachanda (« le féroce ») fut un communiste révolutionnaire mlm qui contribua au déclenchement et au développement de la Guerre Populaire au Népal, apportant cette expérience de valeur à l’enrichissement de la science révolutionnaire mlm, mais qui finit par dévier – suivant les pas de Bernstein et de Kautsky – du chemin en adoptant une ligne bourgeoise, réformiste, opportuniste et contre-révolutionnaire, une ligne révisionniste. Koirala et Prachanda se sont serrés la main pour sceller un pacte contre le prolétariat et le peuple du Népal.

En ce moment, toutes les avancées obtenues par les masses révolutionnaires, dirigées par le parti, sont gravement menacées. Les cadres révolutionnaires et les masses révolutionnaires dans les zones libérées ou contrôlées par les maoïstes se retrouvent désormais sérieusement exposées au risque d’être massacrées par l’Armée Royale Népalaise (ARN).

La « voie prachanda » ne mène pas aujourd’hui à une République de Nouvelle Démocratie, mais a dévié vers une République bourgeoise de type ancien, qui hésite même devant la monarchie (laquelle conserve la loyauté de l’armée).

Comment a pu être possible une trahison d’une telle ampleur de la part de la direction révisionniste du PCN(m)?

APPARITION DES PREMIÈRES MANIFESTATIONS DE LA LIGNE RÉVISIONNISTE CAPITULATIONNISTE 

Le 1er juin 2001 constitue un point d’inflexion dans la guerre civile révolutionnaire du Népal. Ce jour, le roi Birendra fut assassiné avec toute sa famille. 

Ce crime fut ourdi par les impérialistes associés aux classes dominantes monarchico-féodales. Le motif était l’opposition répétée du monarque à l’utilisation de l’Armée pour combattre la guérilla. Cette situation entravait les efforts des classes dominantes pour anéantir effectivement les forces de la guérilla.

Jusqu’à cet événement, les troupes communistes avaient affronté les forces policières (et dans les dernières phases, des forces spéciales anti-guérilla). 

Loin d’être défaits, les maoïstes montaient en puissance. Leurs actions déclenchées en 1996 les avaient mené à former en 1998 des zones de guérilla dans 15 des 75 districts que compte le pays. 

Dans ces zones furent établis des COMITES POPULAIRES SEMI-CLANDESTINS. 

Vers la fin de l’an 2000, il existait déjà des ZONES LIBEREES dans lesquelles le pouvoir populaire était exercé quasi-ouvertement, couvrant des milliers de kilomètres carrés avec une population de plusieurs millions de personnes (dans l’ouest du pays). 

Dans ces zones, les forces policières avaient été balayées dans des douzaines de districts. C’est alors que Gyanendra, le frère du roi assassiné, s’installe sur le trône. 

Il utilise sur le champ l’Armée royale contre les guérilleros maoïstes. Ce faisant, il reçoit une aide militaire et financière croissante de la part des impérialistes et de l’Etat indien. 

Cependant, dans l’armée encore troublée par l’assassinat du roi, se produisent d’importantes contradictions qui menacent de s’aiguiser. 

En même temps et pour les mêmes raisons, commence à s’élargir la fissure entre la faction monarchique et la faction parlementaire

D’autre part, le mois suivant, l’Armée Populaire de Libération (APL) développe une offensive avec d’importantes actions militaires. Le PCN(m) appelle à une grève nationale qui est un franc succès, puisqu’il contribue à déstabiliser la situation politique nationale. 

Dans cette conjoncture, où les forces révolutionnaires obtiennent de nouvelles victoires et où les classes dominantes se débattent dans une crise aiguë, la direction du PCN(m), loin de profiter de l’occasion pour lancer une offensive qui aiguiserait encore plus la crise dans laquelle se trouve le vieil Etat monarchique, lui lance une véritable bouée de sauvetage sous forme d’un cessez-le-feu unilatéral de l’APL et des négociations qui dureront 4 mois.

Les points avancés par Prachanda sont les suivants : a) formation d’un gouvernement provisoire; b) une nouvelle constitution; c) établissement de la République, qui fut remplacé par la demande d’un gouvernement provisoire et d’une assemblée constituante.

Il fut reconnu que ces demandes correspondaient à une République bourgeoise très loin d’une République de Nouvelle Démocratie, mais il fut allégué que cela faisait partie d’une « tactique souple » destinée à gagner les secteurs républicains de la bourgeoisie.

Ces 4 mois de dialogue furent mis à profit par les forces réactionnaires pour se recomposer, résoudre leurs contradictions internes et se préparer à l’offensive militaire contre les maoïstes. Le 21 décembre, l’Etat monarchique rompt le dialogue et s’apprête à passer à l’attaque. 

Deux jours plus tard, l’APL détruit de fond en comble la caserne militaire de Dang. Dans cette nouvelle étape de la guerre civile révolutionnaire, l’EPL doit affronter l’ARN continuellement. Jusqu’à ce moment (une durée de 7 ans) 3.000 personnes ont trouvé la mort, et avec l’entrée en lice de l’Armée royale, plus de 5.000 personnes (la majorité sont des paysans pauvres accusés d’être des maoïstes) sont massacrées pendant l’année 2002.

Le 26 décembre 2001, la monarchie suspend toutes les garanties constitutionnelles et instaure l’état d’urgence. 

En mai 2002, le parlement est suspendu et en octobre, le roi assume directement le pouvoir d’Etat. Ceci est le résultat des défaites continuelles de l’Armée royale et des grèves nationales (dont une de 5 jours en avril). 

Mettant à profit cette situation, la direction du PCN(m) appelle les forces parlementaires bourgeoises à combattre l’autocratie en formulant un programme commun minimum, qui contient les points formulés plus haut.

Devant les avancées communistes au Népal, les impérialistes anglo- yankee et l’Etat semi-colonial indien augmentent leur aide au roi. La Chine et l’Union Européenne expriment leur préoccupation et l’ONU (tribune des impérialistes et des gouvernements bourgeois semi-coloniaux) offre ses services comme médiateur pour de futures négociations si les deux parties le demandent.

Fin 2002, la révolution est installée dans les 75 districts que comptent le Népal. La GUERRE POPULAIRE PROLONGEE avait déjà atteint l’étape de l’équilibre stratégique, dans laquelle l’EPL et l’ARN se retrouvaient à égalité.

Deux pouvoirs existent : d’un côté un Etat en formation, l’Etat de Nouvelle Démocratie qui se développe et gagne en puissance dans les zones libérées, basé sur la force révolutionnaire des classes exploitées, et de l’autre, un Etat en décadence, soutenu par les classes exploiteuses impérialistes, bourgeoises et féodales, qui se défend et cherche à conserver son pouvoir.

En février 2003, la direction du PCN(m) déclare pour la deuxième fois une trève unilatérale et lance une série de négociations avec la monarchie, qui va durer 7 mois. 

Dans ce nouveau dialogue, le Parti réitère ses exigences, alors que parallèlement il cherche à former un front commun anti-monarchique avec tous les secteurs républicains de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie. Il avance à cette fin un « programme commun pour le changement démocratique progressif ».

En interne, l’argument avancé est qu’on prépare ainsi le terrain pour l’offensive stratégique et l’insurrection générale (une fois que l’agenda politique du PCN(m) aura été refusé par la monarchie). Le 27 août 2003, le gouvernement royal, se sentant prêt pour l’attaque des positions maoïstes, rompt les négociations. 

Alors le PCN(m) déclenche une phase de transition dans la Guerre Populaire. Il s’agit de passer de l’équilibre stratégique à l’étape de l’offensive stratégique. 

Cette nouvelle étape fut subdivisée en 3 phases : la première avec des actions décentralisées, la deuxième avec des actions relativement centralisées, et la troisième consistant en des actions hautement centralisées.

C’est ainsi que l’Armée populaire de Libération, suivant ce plan, mène de multiples attaques contre les forces armées du roi. 

Frappée par les victoires impressionnantes des forces révolutionnaires, la monarchie tente de reprendre l’initiative dans la guerre. Le roi Gyanendra s’empare du pouvoir absolu le 1er février 2005, et prend le contrôle direct du gouvernement de Katmandou. 

Il impose en même temps la loi martiale sur tout le territoire, bloque les communications et censure directement tous les médias.

Des milliers d’opposants sont arrêtés et emmenés dans des geôles secrètes. Les dirigeants des principaux partis bourgeois (vieux collaborateurs de la monarchie) sont assignés à résidence, y compris 5 anciens premiers ministres du gouvernement royal. 

La monarchie le dos au mur recourt aux moyens désespérés. Son soutien principal est l’armée.

Les masses révolutionnaires dirigées par le PCN(m) contrôlent 80% du territoire national. De nombreux organes du pouvoir révolutionnaire (comités populaires) administrent les zones libérées, rendent la justice, maintiennent l’ordre, organisent le travail économique, répartissent les terres et les propriétés des propriétaires terriens, organisent les services de santé, d’éducation, de culture, d’assistance sociale, etc. 

Leurs fonctionnement est régi par un code juridique public pour l’administration du pouvoir populaire de nouvelle démocratie. La guerre populaire en est à sa troisième étape (offensive stratégique) et celle-ci arrive à sa deuxième phase (actions relativement centralisées).

Dans cette situation très favorable, la direction du PCN(m) décide une fois encore un cessez-le-feu UNILATERAL le 3 septembre 2005. En novembre, il parvient à un accord en 12 points (répétant ses propositions) qu’il signe avec l’alliance des sept partis bourgeois qui s’opposent à la monarchie absolue (tout en restant ambigus sur le maintien ou non de la monarchie). 

La direction du PCN(m) prolonge unilatéralement la trêve avec la monarchie. 

Le 2 janvier 2006, l’EPL dirigé par le PCN(m) met fin au cessez-le- feu unilatéral en reprenant les combats contre l’ERN. Le 6 avril, le Parti participe à une grande grève nationale, appelée par l’alliance des sept partis bourgeois, qui durerait 3 jours. 

Les masses populaires, agitées par les communistes révolutionnaires et les éléments républicains conséquents, dépassent les délais et la grève dure 19 jours, jusqu’à ce que le roi (mis sous pression par les impérialistes, l’Etat indien et le débordement des masses) accepte l’accord en 12 points, renonce au pouvoir absolu et cède le gouvernement au parlement qu’il avait dissout 14 mois auparavant.

Le roi Gyanendra, à la demande de l’opposition, nomme Koirala premier ministre, lui qui avait déjà occupé cette fonction au service de la monarchie.

Pendant cette grande grève nationale, la direction du PCN(m) déclara l’arrêt complet des actions militaires de l’APL dans toute la vallée de Katmandou. Il justifia cela en disant que cela retirerait un prétexte de répression et de massacre contre le peuple de la part de l’Armée royale.

Cependant, cela n’as pas empêché les forces policières et militaires, pendant la durée de la grève, de faire usage de leurs armes et d’assassiner 22 personnes, de blesser plus de 5.000 manifestants et d’en arrêter des dizaines de milliers. 

Le gouvernement étant aux mains de l’alliance des sept partis, le premier ministre Koirala, avec l’aide du parlement bourgeois récemment restauré, reprend et intensifie ses conversations avec les dirigeants du PCN(m) pour en arriver à un cessez-le-feu complet et définitif, qui s’achève sur un traité de paix supervisé par l’ONU. Conformément à cet objectif, Prachanda écrit une lettre (le 24 juillet) à Kofi Annan, alors secrétaire général de l’ONU, sollicitant son intervention dans le processus de paix qui s’établit au Népal.

