Mois : août 2024

  • Paroles des chansons du Parti Communiste du Pérou

    Les paroles des chansons du Parti Communiste du Pérou reflètent l’engagement, l’idéologie, la ligne révolutionnaire. Les chansons elles-mêmes sont disponibles au format MP3 (et les paroles ci-dessous au format pdf).

    Elles ont été enregistrées de manière clandestine dans deux prisons péruviennes, Miguel Castro Castro et Lurigancho. Cela s’est déroule entre 1990 et 1992, avant qu’en 1999 le Mouvement Populaire Pérou ne procède à la sortie d’un CD avec les chansons. Nous avons même diffusé ensuite cela en MP3 et nous ne savons pas, ce qui est de toutes façons secondaire, dans quelle mesure les MP3 diffusés en ligne proviennent de notre initiative.

    L’arrivée massive de prisonniers politiques a souvent permis l’établissement de bastions politiques au sein des prisons elles-mêmes, en Turquie par exemple. Au Pérou, cela a pris toutefois les proportions les plus importantes, de par la prise d’initiative des membres du Parti Communiste du Pérou.

    Ceux-ci ont réussi à contrôler leur propre vie quotidienne, prenant l’initiative sur tous les plans.

    Ce fut obtenu au prix d’une grande lutte, issu d’une grande définition initiale : le Parti Communiste du Pérou soulignait que le combat ne s’arrête pas une fois arrêté, et définissait les prisons comme de « Lumineuses Tranchées de Combat ».

    Il faut ici mentionner la grande révolte des 18-19 juin 1986, dans les prisons de Lurigancho, d’El Frontón, et de Santa Mónica, avec la répression faisant 224 morts, dont une centaine de militants exécutés après l’assaut de l’armée réactionnaire. Cette dernière intervint également en mai 1992 à la prison de Castro Castro, exécutant 13 membres du Comité Central (sur 19, alors qu’on est dans le contexte de l’arrestation de Gonzalo).

    Les paroles s’appuient sur le corpus idéologique du PCP ; on a ainsi souvent la référence à l’océan armé, qui est l’océan armé des masses, les masses devant être en armes jusqu’au Communisme. On a également des références andines, plus ou moins difficiles à saisir. La multiplication des bases d’appui de la guérilla est ainsi apparentée à des « cordes enfilées » : il s’agit possiblement d’une allusion aux quipus, assemblage de cordes enfilées formant le moyen de communication historique dans les Andes (la civilisation Inca notamment ne pratiquant pas l’écriture).

    Il faut se souvenir ici que les masses paysannes mobilisées sont le plus souvent illettrées, et que la langue employée au quotidien est le plus souvent le quechua. L’agitation et la propagande du PCP ont par contre toujours été en espagnol.

    On notera que certaines vidéos parlent du « sendero luminoso » (sentier lumineux), ce qui n’existe pas et n’a jamais existé. Cette expression sert historiquement à criminaliser le Parti Communiste du Pérou.

    https://www.youtube.com/watch?v=8rLyOGC2Ka0

    La Internacional – L’internationale

    ¡Arriba los pobres del mundo
    de pie los esclavos sin pan
    y gritemos todos unidos
    ¡Viva la Internacional!

    Removamos todas las ramas
    que impiden nuestro bien
    cambiemos el mundo de fase
    hundiendo al imperio burgués

    Agrupémonos todos
    en la lucha final
    y se alcen los pueblos (con valor)
    por la Internacional

    El día que el triunfo alcancemos
    ni esclavos ni hambrientos habrá
    la tierra sera el paraíso
    de toda la humanidad

    Que la tierra dé todos sus frutos
    y la dicha en nuestro hogar
    el trabajo será el sostén que a todos
    de la abundancia hará gozar

    Agrupémonos todos
    en la lucha final
    y se alcen los pueblos (con valor)
    por la Internacional

    En avant les pauvres du monde
    Debout les esclaves sans pain
    et crions tous unis
    Vive l’Internationale !

    Enlevons toutes les branches
    qui entravent notre bien
    changeons le monde de face
    en coulant l’empire bourgeois

    Regroupons-nous tous
    dans la lutte finale
    et que les peuples se lèvent (avec courage)
    pour l’Internationale

    Le jour où la victoire nous atteindrons
    ni esclaves ni affamés il n’y aura plus
    la terre sera le paradis
    de toute l’humanité

    Que la terre donne tous ses fruits
    et la joie dans notre foyer
    le travail sera le soutien qui à tous
    de l’abondance nous fera jouir

    Regroupons-nous tous
    dans la lutte finale
    et que les peuples se lèvent (avec courage)
    pour l’Internationale

    Al Presidente Gonzalo / Au Président Gonzalo

    Jefe signifie « chef », par Jefatura il faut comprendre le principe de direction, le dirigeant en action.

    El Presidente Gonzalo el más grande
    marxista-leninista-maoísta
    viviente sobre la faz de la tierra
    es garantía de triunfo comunista
    es jefatura del Partido y la revolución

    El pensamiento Gonzalo en nuestra patria
    aplicación creadora del maoísmo
    el Presidente Gonzalo lo ha plasmado
    luz en el mundo de rojo amanecer

    El Presidente Gonzalo lo ha plasmado
    luz en el mundo de rojo amanecer

    Dirigiendo la Guerra Popular
    nos ha dado el Nuevo Poder
    comités populares abiertos
    sostenidos en ejércitos y las masas
    con un Partido Comunista militarizado

    El Presidente Gonzalo nos conduce
    al Comunismo nuestra meta final
    él es el gran continuador de Marx
    Lenin y el Presidente Mao Tsetung

    Él es el gran continuador de Marx
    Lenin y el Presidente Mao Tsetung

    Le Président Gonzalo, le plus grand
    marxiste-léniniste-maoïste
    vivant sur la face de la terre
    il est la garantie du triomphe communiste

    il est le cheffature du parti et de la révolution
    La pensée Gonzalo dans notre patrie
    application créative du maoïsme
    Le président Gonzalo l’a incarnée
    lumière dans le monde de l’aube rouge

    Le président Gonzalo l’a incarnée
    lumière dans le monde de l’aube rouge

    En menant la guerre populaire
    il nous a donné le Nouveau Pouvoir
    des comités populaires ouverts
    soutenus par les armées et les masses
    avec un Parti Communiste militarisé

    Le président Gonzalo nous conduit
    vers le communisme, notre objectif final
    il est le grand continuateur de Marx
    Lénine et du président Mao Zedong

    Il est le grand continuateur de Marx
    Lénine et le président Mao Zedong


    Himno A La Camarada Norah / Hymne à la camarade Norah

    Norah est le nom de guerre d’Augusta La Torre (1946-1988), figure du Parti depuis le début et par ailleurs femme de Gonzalo, avec qui elle était dans la clandestinité dès 1978. Elle a également mené en 1980 la première action armée de l’Armée Populaire de Guérilla.

    Les trois montagnes, l’expression de montagne relevant de Mao Zedong, sont la réalité semi-féodale et semi-coloniale, et le capitalisme bureaucratique qui en découle dans le pays.

    Elevándose en la gloria
    imperecedera de la historia
    en inagotable sendero
    de heroicidad comunista

    El Partido y la Guerra Popular
    heroína nos dio
    por siempre recordada Camarada Norah
    heroína nos dio
    por siempre recordada Camarada Norah

    Flameante bandera roja
    firme desafiante contra el viento
    luminoso ejemplo en dar la vida
    por el Partido y la revolución

    Acero rojo temple de Gonzalo
    firme comunista gran dirigente
    camarada Norah
    firme comunista gran dirigente
    camarada Norah

    Torrente hermoso es tu sangre
    que ha regado nuestra revolución
    firme juramento de la clase
    compromiso de rojos combatientes
    en conquistar el poder hasta el Comunismo
    en conquistar el poder hasta el Comunismo

    Irradiando luz poderosa
    marxismo-leninismo-maoísmo
    y su aplicación creadora
    pensamiento gonzalo en nuestra patria
    luchando a muerte contra el vil revisionismo
    con odio de clase barremos tres montañas
    asaltamos los cielos
    con odio de clase barremos tres montañas
    asaltamos los cielos

    Torrente hermoso es tu sangre
    que ha regado nuestra revolución
    firme juramento de la clase
    compromiso de rojos combatientes
    en conquistar el poder hasta el Comunismo
    en conquistar el poder hasta el Comunismo
    en conquistar el poder hasta el Comunismo

    S’élevant dans la gloire
    impérissable de l’histoire
    dans un chemin inépuisable
    de l’héroïsme communiste

    Au Parti et à la guerre populaire
    L’héroïne nous a donné
    à jamais à se souvenir de la Camarade Norah
    L’héroïne nous a donné
    à jamais à se souvenir de la Camarade Norah

