Le matérialisme dialectique et le passage de l’unité addition/soustraction à l’unité multiplication/division

Il existe en mathématiques l’addition, qu’on oppose à la soustraction, et la multiplication, qu’on oppose à la division. En réalité, addition et soustraction relèvent d’un seul même phénomène, uni par deux aspects contradictoires, tout comme multiplication et division formant un seul phénomène eux-mêmes.

Et le phénomène que représente l’addition et la soustraction, comme contradiction, produit le phénomène qu’est la multiplication et la division.

Une addition est concrètement une soustraction et une soustraction une addition. Si l’on dit que 2+3=5, on dit en même temps 5-3=2. Il s’agit de la même chose, mais inversée, comme vue à travers un miroir. On peut dire que l’addition est le reflet de la soustraction, ou inversement que la soustraction est le reflet de l’addition.

Cette dernière démarche semble plus juste, car tout reflet est nécessairement imparfait ou plus exactement asymétrique. Cela se voit avec le caractère remplaçable des nombres dans l’addition, qu’on ne retrouve pas dans la soustraction.

Dans l’addition, on a indifféremment 2+3=5 et 3+2=5. Or, pour la soustraction, on a d’un côté la même dimension remplaçable, mais sans aboutir au même résultat, puisque d’un côté 5-3=2, de l’autre 5-2=3.

La soustraction permet de revenir aux même fondamentaux que l’addition, mais en même temps elle est en décalage. On ne retrouve pas l’identité entre 3 et 2 qu’on a dans l’addition : 2 et 3, dans la soustraction, restent différents, malgré leur liaison.

C’est en ce sens qu’on peut dire que la soustraction est le reflet asymétrique de l’addition.

La multiplication et la division découlent, comme phénomène contradictoire, de cette contradiction addition/soustraction. Cela se voit dans les caractéristiques qu’on y retrouve.

Si l’on prend la multiplication, on a indifféremment 5×2=10 ou 2×5=10. Dans la division, on a 10:2=5 et 10:5=2. On a pareillement l’identité dans la multiplication, comme dans l’addition, et la différence dans la division, comme dans la soustraction. 2 et 5 sont remplaçable dans la multiplication, pas dans la division.

Ce qui change par contre pour la multiplication/division par rapport à l’addition/soustraction, c’est que la première relève de la qualité, la seconde de la quantité.

Dans l’addition comme la soustraction, on fonctionne suivant le principe de l’accumulation. On peut tout à fait remplacer un chiffre par des bâtonnets, on est dans un calcul très facile à saisir pour l’esprit puisqu’on ajoute, on retranche et qu’on peut le faire sans interruption aucune, en continuité.

On a ainsi I I I I I auquel on enlève II, ce qui donne I I I, auquel peut ajouter I I I I I ce qui donne I I I I I I I I ; on peut ajouter, soustraire, on s’y retrouve très facilement.

Cela n’est pas vrai pour la multiplication et la division. Pour le comprendre, on peut s’appuyer sur la légende de la naissance du jeu d’échecs en Inde. Ayant inventé le jeu pour le roi, Sissa demanda qu’on lui fournisse du riz de la manière suivante : un grain de riz pour la première case du jeu, deux pour la seconde, quatre pour la troisième, huit pour la quatrième, et ainsi de suite.

Sur le plan mathématique, Sissa a demandé qu’on double le nombre de grains de riz à chaque case. Le roi accepta la demande, sauf que si on double le grain de riz depuis la première case jusqu’à la soixante-quatrième, on obtient au final plus de 18 milliards de milliards de grains de riz.

Le roi avait raisonné en termes d’addition, pensant que le processus correspondrait à 1, 1+1, 2 +2, 4+4, 8+8,16+16, etc. et que cela n’irait pas bien loin. En réalité, il s’agissait du passage de la quantité à la qualité, de l’addition à la multiplication.

Cela se comprend si on regarde l’échiquier dans son ensemble. Si l’on prend deux cases qui se suivent, on reste dans l’addition. Mais dès qu’on voit les chiffres, on constate qu’on est dans des proportions propres à la multiplication.

Voici justement quelques exemples de multiplications qu’on retrouve au travers des nombres qui doublent. On ainsi 32×8192=262144, 4096×8388608=34359738368, etc.