Par cet acte, le président du PCN(m) accepte l’ingérence impérialiste dans l’effort pour faire dérailler la révolution communiste au Népal.

LES CONTENUS DE L’ACCORD DE PAIX
AU NÉPAL

Les négociations entre les deux parties n’ont pas été faciles. Chacun a du dépasse la méfiance qui était la sienne face à l’autre. Ils ont cherché à obtenir le maximum d’avantages pour eux-mêmes avec le minimum de concessions. Dans ce jeu diplomatique, ils ont dû recourir mutuellement à tous types de pressions et de menaces.

Une fois l’accord signé, cette situation a perduré, chaque pouce de terrain étant disputé, article par article, dans une négociation réalisée « par en-haut » et sur le dos des masses populaires népalaises.

Avec la signature des accords de paix, tous les réactionnaires du monde ont cru désamorcer une bombe, qu’il s’agit aujourd’hui de désarmer en chacun de ses composantes. 

Voilà pourquoi tous les impérialistes siégeant au conseil de sécurité des Nations Unies ont fêté cet acte, débordants de joie. Au Népal, le jour de la signature fut décrété « fête nationale » par le gouvernement réactionnaire dès le lendemain.

Les négociations (et les intérêts en jeu) ont remis à plus tard, mais pas empêché l’accomplissement des points principaux de l’accord.

Le 21 novembre 2006 est réalisé le premier point et le plus important pour les réactionnaires : l’arrêt de la guerre. C’est un point capital car ils étaient en train de la perdre. Le 28 novembre, un deuxième pas est franchi : l’accord sur le contrôle et la gestion des armes et des armées, qui consiste à désarmer l’armée qui était en train de gagner la guerre, c’est-à-dire l’APL; et qui ne fait que désarmer un tiers de l’Armée royale, la police n’étant pas concernée par l’accord.

Avec cet accord (s’il se concrétise), les masses révolutionnaires sont désarmées (sans pouvoir) et le roi muni d’une armée diminuée conserve son pouvoir. 

Si Prachanda réussit à arrêter la guerre populaire et à désarmer l’Armée Populaire de Libération, le peuple népalais se retrouvera sans défense face à ses ennemis traditionnels; la structure de classes et la condition semi- coloniale et semi-féodale du Népal seront conservés pour l’essentiel.

La direction révisionniste du PCN(m) en signant les deux premiers accords a renoncé à la République de Nouvelle Démocratie, au socialisme et au communisme. 

Sa recherche d’un front unique de lutte contre la monarchie semi-féodale a été beaucoup trop loin et a abouti à faire une croix sur les principes révolutionnaires mlm pour arriver à une alliance avec les dirigeants d’une bourgeoisie bureaucratique qui historiquement n’a jamais été républicaine de façon conséquente. 

Sur cette voie, en appliquant une ligne opportuniste, révisionniste (« développement d’une démocratie du 21è siècle »), il a opté pour l’établissement d’une démocratie bourgeoise pour le Népal. Au sein de celle-ci, ces révisionnistes surgis à l’intérieur du maoïsme occupent des charges parlementaires et gouvernementales.

Pendant le mois de janvier 2007, la direction révisionniste du PCN(m) a signé avec le gouvernement une constitution provisoire « perfectible ». 

Ensuite, les 7 partis et les prachandistes ont formé un parlement provisoire de 330 sièges. 

Les 3 partis principaux : le parti du Congrès, le PCN(m) et un parti révisionniste de typa ancien, le PCN (ml unifié). Ces partis obtiennent 83 sièges chacun. Les sièges qui restent se répartissent entre les 5 partis plus petits.

Les nouveaux parlementaires ont été désignés « à la main ». Le banc prachandiste a élu comme chef Krishna Badahur Mahara (qui était le porte-parole du PCN(m) lors des négociations de paix). 

D’après les accords, en juin 2007 devraient se réaliser des élections parlementaires pour former une assemblée constituante qui rédige une nouvelle constitution. 

L’assemblée décidera du sort de la monarchie. D’ores et déjà, Prachanda a déclaré qu’il accepterait la décision de l’assemblée constituante. 

Aujourd’hui, ces révisionnistes ne possèdent qu’un quart des l’actuel parlement provisoire. Manque encore la formation du gouvernement provisoire, qui sera formé par des représentants des 3 partis principaux (Prachanda en fera peut-être partie).

APPRENDRE DE LA RÉVOLUTION NÉPALAISE, DÉMASQUER LE RÉVISIONNISME DE PRACHANDA

La lutte révolutionnaire des communistes (mlm) est composée de succès et d’échecs, de victoires et de défaites, mais aussi de trahisons grandes et petites. 

En tant que maoïstes, nous considérons cela comme un aspect de notre lutte, comme quelque chose de naturel. 

Au même titre que la pluie qui nous mouille ou le soleil qui nous éclaire. Pour cette raison, nous ne devons pas être démesurément surpris. 

Nous pouvons certes regretter ce qui arrive au Népal, mais nous ne pouvons (ni ne devons) nous asseoir au bord de l’eau pour pleurer. Bien au contraire, nous devons nous ébrouer et secouer toute cette poussière révisionniste et continuer notre marche en avant.

De ce qui arrive au Népal, nous devons tirer des leçons qui nous rendrons plus aptes à affronter l’ennemi de classe. Des grandes trahisons, nous pouvons extraire de grands enseignements. 

Il est nécessaire de les étudier, d’y réfléchir et de nous préparer à les affronter. Les expériences révolutionnaires du Pérou et du Népal nous indiquent que la perspective maoïste est correcte. 

C’est en suivant ce chemin que se développent les luttes révolutionnaires en Inde, en Turquie, aux Philippines. 

Notre tâche internationaliste ne consiste pas seulement à populariser les expériences communistes (maoïstes) de la lutte révolutionnaire dans le monde, mais aussi et principalement à mobiliser les masses populaires pour déclencher la Guerre Populaire dans notre propre pays. 

Union des Révolutionnaire Communistes
(marxistes-léninistes-maoïstes)

Février 2007

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au Chili (1960-1980)

URC (MLM) – Allende et l’Unité Populaire : le caractère de classe du «gouvernement du peuple»

Pendant les mois de juin et de juillet ont eu lieu une série de commémorations en l’honneur des cent ans de la naissance de Salvador Allende, avec force publicité de la part du gouvernement de Bachelet et du Parti « Communiste ». Les organisations de la soi- disante « gauche radicale » n’ont pas manqué elles non plus de participer à cette « allendemania ». 

La figure d’Allende doit être considérée dans le cadre d’une expérience politique qui est marquée exclusivement par la participation électorale. Un processus qui a pris fin et a fait faillite dans le gouvernement de l’Unité Populaire (UP), et où feu le président et le révisionnisme ont abattu leurs cartes pour mettre en pratique la « voie pacifique au socialisme », au moyen de laquelle, pensaient-ils, seraient balayés aussi bien les marxistes « orthodoxes » et « dogmatiques » que les « momios » (nom qu’ils donnaient aux secteurs fascistes). 

Pour cette raison, l’analyse de la figure d’Allende et de l’UP doit se démarquer de tout romantisme, mystification ou opportunisme; d’autant plus qu’aujourd’hui il y en a encore pour tenter de tromper le peuple, lui faisant croire que les luttes se jouent dans les urnes, et que c’est en votant que le peuple décide de son avenir.

CARACTÈRE DE CLASSE
DU GOUVERNEMENT D’ALLENDE 

La première chose qui doit être mise en lumière est qu’Allende n’a jamais été un révolutionnaire ni un homme disposé à ne mettre au service des luttes du peuple, pas plus que son gouvernement. 

Allende se caractérise par le fait d’avoir fait coïncider son programme de gouvernement avec les linéaments de la légalité bourgeoise. 

En tant que membre de la franc-maçonnerie (secte qui exalte l’académisme pour l’académisme, la perfection individualiste et affirme être régie par les idéaux bourgeois), il avait en horreur l’idée d’une confrontation des classes et pensait que tout pouvait se résoudre en suivant les voies de droit des instances gouvernementales.

Pendant ses années de présidence, il cherchait la formule pour faire coïncider au sein d’une même ligne ses aspirations socialistes utopiques et l’inviolabilité du droit bourgeois.

Allende a été ainsi confronté au dilemme de se mettre ou bien au service des luttes du peuple, ou bien de se fier aux secteurs les plus réactionnaires pour donner « légitimité » à son gouvernement. Comme on le sait, il a misé sur la deuxième option. 

On doit prendre en compte, d’autre part, que depuis sa candidature à la présidence, Allende assume le rôle de l’homme du consensus, du représentant d’un conglomérat qui réunit, sous sa direction, une partie de la petite-bourgeoisie urbaine et un secteur de la bourgeoisie bureaucratique : Parti Socialiste, Parti Communiste, Parti Radical, Parti Social Démocrate, Mouvement Action Populaire Unitaire et Action Populaire Indépendante. 

S’y intégreront plus tard un secteur de la Démocratie Chrétienne et du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), qui malgré son ambiguïté, finit par soutenir Allende et former une équipe de sécurité personnelle pour le président de l’UP.

Le gouvernement de l’UP, loin d’être un gouvernement socialiste, fut un gouvernement multi-classiste qui rêvait de l’instauration d’un système républicain bourgeois. 

En 1970, Allende déclare que son gouvernement n’est pas un gouvernement marxiste et qu’il est contre « toutes les formes de dictature ». 

Guillermo Teillier [le président du P « C » du Chili] lui-même a reconnu la chose : « j’attire l’attention sur le fait que l’UP intègre des forces qui avaient participé aux gouvernements de González Videla et de Ibáñez. » 

Ceci ne doit pas nous étonner, surtout si l’on considère que les mesures appliquées par le gouvernement d’Allende ne sont pas très différentes de celles du gouvernement de Frei, lesquelles sont assez proches de celles d’Alessandri. De même, le gouvernement d’Allende reprend quelques décrets édictés dans les années 1930, visant à sauver l’économie et à freiner la vague de protestations. 

En outre, le gouvernement d’Allende a toujours persisté dans le tableau dessiné par les limites de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien. C’est-à-dire que pendant l’Unité Populaire, l’Etat a maintenu son caractère et cela ne pouvait être autrement, étant donné que la grande bourgeoisie n’a jamais été renversée. 

Il n’y eut pas de révolution et encore moins prise du pouvoir par le prolétariat, or ainsi l’Etat bourgeois-propriétaire terrien ne pouvait pas cesser d’exister comme par enchantement. 

Il n’y a pas dans l’Histoire de révolution se déroulant pacifiquement, ni de peuple prenant le pouvoir par les urnes. Sans violence révolutionnaire, il n’y a pas de transformation. 

Le couronnement de la politique révisionniste avec l’élection d’Allende, loin d’être la manifestation ou le corollaire de la lutte populaire, est devenu le tampon des luttes populaires qui se développaient avec force depuis les années 1950 et qui prenaient encore plus de force dans les années 1960. 

Mais si le gouvernement d’Allende n’était pas dirigé par le prolétariat, par qui l’était-il? Comme nous l’avons dit, le gouvernement de l’UP était un conglomérat multi-classiste qui réunissait un secteur de la petite-bourgeoisie urbaine et une aile de la bourgeoisie bureaucratique. 