    Drapeau rouge flottant
    flottant avec défi face au vent
    exemple lumineux en donnant la vie
    pour le Parti et la révolution

    Acier rouge trempé de Gonzalo
    ferme communiste grand dirigeante
    camarade Norah
    ferme communiste grand dirigeante
    camarade Norah

    Beau torrent est ton sang
    qui a arrosé notre révolution
    serment ferme de la classe
    engagement des combattants rouges
    à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme
    à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme


    Rayonnante la lumière puissante
    le marxisme-léninisme-maoïsme
    et son application créative
    la Pensée Gonzalo dans notre patrie
    lutter à la mort contre l’ignoble révisionnisme
    avec haine de classe, nous balayons trois montagnes
    nous prenons d’assaut les cieux
    avec haine de classe, nous balayons trois montagnes
    nous prenons d’assaut les cieux

    Beau torrent est ton sang
    qui a arrosé notre révolution
    serment ferme de la classe
    engagement des combattants rouges
    à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme
    à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme
    à conquérir le pouvoir jusqu’au communisme

    Salvo El Poder / À part le pouvoir

    Le titre est une référence à un propos de Lénine : « À part le pouvoir tout est illusion ». La première strophe fait allusion aux flambeaux allumés dans les monts au loin et formant notamment le marteau et la faucille, mais bien entendu également aux coups d’éclat de la guérilla. L’expression « à l’assaut du ciel » a été employé par Karl Marx pour désigner les Communards menant la révolution en 1871.

    Siglos se hunden ídolos caen
    se quiebra un viejo orden de opresión
    y en la montaña un relámpago de fuego
    hiende la noche con su gran puñal
    y en la montaña un relámpago de fuego
    hiende la noche con su gran puñal

    Se agitan los mares la tormenta arrecia
    y en el gran desorden se levanta el Sol
    salvo el poder todo es ilusión
    asaltar los cielos con la fuerza del fusil
    salvo el poder todo es ilusión
    asaltar los cielos con la fuerza del fusil

    Obreros campesinos rompan sus cadenas
    levanten la bandera de la Guerra Popular
    salvo el poder todo es ilusión
    asaltar los cielos con la fuerza del fusil
    salvo el poder todo es ilusión
    asaltar los cielos con la fuerza del fusil

    Partido Comunista conduce a nueva vida
    se esfuma como el humo la duda, el temor
    tenemos la fuerza es nuestro el futuro
    Comunismo es meta y será realidad
    tenemos la fuerza es nuestro el futuro
    Comunismo es meta y será realidad


    Salvo el poder todo es ilusión
    asaltar los cielos con la fuerza del fusil
    salvo el poder todo es ilusión
    asaltar los cielos con la fuerza del fusil

    Les siècles s’effacent, les idoles tombent
    fait faillite un vieil ordre d’oppression
    et dans la montagne un éclair de feu
    fend la nuit de son grand poignard
    et sur la montagne un éclair de feu
    fend la nuit de son grand poignard.

    Les mers sont agitées, la tempête fait rage
    et dans le grand désordre se lève le Soleil
    à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
    prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil
    à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
    prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil

    Ouvriers paysans brisez vos chaînes
    levez la bannière de la Guerre Populaire
    à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
    prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil
    à part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
    prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil

    Le parti communiste guide à une nouvelle vie
    s’évanouissent comme de la fumée le doute, la peur
    nous avons la force l’avenir est à nous
    Le communisme est l’objectif et deviendra réalité
    nous avons la force l’avenir est à nous
    Le communisme est l’objectif et sera réalité

    À part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
    prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil
    À part le pouvoir, tout n’est qu’illusion
    prendre d’assaut les cieux avec la force du fusil

    El Partido / Le Parti

    La référence aux aigles relève indéniablement de la culture andine et plus généralement américaine d’avant la colonisation.

    Las águilas remontan su vuelo
    elevando nuevo grito al desplegar
    pese a voces orientan su grito
    puños en alto hacia la libertad

    De púrpura el cielo
    va embelleciendo
    legiones hombro a hombro
    fundidos en su imagen
    bebiendo de la luz
    fuente inagotable

    Vivan al Partido
    uno es como ninguno
    el Partido es huracán bravío
    donde voces quedas se han hundido
    en la inmortalidad de nuestra
    causa entera
    el cerebro de la clase
    de la gloria de la clase
    una mano de un millón de dedos
    que demoliendo está al enemigo

    De púrpura el cielo
    va embelleciendo
    legiones hombro a hombro
    fundidos en su imagen
    bebiendo de la luz
    fuente inagotable

    Vivan al Partido
    uno es como ninguno
    el Partido es huracán bravío
    donde voces quedas se han hundido
    en la inmortalidad de nuestra
    causa entera
    el cerebro de la clase
    de la gloria de la clase
    que guiando está a la libertad.

    Les aigles élèvent leur vol
    poussant un nouveau cri en se déployant
    malgré les voix ils dirigent leur cri
    es poings levés vers la liberté

    Pourpre est le ciel
    il va s’embellissant
    les légions épaule contre épaule
    fondées à son image
    s’abreuvant à la lumière
    source inépuisable

    Longue vie au Parti
    l’un ne ressemble à aucun autre
    le Parti est un ouragan indomptable
    où les voix laissées derrière ont sombré
    dans l’immortalité de notre
    cause entière
    le cerveau de la classe
    de la gloire de la classe
    une main aux millions de doigts
    qui est démolissant l’ennemi

    Pourpre est le ciel
    il va s’embellissant
    les légions épaule contre épaule
    fondées à son image
    s’abreuvant à la lumière
    source inépuisable

    Longue vie au Parti
    l’un ne ressemble à aucun autre
    le Parti est un ouragan indomptable
    où les voix laissées derrière ont sombré
    dans l’immortalité de notre cause entière
    le cerveau de la classe
    de la gloire de la classe
    qui mène à la liberté.


    El Guerrillero / Le guérillero

    Por los valles y los Andes
    guerrilleros libres van
    los mejores luchadores
    del campo y la ciudad
    los mejores luchadores
    del campo y la ciudad

    Ni el dolor ni la miseria
    los harán desfallecer
    seguiremos adelante
    sin jamás retroceder
    seguiremos adelante
    sin jamás retroceder

    Nuestro pueblo nos ordena
    combatir hasta triunfar
    adelante camaradas
    nuestra consigna es vencer
    adelante camaradas
    nuestra consigna es vencer

    Venceremos al fascismo
    en la batalla final
    ¡Abajo el imperialismo!
    ¡Muera!
    ¡Viva nuestra libertad!
    ¡Abajo el imperialismo!
    ¡Muera!
    ¡Viva nuestra libertad!

    Las banderas de combate
    como mantos cubrirán
    a los bravos guerrilleros
    que en la lucha caerán
    a los bravos guerrilleros
    que en la lucha caerán

    À travers les vallées et les Andes
    les guérilleros libres vont
    les meilleurs combattants
    de la campagne et de la ville
    les meilleurs combattants
    de la campagne et de la ville

    Ni la douleur ni la misère
    ne les fera défaillir
    nous irons de l’avant
    sans jamais reculer
    nous irons de l’avant
    sans jamais se reculer

    Notre peuple nous ordonn
    de combattre jusqu’à ce que nous triomphions
    En avant camarades
    notre mot d’ordre est de vaincre
    en avant camarades
    notre mot d’ordre est de vaincre

    Nous vaincrons le fascisme
    dans la bataille finale
    A bas l’impérialisme !
    Meurs !
    Vive notre liberté !
    À bas l’impérialisme !
    Meurs !
    Vive notre liberté !

    Les drapeaux de combat
    comme des manteaux couvriront
    les courageux guérilleros
    qui dans la lutte tomberont
    les braves guérilleros
    qui dans la lutte tomberont


    Los Rojos Guerreros / Les guerriers rouges

    Los rojos guerreros, tropas de Gonzalo
    con plomo han abierto las puertas de la historia
    afirman la vida en la guerra
    arrancando lauros a la misma muerte

    Sus armas combativas se levantan
    haciendo las sombras retroceder
    Sus armas combativas se levantan
    haciendo las sombras retroceder

    Los rojos guerreros de nuestro Partido
    con furia de clase barren tres montañas
    los campos se tiñen de rojo
    por eso es progenia transformadora

    Seguimos luminoso sendero
    camino al reino del Comunismo

    Seguimos luminoso sendero
    camino al reino del Comunismo

    Aprendemos de Gonzalo nuestro guía
    a dar la vida hoy, mañana y siempre
    por el Partido y la revolución

    Aprendemos de Gonzalo nuestro guía
    a dar la vida hoy, mañana y siempre
    por el Partido y la revolución

    Nada es imposible para quien se atreve
    a escalar las alturas
    Nada es imposible para quien se atreve
    a escalar las alturas

    Nada es imposible para quien se atreve
    a escalar las alturas
    Nada es imposible para quien se atreve
    a escalar las alturas

    Les guerriers rouges, les troupes de Gonzalo
    avec du plomb ont ouvert les portes de l’histoire
    ils affirment la vie dans la guerre
    arrachant les lauriers à la mort elle-même

    Leurs armes militantes s’élèvent
    faisant les ombres reculer
    Leurs armes militantes s’élèvent
    faisant les ombres reculer

    Les guerriers rouges de notre Parti
    avec une fureur de classe balaient trois montagnes
    les champs sont teints en rouge
    c’est pourquoi c’est la progéniture transformée

    Nous suivons lumineux le chemin
    sur le chemin au royaume du communisme

    Nous suivons lumineux le chemin
    sur le chemin au royaume du communisme

    Nous apprenons de Gonzalo notre guide
    à donner notre vie aujourd’hui, demain et toujours
    pour le Parti et la révolution

    Nous apprenons de Gonzalo notre guide
    à donner notre vie aujourd’hui, demain et toujours
    pour le Parti et la révolution

    Rien n’est impossible à ceux qui osent
    d’escalader les sommets
    Rien n’est impossible à ceux qui osent
    d’escalader les sommets.