Ce qui est cohérent puisqu’on double à chaque fois, qu’il s’ensuit la mise en place d’une proportion et que la multiplication reflète cette proportion. Autrement dit, lorsqu’on double à chaque fois, procédant à une addition de deux nombres identiques, il s’ensuit un rapport entre les nombres qui sont le produit de cette addition, qu’on retrouve sous la forme de proportion visible dans la multiplication.

L’erreur du roi en Inde consistait précisément à s’en tenir à un développement linéaire – accumulatif, là où en réalité le mouvement d’addition connaissait un saut qualitatif aboutissant à un développement inégal procédant par bonds.

C’est un excellent exemple de comment la multiplication/division est issue de l’addition/soustraction, par l’établissement de nouveaux rapports, de nouvelles liaisons internes.

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Sur la déclaration révisionniste « Non à la guerre mondiale! Non à la guerre nucléaire! »

Nous voulons ici attirer l’attention sur une déclaration anti-guerre de juin 2022, rendue publique début juillet 2022 et signée par l’ensemble des courants politiques issus de la gauche du Parti « Communiste » Français des années 1990. Cette déclaration véhicule une lecture erronée de la guerre, en raison d’une conception non scientifique de ce qu’est le capitalisme.

Cette déclaration commune contient d’ailleurs toute une série d’erreurs et de fautes en termes d’économie politique. Nous voulons cependant ici souligner le point le plus essentiel, car il forme l’aspect principal et qui veut sincèrement combattre la guerre doit absolument le comprendre.

Il est possible de résumer notre critique en disant que nous sommes fidèles à la conception de la guerre comme « repartage du monde » exprimée par Lénine dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, alors que la déclaration reprend la conception erronée d’un impérialisme comme « militarisme » développée notamment par Rosa Luxembourg dans L’accumulation du capital.

Tout peut être compris à partir de comment la déclaration présente ce que seraient les « causes » des guerres :

« Les guerres à répétition qui ont éclaté depuis la dissolution du Pacte de Varsovie ont toutes les mêmes causes : le besoin de repousser à plus tard les effets de la crise aggravée du capitalisme tardif, donc de conquérir des marchés, de lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit et d’assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels, quasiment le seul secteur industriel à n’avoir pas été délocalisé dans le cadre du capitalisme mondialisé.

Le système dominant a ainsi démontré que dans sa course poursuite vers la stagnation, la régression et la folie destructrice, il ne reculait devant aucune violence, aucune guerre, aucune manipulation, aucune provocation. »

Si l’on va au fond des choses, ces lignes reflètent la conception révisionniste selon laquelle l’impérialisme aurait cédé la place à un « capitalisme monopoliste d’État ». Cette thèse a été développée dans les années 1950-1960 à la fois en URSS par Eugen Varga et en France par Paul Boccara, puis adoptée comme idéologie officielle tant par l’URSS que l’ensemble des « partis communistes » qui lui étaient liées.

Les signataires de la déclaration commune s’alignent justement tous sur cette conception, car ils sont issus de l’opposition interne au sein du Parti « Communiste » Français des années 1990 – il s’agit du Comité internationaliste pour la solidarité de classe, du Rassemblement communiste, du Pôle de Renaissance communiste en France, de l’Association nationale des communistes, du Parti communiste révolutionnaire de France, des Jeunes pour la Renaissance communiste en France.

Cependant, les signataires cherchent à masquer cela et procèdent pour cette raison par allusions et par manipulation. Ils ne peuvent en effet pas ouvertement assumer qu’ils se fondent sur une conception révisionniste des années 1960 : cela nuirait à l’image qu’ils veulent donner et ils ne veulent de toutes façons pas assumer l’économie politique, afin de toujours se donner des portes de sortie, par opportunisme. C’est de cela qu’il ne faut pas être dupe et c’est cela que nous voulons démasquer.

Les mots-clefs sont ici « capitalisme tardif », « stagnation », « régression », « folie destructrice », « manipulation », « provocation », tous correspondant à la thèse révisionniste du « capitalisme monopoliste d’État », avec pour cette raison une définition erronée des objectifs de la guerre : « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels ».

Selon en effet la thèse révisionniste du capitalisme monopoliste d’État, le capitalisme aurait dépassé le stade impérialiste en atteignant un stade « organisé ». Le capitalisme serait ainsi justement « tardif », en « stagnation », en « régression », il maintiendrait toutefois son existence en manipulant la société au moyen de l’État.