Pour comprendre cela, il faut jeter un oeil sur la situation internationale de l’époque : au début des années 1970, déjà s’affrontaient pour le contrôle de l’Amérique Latine les deux super-puissances impérialistes : Etats-unis et Union Soviétique (qui après la mort de Staline a abandonné la voie socialiste et devient impérialiste). 

S’il est vrai que les Etats-Unis, depuis les années 1920, avaient réussi à écarté l’impérialisme anglais du contrôle des entreprises stratégiques au Chili, avec le gouvernement d’Allende s’ouvre la possibilité d’écarter l’impérialisme yankee au profit des social-impérialistes soviétiques, qui n’étaient pas à la traîne pour ce qui est de mener des politiques fascistes, des invasions armées, des coups d’Etat et pour réprimer le peuple. 

En synthèse, le Chili était une partie du butin pour lequel se battaient ces deux super-puissances impérialistes et ceci se reflétait dans la querelle politique interne dans les deux courants de la bourgeoisie bureaucratique au Chili : le courant pro-yankee (la Démocratie Chrétienne) et le courant pro-soviétique représenté par la direction de l’UP. 

Comme preuve de cette querelle, il y a aussi les contradictions internes aux partis, par exemple la naissance de la Gauche Chrétienne, produit de la scission d’un groupe de militants de la DC décidant de passer dans le camp de l’UP. 

L’Histoire nous fournit maintes preuves montrant à l’évidence que l’élection d’Allende et l’application des plans de l’UP n’ont signifié qu’un changement de mains du bâton de commandement, et non la destruction de l’Etat bourgeois-propriétaire terrien, et encore moins la construction du socialisme au Chili. 

De même, un matériel abondant confirme qu’une fois Allende élu, on tente de mettre en berne l’esprit combatif, en remplaçant les luttes populaires par des calmants et en appelant les travailleurs à « ne pas mettre des bâtons dans les roues du gouvernement », ce qui signifie en d’autres termes ne pas déborder les politiques réformistes, abandonner ses positions de combat et tout laisser entre les mains des « représentants du peuple ».

LA POLITIQUE MILITAIRE D’ALLENDE
ET DE L’UP 

Les Forces Armées sont la colonne vertébrale de l’Etat et la garantie du maintien de la dictature. C’est pour cette raison que quiconque veut prendre et défendre le Pouvoir pour le prolétariat et les masses doit compter sur une armée révolutionnaire au service du peuple.

Dans le cas d’Allende et de l’UP, on sait qu’ils ne disposaient que de petits groupes moyennement militarisés, qui n’étaient en aucun cas capables de briser la machinerie militaire fasciste. 

Chose plus importante encore, à l’intérieur de l’UP on n’avait pas l’intention de renverser les Forces Armées bourgeoises. Au contraire, leur mission était de parier sur la division historique en leur sein pour gagner à leur cause une partie des militaires et de limoger l’autre. 

Les secteurs pro-yankee pensaient de même, et une fois mené le coup d’Etat, ils balayèrent tous les militaires qui auraient pu s’opposer à eux. 

Le gouvernement de l’UP et en particulier Allende n’avaient pas comme politique d’armer les masses pour la lutte révolutionnaire, au contraire, les appels lancés depuis le gouvernement donnaient toute leur confiance aux Forces Armées. 

Pour étayer cette politique, Allende inventa la théorie selon laquelle les Forces Armées du Chili étaient républicaines et pacifistes et alla jusqu’à dire que : « Les Forces Armées du Chili sont des forces armées démocratiques, c’est le peuple en uniforme… » (Discours à l’occasion du 40è anniversaire du Parti Socialiste).

Cette idée des Forces Armées du Chili en tant que forces démocratiques est une thèse littéralement sans fondement. Quiconque a une vague idée de l’histoire du Chili est au courant du rôle des Forces Armées en tant qu’élément de choc aux mains des secteurs les plus réactionnaires. 

Il est donc impardonnable qu’Allende et l’UP aient louché sur les nombreuses occasions qui ont vu les hommes en uniforme agir contre le peuple. 

Un argument important contre cette fausse théorie des Forces Armées « démocratiques » consiste à passer en revue les annales des militaires pendant les grèves et protestations du début du XXè siècle (meeting de la Carne en 1905, Massacre de Santa María en 1907), la persécution des communistes au milieu du siècle une fois promulguée la « Loi Maudite » et la grande répression menée le 2 et 3 avril 1957 (grève de las chauchas), et l’imposition du fascisme dans les rangs de la bourgeoisie et des commandants militaires dans les années 1950, 60 et 70 dans les écoles militaires yankees. 

Mais Allende s’obstinait à marteler l’idée qu’il fallait faire confiance aux assassins du peuple. Dans une lettre à Patricio Aylwin du 23 août 1973, Allende se vante d fait que son gouvernement ait été le seul à avoir eu la volonté d’incorporer les Forces Armées « en tant qu’institution aux grandes tâches nationales ».

Plus fort encore, le jour du 11 septembre 1973, Allende déclare : « Dans une première étape, nous devons voir la réponse, j’espère positive, des soldats de la patrie, qui ont juré de défendre le régime établi qui est l’expression de la volonté des citoyens, et qui accompliront leur tâche qui fait le prestige du Chili avec leur professionnalisme qui fait le prestige des forces armées. Dans ces circonstances, j’ai la certitude que les soldats sauront remplir leur devoir. »

Ceci veut dire que le jour même du coup d’Etat, lors de l’assaut de la Junte, Allende gardait l’idée que les Forces Armées respecteraient leur mandat civique. Dans un raisonnement on ne peut plus subjectiviste, Allende déclara : « J’ai ordonné aux troupes de l’armée de se diriger vers Valparaíso pour étouffer la tentative putschiste. » (11 septembre 1973).

C’est ainsi que le 11 septembre 1973 jette la pierre à la théorie anti-marxiste qui tente de se démarquer de la lutte des classes, en prétendant que tous les secteurs s’engagent à remplir les « tâches nationales ».

Déjà Lénine avait dit que pour être marxiste, il ne suffisait pas de reconnaître la lutte des classes, mais étendre celle-ci jusqu’à la reconnaissance de la nécessité de la dictature de la dictature du prolétariat. 

Le problème est qu’Allende ne reconnaissait même pas la nécessité de la lutte des classes; ses aspirations se tournaient plutôt vers la nécessité de concilier les classes à l’intérieur du « gouvernement citoyen ». 

C’est ce qu’il mit en valeur peu de jours avant le coup d’Etat : « Je réitère solennellement ma décison de développer la démocratie et l’Etat de droit. » (Communiqué du 22 août 1973 en réponse à la déclaration d’illégitimité du Gouvernement émis à la Chambre des députés et appelant de ses voeux un coup d’Etat).

Il a oublié de dire, comme Lénine le soutenait, qu’il n’existe pas de « démocratie » dans l’abstrait; que la « démocratie » est, nécessairement, la « démocratie » d’une classe sociale. D’où l’impossibilité d’une « démocratie pour tous les Chiliens ». 

Ou bien il y a démocratie pour la grande bourgeoisie et oppression pour les prolétaires, ou bien démocratie pour le prolétariat et le peuple et oppression pour la grande bourgeoisie. 

Enfin il faut signaler que « l’Etat de droit » est toujours Etat de droit bourgeois-propriétaire terrien. Ces deux concepts de édémocratie » dans l’abstrait et d’ « Etat de droit » n’ont rien de socialiste. 

Ceci démontre, par un autre côté, que le gouvernement de l’UP se situe dans le cadre d’un processus de gouvernement bourgeois et que la lutte pour le contrôle de l’Etat pendant le gouvernement d’Allende a été une lutte inter-bourgeoise. 

En résumé, l’expérience de l’UP ne pouvait être en aucune façon une expérience socialiste ni une étape préparatoire au socialisme, étant donné qu’elle avait relégué les travailleurs et leurs organisations à l’arrière-plan, mettant en avant la nécessité de maintenir le pacte de l’UP sans réveiller les antipathies des secteurs réactionnaires.

Allende ne considérait pas que le capitalisme et le socialisme fussent antagoniques. 

Il pensait plutôt que le capitalisme pourrait passer au socialisme graduellement, dans une espèce d’accouchement sans douleur, tout en maintenant y compris les vieux appareils qui pendant des années avaient garanti l’existence du capitalisme et l’oppression du peuple chilien.

Son espoir d’éviter tout type de confrontation fut un terrain fertile pour l’action de la Junte et de ses organismes. Les soldats « patriotes », en qui Allende se fiait tant, furent ceux-là mêmes qui n’hésitèrent pas à empoigner leurs armes contre le peuple du Chili. 

Son socialisme pacifiste ne fut rien d’autre qu’un vain espoir qui finit noyé dans un lac de sang.

GOUVERNER SANS S’OPPOSER AU FASCISME 

Allende n’a jamais mis en doute l’idée que toute action devait passer par la voie imposée par la bourgeoisie. 

C’est pour cette raison qu’il décida de nationaliser quelques entreprises des monopoles stratégiques, comme le cuivre, l’étain et le ciment, au moyen de l’achat des moyens de production et l’indemnisation par millions des capitaux impérialistes.

La réforme agraire (qui n’était que la continuation de la réforme de Frei) se fit en suivant la même voie : par des lois d’achat et de ventes de terres. 

Ceci entraîna le conflit avec des secteurs de la paysannerie pauvre qui s’étaient déjà décidés pour l’expropriation directe des domaines des grands propriétaires terriens. 

Dans les quelques entreprises où le prolétariat industriel avait expulsé les capitalistes, pris leur contrôle et impulsé la production, Allende se rangea du côté de la grande bourgeoisie et demanda aux ouvriers de rendre les clés des usines occupées, avec derrière la tête l’idée de gagner à sa cause la direction de la Démocratie Chrétienne. 

Alors qu’on persuadait les ouvriers de baisser la garde et de « combattre » le fascisme seulement en produisant plus de marchandises, les secteurs pro-yankees impulsèrent une grande campagne de boycott, dirigée et financée directement par le gouvernement des Etats-Unis. 

Les boycotts à l’encontre du gouvernement de l’UP ne consistaient pas seulement en la paralysation de secteurs stratégiques comme les mines et une partie des transports, mais aussi en une provocation planifiée de pénuries alimentaires et en tentatives de coups d’Etat. 

Face à ces attaques, Allende ne vit pas dans les masses le remède aux maux, mais il fit davantage confiance en la soumission aux réactionnaires pour remplir les devoirs établis par la loi et tout mettre en ordre, en partant du principe que tout un chacun devait se soumettre au mandat civique.

Les travailleurs faisaient face au boycott en redoublant leurs efforts dans la production, en portant à bout de bras les industries, en créant des organismes de distribution et de rationnement des aliments; mais cela ne suffisait pas, les travailleurs exigeaient du gouvernement qu’il fasse des avancées plus audacieuses et montre son soutien. 

Mais le gouvernement continuait de leur enjoindre « la patience, plus de patience », croyant pouvoir transformer la situation en gagnant la majorité parlementaire et la sympathie de certains secteurs putschistes. 

C’est le peuple qui supporta la plus lourde part du boycott, lui qui devait cheminer de longues heures sur les routes pour arriver à son poste de travail et faire de longues queues pour pouvoir obtenir un minimum de nourriture. Le boycott enrichit les êtres sans vergogne qui vivaient du marché noir et les grands capitalistes qui grâce à ce recours réduisaient le peuple à la misère.