    Rien n’est impossible à ceux qui osent
    d’escalader les sommets
    Rien n’est impossible à ceux qui osent
    d’escalader les sommets


    Canto De Batalla / Champ de bataille

    Imperecedero hito de victoria
    en el crisol de ardiente fragua
    ha quedado estampado
    en la historia de nuestro Partido
    es Gonzalo que en el mundo
    va imponiendo la verdad universal

    Ardorosa marcha, vanguardia combatiente
    de largo camino recorrido
    en máquina de guerra devino en una gran brega
    conductor de masas, acero de Gonzalo

    en máquina de guerra devino en una gran brega
    conductor de masas, acero de Gonzalo


    Legiones de hierro, ejército invencible
    con todapoderosa invicta ideología
    florece la violencia desarrollando acciones
    muralla invencible, canto de batalla

    florece la violencia desarrollando acciones
    muralla invencible, canto de batalla

    De historias eternas resurge desafiante
    florece el mañana con su luz brillante
    cubriéndonos de rojo va irradiando al mundo
    que en nuestros corazones latiendo nueva vida

    cubriéndonos de rojo va irradiando al mundo
    que en nuestros corazones latiendo nueva vida



    Asumimos firmes histórico llamado
    potenciando la Guerra Popular
    construyendo la conquista
    del poder total en nuestra patria

    Más ejército y masas
    dirigidos por nuestro Partido

    Más ejército y masas
    dirigidos por nuestro Partido

    L’impérissable jalon de la victoire
    dans le creuset de l’ardente forge
    a été inscrit
    dans l’histoire de notre Parti
    c’est Gonzalo qui dans le monde
    va imposant la vérité universelle

    Ardente marche, avant-garde combattante
    d’un long chemin parcouru
    en une machine de guerre devenue au moyen d’une grande lutte
    chef d’orchestre des masses, l’acier de Gonzalo

    en une machine de guerre devenue au moyen d’une grande lutte
    chef d’orchestre des masses, l’acier de Gonzalo

    Légions de fer, armée invincible
    avec une toute puissante et invaincue idéologie
    fleurit la violence, les actions se développant
    muraille invincible, chant de bataille

    fleurit la violence, les actions se développant
    muraille invincible, chant de bataille

    Des histoires éternelles ressurgissent avec défi
    fleurit le lendemain avec sa lumière éclatante
    nous couvrant de rouge rayonnant dans le monde entier
    qui dans nos cœurs fait battre une nouvelle vie

    nous couvrant de rouge rayonnant dans le monde entier
    qui dans nos cœurs fait battre une nouvelle vie

    Nous assumons fermement l’histoire appelant
    en renforçant la guerre du peuple
    en construisant la conquête
    du pouvoir total dans notre patrie

    Plus d’armée et de masses
    dirigées par notre Parti

    Plus d’armée et de masses
    dirigées par notre Parti

    Soldados Rojos / Soldats rouges

    Marchamos firmes y seguros a la victoria
    soldados rojos somos del Nuevo Poder
    Partido Comunista es el que nos dirige
    camino a nuestra libertad

    Banderas rojas con hoces y martillos llevamos
    firmes empuñamos con furia y decisión
    a las hienas barremos sus cenizas esparcemos
    y nunca más ya volverán


    Vamos obreros, campesinos, todo el pueblo
    rugen los Andes llamando a combatir

    Pueblos del mundo unidos triunfaremos
    la gran hoguera se extiende más y más
    desarrollando Guerra Popular

    Vamos obreros, campesinos, todo el pueblo
    rugen los Andes llamando a combatir

    Pueblos del mundo unidos triunfaremos
    la gran hoguera se extiende más y más
    desarrollando Guerra Popular

    Desarrollando Guerra Popular

    Nous marchons fermes et assurés à la victoire
    soldats rouges nous sommes du Nouveau Pouvoir
    Le Parti communiste est celui qui nous dirige
    le chemin à notre liberté

    Des drapeaux rouges avec des marteaux et des faucilles nous portons
    fermes nous les empoignons avec fureur et détermination
    aux hyènes nous barrons la route, leurs cendres nous dispersons
    et jamais plus elles ne reviendront

    Allons ouvriers, paysans, tout le peuple
    les Andes rugissent appelant au combat

    Peuples du monde unis nous triompherons
    le grand brasier s’étend de plus en plus
    développant la Guerre Populaire

    Allons ouvriers, paysans, tout le peuple
    les Andes rugissent appelant au combat

    Peuples du monde unis nous triompherons
    le grand brasier s’étend de plus en plus
    développant la Guerre Populaire

    Développant la Guerre Populaire


    Canto Al Nuevo Poder / Chanson au Nouveau Pouvoir

    Pueblos, pueblos del mundo
    en pie de guerra
    viva Gonzalo gloria al maoísmo,
    en nuestra mente el Comunismo brillará

    Comités populares abiertos
    luz radiante brillante ante el sol
    camaradas combatientes y masas
    el triunfo es nuestro viva el Nuevo Poder

    Desarrollando bases con Guerra Popular
    construimos la conquista del poder
    bandera de combate flameando en altas cumbres
    hoguera de esperanza brilla el Nuevo Poder

    Bandera de combate flameando en altas cumbres
    hoguera de esperanza, brilla el Nuevo Poder

    Comités populares abiertos
    luz radiante brillante ante el sol
    camaradas combatientes y masas
    el triunfo es nuestro viva el Nuevo Poder

    Camaradas, combatientes y masas
    el triunfo es nuestro brilla el Nuevo Poder

    Peuples, peuples du monde
    sur le pied de guerre
    vive Gonzalo gloire au maoïsme
    dans notre esprit le communisme brillera

    Comités populaires ouverts
    lumière irradiante rayonnante devant le soleil
    Camarades combattants et masses
    le triomphe est nôtre vive le nouveau pouvoir

    Développant des bases avec la Guerre Populaire
    nous construisons la conquête du pouvoir
    le drapeau de combat flotte sur les hauts sommets
    sur le bûcher de l’espoir brille le Nouveau Pouvoir

    Le drapeau de combat flotte sur les hauts sommets
    le feu de l’espoir fait briller le nouveau pouvoir

    Comités populaires ouverts
    lumière irradiante rayonnante devant le soleil
    Camarades combattants et masses
    le triomphe est nôtre vive le nouveau pouvoir

    Camarades, combattants et masses
    le triomphe est nôtre vive le nouveau pouvoir


    Por El Gran Camino / Par la grande voie

    Por el camino marchamos
    luchamos con firme decisión
    Mao Tsetung guía la revolución
    desafiando la tormenta
    Mao Tsetung guía la revolución
    desafiando la tormenta

    Por el camino marchamos
    luchamos con firme decisión
    Mao Tsetung guía la revolución
    desafiando la tormenta
    Mao Tsetung guía la revolución
    desafiando la tormenta

    Marchamos marchamos
    adelante la revolución
    marchamos marchamos
    adelante la revolución

    Marchamos, marchamos
    adelante la revolucion
    marchamos marchamos
    adelante la revolucion

    Marchamos marchamos
    adelante la revolucion

    Sur la route, nous marchons
    nous luttons avec une ferme détermination
    Mao Zedong dirige la révolution
    défiant la tempête
    Mao Zedong dirige la révolution
    défiant la tempête

    Sur la route nous marchons
    nous luttons avec une ferme détermination
    Mao Zedong mène la révolution
    défiant la tempête
    Mao Zedong mène la révolution
    défiant la tempête

    Nous marchons nous marchons
    en avant la révolution
    Nous marchons, nous marchons
    en avant la révolution

    Nous marchons nous marchons
    en avant la révolution
    Nous marchons nous marchons
    en avant la révolution