Autrement dit et pour résumer, les monopoles capitalistes auraient effectué une main-mise fusionnelle sur l’État et seraient en mesure d’organiser et de réorganiser l’économie comme bon leur semble. C’est le principe de privatiser les profits et socialiser les pertes. Cela sauverait le capitalisme qui aurait fait sans cela son temps.

Eugen Varga explique cette thèse de la manière suivante dans Le Capitalisme au vingtième siècle (1961), un ouvrage majeur du révisionnisme :

« L’alliance des monopoles et de l’État est effectué principalement sous la forme de la fusion des monopoles et de la machine d’État. Les monopoles envoient leurs représentants à des postes dirigeants dans le gouvernement, comme ministres, sénateurs ou membres du parlement.

La réciproque est également vrai – des généraux, des diplomates et des ministres quittent fréquemment le service du gouvernement pour des postes hautement payés dans les monopoles.

L’alliance prend aussi la forme de décisions communes au sujet de questions économiques importantes (…).

Le capitalisme monopoliste d’État pleinement développé se manifeste principalement par la régulation étatique de l’économie, des entreprises possédées par l’État et l’appropriation et la redistribution d’une plus part du revenu national par l’État. »

Cette interprétation des faits servait à justifier une alliance populiste contre uniquement les grands monopoles et non plus la bourgeoisie, en présentant également l’État comme un outil neutre qu’on pourrait récupérer pour ensuite faire l’inverse des monopoles. Mais là n’est pas ici la question ; ce qui compte, c’est que cette thèse aboutit à une définition de la guerre comme une tentative de « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels ».

Cela est erroné, car cela présente la guerre comme des poussées quantitatives qui seraient choisies de manière rationnelle. C’est la réduction de la guerre à une sorte de militarisme pragmatique utilisée par des manipulateurs tirant les ficelles en ce sens. Les grands capitalistes seraient « conscients » de ce qui leur manque et agirait en fonction, en manipulant les gens et en donnant libre cours au militarisme.

Mais précisons ici tout de suite quelque chose de très important, le document considérant que la guerre est apparue sous sa forme actuelle en 1991.

Est-il juste que depuis la dissolution du Pacte de Varsovie, en février 1991, le capitalisme a eu besoin de « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels » ?

Absolument pas. De 1991 à 2020, le capitalisme a connu une formidable expansion. Il a connu un saut qualitatif en multipliant les marchés, en développant les forces productives. Il a profité comme on le sait de la Chine passée au capitalisme après la mort de Mao Zedong et de l’intégration des pays de l’Est européen dans le dispositif capitaliste occidental.

Il suffit de voir qu’aujourd’hui on utilise quotidiennement des ordinateurs portables, des smartphones et internet pour saisir comment le capitalisme a développé des technologies majeures depuis 1991. Des barrières morales, culturelles, politiques, idéologiques… sont également tombées, permettant au capitalisme d’ouvrir de nouveaux marchés.

Dans les faits, le capitalisme a très puissamment développé la consommation au cours des trois dernières décennies, façonnant une société capitaliste de bout en bout, sans commune mesure avec auparavant. Il faut être nostalgique de l’URSS social-impérialiste des années 1980 pour ne pas le voir. Nier l’expansion capitaliste depuis 1991 est aberrant.

Cela est très important, car cela montre que pour les signataires de la déclaration commune, le capitalisme ne serait pas en mesure de se développer par lui-même, il devrait chercher pour ainsi dire à l’extérieur de lui-même pour connaître une expansion. Le capitalisme ne pourrait pas se suffire à lui-même sans se ratatiner, l’accumulation du capital aurait forcément et uniquement besoin de ressources extérieures.

Rosa Luxembourg fut la grande théoricienne de cette conception où le capitalisme devait forcément profiter d’une zone non capitaliste pour être en mesure de connaître une expansion. Eugen Varga et Paul Boccara, avec leur thèse du « capitalisme monopoliste d’État », ont ensuite réédité l’erreur de Rosa Luxembourg quant à l’accumulation du capital.

Or, c’est là ne pas comprendre le développement en spirale et le fait que le capitalisme s’appuie non seulement sur le capital qui produit des marchandises, mais également sur le capital produisant les moyens de produire les marchandises. Les deux processus forment un mouvement dialectique. C’est cela qui permet l’élargissement des forces productives et du marché capitaliste.