Lorsque les choses atteignirent le point de rupture, Allende et les révisionnistes n’hésitèrent pas à lancer leur appel « Non à la guerre civile! », maintenant leurs espoirs dans la soumission des capitaliste monopolistes à leurs lois. 

Mais il arriva ce qui toujours arrive, lorsqu’un secteur de la grande bourgeoisie se voit menacé, il n’hésite pas à violer ses propres lois et à prendre les armes contre les masses, le problème étant qu’à ce moment Allende avait désarmé le peuple.

Au lieu de combattre l’assaut yankee par une lutte de masses anti- impérialiste, la direction de l’UP et Allende prônèrent la capitulation. 

Plus tard, les membres de l’UP reconnurent qu’Allende pensait à appeler un plébiscite, qui aurait eu comme résultat ou bien la défaite politique de l’UP et la chute du pays dans les mains des pro-yankee, ou bien la reconnaissance « citoyenne » du gouvernement d’Allende. 

De toutes façons, l’un ou l’autre résultat n’aurait rien fait d’autre que freiner le mouvement de masses qui était en ébullitiondepuis les années 1960 et qui débordait les politiques réformistes.

De même que tous les secteurs bourgeois qui se nomment eux-mêmes « révolutionnaires », l’UP craignait autant les ouvriers armés qu’il craignait le fascisme. Et l’UP commença à utiliser des moyens de contrôle fasciste pour endiguer le mouvement populaire. 

Allende n’hésita pas à édicter la « loi sur le contrôle des armes » qui interdisait à quiconque ne porte pas l’uniforme de porter une arme. 

La promulgation de cette loi était la conclusion de deux points de départ des membres de l’UP et d’Allende : a) qu’en contrôlant la possession d’armes et en désarmant les secteurs ouvriers, la Démocratie Chrétienne se mettrait du côté de l’UP, et b) qu’un secteur important des Forces Armées se mettrait du côté du gouvernement.

La « loi sur le contrôle des armes » est édictée au moment où beaucoup de syndicats et d’organisations sont en train de passer des luttes pacifiques aux affrontements armés.

Le résultat de la promulgation de cette loi fut d’empêcher légalement l’armement de la classe, avec des violations de sièges syndicaux et de domiciles ouvriers par les gendarmes, les militaires et les corps de sécurité, finissant le plus souvent par l’arrestation et l’inculpation des membres les plus actifs.

Mais cette loi qui attaquait directement l’organisation populaire ne fit rien pour désarmer les secteurs réactionnaires : le groupuscule fasciste « Patria y Libertad » campait dans toutes les manifestations et rassemblements réactionnaires de Santiago; on attaquait les marches de soutien à l’UP avec des coups de feu tirés depuis le bâtiment de la Démocratie Chrétienne dont les membres gardaient l’impunité totale; des membres de la CIA entraient au Chili sans grande difficulté pour financer et donner des cours et de l’entraînement aux cadres de choc du fascisme chilien. 

Cette loi resta en vigueur même après le coup d’essai de 1971, tentative putschiste où les secteurs pro-yankee se firent la main pour le Coup d’Etat du 11 septembre 1973. 

LA MORT D’ALLENDE
ET LA FAILLITE DE L’UP 

Lors du dernier jour de sa vie, Allende flanqué d’un groupe de 40 personnes prend position dans le Palais de la Moneda, avec pour but de repousser les attaques des Forces armées contre le palais présidentiel. 

Malgré cela, Allende continuait à inculquer au peuple l’idée de non-résistance, en déclarant : « Qu’ils occupent leurs postes de travail, qu’ils accourent à leurs usines, qu’ils maintiennent le calme et la sérénité. »

Finalement, après de nombreuses heures, la résistance à l’intérieur de l’édifice céda et Allende se fit tuer. Pendant les années 1980 et 1990, ses partisans chantaient en choeur « Allende n’a pas cédé, il a combattu fusil à la main!».

En mettant cela en avant, ils cherchaient à jeter un voile sur toutes les erreurs et échecs propres à ceux qui prétendent faire la révolution par les urnes, tout en disant qu’il suffit d’empoigner une arme un seul jour pour expier les péchés bourgeois. 

En célébrant ainsi la figure d’Allende en tant que lutteur révolutionnaire, ils rendent un piètre service au peuple et aux secteurs authentiquement révolutionnaires, qui plutôt que de revendiquer l’héritage allendiste devraient tirer les leçons de l’échec de l’UP, s’ils veulent vraiment faire la révolution. 

Ces derniers temps, on trouve aussi divers groupes, qui se disent « critiques du réformisme » ou « anti-néolibéraux » et qui cherchent à ressusciter une image de « l’Allende Combattant » tentant de manière opportuniste d’élever Allende au rang de « combattant éminent de la souveraineté des peuples » et « anti-impérialiste ». 

Chose qui démontre d’une part leur opportunisme qui trafique avec l’histoire et d’autre part leur incapacité d’en tirer des leçons d’une façon scientifique. La mort d’Allende et l’échec de l’UP, en ce sens, ne représentent pas une défaite du peuple, mais une défaite du révisionnisme chilien qui a utilisé le peuple et une partie de l’Etat comme levier pour atteindre ses objectifs. 

Nous devons mettre les points sur les i au sujet de ce point : si les vastes secteurs du peuple ont mis leurs espoirs et leurs forces dans le gouvernement de l’UP, ce ne furent ni le peuple ni le prolétariat qui assumèrent la direction de ce gouvernement. 

Ainsi, le peuple a démontré pendant toute cette période la même chose qu’il démontre aujourd’hui : qu’il est prêt pour la lutte et qu’il n’ a pas la moindre intention d’esquiver le chemin de la lutte des classes.

Pour cette raison, si le peuple avait été réellement à la direction de ce processus, il n’aurait pas hésité à balayer toute cette fange réactionnaire et fasciste incrustée dans les différents organes de l’appareil d’Etat et de la production.

En ces jours où les secteurs fascistes crient sur tous les toits que le marxisme est anachronique et caduc et où d’autre part les organisations révisionnistes se gargarisent de références à l’UP et à « l’exemple d’Allende », pour ainsi justifier leur participation aux prochaines élections, il est nécessaire d’expliquer, de la façon la plus large possible, qu’aujourd’hui comme hier, le peuple n’obtiendra rien en se mettant à la traîne de la bourgeoisie et de ses institutions; qu’il est nécessaire que le peuple dirigé par le prolétariat soit capable de forger ses instruments (Parti, Font de masses, Armée).

C’est seulement de cette manière qu’on garantit que les luttes des masses ne sont pas utilisables comme tremplins à « gouvernements démocratiques » ni comme monnaie d’échange pour ceux qui s’opposent à ce qu’on fasse la révolution.

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Octobre 2008

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au Chili (1960-1980)

Lettre de l’URC (MLM) du Chili aux révolutionnaires du Maroc

Camarades,

Un salut à toutes les personnes présentes à ce meeting, nous réaffirmons l’internationalisme prolétarien, et nous nous inclinons pleins de fierté devant la mémoire des Marocains tombés dans la lutte, et nous exprimons notre haine de classe la plus forte contre le régime féodal-fasciste du Maroc et contre les impérialismes qui l’utilisent.

Nous avons reçu des nouvelles sur la situation au Maroc. L’attitude du régime ne nous surprend pas. L’impérialisme et les réactionnaires entonnent toujours le même refrain. Nous savons qu’ils vont toujours d’échec en échec et cela jusqu’à leur ruine, telle est leur logique historique; nous ne pouvons attendre qu’ils aient de la considération pour nous, parce qu’en vérité nous n’en aurons pas pour eux.

Camarades, la rébellion du peuple marocain ne nous surprend pas non plus. L’histoire de votre peuple est pleine d’héroïsme. La guerre anti-coloniale du Rif contre l’occupation espagnole et française pendant les années 1920 est une expérience excellente pour les peuples du monde. Elle nous a appris ce dont les masses sont capables, mais nous savons aujourd’hui avec certitude à l’époque de la révolution prolétarienne mondiale que seul le parti prolétarien peut conduire l’ensemble des forces populaires.

La bourgeoisie nationaliste ne pourra jamais mener jusqu’à ses ultimes conséquences une révolution démocratique. La lutte anti-coloniale des années 1950 a montré à nouveau de quoi sont capables la classe ouvrière, les paysans, le peuple en général, elle aussi aussi incarnée dans la résistance armée, mais qui n’a pas pu résoudre les problèmes politiques fondamentaux de la société marocaine.

La lutte contre le régime féodal-fasciste de Hassan II connu sous l’appellation des “tumultes de la faim” montre de quoi sont capables les masses populaires, c’est ainsi qu’en juin 1981 à Casablanca le régime dut assassiner des dizaines de combattants; la même chose est arrivée en 1984 à Marrakech et à Tetouan; de même en décembre 1990 à Fès et à Tanger.

Qu’est-ce que cela montre à tous les opprimés du monde? Cela montre que le peuple désire se rebeller contre l’oppression, que le peuple du Maroc possède des traditions de lutte, et démontre en fin de compte la nécessité de la révolution : c’est le chemin démocratique auquel les masses aspirent.

Nous savons aussi qu’existent vos ennemis dissimulés, comme l’opportunisme social-démocrate, le réformisme en général et en particulier le révisionnisme social-fasciste qui a prêté main forte au régime génocidaire d’Hassan II.

La lutte des étudiants marocains a éveillé la haine du régime, c’est pour cette raison que la répression par l’emprisonnement ne fait que montrer le désespoir d’un gouvernement qui dirige le vieil Etat pourri des classes dominantes compradores et féodales. Les prisonniers politiques marocains nous apprennent que les sacrifices font partie intégrante du progrès révolutionnaire, que l’emprisonnement est un simple accident de travail.

Ceci étant dit, nous nous solidarisons avec les 24 étudiants emprisonnés et depuis cette tribune nous en appelons à la solidarité internationale pour dénoncer encore une de ces mesures arbitraires prises contre ceux qui luttent. Le plus important, c’est que la dénonciation permette d’éviter que les camarades prisonniers politiques soient oubliés ou qu’ils puissent être assassinés ou “disparus”.

Camarades, nous empruntons un chemin difficile, sinueux et plein de périls, mais avec les masses tout se transforme en brillantes perspectives.

Dans notre pays, nous avons vécu à partir de 2004 un nouvel élan de la lutte de masses. En son sein, les jeunes et les étudiants en particulier ont mené d’importantes protestations pour résister aux plans impérialistes concernant l’éducation que tentent d’imposer les organismes financiers internationaux au moyen de leur agence chilienne : le gouvernement et le ministère de l’éducation.

En 2006, près de 800.000 élèves du secondaire ont fait grève dans tout le pays. Lors de cette mobilisation il y a eu des marches, des occupations d’établissements, des assemblées, des affontements avec la police. Les élèves les plus pauvres ont agi en déployant la plus grande audace et violence, avec de grandes expressions de courage.

Et s’il est vrai que les revendications estudiantines au début se sont limitées à des questions économiques, le débat concernant les problèmes de fond a vite été soulevé, les étudiants commençant à se demander pourquoi il y avait une éducation pour les riches et une autre pour les pauvres, certains commençant à dénoncer les plans de l’impérialisme yankee. Le gouvernement dut faire un énorme effort pour contenir le mouvement : il a réprimé, monté des campagnes de terreur, acheté des dirigeants, manoeuvré avec l’aide du révisionnisme, etc.