    Nous marchons nous marchons
    en avant la révolution


    Brilla, Brilla el Nuevo Poder / Brille, brille le Nouveau Pouvoir

    Brilla, brilla el Nuevo Poder a la luz del sol
    prédica y desafiante realidad
    nace de la guerra Guerra Popular
    guerra de las masas hoguera de esperanza

    nace de la guerra Guerra Popular
    guerra de las masas, hoguera de esperanza


    El poder que estamos ejerciendo es bandera roja

    a enarbolarla en todo el país, en todo el mundo
    a enarbolarla en todo el país, en todo el mundo

    Fuerza núcleo, máquina de guerra
    con ejército y las masas vamos rumbo
    al Comunismo con el maoísmo
    Gonzalo luz inmarcesible brilla el Nuevo Poder Gonzalo luz inmarcesible brilla el Nuevo Poder



    Fuerza núcleo máquina de guerra
    con ejército y las masas vamos rumbo
    al Comunismo con el maoísmo
    Gonzalo luz inmarcesible brilla el Nuevo Poder Gonzalo luz inmarcesible, brilla el Nuevo Pode

    Brille, brille le Nouveau Pouvoir à la lumière du soleil
    prêchante et défiante réalité
    né de la guerre la Guerre Populaire
    guerre des masses feu de joie de l’espoir

    né de la guerre la Guerre Populaire
    guerre des masses feu de joie de l’espoir

    Le pouvoir que nous sommes exerçant est le drapeau rouge
    à déployer dans tout le pays, dans le monde entier
    à déployer dans tout le pays, dans le monde entier

    Force noyau machine de guerre
    avec l’armée et les masses nous maintenons le cap
    vers le communisme avec le maoïsme
    Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir
    Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir

    Force noyau machine de guerre
    avec l’armée et les masses nous maintenons le cap
    vers le communisme avec le maoïsme
    Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir
    Gonzalo lumière immarcescible brille sur le Nouveau Pouvoir


    Bandera Roja / Drapeau rouge

    De los Andes hasta los mares
    rugen las masas embravecidas
    enarbolando bandera roja
    iniciamos la Guerra Popular

    Desplegando las guerrillas
    va floreciendo la nueva aurora
    conquistando bases de apoyo
    derrochando heroicidad

    Presidente Gonzalo
    Jefatura del Partido y la revolución
    con pensamiento Gonzalo hoy tenemos
    realidad bélica actuante
    son diez años de pujante y victoriosa
    e invencible Guerra Popular

    Demoliendo los viejos muros
    desarrollamos las bases de apoyo
    nos acercamos a la conquista
    del poder total en nuestra patria

    Comités populares abiertos
    brillando a la luz del sol
    desarrollemos la Guerra Popular
    y construyamos la conquista del poder

    Proletarios del mundo marchemos
    al Comunismo meta final
    pueblos del mundo unidos marchemos
    al Comunismo meta final

    Des Andes jusqu’aux mers
    grondent les masses agitées
    arborant le drapeau rouge
    nous déclenchons la guerre populaire

    Déployant les guérilleros
    va florissant l’aube nouvelle
    conquérant des bases de soutien
    dispersant l’héroïsme

    Le président Gonzalo
    Chefature du parti et de la révolution
    avec la pensée Gonzalo aujourd’hui nous avons
    la réalité belliqueuse en action
    cela fait dix ans de vigoureuse et victorieuse
    et invincible Guerre Populaire

    Démolissant les vieux murs
    nous développons les bases d’appui
    nous approchons de la conquête
    du pouvoir total dans notre patrie

    Les comités populaires ouverts
    brillant au soleil
    nous développons la guerre populaire
    et construisons la conquête du pouvoir

    Prolétaires du monde, marchons
    au communisme but final
    peuples du monde unis marchons
    au but final du communisme

    Canto De Mar Armado / Chant de l’océan armé

    Grandes contiendas amasan la aurora
    con plomo escribimos la nueva historia
    cruzando los mares la tierra temblando

    asaltando cielos abrimos la aurora

    asaltando cielos abrimos la aurora

    Invictas legiones guiadas por Gonzalo
    dirige vanguardia militarizada
    retando a la muerte avance incontenible
    con rojas banderas marchando al futuro

    con rojas banderas marchando al futuro

    Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular
    Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

    Nos sustentamos en el latido
    inagotable de rebelión

    Hermoso canto de mar armado
    se siente real hasta ser revolución

    Hermoso canto de mar armado
    se siente real hasta ser revolución


    En la tierra ya florecen rosas rojas del Nuevo Poder
    de la Guerra Popular amanece el Nuevo Poder


    Hermoso canto de mar armado
    se siente real hasta ser revolución

    Hermoso canto de mar armado
    se siente real hasta ser revolución
    Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular
    Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

    Vanguardia combatiente crisol acero puro
    dirigiendo a las masas conquistando el poder

    Vanguardia combatiente crisol acero puro
    dirigiendo a las masas conquistando el poder

    Florecen baluartes con cuerdas engarzadas
    guiando ante el mundo el nuevo amanecer
    nosotros tenemos pensamiento Gonzalo
    y en el alma fusiles de ahí sale el poder
    se asienta en las balas de ahí sale el poder

    Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

    Marchamos en ardorosa y victoriosa Guerra Popular

    Les grandes conflits amassent l’aube
    avec le plomb nous écrivons la nouvelle histoire
    traversant les mers, la terre tremblante
    prenant d’assaut le ciel nous ouvrons l’aube

    prenant d’assaut le ciel nous ouvrons l’aube

    Invaincues légions guidées par Gonzalo
    dirige l’avant-garde militarisée
    défiant la mort avancée irrépressible
    avec des drapeaux rouges marchant vers l’avenir

    avec des drapeaux rouges marchant vers l’avenir

    Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire
    Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire

    Nous nous alimentons dans les battements de cœur
    inépuisables de la rébellion

    Beau chant de l’océan armé
    qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution

    Beau chant de l’océan armé
    qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution

    En la terre fleurissent les roses rouges du Nouveau Pouvoir
    de la guerre populaire se lève le jour, le Nouveau Pouvoir
    Beau chant de l’océan armé
    qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution

    Beau chant de l’océan armé
    qui se sent réel jusqu’à ce qu’il devienne révolution
    Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire
    Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire

    Avant-garde combattante, creuset d’acier pur
    Dirigeant les masses conquérant le pouvoir

    Avant-garde combattante, creuset d’acier pur
    Dirigeant les masses conquérant le pouvoir

    Fleurissent des bastions avec des cordes enfilées
    guidant devant le monde la nouvelle aube
    nous autres avons la pensée Gonzalo
    et dans l’âme des fusils de là vient le pouvoir
    il est assis sur des balles de là vient le pouvoir

    Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire

    Nous marchons dans une ardente et victorieuse Guerre Populaire


    Marcha Triunfal / Marche triomphale

    Nacen tiempos de guerra
    incendiando el campo y la ciudad
    miles de hombres en armas
    con el Partido marchan a triunfar
    con el maoísmo, la luz universal
    desarrollamos la Guerra Popular

    Bases de apoyo cual perlas engarzadas
    embelleciendo de rojo el cielo está
    el pensamiento Gonzalo ilumina el nuevo estado
    se expande más

    Conquistar el poder total en nuestra patria
    para el Partido de la clase y nuestro pueblo
    sirviendo a la revolución mundial

    Conquistar el poder total en nuestra patria
    para el Partido de la clase y nuestro pueblo
    sirviendo a la revolución mundial

    Guerra de movimientos
    desarrollando y potenciando más y más
    firmes en los principios
    resistiendo en nuestro centro es combatir

    Del cañón del fusil nace el Poder
    de la Guerra Popular Nuevo Poder
    como las flores del campo en primavera
    van flameando miles de banderas rojas


    Comités populares abiertos
    van anunciando y nos convocan
    conquistar el poder total en nuestra patria
    para el Partido de la clase y nuestro pueblo
    sirviendo a la revolución mundial

    Conquistar el poder total en nuestra patria
    para el Partido de la clase y nuestro pueblo
    sirviendo a la revolución mundial
    en marcha triunfal
    revolución mundial

    Naissent des temps de guerre
    embrasant les campagnes et les villes
    des milliers d’hommes en armes
    avec le Parti, marchant pour triompher
    avec le maoïsme, la lumière universelle
    nous développons la Guerre Populaire

    Bases d’appui comme des perles enfilées
    embelli de rouge le ciel est
    la pensée Gonzalo illumine le nouvel État
    qui s’étend davantage

    Conquérir le pouvoir total dans notre patrie
    pour le Parti de la classe et notre peuple
    servant la révolution mondiale

    Conquérir le pouvoir total dans notre patrie
    pour le Parti de la classe et notre peuple
    servant la révolution mondiale