Si l’on voit uniquement ce mouvement dialectique renforçant les forces productives, alors on bascule dans la conception d’Eduard Bernstein et du réformisme en général, puisque le capitalisme semble se développer sans limites. Et si on ne voit pas ce mouvement, comme Rosa Luxembourg, on est obligé d’inventer des fantasmagories pour expliquer que le capitalisme existe encore alors qu’il est censé être agonisant.

C’est là justement le sens de la conception révisionniste du capitalisme monopoliste d’État : le capitalisme, pour se développer, devrait ainsi chercher dans les poches des travailleurs, du capitaliste voisin ou du capitaliste étranger. On en arrive alors à l’opposition entre une poignée d’ultras grands capitalistes et la société, à une sorte de super parasitisme.

C’est la raison pour laquelle la déclaration commune ne parle justement pas des travailleurs, des ouvriers, des prolétaires, mais des « forces du travail et de citoyenneté », ce qui correspond ici à la conception populiste des 99 % contre les 1 % d’ultras-riches – la déclaration n’employant pas non plus le terme de bourgeoisie.

La déclaration commune des révisionnistes aboutit ainsi à une présentation des Français qui vivraient dans toujours plus de pauvreté, avec une France où la misère s’installerait, et emmenée dans la guerre comme malgré elle, en raison d’une poignée de parasites utilisant « consciemment » le militarisme.

Les rares acquis tiendraient dans ce panorama misérabiliste des « conquêtes sociales obtenues par des luttes menées par les révolutionnaires tout au long du siècle précédent », ce qui est tout simplement ridicule pour quiconque voit le riche capitalisme français puissamment développé et aligné sur les avancées de la superpuissance impérialiste américaine. Ni Netflix, ni les télévisions écran plat, ni les McDonald’s, ni les commandes par Amazon ne sont des « conquêtes sociales » du siècle dernier, alors qu’elles font (malheureusement) partie de la vie quotidienne des masses en France.

La vérité est que les révisionnistes nient le développement du capitalisme depuis 1991, ils reprennent à leur compte la lecture erronée d’un capitalisme ne pouvant subsister que par des conquêtes extérieures, et ainsi, par un esprit unilatéral, confondent la paupérisation générale – les masses deviennent plus pauvres en général – avec la paupérisation relative, où les masses ont un meilleur niveau de vie tout en étant toujours plus pauvres en comparaison avec les couches dominantes, relativement à la masse des valeurs produites.

Cela reflète précisément leur base sociale : l’aristocratie ouvrière, c’est-à-dire la partie du prolétariat vendue à la bourgeoisie depuis les années 1960, par l’intermédiaire de la CGT, devenue une « force de proposition » pour mieux gérer les entreprises. Il faut rappeler en ce sens que tant le Parti « Communiste » Français que la CGT ont été farouchement opposés au mouvement de Mai et Juin 1968. Ils pensaient « réformer » l’État et lui conférait une nouvelle orientation, pas le détruire et le remplacer par un État socialiste de nature fondamentalement différente.

Tout cela est essentiel, car cela montre en quoi la définition de la guerre par les révisionnistes est erronée. Selon eux, il s’agit par la guerre de « conquérir des marchés », « lutter contre la baisse tendancielle des taux de profit », « assurer l’augmentation des bénéfices des complexes militaro-industriels ».

Or, en réalité, la guerre impérialiste n’est pas un « choix » de la part d’un capitalisme organisé, ni des poussées organisées en des sens précis. C’est le produit inévitable du chaos propre au capitalisme en crise générale, comme la bataille pour le repartage du monde.

L’Internationale Communiste expliquait à son septième congrès en 1935 dans sa résolution sur la préparation d’une nouvelle guerre mondiale par les impérialistes que :

« La crise économique mondiale et la rupture de la stabilisation capitaliste ont engendré une extrême instabilité de toutes les relations internationales. L’aggravation de la lutte sur le marché mondial, rétréci l’extrême à la suite de la crise économique, a conduit une guerre économique acharnée. En fait, le nouveau partage du monde a déjà commencé. »

La guerre impérialiste est une guerre de repartage. Ce n’est pas que les capitalistes ne font plus de profits, c’est qu’ils n’en font pas assez par rapport au cours naturel de l’accumulation capitaliste, et qu’il faut compenser cela. Et cette faiblesse a comme base la crise générale du capitalisme.