La mobilisation prit fin, mais en semant derrière elle parmi des milliers de jeunes les graines de la protestation populaire. Cette année, la lutte a repris, et cette fois s’y ajoutent des professeurs, des étudiants universitaires et des parents d’élèves.

Tous s’opposent à une nouvelle loi qui est un recopiage d’une loi écrite par le régime de la junte militaire fasciste dirigée par le génocidaire Pinochet. Dans notre pays, le prolétariat lui aussi a mené des grèves de plus en plus combatives, et débordent, avec le peuple, l’ordre légal. La lutte donne ce que la loi et le patron refusent!

Camarades, nous avons des ennemis similaires et des tâches similaires, la réalité nous impose la solidarité internationaliste.

Recevez un salut fraternel et internationaliste. On a tout à fait raison de se révolter.

Honneur et gloire aux étudiants assassinés pour avoir lutté! Liberté pour les prisonniers politiques du Maroc!

Joignant nos voix aux vôtres nous crions : Vive la protestation populaire du peuple marocain!

Tant qu’il y aura des pousses de bambous, des bambous naîtront. Si l’un tombe, dix se lèvent! Marri chi weu! (“Nous vaincrons”)

Union des Révolutionnaires Communistes (marxiste-léniniste-maoïste) du Chili

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au Chili (1960-1980)

Parti Communiste Révolutionnaire du Chili: Quelques expériences de la lutte contre le révisionnisme

1972

« Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l’unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots »
Mao Zedong 

Chaque jour apparaît avec plus d’éclat et de vérité la thèse de Lénine selon laquelle une lutte révolutionnaire et anti-impérialiste conséquente est impossible sans combattre l’influence de l’opportunisme parmi les masses. 

La forme d’opportunisme la plus trompeuse et réactionnaire aujourd’hui, c’est le faux marxisme, autrement dit le révisionnisme.

De même qu’à l’époque de Lénine, le révisionnisme est un problème international, avec la circonstance aggravante qu’à notre époque, il est au service des intérêts expansionnistes du social-impérialisme russe. 

La doctrine Brejnev sur la « souveraineté limitée » des nations, est l’expression la plus concentrée de cette politique expansionniste, qui s’est exprimée en pratique dans l’invasion militaire brutale de la Tchécoslovaquie.

De leur côté, les dirigeants révisionnistes dans les pays capitalistes ne sont pas seulement de purs et simples opportunistes, mais des agents de la bourgeoisie bureaucratique social-impérialiste de Russie et de ses plans expansionnistes. 

La ligne opportuniste bourgeoise, révisionniste, du marxisme, est appliquée ouvertement en Amérique latine et dans les pays capitalistes des autres continents, par les dirigeants des partis qui se font appeler « communistes » et qui suivent fidèlement les directives des successeurs de Khrouchtchev.  

Dans la lutte contre l’opportunisme, ces dirigeants des faux partis « communistes » constituent l’ennemi principal. Les luttes anti-impérialistes, pour la révolution Démocratique Populaire, et pour le socialisme, exigent inévitablement que soient démasqués, combattus et écrasés ces opportunistes, pour que leur influence au sein des masses exploitées soit déterrée. 

La lutte principale contre l’opportunisme a lieu en dehors des partis marxistes-léninistes-maoïstes. Elle doit concentrer le tir contre l’idéologie et la politique des dirigeants des faux partis « communistes » et sur le plan international, contre ses inspirateurs et patrons : la clique dirigeante du social-impérialiste russe.

Toutefois, il est aussi de la plus grande importance que soit combattue l’influence et les infiltrations du révisionnisme à l’intérieur même des partis marxistes-léninistes-maoïstes (m-l-m). 

Sans combattre les influences et infiltrations du révisionnisme à l’intérieur des partis m-l-m, sans les détruire dans leurs diverses manifestations, il sera impossible de construire des partis communistes authentiques.

Il est vital, sous cet aspect, de prendre en compte la thèse du camarade Mao Zedong : « Sans destruction, pas de construction. La destruction signifie la critique et la répudiation, elle signifie la révolution. Pour cela, il faut raisonner, et le raisonnement c’est la construction. La destruction vient en premier, et dans son cours, elle implique la construction ».

Il est nécessaire de critiquer et de combattre les différents subterfuges que le révisionnisme utilise pour écarter les partis m-l-m du marxisme. De cette lutte émergent les raisonnements et les

enseignements à tirer sur la construction de nos partis, tant au point de vue organisationnel que politique et idéologique, pour qu’ils se rendent capables d’appliquer correctement le marxisme-léninisme-maoïsme.

La pénétration de l’idéologie bourgeoise au sein des partis m-l-m du monde capitaliste ne provient pas seulement du fait qu’ils mènent le combat au sein de la société bourgeoise et reçoivent son influence.

Il est établi que les révisionnistes contemporains, au service aujourd’hui du social-impérialisme russe, font des efforts effrénés pour s’infiltrer dans les partis communistes authentiques, pour les prendre de l’intérieur et liquider leur caractère et leur ligne prolétarienne, ou les détruire.

Des tactiques variées

Les procédés utilisés par les agents bourgeois révisionnistes pour combattre de l’intérieur les vrais partis communistes varient selon les circonstances et le caractère de ces partis. Ce ne sont pas les mêmes pour un parti m-l-m au pouvoir que pour celui qui ne l’est pas; dans un parti m-l-m d’un pays capitaliste avancé que dans un parti qui opère dans une colonie ou un pays dépendant; dans un pays fasciste que dans un autre où règne une démocratie bourgeoise.

Toutefois, leur politique visant à corrompre ou détruire les partis m-l-m possède, dans toutes ces circonstances, des traits communs qui nous permettent d’apprendre de toutes ces expériences.

Sans prétendre épuiser le thème ni établir à ce sujet des conclusions définitives, nous essaierons de systématiser quelques unes de ces expériences. Cette systématisation concerne fondamentalement les procédés des révisionnistes dans leurs efforts pour corrompre ou détruire les partis m-l-m de pays dépendants de l’impérialisme comme le nôtre et où le révisionnisme est relativement fort.

Les fractions révisionnistes

Quand il s’agit de groupes ou partis m-l-m, faibles idéologiquement, politiquement et organisationnellement, nouveaux et peu expérimentés, le révisionnisme mobilise ses agents infiltrés dans ses rangs afin qu’ils préparent, à l’aide d’un travail fractionnel, les conditions pour mettre en avant une ligne bourgeoise, de façon ouverte et directe. 

Cette ligne bourgeoise a en général un contenu « ultra-gauchiste » : terrorisme, « foquisme » et autres variantes tendant toutes à détacher ces organisations des masses.

Le fait qu’ils promeuvent en général (pas toujours) des déviations « ultra-gauchistes » est normal, vu qu’il n’est pas facile de mener vers les déviations de droite ceux qui se sont en général séparés du

révisionnisme mécontents de sa politique réformiste et conciliatrice. 

Lorsqu’ils n’arrivent pas à imposer dans ces organisations une ligne « ultra-gauchiste », les révisionnistes essaient, au moins par leur travail fractionnel, de les briser de haut en bas. 

Ce faisant, ils réduisent ceux qui persévèrent dans le marxisme à l’état de fractions ou de groupes extrêmement faibles et qui pour cette raison, cessent d’être pour un temps un danger pour leur politique.

Sans compter tous les militants qui se démoralisent devant cette division et se mettent en marge de l’activité politique.

S’ils arrivent à entraîner sur des positions « ultra-gauchistes » la plus grande partie des militants de ces organisations, ils facilitent leur séparation d’avec les masses et leur rapide destruction de la part de l’appareil répressif bourgeois.

Voilà ce qui s’est passé dans la majeur partie des groupes terroristes et « foyers de guérilla » en Amérique Latine.

A ce sujet, ce n’est un mystère pour personne que les dirigeants des faux partis « communistes » ont joué en Amérique Latine un double jeu hypocrite avec les groupes de « l’ultra-gauche ».

Vers l’extérieur, ils prétendent les combattre, mais de fait, ils les ont soutenus et promus. Les dirigeants cubains ont joué un rôle de premier plan en tant que promoteurs les plus affirmés de cette manoeuvre révisionniste. 

En agissant ainsi, les révisionnistes obtenaient un quadruple bénéfice: 

a) ils regroupaient autour d’une ligne erronée les éléments mécontents de leur ligne conciliatrice; 

b) ils empêchaient les troubles que ces éléments auraient pu susciter dans leurs partis; 

c) ils les canalisaient sur une ligne bourgeoise « d’ultra-gauche », les éloignant des positions marxistes-léninistes-maoïstes correctes; 

et d) pour l’avenir, ils profiteraient de l’échec d’une ligne de lutte armée incorrecte pour ensuite pouvoir faire campagne contre toute voie armée vers le pouvoir en général, et pour leur soi-disant « voie pacifique et électorale » vers le pouvoir.

Les révisionnistes sont allés jusqu’au bout de l’audace et du machiavélisme dans cette politique, ils n’ont pas hésité à promouvoir l’existence de fractions dans leurs propres partis. 

Constatant la présence de militants inquiets et mécontents de leur politique réformiste et conciliatrice, ils les ont poussés de façon voilée, à rompre avec le parti révisionniste. 

Naturellement, pour se constituer en groupe d’ « ultra-gauche » ou en faux partis « marxiste-léniniste-maoïste », suffisamment infiltrés et contrôlés dès leur naissance par leurs agents.

De cette façon, ils se « soulagent » d’un problème interne et le déplacent hors du parti, tout en maintenant le contrôle sur ce groupe. Il y a de sérieux précédents à ces manoeuvres en Argentine, Italie, France et autres pays. 

En outre, la prolifération de nombreux faux partis « marxistes-léninistes-maoïstes », pour ajouter à la confusion parmi les masses et faire un écran de fumée cachant le véritable parti, est une tactique en laquelle sont experts aussi bien le KGB (service secret d’espionnage russe) que la CIA (service d’espionnage yankee) et les deux la stimulent et la promeuvent.

Les complots révisionnistes

Dans les partis marxistes-léninistes-maoïstes qui se sont davantage consolidés sur le plan idéologique, politique et organisationnel, les révisionnistes appliquent en général des procédés différents que la simple fraction décrite plus haut.

Dans ces partis, promouvoir ouvertement une ligne bourgeoise sous l’appellation de « marxisme » est inopérant.

A chaque fois que la chose est tentée, elle est combattue fermement, la parti s’épure rapidement des opportunistes et agents révisionnistes infiltrés et en ressort renforcé grâce aux expériences gagnées dans cette lutte.

Dans les partis qui sont plus solides, ils sont obligés d’agir de façon beaucoup plus prudente, subtile et cachée. Ils doivent promouvoir leurs déformations bourgeoises graduellement et sous le couvert d’une phraséologie « marxiste ». 

Dans ces partis, le travail fractionnel doit être mené à long terme, de façon plus sournoise et planifiée, c’est-à-dire en tant que complot secret, tendant à prendre légalement le parti de l’intérieur, pour pouvoir imposer plus tard et de façon ouverte leur ligne bourgeoise, à partir d’en-haut.

Le complot révisionniste à l’intérieur des partis m-l-m monte une « machine » secrète qui a pour but de s’emparer graduellement des postes-clés dans le parti, c’est seulement cette forme de conjuration ou de complot secret qui peut être adoptée. 