    Les guerres de mouvements
    en se développant et en se renforçant de plus en plus
    fermes sur les principes
    résistant dans notre centre c’est combattre

    Du bout du fusil naît le Pouvoir
    de la Guerre Populaire le Nouveau Pouvoir
    comme les fleurs des champs au printemps
    vont flottant au cent des milliers de drapeaux rouges

    Les comités populaires ouverts
    vont annonçant et nous convoquant
    conquérir le pouvoir total dans notre patrie
    pour le Parti de la classe et notre peuple
    servant la révolution mondiale

    Conquérir le pouvoir total dans notre patrie
    pour le Parti de la classe et notre peuple
    servant la révolution mondiale
    en marche triomphale
    la révolution mondiale


    A Las Masas / Aux masses

    Las masas con sus infatigables
    y fuertes manos crean el nuevo estado
    que brilla desafiante al sol
    las masas hacen la Guerra Popular
    y nutren al Partido y a nuestro
    ejército de nuevo tipo

    De sus entrañas sale todo
    su hambre y su sangre
    se ha enardecido con el maoísmo
    proletariado y nuestro pueblo
    manos armadas han generado Nuevo Poder

    En su acción su meta él impulsa
    combate indesmayable
    al vil imperialismo en lucha tenaz
    e implacable contra el revisionismo
    y la reacción mundial
    imponiendo la luz del maoísmo

    Viva el Presidente Gonzalo
    gloria al marxismo-leninismo-maoísmo
    viva el Partido Comunista
    honor y gloria al proletariado
    y a nuestro pueblo del Perú

    Viva el Presidente Gonzalo
    gloria al marxismo-leninismo-maoísmo
    viva el Partido Comunista
    honor y gloria al proletariado
    y a nuestro pueblo del Perú

    Les masses, avec leurs infatigables
    et fortes mais créent le nouvel État
    qui brille avec défi au soleil
    les masses font la guerre du peuple
    et nourrissent le Parti et notre
    armée d’un nouveau type

    De leurs entrailles sortent toute
    leur faim et leur sang
    elles ont été enhardis par le maoïsme
    le prolétariat et notre peuple
    les mains armées ont généré le Nouveau Pouvoir

    Dans son action, son but il impulse
    il combat indéfectiblement
    le vil impérialisme dans une lutte tenace
    et implacable contre le révisionnisme
    et la réaction mondiale
    en imposant la lumière du maoïsme

    Vive le président Gonzalo
    gloire au marxisme-léninisme-maoïsme
    Vive le Parti Communiste
    honneur et gloire au prolétariat
    et à notre peuple du Pérou

    Vive le président Gonzalo
    gloire au marxisme-léninisme-maoïsme
    Vive le Parti Communiste
    honneur et gloire au prolétariat
    et à notre peuple du Pérou


    Labor De Titanes / Travail des titan

    La clase insurgió
    rompiendo el silencio en la historia irrumpió
    grandes epopeyas labor de titanes
    poderosa ideología insurgió

    grandes epopeyas labor de titanes
    poderosa ideología insurgió

    Tercera nueva y superior etapa
    es el maoísmo nuestra concepción
    la inmarcesible que se impone
    brillando en la tierra con furor

    Aplicación creadora y luminosa
    pensamiento Gonzalo en el Perú
    conquistando el poder en nuestra patria
    sirviendo a la revolución mundial

    conquistando el poder en nuestra patria
    sirviendo a la revolución mundial

    Inagotable fuente es nuestro pueblo
    donde surgen legiones de hierro
    soldados de Gonzalo henchidos de combate
    desarrollando Guerra Popular
    soldados de Gonzalo henchidos de combate
    desarrollando Guerra Popular

    Masas ardientes
    barren tres montañas
    vanguardia obrera militarizada
    desarrollando bases resueltos avanzamos
    el Comunismo en la Tierra brillará
    desarrollando bases con reto a la muerte
    el Comunismo en la Tierra brillará

    La classe insurgée
    rompt le silence de l’histoire a fait irruption
    grandes épopées travail de titans
    la puissante idéologie s’insurge

    grandes épopées travail de titans
    la puissante idéologie s’insurge

    Troisième nouvelle et plus élevée étape
    C’est le maoïsme notre conception
    celle immarcescible qui s’impose
    brillant sur la terre avec fureur

    Application créative et lumineuse
    la pensée Gonzalo au Pérou
    conquérant le pouvoir dans notre patrie
    servant la révolution mondiale

    conquérant le pouvoir dans notre patrie
    servant la révolution mondiale

    Inépuisable source est notre peuple
    où surgissent des légions de fer
    les soldats de Gonzalo riches de combat
    développant la guerre du peuple
    les soldats de Gonzalo riches de combat
    développant la guerre du peuple

    Des masses ardentes
    balaient trois montagnes
    l’avant-garde ouvrière militarisée
    développant des bases résolus nous avançons
    Le communisme sur terre briller
    développant des bases avec défi face à la mort
    Le communisme sur terre brillera


    Torrente Rojo / Torrent rouge

    El latido inagotable de la historia
    hacedora de luminoso amanecer
    enarbolando banderas rojas en rebelión
    florece de los Andes hasta el mar

    Con el maoísmo marcha la clase al Comunismo
    y con Partido de nuevo tipo su dirección
    se abre paso en la tormenta con el fusil
    desarrollando Guerra Popular.

    Con la luz universal de Gonzalo se forjó
    y ya construye la conquista del poder en el Perú
    construyendo en el fragor de la Guerra Popular
    el ejército rojo se plasmó
    para la acción

    Marchan milladas de legiones de hierro
    cumplen tareas que asigna el Partido
    escribiendo en páginas de acero
    la nueva historia con heroicidad

    Somos forjados con reto a la muerte
    marchando firmes en llama esparciente
    transformaremos la guerra de guerrillas
    en poderosa guerra de movimientos

    Con el maoísmo marcha la clase al Comunismo
    y con Partido de nuevo tipo su dirección
    se abre paso en las tormentas con el fusil
    desarrollando Guerra Popular

    desarrollando Guerra Popular

    Con los fusiles entramos a triunfar

    ¡¡¡Viva el Ejército Guerrillero Popular!!!

    L’inépuisable battement de cœur de l’histoire
    faiseuse d’une lumineuse aube
    arborant les drapeaux rouges de la rébellion
    leurit des Andes à la mer

    Avec le maoïsme la classe marche au Communisme
    et avec un Parti d’un nouveau type sa direction
    se fraie un chemin à travers la tempête avec le fusil
    développant la Guerre Populaire

    Avec la lumière universelle de Gonzalo se forge
    et se construit la conquête du pouvoir au Pérou
    construisant dans le fracas de la Guerre Populaire
    l’armée rouge s’est incarnée
    pour l’action

    Marchent des milliers de légions de fer
    qui accomplissent les tâches confiées par le Parti
    écrivant en des pages d’acier
    la nouvelle histoire avec héroïsme

    Nous sommes forgés au mépris de la mort
    nous marchons fermement en propageant la flamme
    nous transformerons la guerre de guérilla
    en une puissante guerre de mouvements

    Avec le maoïsme la classe marche au Communisme
    et avec un Parti d’un nouveau type sa direction
    se fraie un chemin à travers la tempête avec le fusil
    développant la Guerre Populaire

    développant la Guerre Populaire

    Avec les fusils nous entrons dans le triomphe

    Longue vie à l’Armée de guérilla populaire !!!!


    Sembrando El Fuego / Semant le feu

    El pueblo manantial inagotable
    donde brotan heroicos combatientes
    recio temple, pasión ardiente
    nos forjamos en la revolución

    Poderosa ideología nos alumbra
    como un faro que encamina nuestra acción
    levantando la tormenta
    arrasamos con toda la opresión

    Es Gonzalo quien demanda a dar la vida
    por el Partido y la revolución
    incontenibles avanzamos
    arrinconando a la hiena en su cubil.