Concrètement, l’inégalité de développement dans la période d’accumulation élargie du capital n’engendre pas directement des rapports antagoniques entre les puissances impérialistes. Mais dès qu’un grippage absolu dans l’accumulation apparaît, c’est-à-dire lors de la crise générale, l’inégalité de développement enfante nécessairement des contradictions antagoniques qui ne peuvent que se résoudre par la guerre, plus précisément la guerre de repartage, soit pour conserver le statu quo pour la puissance hégémonique ayant bénéfice de la période antérieure, soit pour combler l’inégalité pour la principale puissance lésée par la période antérieure ou du moins non hégémonique

C’est pour cette raison que nous avons affirmé au début de l’année 2020 que le capitalisme connaissait sa seconde crise générale avec la pandémie et que nous avons annoncé dès avril 2021 qu’il y aurait la guerre en Ukraine : nous avions compris la nature de la nouvelle période.

Les révisionnistes ne considèrent pas qu’il y ait une césure en 2020. Pour eux, le capitalisme est en crise générale depuis 1917, ce qui est totalement ridicule. La thèse d’un mode de production qui est en crise générale sur un siècle tout en développant de manière formidable les forces productives est totalement incohérente du point de vue des enseignements de Marx et Engels.

Encore faut-il comprendre que Lénine et Staline prolongent Marx et Engels, que Mao Zedong prolonge Lénine et Staline. Sans cela, on ne comprend pas le matérialisme dialectique, et on bascule dans des conceptions unilatérales et fantasmagoriques, comme ce capitalisme monopoliste d’État qui maintiendrait en vie le capitalisme, avec la guerre qui correspondrait de manière pragmatique au « besoin de repousser à plus tard les effets de la crise aggravée du capitalisme tardif ».

Voilà en quoi la déclaration commune des révisionnistes est pernicieuse : elle prétend dénoncer la guerre, mais en réalité elle diffuse en contrebande des conceptions erronées, une vision totalement fausse de la réalité.

Et, sur le plan politique, elle masque le fait qu’en France, la situation se caractérise jusqu’à présent non pas par une misère de masse se systématisant – ce n’est pas encore le cas, cela va arriver mais cela découle de la crise générale -, mais par l’expansion des rapports marchands à toutes les sphères de la vie sociale, aux dépens toujours plus de la Nature.

On ne saurait attendre toutefois des signataires de la déclaration qu’ils comprennent cette question de la Nature, notamment celle des animaux, puisque pour eux le capitalisme n’est qu’un phénomène abstrait et ininterrompu, une abstraction théorique linéaire, et certainement pas un mode de production contradictoire où l’humanité produit et reproduit ses conditions réelles d’existence.

Il faut assumer le marxisme-léninisme-maoïsme pour avoir une vision du monde correcte et être capable de se fonder sur le matérialisme dialectique. C’est alors qu’on comprend réellement ce qu’est la guerre impérialiste, à savoir la crise générale du capitalisme produisant le chaos de la compétition capitaliste et amenant les grandes puissances à la bataille pour le repartage du monde – et non pas un choix conscient d’un capitalisme moribond porté à bout de bras par un État « neutre » manipulé pour être à son service.

C’est alors qu’on comprend la nature capitaliste de la société française, façonnée par sa réalité impérialiste, et ce à tous les niveaux. Dans un pays comme la France de notre époque, combattre la tendance à la guerre sur une base juste sur le plan conceptuel implique de combattre non seulement l’OTAN et le complexe militaro-industriel français, mais aussi et surtout le capitalisme sur ses propres fondements internes – ce qui implique une rupture au sein des masses françaises en elles-mêmes, par rapport à leur routine dans le capitalisme, car c’est précisément cette routine qui conduit implacablement à l’acceptation de la guerre sur tous les plans, comme évolution « naturelle » du mode de production capitaliste.

On l’a bien vu en 1914 où la routine capitaliste a empêché les masses françaises de comprendre la nature de la guerre impérialiste. Lénine et les bolcheviks ont inversement réussi à affronter la guerre impérialiste, car ils assumaient cete rupture qui exige une idéologie de classe et une direction culturelle sur une base prolétarienne imposant à chaque étape la clarification de la ligne rouge à suivre pour élever sans cesse le niveau de conscience et de combativité des forces engagées dans la lutte.

C’est la raison pour laquelle, à l’école de Lénine, il faut implacablement démonter toutes les lignes erronées qui faussent la route vers la rupture de masse à mesure que la situation nécessite profondeur et recul critique, clarté et évidence dans la ligne rouge.