Il s’agit de déplacer des cadres honnêtes et révolutionnaires dont ils pensent ne pouvoir jamais rien tirer; il s’agit de « promouvoir » à des postes décisifs des éléments décomposés, ambitieux, mercenaires, individualistes, etc. sur qui peuvent certainement compter les agents révisionnistes infiltrés.

Pour « promouvoir » leurs inconditionnels, pour faire passer les vessies pour des lanternes, le révisionnismes utilise l’éloge mutuel, l’auto-félicitation, la vantardise, la flagornerie, le soudoiement, la tromperie et tous les recours immoraux qu’ils ont sous la main. 

De même, pour déplacer les cadres honnêtes, ils usent de la calomnie, des intrigues, du mensonge et en général de tous les moyens sans aucun scrupule.

D’autre part, pour pouvoir ourdir plus facilement le complot, ils doivent pratiquer le travail fractionnel, s’opposer à la structure léniniste et au centralisme démocratique, fomenter l’indiscipline et le libéralisme et violer la légalité du parti.

Il est normal que pour ces raisons, ils ne peuvent mener leur travail criminel anti-parti ouvertement, ni compter sur lui pour avoir le soutien des militants en général et des dirigeants révolutionnaires qui intègrent le parti.

Ceux-ci répudieraient en bloc ceux qui agissent ainsi, même s’ils ignorent leurs plans et objectifs futurs. Il ne leur reste donc plus d’autre choix que le complot secret pour impulser leurs plans sinistres et réactionnaires.

L’hypocrisie et la duplicité, leur activité menée en cachette loin des yeux des bases et des dirigeants révolutionnaires du parti constituent la « marque de fabrique » des révisionnistes infiltrés dans les partis m-l-m.

Le but du complot est, en plus de déformer lentement la structure léniniste du parti, d’accaparer pas à pas ses organismes dirigeants à partir du sommet.

C’est ainsi qu’ils se proposent de tromper et d’opprimer les bases du parti, pour altérer ses décisions et imposer comme « représentants » des bases leurs propres inconditionnels. 

De cette façon, ils se préparent hypocritement et sournoisement à mener un « coup de force majoritaire » lors d’un Congrès ou réunion importante, et continuer à prendre le commandement dans les organismes supérieurs de la direction du parti.

Ils pensent ainsi revêtir de « légalité » partidaire l’usurpation qu’ils ourdissent en secret pour prendre le contrôle du parti et tordre sa ligne prolétarienne, faisant passer cette escroquerie pour une « décision » des bases.

Liquidationnisme dans le domaine de l’organisation

Les premières manifestations extérieures de l’avancée d’un complot révisionniste sont en général le développement de tendances liquidationnistes sur le plan organisationnel dans le parti m-l-m.

Ceci a lieu spécialement quand les conditions politiques de relative légalité bourgeoise le permettent. 

Lénine décrit le liquidationnisme comme la tendance à

« liquider, c’est-à-dire à dissoudre, détruire, annuler, supprimer l’organisation existante du parti pour la remplacer par une association informe, maintenue coûte que coûte dans le cadre de la légalité (c’est-à-dire de l’existence « publique » légale), même si cela se fait au prix de l’abandon clair et net du programme, de la tactique et des traditions, c’est-à-dire de l’expérience du parti. 

Les liquidateurs – ajoute-t-il – entraînés par la vague de désertion bourgeoise, ont renié la révolution. Ils ont fait une croix sur le Parti clandestin, ne cherchant que le terrain légal dans un régime prétendu « constitutionnel ». 

L’essence de sa politique, c’était le « parti ouvrier ouvert ». »

Au moyen du liquidationnisme sur le plan de l’organisation, les révisionnistes projettent, dans un parti où il n’est pas facile d’imposer une ligne bourgeoise ouvertement, de créer progressivement les conditions pour ce faire. 

Il s’agit de ramollir organiquement le parti m-l-m pour le miner en tant qu’arme pour la défense des intérêts indépendants du prolétariat.

En d’autres termes, saper sa structure léniniste de telle façon qu’il soit obligé plus tard de se soumettre aux pressions conjointes de la bourgeoisie et de ses agents révisionnistes. 

Ce qui est liquidé, donc, c’est le caractère prolétarien du parti, spécialement sur le plan organisationnel, pour que le même sort puisse être fait plus tard et ouvertement sur les plans politique et idéologique.

La structure léniniste compartimentée du parti, la discipline prolétarienne, le centralisme démocratique et son caractère essentiellement clandestin, ne visent pas seulement à protéger à rendre efficace le travail révolutionnaire du parti contre la répression et la corruption bourgeoise.

En le protégeant de la répression bourgeoise, en lui permettant de continuer efficacement d’appliquer sa politique révolutionnaire – malgré la répression et l’influence corruptrice de la bourgeoisie – on garantit la ligne indépendante du prolétariat, que le parti incarne.

Si le parti adopte des formes organiques semblables à celles des partis bourgeois, il se rend vulnérable aux pressions répressives et à l’oeuvre corruptrice de la bourgeoisie et des ses agents révisionnistes. 

Aussi cesse-t-il d’être une arme efficace pour la défense des intérêts indépendants du prolétariat et se place dans le sillage de la bourgeoisie. Même si un tel parti continue d’exister, il a liquidé son caractère prolétarien. 

La structure léniniste tend à donner au parti du prolétariat le maximum d’efficacité et de protection dans son action révolutionnaire et des liens solides avec les masses. 

Un parti m-l-m est l’opposé des partis bourgeois, avec leurs discussions stériles et académiques, leurs petits chefs, leurs courants et tendances, leurs assemblées et leurs sympathisants inertes réduits à l’état de « foule », leur machinerie bureaucratique, leur indiscipline, leur militantisme indiscriminé et leur libéralisme. 

Que font les révisionnistes pour ramollir organiquement le parti m-l-m et liquider son caractère prolétarien? 

Ils détruisent, sous un prétexte ou sous un autre, sa structure compartimentée [cellulaire], pour le transformer en un parti d’assemblées et de « foules ».

Ils détruisent le centralisme démocratique du parti en fomentant l’indiscipline, l’ultra-démocratisme, le caporalisme, le libéralisme et le fractionnisme.

Ils remplacent la critique et l’auto-critique dans les organismes réguliers du parti par les attaques, les calomnies et les insinuations, en marge des organismes réguliers.

Ils aiguisent les contradictions, dont l’apparition est chose normale dans le travail révolutionnaire, en les transformant en antagonismes, au lieu de les résoudre de manière correcte, comme des contradictions au sein du peuple.

Ils détruisent la clandestinité du parti, pour le transformer en un parti totalement ouvert, avec ses assemblées, ses locaux du parti, ses contacts parallèles et ses militants fichés jusqu’au dernier.

Ils fomentent – sous le prétexte d’une croissance rapide – un recrutement à tout va, qui n’a plus rien à voir avec la lutte et la vigilance révolutionnaire, et promeuvent un développement du parti sans épuration des opportunistes.

Ils fomentent des tendances bureaucratiques et mercenaires, appuyant la construction du parti sur la base de nombreux fonctionnaires.

Toutes ces tendances organiques anti-léninistes et liquidationnistes déterminent la structure viciée du parti, mais déterminent aussi les caractéristiques des militants qui sont recrutés pour ce parti et qui sont éduqués en son sein. Un parti qui se remplira de militants ainsi faits : libéraux, indisciplinés, sans idéologie ferme, égoïstes, arrivistes, mercenaires, etc.

Ainsi, les révisionnistes, sabotant la structure léniniste, impulsent la construction d’un parti perméable au développement de leur complot et à l’influence de la ligne bourgeoise, qu’ils veulent imposer ouvertement plus tard.

Un parti incapable de résister à l’action combinée de la corruption opportuniste et de la répression bourgeoise, qui s’additionnent pour le forcer à abandonner sa ligne révolutionnaire.

Un parti dont l’organisation léniniste a été détruite par le liquidationnisme, même s’il maintient formellement une ligne révolutionnaire, sera désintégré sous la pression de la répression bourgeoise.

D’autre part, les révisionnistes infiltrés profitent de l’occasion offerte par la « nécessité » d’éviter cette désintégration et d’empêcher le départ des militants qui manquent de formation révolutionnaire pour promouvoir ouvertement l’abandon de la ligne révolutionnaire. 

Le liquidationnisme consolidé sur le plan organisationnel se transforme alors en liquidationnisme clairement politique et idéologique. Le tout mené sous le prétexte d’obtenir que la bourgeoisie ne réprime pas et ne démantèle le parti. De cette façon, par leur politique organisationnelle liquidationniste, les révisionnistes cherchent à faire un parti « pieds et poings liés », pour ensuite le forcer à se rendre à la bourgeoisie.

Comme nous l’avons dit, dans un parti m-l-m relativement solide, les révisionnistes ne peuvent pas impulser ouvertement des déviations politiques, comme ils le font dans un parti m-l-m nouveau et peu expérimenté, ou dans ceux qu’ils dirigent et contrôlent. Ils doivent camoufler profondément leur ligne bourgeoise, avec une phraséologie « marxiste ». 

Cette ligne révisionniste se caractérise essentiellement dans les partis m-l-m des pays comme le nôtre, par la négation des apports politiques du maoïsme au marxisme-léninisme.

De la même façon que les révisionnistes du passé ont tenté d’opposer Lénine à Marx et Engels, niant le développement du marxisme apporté par lui à l’époque de l’impérialisme, les révisionniste contemporains nient le maoïsme. Ils veulent congeler le marxisme à son étape léniniste, en dénaturant bien sûr complètement celui-ci. 

Ils nient le développement du marxisme-léninisme à notre époque où existe le social-impérialisme et dans laquelle la contradiction mondiale la plus aiguë est celle qui oppose l’impérialisme aux peuples qu’il opprime et exploite.

Non seulement ils nient le maoïsme en tant que développement du marxisme, mais ils tentent aujourd’hui vainement de le disqualifier et de le montrer comme « opposé » au marxisme-léninisme.

Cette négation du maoïsme leur permet d’impulser, en particulier dans des pays comme le nôtre, soumis à l’impérialisme, des déviations de « gauche » comme de droite, habillées sous les noms de « marxisme » et de « léninisme ».

Comme dans les partis m-l-m relativement solides, ils ne peuvent pas mettre en avant des déviations aussi grossières que la « voie pacifique » vers le pouvoir comme ils le font dans les partis qu’ils commandent, dans ces partis m-l-m ils font semblant d’accepter la ligne de prise du pouvoir par la voie armée. 

Mais, pour passer en contrebande, ils tentent d’opposer Lénine à Mao en rejetant les idées de ce dernier sur la façon dont doit avoir lieu la lutte armée pour le pouvoir dans les pays coloniaux, semi-coloniaux et dépendants. Ils feignent de soutenir une ligne de lutte armée «léniniste», une ligne insurrectionnelle, c’est-à-dire la prise du pouvoir au cours d’une guerre civile rapide, qui se joue essentiellement dans les grandes villes et dans laquelle la paysannerie joue un rôle secondaire.

En somme, d’une façon dogmatique, ils cherchent à ce que soit copié dans des pays comme le nôtre un modèle de révolution, déformé par leurs soins, par lequel Lénine et les bolchéviks ont pris le pouvoir en Russie au début du siècle.

Stratégie « gauchiste » et tactique droitière Ce modèle léniniste de conquête armée du pouvoir consiste comme Mao Zedong le signale à « éduquer les ouvriers et accumuler des forces au moyen d’une lutte légale de longue durée, et se préparer ainsi à renverser finalement le capitalisme ». 