    Es Gonzalo que demanda a dar la vida
    por el Partido y la revolución
    asumimos el compromiso
    potenciando la Guerra Popular

    Mar de masas, mar embravecido
    que a su paso va sembrando el fuego
    con vanguardia heroico combatiente
    va conquistando el Poder

    Desarrollando las bases de apoyo
    la perspectiva brillante abierta está
    la garantía de todos los triunfos
    el Presidente Gonzalo

    Desarrollando las bases de apoyo
    la perspectiva brillante abierta está
    la garantía de todos los triunfos
    el Presidente Gonzalo

    el Presidente Gonzalo

    Le peuple une source inépuisable
    d’où jaillissent d’héroïques combattants
    robuste trempe passion ardente
    nous sommes forgés dans la révolution

    Une idéologie puissante nous éclaire
    comme un phare qui oriente notre action
    en soulevant la tempête
    nous balayons toute l’oppression

    C’est Gonzalo qui exige de donner sa vie
    pour le Parti et la révolution
    irrépressibles nous avançons
    acculant la hyène dans sa tanière

    C’est Gonzalo qui exige de donner sa vie
    pour le Parti et la révolution
    nous assumons l’engagement
    renforçant la Guerre Populaire

    Mer des masses mer déchaînée
    qui sur son passage sème le feu
    avec l’avant-garde héroïque des combattants
    va conquérant le Pouvoir

    Développant les bases d’appui
    la perspective lumineuse est ouverte
    la garantie de tous les triomphes
    le Président Gonzalo

    Développant les bases d’appui
    la perspective lumineuse est ouverte
    la garantie de tous les triomphes
    le Président Gonzalo

    le Président Gonzalo


    Rumbo Al Comunismo / Cap sur le Communisme

    Militantes del glorioso Partido Comunista
    que forjados en la fragua de la revolución
    con mente clara y voluntad resuelta
    pasión inextinguible al Comunismo va

    Enarbolar, enarbolar, defender, defender
    y aplicar el maoísmo universal
    enarbolar, enarbolar, defender y aplicar
    pensamiento gonzalo en el Perú

    Militantes de la heroica vanguardia proletaria
    van rompiendo las cadenas de oprobio y opresión
    con entrega total a nuestra causa
    ofrendan hoy sus vidas con heroicidad

    Enarbolar enarbolar defender defender
    y aplicar el maoísmo universal
    enarbolar enarbolar defender y aplicar
    pensamiento Gonzalo en el Perú

    Militantes

    ¡¡¡Marchamos rumbo al Comunismo!!!

    Militants du glorieux Parti communiste
    qui ont forgé dans le fracas de la révolution
    avec un esprit clair et une volonté résolue
    la passion inextinguible pour le Communisme

    Arborer, arborer, défendre, défendre, défendre
    et appliquer le maoïsme universel
    arborer, arborer, défendre, défendre, et appliquer
    la pensée Gonzalo au Pérou

    Les militants de l’héroïque avant-garde prolétarienne
    brisent les chaînes de l’opprobre et de l’oppression
    avec un dévouement total à notre cause
    offrant aujourd’hui leur vie avec héroïsme

    Arborer arborer défendre défendre défendre
    et appliquer le maoïsme universel
    arbore arborer défendre défendre et appliquer
    la pensée de Gonzalo au Pérou

    Militants

    Nous marchons vers le communisme !


    Científica Luz / Lumière scientifique

    Grandiosa ideología poderosa
    punto vital de inmensa trascendencia
    grandiosa ideología poderosa
    punto vital de inmensa trascendencia

    Científica luz de la clase
    que nos arma hasta el Comunismo
    científica luz de la clase
    garantía hasta el Comunismo

    garantía hasta el Comunismo

    Viva el pensamiento Gonzalo
    aplicación creadora de la verdad universal

    Viva el pensamiento Gonzalo
    aplicación creadora de la verdad universal

    Las grandes cumbres del proletariado
    al marxismo han desarrollado
    deviniendo en marxismo-leninismo
    hoy en día maoísmo lo más alto

    enarbolando, defendiendo y aplicando
    el maoísmo como mando y guía

    el maoísmo como mando y guía

    Viva el pensamiento Gonzalo
    aplicación creadora de la verdad universal

    Viva el pensamiento Gonzalo
    aplicación creadora de la verdad universal

    Nuestra revolución
    con Partido Comunista
    invencible Guerra Popular

    Viva el pensamiento Gonzalo
    aplicación creadora de la verdad universal

    Viva el pensamiento Gonzalo
    aplicación creadora de la verdad universal

    Nuestra revolución
    con Partido Comunista
    invencible Guerra Popular

    invencible Guerra Popular

    Grande idéologie puissante
    point vital d’une immense transcendance
    grandiose idéologie puissante
    point vital d’une immense transcendance

    Scientifique lumière de la classe
    qui nous arme jusqu’au Communisme
    Scientifique lumière de la classe
    garantie jusqu’au communisme

    garantie jusqu’au communisme

    Vive la pensée Gonzalo
    application créative de la vérité universelle

    Vive la pensée Gonzalo
    application créative de la vérité universelle

    Les grands sommets du prolétariat
    le marxisme s’est développé
    en devenant le marxisme-léninisme
    aujourd’hui le maoïsme au plus haut niveau

    arborer, défendre et appliquer
    le maoïsme comme commandement et guide

    le maoïsme comme commandement et guide

    Vive la pensée Gonzalo
    application créative de la vérité universelle

    Vive la pensée Gonzalo
    application créative de la vérité universelle

    Notre révolution
    avec le Parti communiste
    invincible Guerre Populaire

    Vive la pensée Gonzalo
    application créative de la vérité universelle

    Vive la pensée Gonzalo
    application créative de la vérité universelle

    Notre révolution
    avec le Parti communiste
    invincible Guerre Populaire
    invincible Guerre Populaire


    Gloria A Los Héroes / Gloire aux héros

    https://www.youtube.com/watch?v=tB9aP4cFbHQ

    Tiempos de guerra viva Gonzalo
    y la progenie de los hombres nuevos
    que va sembrando que va alumbrando
    en nuestra patria un grito de guerra
    el 19 junio estalló

    en nuestra patria un grito de guerra
    el 19 junio estalló

    Los prisioneros soldados rojos
    en luminosas trincheras combaten
    el genocidio de la reacción
    el Frontón Lurigancho el Callao
    al mundo entero estremeció

    el Frontón Lurigancho el Callao
    al mundo entero estremeció

    Gloriosa muerte
    héroes del pueblo
    grito de guerra
    luminoso ejemplo

    como estandartes que anuncian victorias

    hoy nuevas cumbres remontando estamos
    que en nuestro pecho se agita ardiente

    hoy nuevas cumbres remontando estamos
    viva Gonzalo gloria a los héroes
    viva Gonzalo viva el Comunismo

    viva Gonzalo viva el Comunismo

    (Luminosa Trinchera de Combate
    Cantogrande)

    Les temps de la guerre vive Gonzalo
    et la progéniture des hommes nouveaux
    qui va semant qui va éclairant
    dans notre patrie un cri de guerre
    le 19 juin a éclaté

    dans notre patrie un cri de guerre
    le 19 juin a éclaté

    Les prisonniers les soldats rouges
    dans de lumineuses tranchées combattent
    le génocide de la réaction
    el Frontón Lurigancho el Callao
    le monde entier a été ébranlé

    el Frontón Lurigancho el Callao
    le monde entier a été ébranlé

    Glorieuse mort
    héros du peuple
    cri de guerre
    lumineux exemple

    comme des bannières annonçant des victoires

    aujourd’hui de nouveaux sommets nous gravissons
    qui dans nos poitrines cela s’agite avec ardeur

    aujourd’hui de nouveaux sommets nous gravissons
    vive Gonzalo gloire aux héros
    vive Gonzalo vive le Communisme

    vive Gonzalo vive le Communisme

    (Lumineuse Tranchée de Combat Cantogrande)


    Por El Este Nace El Sol / Le soleil se lève à l’Est

    https://www.youtube.com/watch?v=74eP1xuhM6c

    Por las mañanas miro en el este
    nace el sol nace el sol
    es un sol rojo
    el maoísmo
    en mi corazón en mi corazón

    Por las mañanas miro en el este
    nace el sol nace el sol
    es un sol rojo
    el maoísmo
    en mi corazón en mi corazón

    Les matins je regarde vers l’est
    se lève le soleil se lève le soleil
    c’est un soleil rouge
    le maoïsme
    dans mon cœur dans mon cœur

    Les matins je regarde vers l’est
    se lève le soleil se lève le soleil
    c’est un soleil rouge
    le maoïsme
    dans mon cœur dans mon cœur

  • La Parabole des aveugles et les deux singes

    Pour conclure, voici deux peintures de nature extrêmement complexe. Elles sont complexes, car de par leur nature, elles exigent qu’on saisisse tout le contexte historique de l’humanité alors.

    On a ainsi Deux singes, une peinture de 23 cm sur 20 cm. Il existe une grande quantité d’interprétations de cette œuvre.

    Mais absolument jamais il n’y a la considération que c’est une représentation réaliste de la situation absolument terrifiante de deux singes mangabeys à collier.

    Il est simplement constaté que derrière eux on voit le port d’Anvers, et que là arrivaient des animaux exotiques pour les collectionneurs.

    Alors que le contraste avec leur environnement africain est saisissant bien sûr ! On a ici une œuvre terrible, absolument terrible dans ce qu’elle montre.

    C’est une honte historique de ne pas le souligner, surtout quand on voit par exemple que les commentateurs bourgeois en arrivent tout de même à dire que la longueur de la queue symbolise la durée de l’affrontement des Pays-Bas avec l’Espagne !