C’est par le marxisme-léninisme-maoïsme et uniquement par le marxisme-léninisme-maoïsme qu’on peut saisir la réalité des contradictions actuelles dans le monde, qui déchirent la paix et nous précipitent dans la guerre.

« Nous considérons qu’il existe trois contradictions fondamentales, dans cette situation en perspective où nous évoluons.

La première et la principale contradiction est celle entre nations opprimées, d’un côté, et superpuissances et puissances impérialistes, de l’autre –même si c’était une redondance, nous préférons les énumérer ainsi pour que ce soit clair- ; une telle contradiction trouve sa solution dans la révolution démocratique, avec la guerre populaire.

Une deuxième contradiction fondamentale, c’est prolétariat-bourgeoisie ; celle-ci se règle avec des révolutions socialistes et des révolutions culturelles prolétariennes, également au moyen de la guerre populaire, et j’insiste, tout en considérant le type de révolution et les conditions spécifiques de chaque pays.

Une troisième contradiction, c’est celle entre les impérialistes, entre les superpuissances, entre les superpuissances et les puissances impérialistes, et entre les puissances impérialistes elles-mêmes.

Ces contradictions, entre eux, se règlent par des agressions, des guerres impérialistes et visent à définir l’hégémonie de la domination du monde dans une Troisième Guerre Mondiale.

Pourquoi les plaçons-nous dans cet ordre? Parce que c’est ainsi que nous considérons leur ordre d’importance ; nous insistons sur le fait que la contradiction nations opprimées, d’un côté, et superpuissances impérialistes et puissances impérialistes, de l’autre, est la contradiction principale et qu’elle est de grande importance pour la révolution mondiale.

À notre avis, cela a un rapport avec le poids des masses dans l’histoire ; il est évident que l’immense majorité des masses qui peuplent la Terre, vivent dans les nations opprimées ; de même, il est évident que les populations des nations opprimées s’accroissent quatre fois plus rapidement que celles vivant dans les pays impérialistes.

Si nous appliquons le principe qui dit que ce sont les masses qui font l’histoire, si nous tenons compte du fait que la Seconde Guerre Mondiale a mis les masses debout politiquement (comme le reconnaissent, même les conseillers réactionnaires des États-Unis), nous pensons qu’une guerre mondiale engendrée par la contradiction entre les impérialistes serait une nouvelle guerre inter-impérialiste pour l’hégémonie mondiale et le partage de la Terre, donc le partage du butin.

Le butin, ce sont les nations opprimées, et donc ils seraient obligés d’occuper notre territoire pour nous dominer ; et ainsi, à nouveau, la contradiction principale redevient la contradiction entre les masses opprimées, d’un côté, et les superpuissances et puissances impérialistes de l’autre.

Nous y croyons fermement. Ce n’est pas, comme le disent certains, par chauvinisme d’appartenir aux pays ou aux nations opprimées ; non, ce n’est pas cela ; c’est la tendance que montre l’histoire ; c’est le poids de la masse dans l’histoire et, de plus, les faits le démontrent peu à peu que c’est avec la lutte qui se livre dans les nations opprimées que l’impérialisme s’enfonce et se ruine de plus en plus ; ce sont des faits irréfutables.

Par conséquent nous considérons que cette contradiction principale est d’une grande importance ; elle est décisive pour balayer l’impérialisme et la réaction de la face de la Terre à condition que la révolution mondiale soit commandée et guidée par le marxisme-léninisme-maoïsme, que se développent des partis communistes basés sur cette idéologie et que soit assumée la guerre populaire, et j’insiste encore une fois, suivant le type de révolution et les conditions spécifiques. »

Gonzalo, dirigeant du Parti Communiste du Pérou, 1988

Combattre la guerre impérialiste exige une compréhension adéquate des contradictions dans le monde et de leur évolution. C’est là le rôle de l’avant-garde authentiquement communiste, portant la ligne rouge et la rendant victorieuse sur les lignes noires.

Guerre à la guerre impérialiste, guerre à l’OTAN !

Vive le marxisme-léninisme-maoïsme, à bas le révisionnisme !

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
Juillet 2022

[Le document critiqué est téléchargeable ici.]

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L’OTAN met en place une force de réaction à l’échelle d’une armée conventionnelle en Europe – c’est l’annonce d’une guerre impérialiste !