Il ajoute : « Là, il s’agit de soutenir une longue lutte légale, de se servir de la tribune parlementaire, de recourir aux grèves économiques et politiques, d’organiser des syndicats et d’éduquer les ouvriers. 

Là, les formes d’organisation sont légales, les formes de la lutte non sanglantes (pas de recours à la guerre). Il ne veut pas d’autre guerre que la guerre civile à laquelle il se prépare.

Mais tant que la bourgeoisie n’est pas vraiment réduite à l’impuissance, tant que le prolétariat dans sa grande majorité n’est pas résolu à entreprendre l’insurrection armée et la guerre civile, tant que les masses paysannes n’en sont pas venues à aider volontairement le prolétariat, cette insurrection et cette guerre ne doivent pas être déclenchées.

Et lorsqu’elles le sont, il faut commencer par occuper les villes et s’attaquer ensuite aux campagnes, et non le contraire.»

En somme, les révisionnistes en posant ainsi l’insurrection, tournent le dos au fait que dans les pays coloniaux, semi-coloniaux et dépendants de l’impérialisme, la forme fondamentale de la lutte et de l’accumulation de forces sera la Guerre Populaire prolongée, et nient l’importance du rôle que la paysannerie est appelée à le jouer, avec les campagnes comme théâtre d’opérations.

Ces révisionnistes dans les partis m-l-m, abrités derrière le bouclier d’un pseudo-léninisme, en posant la stratégie de la guerre civile, de l’insurrection à décision rapide, en niant le rôle vital de la paysannerie de ces pays dans la lutte pour le pouvoir qui s’y jouera, en s’opposant à la guerre populaire prolongée, tracent une perspective stratégique « gauchiste ».

De fait, bien qu’ils le cachent ou s’en défendent, ils nient ainsi le caractère démocratico-populaire de la révolution en posant – tout comme les trotskystes – de façon immédiate l’étape socialiste de la révolution.

Toutefois, le plus grave est qu’en déformant le léninisme et s’en servant comme d’un barrage pour faire passer leur stratégie « gauchiste » dans les pays soumis à l’impérialisme, ils promeuvent en même temps une tactique et un style d’accumulation de forces liquidationniste et ouvertement droitier.

Sur le liquidationnisme dans la construction organique du parti, que nous avons décrit, s’agrège de fait toute une politique opportuniste et elle aussi liquidationniste en ce qui concerne l’accumulation de forces. Une politique qui renie entièrement les enseignements de Lénine au sujet des conditions indispensables pour la réussite de l’insurrection armée.

En effet, ils poussent les partis à se concentrer sur la lutte économiques, à mépriser la paysannerie et ses luttes; à entrer en compétition avec les autres partis bourgeois, essentiellement dans des tournois syndicaux et électoraux; à pratiquer une politique libérale totalement opposée à la clandestinité; à « développer » un front unique sur la seule base de concessions et sans lutter; à rivaliser avec les partis bourgeois en termes de votes, de fonctionnaires, de locaux du parti, de propagande faite en style commercial, etc. 

En somme, ils poussent les partis m-l-m au suivisme derrière la politique bourgeoise. Telle est la façon la plus sûre de garantir du point de vue tactique l’échec le plus complet de l’aventure insurrectionnelle qu’ils posent comme objectif stratégique.

Guerre populaire ou insurrection ?

La nécessité de prendre le chemin de la guerre populaire prolongée, indiqué par le camarade Mao, dans des pays comme le nôtre, ne vient pas d’un caprice. 

C’est un chemin imposé par les conditions objectives qui existent dans ces pays – coloniaux, semi-coloniaux et dépendants – et dans lesquels on lutte pour le pouvoir. Il ne s’agit pas non plus de « prolonger » artificiellement la guerre populaire.

Il s’agit de ne pas perdre de vue qu’elle sera nécessairement prolongée, étant donné le pouvoir de l’ennemi et les conditions dans lesquelles elle se mène. Il faut comprendre que seul l’adversaire et ses agents révisionnistes se plaît à nous voir tomber dans l’illusion que nous pourrons le vaincre facilement et rapidement, en deux ou trois batailles « décisives ». 

La domination de l’impérialisme est un fait fondamental dans la nécessité de prendre le chemin de la guerre populaire prolongée.

Cette domination impérialiste fait que la prise du pouvoir ne se résoudra pas exclusivement par une guerre civile ou une insurrection. L’avancée des forces révolutionnaires devra affronter l’impérialisme dans une guerre de caractère national et de libération.

D’autre part, le pouvoir de l’impérialisme (en particulier yankee) sur le plan international et à l’intérieur de ces pays; la faiblesse de leur développement économique dépendant de l’impérialisme; ainsi que la complicité des gouvernements réactionnaires de ces pays avec l’impérialisme yankee auquel ils sont soumis, expliquent que la lutte armée pour le pouvoir soit prolongée. 

Ce retard économique et ce pouvoir de l’impérialisme et des secteurs monopolistes internes détermine la nécessité d’abattre en premier les ennemis fondamentaux, en menant dans une première étape une Révolution Démocratique-Populaire, qui ouvrira la voie au Socialisme.

Concevoir la conquête du pouvoir comme une guerre civile ou une insurrection rapide, c’est partir du point de vue absurde selon lequel l’impérialisme yankee tolérera pacifiquement la perte de ses intérêts économiques, politiques et militaires dans les pays soumis à sa domination.

Concevoir d’autre part, l’accumulation de forces comme passant seulement et fondamentalement par les libertés démocratiques, c’est ne pas se rendre compte que dans ces pays, l’impérialisme les efface d’un seul trait de plume si elles ne conviennent plus à ses intérêts.

Le fait qu’au Chili aient existé quelques libertés démocratiques bourgeoises (par comparaison avec d’autres pays), est la conséquence principalement de la garantie que les partis révisionnistes ont offert à l’impérialisme, en tant que frein à la lutte révolutionnaire du peuple.

Que les masses se délestent de cette influence et que la lutte de classes commence à s’aiguiser, alors l’impérialisme yankee et les secteurs internes les plus réactionnaires balaieront les libertés précaires encore existantes et installeront le fascisme. 

Plus encore, si le régime fasciste n’est pas suffisant pour freiner la lutte révolutionnaire populaire, l’impérialisme interviendra militairement pour défendre ses intérêts.

Semer des illusions parmi le peuple sur la possibilité d’un triomphe rapide, par une accumulation légale de forces, n’est pas autre chose qu’une tromperie révisionniste, autant ou plus dangereuse que le mensonge d’une « voie pacifique » vers le pouvoir. 

De façon logique, l’impérialisme yankee n’intervient militairement qu’en dernier recours. En général, il n’a pas besoin de la faire ni pour affronter des tentatives insurrectionnelles, ni des « foyers de guérilla » détachés des masses. 

Pour les écraser, il lui suffit en général de soutenir et d’assister les forces armées bourgeoises répressives de chaque pays. L’impérialisme se prépare à affronter le véritable danger : le développement d’une guerre populaire dans ces pays, semblable à celle qui lui a fait mordre la poussière dans sa défaite au Vietnam.

Autant la pseudo « voie pacifique » vers le pouvoir, que la voie insurrectionnelle (unie à une tactique liquidationniste de l’accumulation de forces) et que le « foquisme », que mettent en avant les révisionnistes, n’ont comme résultats dans ces pays que l’alternance du fascisme et de la démocratie bourgeoise, de la répression et de la tromperie, de la carotte et du bâton, sans jamais mener à une prise réelle du pouvoir par le peuple. 

Seule la guerre populaire permet d’affronter et d’abattre l’impérialisme et les réactionnaires, de mener à bien la Révolution Démocratique-Populaire et d’avancer ainsi vers le Socialisme.

Lorsque les partis m-l-m agissent dans un pays où règne la répression fasciste, les révisionnistes infiltrés en son sein contribuent là aussi, non à ce que la politique de ces partis se centre sur le développement de la guerre populaire, mais à ce qu’elle mène une « lutte » – à la queue de la bourgeoisie – «pour récupérer les libertés démocratiques. »

Il est évident que dans de telles conditions, l’obtention des « libertés démocratiques », qui ne sont pas imposées essentiellement par la lutte armée populaire, ne peut avoir lieu que par des compromis ou des concessions avec la bourgeoisie.

Il faut ajouter, enfin, que le fait d’appliquer les enseignements du maoïsme au travers de la guerre populaire n’implique pas du tout que cette guerre possédera dans notre pays la même forme qu’en Chine. 

Rien ne serait plus contraire au maoïsme, qui est profondément anti-dogmatique et qui est matérialiste et dialectique, qu’une copie rigide et mécanique dans d’autres pays de l’expérience de la révolution chinoise. 

Le chemin de la guerre populaire au Chili, par exemple, devra prendre bien en compte des particularités propres à notre pays et qui n’existaient pas en Chine, autant que des traits similaires (mais pas identiques) entre les deux pays.

Il devra prendre en considération notre développement industriel comparativement plus avancé; l’existence d’un prolétariat proportionnellement de beaucoup plus nombreux; la prépondérance de la population urbaine sur la rurale et beaucoup d’autres facteurs qu’il faut saisir pour déterminer quelles seront les lois de la guerre populaire révolutionnaire au Chili, comme l’exige l’analyse maoïste. Considérant ces facteurs et d’autres, il est nécessaire de réfuter fermement les fausse stratégie et tactiques avec lesquels les révisionnistes tentent d’écarter notre peuple du juste chemin de la guerre populaire pour le pouvoir.

Tout en établissant de façon correcte le caractère de la révolution et le chemin fondamental de la guerre populaire prolongée, il faut préciser comment doit se mener le processus d’accumulation de forces pour avancer vers elle, la déclencher et la développer. 

Le rejet des méthodes opportunistes et liquidationnistes, que les révisionnistes infiltrés dans les partis m-l-m tentent de promouvoir à ce sujet, ne signifie pas qu’au Chili, dans des circonstances déterminées, on ne doive pas utiliser les syndicats, les grèves économiques et politiques, certaines élections, ainsi que la mise à profit des libertés démocratico-bourgeoises ou des lois bourgeoises, pour autant que cela se fasse au service de la préparation, du déclenchement et du développement à venir de la guerre populaire. 

Tout ceci doit se faire en maintenant fermement le caractère léniniste du parti et en combattant les formes organisationnelles et politiques du liquidationnisme révisionniste.

Déviations idéologiques

Logiquement, toute la contrebande politique que les révisionnistes tentent d’introduire dans les partis m-l-m les force à déformer complètement l’idéologie marxiste elle aussi. 

Ils se basent sur l’idéalisme et la métaphysique, avec toutes les conséquences de subjectivisme, unilatéralité, dogmatisme et révisionnisme. Sur ce chemin anti-matérialiste et anti-dialectique, ils se heurtent très vite au marxisme lui-même. 

Ils reprennent, sous le prétexte d’être « anti-dogmatiques » et de se guider sur un « marxisme créateur », le révisionnisme le plus antique et le plus pourri : les théories de Kautski et de Bernstein, autour de la « voie pacifique », « électorale » et réformiste vers le pouvoir, dans les partis qu’ils dirigent ouvertement.

Ils portent en même temps l’accusation de « dogmatisme » contre ceux qui défendent l’essence révolutionnaire du marxisme-léninisme.