    C’est toute la réalité du capitalisme qui se développe et de la contradiction entre villes et campagnes que ces commentateurs ne veulent pas voir. La peinture des deux singes est une expression historique dramatique !

    Il en va de même pour La Parabole des aveugles, un tableau à l’inverse d’un très haut niveau technique, et de grande taille (86 cm sur 154 cm). Le titre fait référence à une parabole utilisé par Jésus, ici conté par Luc :

    37 Ne jugez point, et vous ne serez point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; absolvez, et vous serez absous. 

    38 Donnez, et il vous sera donné: on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.

    39 Il leur dit aussi cette parabole: Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse? 

    40 Le disciple n’est pas plus que le maître; mais tout disciple accompli sera comme son maître. 

    41 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil?

    Les aveugles, guidés par un aveugle, tombent dans le fossé. Les critiques d’art en général considèrent que c’est une œuvre majeure, le mouvement est présenté il est vrai de manière magistrale.

    Cette œuvre avait particulièrement marqué Baudelaire, qui s’en est inspiré pour un poème, intitulé Les aveugles. Comme c’est la norme, ce poème est ridicule, comme toujours chez Baudelaire ; ses remarques artistiques sont toujours plein de pertinence et de fulgurance, par contre.

    Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
    Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
    Terribles, singuliers comme les somnambules ;
    Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

    Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
    Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
    Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
    Pencher rêveusement leur tête appesantie.

    Ils traversent ainsi le noir illimité.
    Ce frère du silence éternel. Ô cité !
    Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

    Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
    Vois ! je me traîne aussi! mais, plus qu’eux hébété,
    Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

    Il faut remarquer que dans la peinture de Bruegel, les infirmités sont détaillées de manière précise. On ne voit pas les yeux du premier personnage tout à droite. Le second a vu ses yeux être enlevés.

    Le troisième souffre d’un leucome, la quatrième d’une atrophie des globes oculaires. La lumière n’atteint pas les yeux du cinquième ou bien il souffre de photophobie ; quant au sixième, il souffre d’une pemphigoïde des muqueuses oculaires.

    C’est là une démarche scientifique de haut niveau, reflétant une connaissance approfondie, et une étude réelle, comme on peut le voir à l’attitude des aveugles.

    Une copie du tableau présente au Louvre ajoute des oies, une vache et un homme les surveillant à l’arrière-plan, entre eux et l’église. Cette dernière a été identifiée comme l’église Sainte-Anne de Pede-Sainte-Anne. C’est la même qui est représenté dans Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux.

    Certains critiques d’art l’opposent aux aveugles et pensent que cela montre l’indifférence de l’Église ; d’autres associent les deux et pensent que l’œuvre dénonce l’Église comme guidée par un aveugle.

    C’est en réalité secondaire. Il en va du réalisme, voilà l’essentiel. Bruegel a peint le peuple et il a porté un regard démocratiques ; il s’est fait le portrait d’une réalité où la ville et la campagne commençait une confrontation majeure.

    Cette peinture est pleine d’empathie, elle souligne que bien entendu les choses ne doivent pas en rester ainsi. C’est un tableau porteur d’une charge révolutionnaire démocratique, dans l’esprit de la peinture de Bruegel, porté par le protestantisme, le peuple des villes.

    Et les paysans, par le protestantisme, sont eux-mêmes emportés dans ces villes, le capitalisme révolutionnant les campagnes, démolissant les vieux cadres pour unifier à un niveau supérieur.

    Bruegel est le témoin d’un moment-clef de l’Histoire du monde.

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  • Les douze mois de l’année chez Bruegel

    Le très riche percepteur Niclaes Jonghelinck avait acheté La Tour de Babel de Bruegel, ainsi par ailleurs que Le Portement de Croix.

    Il était très proche du peintre et on sait également qu’il s’était procuré les « douze mois de l’année ». Si on n’est pas certain de ce à quoi cela fait référence, il a été conjecturé qu’il s’agissait de six tableaux, représentant chacun deux mois.

    Cela est d’autant plus logique qu’alors aux Pays-Bas, on ne parlait pas de quatre saisons, mais de six : le pré-printemps, le printemps, le début de l’été, l’été avancé, l’automne et l’hiver.

    Pour les œuvres concernées, on pense à La Journée sombre pour février et mars, La Fenaison pour juin et juillet, La Moisson pour août et septembre, La Rentrée des troupeaux pour octobre et novembre, Chasseurs dans la neige pour décembre et janvier.

    Une œuvre est perdue ; La moisson et Chasseurs dans la neige sont des chefs-d’œuvre ici déjà valorisés.

    La Journée sombre mérite bien son nom ; dans le coin droit, on voit deux enfants, avec une couronne (pour les rois mages) et une gaufre (comme au moment du carnaval).

    On retrouve les éléments habituels chez Bruegel, avec une mise en perspective, un paysage montagneux inquiétant (et non présent aux Pays-Bas de toutes façons), etc.

    Ce qui est par contre différent et indéniablement réussi, c’est le ciel : toute la surface concernée est grise et en mouvement, complètement en contraste avec le partie brune-ocre de la partie basse du tableau.

    C’est à en regretter que le ciel n’ait pas mérité une peinture en lui-même, mais pour cela il aurait fallu une approche romantique qui ne peut être que post-protestante.

    La fenaison, si on regarde bien, obéit au même découpage compositionnel.

    Et il en allait pareillement pour La moisson et Chasseurs dans la neige !

    Voici La Rentrée des troupeaux.

    Si on regarde bien, la construction est celle de la moisson, mais inversée.

    Il y a une pente descendante, qui aboutit à un prolongement dont le bout est qualitativement plus prononcé. Il y a un espace central aspirant.

    Et on retrouve ce principe d’une ligne qui vient d’en haut pour s’étaler en contre-bas dans Le Suicide de Saül (33,5 cm sur 55 cm) et La Conversion de saint Paul (108 cm sur 156 cm).

    Saül, roi d’Israël, se suicide après sa défaite face aux Philistins ; Paul (ou Saül) était un juif romain persécutant les chrétiens, mais ayant une vision et devenant littéralement le fondateur du catholicisme.

    La Fuite en Égypte fonctionne pareillement selon le même principe. Joseph emmène Marie et le petit Jésus pour se réfugier en Égypte, le roi Hérode ayant décidé de tuer tous les enfants de moins de deux ans par peur du « roi des Juifs ».

    Il en va de même pourLe Dénombrement de Bethléem, de 1556, de format 116 cm sur 164,5 cm. Bruegel joue sur un arc de cercle, et pour le combler il place souvent un cours d’eau, qu’il ajuste pour équilibrer l’ensemble.

    On notera que les gens, dont Marie et Joseph, viennent se faire recenser à un endroit dont l’enseigne visible sur la droite représente en quelque sorte l’aigle double des Habsbourg,la couronne impériale et la chaîne de l’Ordre de la Toison d’Or !

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  • La Tour de Babel de Bruegel

    Il existe deux versions de la Tour de Babel chez Bruegel, toutes deux de 1563. Dans la Bible, elle est très marquante comme exemple de la démesure humaine que Dieu rabaisse. Voici le passage concerné.

    1 Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 

    2 Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. 

    3 Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. 

    4 Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. 

    5 L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. 

    6 Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. 

    7 Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. 

    8 Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. 

    9 C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre.

    La première version de Bruegel est moins élaborée et de plus petite taille (94 cm sur 74 cm) que la seconde.

    La Tour est construite sur un polder, c’est-à-dire sur un terrain gagné sur la mer de manière artificielle. Est-ce là une référence à l’orgueil humain, ou bien à l’époque ?

    En effet, les techniques employées sont également du 16e siècle.

    On voit que la tour semble déjà déséquilibrée à la base.

    Il y a également beaucoup d’agitation, montrée par les bateaux sur le côté droit, alors qu’une foule immense est en action sur la tour elle-même.

    Il y a également une procession religieuse, ce qui est très étrange puisque le récit de la Tour de Babel est censé dater littéralement des débuts de l’humanité ! Il s’agit sans doute de montrer que l’Église elle-même peut tomber dans l’orgueil.

    Tout cela donne une étrange impression et si la tour est massive, il n’y a pas de complexité réelle dans la composition. C’est en cela qu’il va être très intéressant de voir comment Bruegel a mis en place sa seconde version, qui est bien plus grande (114 cm sur 155 cm).

    Il a réduit le nombre d’étages, il a ajouté une ville, il a ajouté des personnages au premier plan. Le côté droit de la Tour est également ouvert, aux dépens de l’activité des bateaux sur le même côté.

    Il est indubitable que la Tour de Babel de Bruegel a une ressemblance avec le Colisée de Rome.

    Les commentateurs bourgeois n’y ont vu qu’une dénonciation de la Rome païenne, mais il peut tout à fait y avoir une allusion à la Rome catholique avec le pape.

    Il semble en tout cas y avoir un souci dans cette construction où les arches semblent surtout posées les unes sur les autres, sans que le socle porteur ne soit réellement utilisé. La précarité de la situation est assez patente.