Nous prévenons les travailleurs de Belgique et de France que, désormais, l’engrenage menant à une guerre de dimension continentale en Europe est enclenché. Lors de son sommet de Madrid des 29 et 30 juin 2022, l’OTAN a en effet décidé de porter à au-delà de 300 000 soldats sa « force de réaction », contre 40 000 jusqu’à présent. Cela implique à la fois que la superpuissance impérialiste américaine va envoyer des troupes en Europe et que l’ensemble des forces militaires européennes va passer sous le commandement direct de l’OTAN.

L’objectif est de disposer d’une force armée suffisante pour affronter et mettre en déroute l’armée russe. Le chef d’état-major de l’armée britannique a expliqué en ce sens que 2022 était l’équivalent de l’année 1937, alors que la Suède et la Finlande sont désormais en train de rejoindre l’OTAN et donc de permettre une présence accrue sur le flanc nord de la Russie.

Au sujet de ce dernier pays, il faut souligner que c’est un pays impérialiste qui a des visées néo-impériales, comme le montre ses intentions en Ukraine. Son président Vladimir Poutine se voit marcher dans les pas prétentieux des tsars et compte « rétablir » une vaste zone d’influence.

Ce n’est toutefois qu’un aspect de la question, car l’Ukraine avait également été transformée en bastion militaire agressif par la superpuissance impérialiste américaine.

Cette dernière compte en fait organiser un affrontement à vaste échelle sur le continent européen, cela dans le but de maintenir son hégémonie en écrasant la Russie, d’affaiblir par là indirectement ainsi la Chine, d’en même temps mettre au pas les pays européens et de contrer son propre déclin. Il ne s’agit pas d’un complot de la superpuissance impérialiste américaine, qui n’a nullement un regard matérialiste sur elle-même, mais l’expression de sa tentative de surmonter ses propres faiblesses historiques.

L’objectif de la superpuissance impérialiste américaine de maintenir son hégémonie mondiale est le moteur d’un processus généralisé de militarisme occidental et de réimpulsion du capitalisme, notamment par l’élargissement du marché à de nouveaux domaines. Cela correspond à toute une époque historique, où le capitalisme connaît une crise générale en raison d’une expansion bloquée, où il y a désormais une bataille sino-américaine pour le maintien de l’hégémonie ou son obtention, avec une multitude d’autres contradictions impérialistes qui ont toujours comme substance la bataille pour le repartage du monde.

En ce sens, « l’OTAN, c’est la guerre impérialiste et la contre-révolution préventive » (20 thèses finales des Brigades Rouges, 1980).

C’est-à-dire que la mobilisation militariste prend une place centrale également en raison de la vaine tentative de souder l’ensemble des États européens dans une vaste chaîne impérialiste pour renforcer la stabilité d’un grand marché capitaliste qui reste sous contrôle dans un monde en proie aux troubles. C’est la tentative de l’impérialisme qui périclite de se revitaliser par la constitution d’un noyau dur plus large, plus actif, plus homogène.

Le militarisme exprime ici un redéploiement structurel visant à empêcher la recomposition du prolétariat à travers la crise générale. Les restructurations en permanence et le maintien d’une société de consommation sont le moyen pour le capitalisme d’avoir un coup d’avance sur le prolétariat, de le désorienter, de le diviser et de l’atomiser.

C’est la raison pour laquelle, de manière absolument indiscutable, l’Union européenne et l’OTAN sont deux structures qui forment deux aspects d’un seul et même processus. Ce processus est indéniable. Les sociétés belge et française se voient par conséquent toujours plus pénétrées et déterminées, dans tous les domaines et à tous les niveaux, par la réimpulsion capitaliste qu’implique l’Union européenne et par la marche à la guerre qu’implique l’OTAN.

C’est cela qui forme le contenu de la troisième guerre mondiale qui a de fait commencé le 24 février 2022 avec l’invasion russe de l’Ukraine, mettant à jour le niveau des contradictions inter-impérialistes dans la situation mondiale qui inévitablement primeront jusqu’à emporter le monde dans la guerre pour un grand repartage. Le capitalisme à l’époque de la crise générale peut parvenir à des restructurations et les réaliser, mais dans tous les cas la guerre est inévitable en raison des contradictions inter-impérialistes toujours plus aiguës.