Dans les partis m-l-m où ils ne peuvent pas imposer de si grossière déformations du marxisme, ils envisagent le marxisme de manière anti-dialectique et tentent de le congeler à l’étape léniniste, niant le maoïsme.

A cette fin, ils sont obligés de diffuser la métaphysique et l’idéalisme pour cacher la réalité : l’existence du social-impérialisme russe, la contradiction principale de notre époque entre l’impérialisme et les pays opprimés et exploités par lui, et autres particularités de notre époque qui ont justifié le développement du marxisme-léninisme à son étape maoïste. 

D’autre part, c’est le montage même du complot secret à l’intérieur du parti m-l-m qui les oblige à appliquer et à diffuser des principes anti-matérialistes et anti-dialectiques. 

Ils s’opposent à la théorie matérialiste de la connaissance : pour saboter la ligne de masses et le centralisme démocratique dans le montage du complot; pour semer calomnies et intrigues, aiguiser les contradictions au lieu de les résoudre correctement; pour promouvoir les éléments inconditionnels et décomposés et fomenter toute leur ligne liquidationniste. 

Ils doivent procéder ainsi parce qu’une idéologie matérialiste et dialectique correcte mettrait en évidence plus rapidement leurs intrigues, calomnies, mensonges et en général les méthodes tordues qui sont les leurs dans leur travail anti-parti. 

La morale révolutionnaire

Parmi les déviations idéologiques promues par les révisionnistes, aussi bien dans les partis m-l-m que dans ceux qu’ils contrôlent, on trouve leur opposition à la systématisation et au développement menés par le camarade Mao au sujet de la morale révolutionnaire, sur le terrain des principes.

Il est vrai qu’avant le maoïsme, existait une série de principes moraux qui caractérisaient l’activité des communistes, tel que : le courage, l’esprit de sacrifice, l’initiative, l’esprit scientifique devant les problèmes, et d’autres, mais ils n’avaient pas été systématisés de façon cohérente et rationnelle.

Surtout, ces principes moraux et le concept même de la révolution n’avaient pas été clairement fixés au principe-clef qui est : SERVIR LE PEUPLE DE TOUT COEUR.

Souvent, toutes ces vertus révolutionnaires s’inspiraient davantage de la discipline de parti et de la fidélité à celui-ci que du clair dessein de «servir le peuple de tout coeur ». 

Il en a résulté que fréquemment, ces vertus révolutionnaires tendaient plus à déboucher sur une technique efficace de la conquête du pouvoir que sur une claire conscience de pourquoi devait être pris le pouvoir.

Ce développement insuffisant et ce manque de centralisation de la morale révolutionnaire autour du principe « servir le peuple de tout coeur » a été une des causes importantes de la prédominance d’un courant révisionniste dans une série de pays où le prolétariat avait conquis le pouvoir, dirigé par des partis communistes.

En outre, même avant la prise du pouvoir, l’idée que le principe suprême est « servir le parti », et non pas « servir le peuple » au-dessus de tout, a généré des tendances sectaires qui ont détaché les communistes des masses, causant du tort à leur travail révolutionnaire et à la perspective de la révolution.

La vérité dialectique selon laquelle il faut, pour transformer en profondeur et de façon révolutionnaire la société, que ceux qui participent à ce processus et surtout les dirigeants se transforment eux-mêmes, est une clé pour le succès de la révolution et en particulier pour son avenir en marche vers le socialisme et le communisme. 

Le camarade Mao, dès le début de processus révolutionnaire en Chine, attribua un grand rôle à la morale révolutionnaire et en particulier, à son centre : le principe « servir le peuple de tout cœur. »

Actuellement, ce problème de la morale révolutionnaire a acquis une signification encore plus grande. Le retour vers le capitalisme et dans le cas de l’Union Soviétique vers le social-impérialisme, de pays où le prolétariat avait conquis le pouvoir, a à voir directement avec les problèmes touchant la morale révolutionnaire. 

Si le prolétariat et son parti d’avant-garde à sa tête, en conquérant le pouvoir politique et économique, ne se transforment pas eux-mêmes ni ne contribuent à la transformation du peuple en général, on retournera inévitablement au capitalisme. La lutte pour la transformation idéologique et morale des êtres humains qui font partie de la société socialiste une fois le pouvoir pris, est unecontradiction décisive à résoudre.

Si l’égoïsme, l’individualisme (autant l’individualisme personnel que l’individualisme en tant que nation ou chauvinisme), l’esprit mercenaire du gain, le bureaucratisme, etc. ne sont pas combattus, un contre-courant de retour au capitalisme sera inévitablement généré. 

De fait, ce contre-courant a pris le pouvoir dans divers pays où le prolétariat l’avait arraché des mains de la bourgeoisie. Dans ces pays, un capitalisme bureaucratique d’Etat et en URSS le social-impérialisme, ont pris la place du socialisme.

Dans ces pays, les moyens de production sont fondamentalement aux mains de l’Etat, mais l’Etat est aux mains d’une nouvelle bourgeoisie bureaucratique, qui loin de servir le peuple de tout coeur, exploite et opprime le peuple.

Cette division qui s’est produite dans ce qui constituait autrefois le camp socialiste et dans l’ancien Mouvement Communiste International, détermine aujourd’hui l’existence de conditions différentes pour la lutte révolutionnaire des peuples du monde.

Il ne s’agit pas seulement de la consolidation et promotion ouverte d’une ligne révisionniste mondiale, impulsée principalement par les révisionnistes soviétiques et combattue avec fermeté par les marxistes-léninistes-maoïstes. 

Il s’agit de l’existence aujourd’hui d’un faux socialisme et d’un véritable socialisme. L’existence d’un faux et d’un vrai socialisme ne concerne pas que les pays où ces faits ont lieu, car elle a aussi une influence décisive dans la lutte anti-impérialiste, pour la Démocratie Populaire, et pour le Socialisme dans les pays capitalistes. 

Les modèles d’un faux socialisme, comme les nations d’Europe de l’Est et l’URSS, et d’un socialisme authentique, comme celui qui se construit en Chine et en Albanie, ne sont pas indifférents à la lutte des peuples du monde contre l’exploitation et l’oppression.

Il est logique que les masses exploitées ne désirent pas combattre pour liquider la bourgeoisie, conquérir le pouvoir et en finir avec le capitalisme traditionnel, si le résultat est une nouvelle forme de capitalisme. Pour finir exploitées et opprimées par une nouvelle bourgeoisie bureaucratique, qui manipule à son avantage le pouvoir et les entreprises étatisées.

Il est légitime que le prolétariat et le peuple, encore dans le monde capitaliste, exigent dès AUJOURD’HUI une définition claire du vrai et du faux socialisme de la part des partis communistes qui dirigent leur lutte pour le pouvoir.

Il est naturel et juste qu’ils exigent dès maintenant, avant de conquérir le pouvoir, une NOUVELLE MORALE de la part des partis à qui ils confieront la direction de cette lutte pour le pouvoir. 

Il ne suffit pas aux masses que ces partis leur apportent seulement une science et une technique de la prise du pouvoir, elles exigent aussi une morale révolutionnaire qui garantisse que ce pouvoir sera réellement au service du peuple et sous son contrôle.

C’est-à-dire qu’elles exigent un parti composé de militants capables de combattre dès aujourd’hui l’individualisme, l’égoïsme, le bureaucratisme, l’esprit mercenaire et capables en général de se transformer eux-mêmes dans la chaleur de la lutte révolutionnaire, en vue de servir le peuple de façon désintéressée.

Il est légitime enfin qu’elles réclament de leur parti d’avant-garde une unité étroite avec ceux qui avancent correctement sur le chemin du socialisme vers le communisme, et une lutte conséquente contre ceux qui régentent un socialisme en paroles et imposent dans les faits un capitalisme d’Etat.

C’est la situation internationale elle-même, par conséquent, qui a mis au premier plan les apports du maoïsme à la systématisation de la morale révolutionnaire. Reconnaître des apports ou les nier constitue une ligne de démarcation entre les marxistes-léninistes-maoïstes et les révisionnistes contemporains.

Les comploteurs révisionnistes à l’intérieur des partis m-l-m agressent brutalement tous les principes de la morale révolutionnaire et fomentent la corruption pour monter leur « machine » d’inconditionnels. C’est un aspect de plus qui permet de les détecter, de les démasquer à temps et de les combattre.

Le Marxisme-Léninisme-Maoïsme

Il ne fait aucun doute que les révisionnistes, même s’ils comptent aujourd’hui sur l’appareil d’Etat des pays qu’ils contrôlent, seront renversés. Pour accélérer leur défaite, il est très important que les partis communistes authentiques systématisent et échangent leurs expériences de lutte contre le révisionnisme en général et contre les fractions et complots révisionnistes dans leurs propres rangs. 

Plus encore, il est de la plus grande importance de continuer à systématiser la connaissance du révisionnisme, dans ses aspects idéologiques, politiques et organisationnels, et débusquer à fond ses origines et racines historiques.

Cette systématisation est importante non seulement pour détruire totalement le révisionnisme, mais aussi pour clarifier les lois mêmes de la construction des véritables partis communistes de notre époque. « Pas de construction sans destruction » a expliqué le camarade Mao Zedong à ce propos. 

Enfin, la systématisation, dans le cours de la lutte contre le révisionnisme, de sa nature et de ses origines historiques ainsi que des lois de la construction des partis communistes à notre époque, est vitale pour avancer dans les principes idéologiques, politiques et organisationnels qui serviront de base pour avancer vers l’UNIFICATION du nouveau Mouvement Communiste International.

L’acceptation du maoïsme comme troisième étape du marxisme et son application conséquente à la lutte révolutionnaire constituera sans aucun doute un point central pour tracer une ligne de démarcation entre les marxistes authentiques et les révisionnistes contemporains, de même que pour l’unification profonde des communistes sur le plan international à notre époque.

Le maoïsme approchera de la victoire sur le révisionnisme et sur tous les réactionnaires. Ceux-ci seront inévitablement mis en déroute.

« Provocation de troubles, échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur ruine — telle est la logique des impérialistes et de tous les réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple – signale le camarade Mao – et jamais ils n’iront contre cette logique »

… et il ajoute :

« Lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec, nouvelle lutte encore, et cela jusqu’à la victoire — telle est la logique du peuple, et lui non plus, il n’ira jamais contre cette logique. » 

Plus les révisionnistes contemporains manœuvrent de façon vile, réactionnaire et écoeurante pour servir la bourgeoisie d’abord et pour se transformer eux-mêmes ensuite en bourgeoisie exploiteuse, plus ils courent à un échec retentissant.

Ils échoueront dans leur travail d’opportuniste et d’agent de la bourgeoisie dans les pays capitalistes, dans leur rôle de bourgeoisie bureaucratique et de sociaux-impérialistes dans les faux pays socialistes qu’ils contrôlent, ainsi que dans leur rôle de comploteurs infiltrés dans les véritables partis communistes.

La lutte consciente et résolue des marxistes-léninistes-maoïstes à leur encontre sera un facteur décisif dans leur défaite à plate couture.

Nous devons avoir une pleine confiance stratégique dans le succès de cette lutte, et en même temps les prendre très au sérieux tactiquement.

ABATTONS SUR TOUS LES PLANS LE RÉVISIONNISME CONTEMPORAIN!

LE MARXISME-LÉNINISME-MAOÏSME EST INVINCIBLE!

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au Chili (1960-1980)