L’Humanité est incomplète jusqu’au Communisme

Tiré de Connexions N°3, publié prochainement

1. L’Humanité est née comme espèce animale sortant de la Nature, mais tant qu’elle n’y est pas retournée, elle est incomplète, déformée, insatisfaite, dénaturée. Il y a un mouvement historique, élancé par une série de sauts qualitatifs de l’évolution de notre espèce, selon des modalités diverses, articulant les développements des habiletés et des capacités manuelles et intellectuelles. Ce processus s’est étalé sur des milliers et des milliers d’années et a été partout marqué par des éléments comme la maîtrise de la station debout, la maîtrise du feu, la capacité à produire des outils, le développement du langage. L’Humanité est ainsi progressivement entrée dans l’histoire dès lors que des sociétés élémentaires se sont formées, avec comme saut décisif l’agriculture et la domestication des animaux, qui a permis la formation du premier mode de production complet sur la base de l’esclavage, passant ensuite par le mode de production féodal puis le capitalisme, qui aboutira au socialisme et enfin au Communisme, qui est le retour de l’Humanité, telle que formée par l’Histoire, à la Nature.

2. L’Humanité a connu un parcours particulier en raison du développement inégal de l’évolution des êtres vivants sur la planète Terre, néanmoins cette dernière forme une Biosphère où aucune espèce ne peut exister de manière séparée ou de manière antagonique avec le reste. Ce parcours est en lui-même le reflet de l’évolution symbiotique de la matière sur notre planète au sein du Cosmos, ayant permis à l’Humanité, comme matière pensante, de prendre conscience de la symbiose planétaire et de la nécessité de porter la Vie partout où cela est possible.

3. L’agriculture et la domestication des animaux correspondant à la systématisation du patriarcat en lieu et place du matriarcat des origines, alors tout comme le prolétariat est le protagoniste du passage du capitalisme au socialisme, ce sont les femmes qui porteront le passage du socialisme au Communisme. En ce sens, le Communisme est en quelque sprte le retour naturel au matriarcat, renforcé par le passage par l’Histoire.

4. Le processus de sortie de la Nature et de retour à elle implique des tourments profonds pour l’Humanité. L’Humanité est incomplète jusqu’au Communisme, et l’histoire tourmentée de ce processus implacable porte en lui une dimension nécessairement tragique dont les révolutionnaires, comme avant-garde éclairée de l’Humanité, doivent prendre toute la mesure.

5. Tout d’abord, l’Humanité a connu le développement du cerveau, l’acquisition d’une conscience. C’est de là que naît l’opposition entre le bien et le mal, c’est-à-dire entre la découverte de la joie, du bonheur, de l’amusement, de la satisfaction, et les affres des carences sur le plan de l’alimentation, de la faim en général, du froid, des blessures, et de la mort. Cet acquis de grande valeur a aussi été une source d’égarement pour l’Humanité, de par le caractère tortueux et inégal de ce développement. Les carences alimentaires, la découverte des substances psychoactives aussi bien que les difficultés à maîtriser la conceptualisation ont provoqué la confrontation aux hallucinations d’une part et d’autre part, subjuguée par la puissance de l’imagination, l’Humanité a été entraînée à se confronter à la déformation erronée du réel, base de développement de tous les idéalismes et de l’irrationnel. Ces égarements toxicomanes, idéalistes, superstitieux et irrationnels seront anéantis dans le Socialisme, qui se caractérisera par un vaste processus éducatif de toute l’Humanité, avant l’entrée dans le Communisme comme règne de la Raison et de la Science reflétant toujours plus précisément et exactement le mouvement de la matière éternelle.

6. L’Humanité a développé ses moyens d’existence, par des forces productives en expansion. Mais les modes de production le permettant ont impliqué des guerres, l’esclavage, l’exploitation de l’Humanité par l’Humanité, la destruction de la Nature et l’asservissement des animaux. L’Humanité n’a pas compris le processus général en cours, malgré des tentatives idéologiques incomplètes et toujours rattrapées et limitées par les superstitions et les erreurs idéalistes, avant que n’intervienne Karl Marx.

7. Sur la base d’une partie significative du meilleur de l’immense héritage progressivement accumulé par l’Humanité au cours de sa tortueuse histoire, Karl Marx est le premier à avoir compris que l’Humanité se faisait une fausse image d’elle-même, que son existence sociale était commandée par les modes de production, que le développement des forces productives conduisait inévitablement au Communisme comme objectif de l’espèce humaine.

8. Profitant d’un aperçu plus profond de par la maturation historique, près d’un siècle plus tard, Mao Zedong a compris que l’être humain devait se transformer pour être en mesure d’arriver au Communisme. C’est le sens de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Autrement dit, le passage au Communisme après un parcours de plusieurs milliers d’années en dehors et relativement contre la Nature implique la négation de la négation que fut la sortie de la Nature.

9. Il ne faut pas voir la négation de la négation comme un processus mécanique, mais comme un saut qualitatif se produisant dans tous les domaines. C’est en soi une rupture, la plus importante pour l’Humanité depuis son entrée dans l’Histoire. Il est évident que la question du rapport aux animaux est ici décisive par rapport au Communisme par exemple, car la tendance à l’asservissement des animaux va immanquablement de pair avec l’exploitation en général, cela d’autant plus que l’asservissement des animaux a dès le départ marqué une étape décisive de l’entrée dans l’histoire. Autre exemple, Staline a parfaitement compris la question de l’antisémitisme en disant que « Le chauvinisme national et racial est une survivance des mœurs misanthropiques propres à la période du cannibalisme. L’antisémitisme, comme forme extrême du chauvinisme racial, est la survivance la plus dangereuse du cannibalisme. » Cela implique de comprendre l’histoire du point de vue du matérialisme dialectique : le matérialisme historique s’emboîte dans le vaste processus, qui le dépasse et dont il est un élément remarquable, de l’immense mouvement de la matière éternelle vers la symbiose et la conscience, soutenant la vie et la matière dans l’harmonie et la paix, et élançant la vie telle que formée au sein de notre Biosphère et de notre système solaire, vers les étoiles, vers le Cosmos infini.

10. Le développement de la conscience et le processus historique entraînant l’Humanité vers le Socialisme et le Communisme a permis, par la mobilisation des forces collectives, d’acquérir des moyens technologiques renforçant les capacités de l’Humanité au sein de sa Biosphère, mais de manière non maîtrisée et contradictoire et agressive avec l’Humanité elle-même et avec la Nature. Le Socialisme sera l’étape qui permettra d’imposer l’organisation démocratique des forces collectives et l’orientation rationnelle des moyens technologiques vers le service de l’Humanité en harmonie avec la Nature. Cela implique nécessairement la fin et l’anéantissement de certaines technologies objectivement aliénantes comme par exemple le sont les abattoirs ou encore ce qui se rapporte à la fission nucléaire. Le mouvement général de la matière doit être compris et le Communisme exige de l’humanité qu’elle assume et maîtrise le matérialisme dialectique comme vision du monde.