Déjà on voit que toutes les initiatives des États s’inscrivent dans cette perspective de compétition mondiale, afin de renforcer un camp et d’en affaiblir un autre. Chaque pays cherche à se placer pour profiter du gâteau de la redivision du monde ou pour éviter de trop relever du butin à partager.

Nous affirmons ici qu’il ne faut jamais reculer devant la dimension démesurée de ses propres buts et qu’il faut se préparer à affronter la guerre impérialiste. Il faut contrer la tendance à la guerre, saboter les entreprises impérialistes, affirmer que l’ennemi est dans son propre pays et aller dans le sens de la guerre civile. La Belgique et la France sont des puissances impérialistes, leur nature est réactionnaire ; les régimes capitalistes de la Belgique et de la France sont une partie du problème et non de la solution.

La solution tient à l’inexorable cours de l’histoire, où les pays visent l’indépendance, les nations la libération, les peuples la révolution. Chaque pays doit pouvoir vivre en paix et sans interférence extérieure ; chaque nation doit être libre et ne pas connaître le joug d’une autre nation ; le peuple exige la justice par l’instauration d’une démocratie qu’il fait lui-même vivre.

Nous affirmons pour cette raison qu’aucun pragmatisme n’est possible et qu’il n’y a aucune raison qui puisse être valable pour se placer sous la coupe d’une superpuissance impérialiste ou d’une puissance impérialiste. Il n’y a jamais lieu de converger avec la tendance à la guerre sous quelque forme que ce soit, parce que l’intérêt des masses mondiales est en contradiction formelle avec les démarches d’affrontements militaires conquérantes.

Par là même, en raison des exigences de l’internationalisme prolétarien, l’ennemi est dans son propre pays et il faut toujours être à la hauteur des exigences, et partant de là aller résolument dans le sens de procéder au sabotage de son propre impérialisme. Cela est d’autant plus vrai que la tendance à la guerre déchire la pacification sociale mise en place par l’impérialisme, appauvrit les masses, provoque une situation révolutionnaire. Mao Zedong nous enseigne que soit la révolution conjure la guerre, soit la guerre provoque la révolution.

C’est pour nous préparer à ce défi historique que nous avons œuvré jusqu’à présent à défendre, arborer et appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme, notre idéologie qui est l’expression politique du matérialisme dialectique, vision du monde du prolétariat. Nous avons combattu le révisionnisme et affirmé les fondamentaux du Communisme, en assumant l’idéologie de l’URSS de Staline des années 1950 et de la Chine populaire de Mao Zedong de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

C’est là le patrimoine incontournable pour assumer l’expression prolétarienne des choses et être capable d’ouvrir un espace révolutionnaire pour faire face au défi de notre époque qu’est la guerre impérialiste. Le capitalisme tourne inévitablement à l’impérialisme et rend la guerre inéluctable. Pour vaincre la guerre, il faut donc assumer l’Histoire et ses exigences. Mao Zedong nous enseigne que :

« La guerre, ce monstre qui fait s’entretuer les hommes, finira par être éliminée par le développement de la société humaine, et le sera même dans un avenir qui n’est pas lointain. Mais pour supprimer la guerre, il n’y a qu’un seul moyen: opposer la guerre à la guerre, opposer la guerre révolutionnaire à la guerre contre-révolutionnaire, opposer la guerre nationale révolutionnaire à la guerre nationale contre-révolutionnaire, opposer la guerre révolutionnaire de classe à la guerre contre-révolutionnaire de classe…

Lorsque la société humaine en arrivera à la suppression des classes, à la suppression de l’État, il n’y aura plus de guerres — ni contre-révolutionnaires, ni révolutionnaires, ni injustes, ni justes. Ce sera l’ère de la paix perpétuelle pour l’humanité. En étudiant les lois de la guerre révolutionnaire, nous partons de l’aspiration à supprimer toutes les guerres; c’est en cela que réside la différence entre nous autres communistes et les représentants de toutes les classes exploiteuses. »

C’est le sens des mots d’ordre « Guerre à la guerre impérialiste ! Guerre à l’OTAN ! ». Ce sont les mots d’ordre que nous prônons alors qu’un mortel engrenage a été déclenché. La guerre du peuple est la réponse à la guerre impérialiste ; la 3e guerre mondiale connaît son pendant dialectique : la guerre populaire mondiale.

Nous dépasserons les divisions nationales et instaurerons la République socialiste mondiale !

1er juillet 2022

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

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