    Pour les gens à l’époque, l’effort d’une telle présentation d’une construction architecturale en cours devait nécessairement être marquante. Non pas au sens d’une surprise, car on n’est plus au moyen-âge, mais comme reflet de l’évolution technique.

    Avec ses aspects techniques, la peinture de Bruegel est le témoin et le drapeau d’une révolution technique en cours, qui accompagne le développement du capitalisme et des villes.

    On a quitté le moyen-âge et l’artisanat, on a quitté le travail individuel, isolé, séparé. On est dans les efforts collectifs immenses, avec une division du travail, des techniques éprouvées, des calculs physiques et mathématiques.

    Ce n’est donc pas, au sens strict, une peinture avec une image d’un épisode de la Genèse, mais une peinture qui exprime toute une époque historique à travers un mythe religieux.

    C’est un manifeste moderne, avec la technique et les masses.

    Voici, enfin, le roi Nemrod qui vient rendre visite au chantier avec une délégation. L’ambiance n’est pas très claire : certains expriment une grande servilité, d’autres continuent de travailler.

    On notera que la signature du peintre est en bas à droite, inscrite sur une pierre taillée.

    Cette scène, aussi peu complexe qu’elle soit, souligne la puissance de calcul du peintre, qui jongle avec une multitude d’éléments et parvient à les assembler dans une composition. C’est une gigantesque partie d’échecs en peinture.

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  • La Danse et le mariage chez Bruegel

    La Danse des paysans et La Danse de la mariée en plein air ont en commun, on l’aura compris, la danse. La première peinture date de 1568 et a comme dimension 119,4 cm sur 157,5 cm ; la seconde date de 1566 et a le même format.

    Ces œuvres ont beaucoup marqué les esprits et souvent on associe Bruegel à ce type de peinture, pour ne pas dire qu’on le réduit à cela.

    Il faut dire que dans La Danse des paysans, on se croirait assister à la scène.

    Les personnages ont des traits relativement grossiers, mais leur bonhomie triomphe, et le rythme est omniprésent.

    C’est une véritable photographie.

    La Danse de la mariée en plein air est également assez efficace dans le typique.

    Par contre, l’attention n’est pas porté sur quelques personnages précisément. Au lieu de la qualité, on a la quantité, avec 125 personnes présentes au mariage, et toutes impliquées dans quelque chose.

    C’est la vie du peuple qui est montré, dans un moment clef de son existence sur le plan de la vie quotidienne.

    C’est la joie qui ressort, l’effervescence.

    Le Repas de noce forme le dernier tableau de cette sorte de trilogie. C’est une peinture extrêmement connue ; elle date de 1568 et mesure 114 cm sur 164 cm.

    Comme pour Chasseurs dans la neige, c’est le calme qui amène une telle fascination pour ce tableau, même si La Danse des paysans est davantage typique, davantage complexe.

    Il y a ici quelque chose de posé, non plus comme une photographie, mais comme une sorte de film au ralenti. On arrive à cerner tous les aspects, sans être débordé.

    On retrouve l’opposition rond / carré, sensible / rationnel de l’opposition entre Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux et Chasseurs dans la neige.

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  • Chasseurs dans la neige

    Chasseurs dans la neige est une œuvre extrêmement célèbre. Faisant 117 cm  sur 162 cm, elle est donc bien plus grande que Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux, qui date également de 1565.

    On la retrouve également dans les films Solaris (1972) et Le Miroir (1975) de l’immense réalisateur, le maître Andreï Tarkovski.

    Pourquoi cette œuvre est-elle si célèbre, surtout comparé à Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux ? C’est peut-être qu’on retrouve tous les éléments de ce tableau – avec les patineurs, les joueurs du golfe sur glace et ceux de la variante du curling, etc. – avec cependant cette fois un contraste très marqué.

    En effet, les chasseurs baissent la tête, les chiens ont l’air épuisé également. La chasse été mauvaise, on ne voit qu’un renard maigre sur le dos d’un chasseur. Le peintre a même mis des pas d’un lièvre dans la neige devant les chasseurs, pour souligner qu’ils l’ont manqué.

    Et au loin on voit des montages pittoresques, inaccessibles, impraticables pour la chasse. Les perspectives semblent bouchées. Naturellement, de telles montagnes ne sont pas présentes aux Pays-Bas.

    Les chasseurs passent d’ailleurs devant une auberge, dont le nom est « Dit is inden Hert ». Cela signifie « Au cerf » et on voit d’ailleurs Eustache comme saint sur le panneau.

    Ce dernier penche, en correspondance avec l’échec de la chasse : Eustache est le saint des chasseurs. Il devint chrétien de la manière suivante : il poursuivait un cerf et au moment de le tuer, un crucifix apparut entre les cors de celui-ci.

    Un peu plus tard, la légende fut racontée de nouveau pour Hubert de Liège, qui prit la place de saint des chasseurs.

    Et devant l’auberge, c’est un cochon qui a été tué et qui va être cuit. C’est encore un contraste avec la situation des chasseurs, dont l’échec apparaît comme encore plus grand, la situation d’autant plus précaire.

    On remarquera qu’on retrouve la trappe aux oiseaux des Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux.

    On a, de fait, pareillement la contradiction entre la ville et la campagne qui s’expose. L’humanité s’en sort mieux, par la ville, mais cela se fait aux dépens des animaux.

    Et finalement, la ville implique une guerre contre eux. Ici, on n’a plus seulement la trappe aux oiseaux, mais la chasse, et l’élevage avec le cochon tué.

    Tout comme Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux, on a également une ville un peu plus loin, mais la différence notable, c’est que la glace se situe dans un endroit fermé, alors que c’était sur un cours d’eau dans l’autre tableau.

    C’est là que tout se joue. Dans Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseau, tout est tranquille, mais il n’y a pas de côté défini, en cadré, borné qu’on trouve dans Chasseurs dans la neige.

    Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux présente une atmosphère, un état d’âme. Le caractère national-démocratique est tout à fait net. Chasseurs dans la neige est un tableau qui dresse une situation ; on ne s’y perd pas, on s’y oriente de manière facile.

    Il n’est pas étonnant que le premier eut un succès retentissant à son époque, alors que c’est le second qui est désormais bien plus connu. Il y a une dimension rationnelle qui l’emporte sur l’aspect sensible.

    On pourrait dire pour caricaturer que le premier tableau est rond, le second carré ; on ne les aborde pas de la même manière. C’est très révélateur de l’évolution de l’humanité, de sa transformation historique.

    Et ces deux tableaux vont forcément continuer de vivre dans l’avenir, avec un regard toujours plus complexe, plus riche posé sur eux.

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  • Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux

    Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux est une œuvre très connue de Bruegel, une œuvre remarquable. Datant de 1565, elle exprime avec profondeur la contradiction entre les villes et les campagnes qui naît avec le capitalisme.

    Étonnamment petite (37 cm sur 55,5 cm) alors qu’il aurait pu s’agir d’un grand panneau, cette peinture nous amène dans une situation où c’est tout un nouveau rapport avec la Nature qui se présente. Le jeu des patineurs sur la glace est ainsi une ode populaire, à la croisée de la Nature et de la culture. Les masses ont les moyens de s’amuser, de s’épanouir.

    On n’est plus dans un moyen-âge arriéré, il y a des patins, il y a une maîtrise des phénomènes naturels, une appréciation de ceux-ci.

    Le fait d’avoir bien souligné la présence des maisons – et à côté des maisons, de l’église – en fait un chef-d’œuvre des villes naissantes. Il y a d’ailleurs une ville plus grande au loin. Il s’agit a priori d’Anvers, si le village représenté est bien celui de Pède-Sainte-Anne, comme des chercheurs le pensent.

    Ce tableau est une ode au peuple naissant, à la société organisée se développant ; sa charge démocratique est indubitable. Et les arbres, dans leur présentation, sont typiques de l’esprit flamand, si proche du futur romantisme allemand.

    La profondeur nationale-démocratique de cette œuvre est si réelle qu’il n’y a pas de personnages qui prend le dessus, on a le peuple. Et, dans le même temps, les activités sur la glace sont nombreuses, différentes.

    Outre le patinage, on a une variante du curling, ainsi qu’une sorte de golf sur la glace. Le mouvement que l’on voit avec chaque personnage est d’une rare éloquence. C’est un portrait vivant, avec une capacité magistrale au typique.

    Certains regretteront le ton du tableau, son teint ocré, peu engageant peut-être. Mais telle est la réalité des Pays-Bas alors et, à l’inverse, on y gagne une tranquillité d’une remarquable expression.

    La peinture a d’ailleurs eu un succès remarquable dès l’époque et a été maintes fois reproduites ensuite, par la famille de Bruegel, puis par la suite par différents peintres, ce qui fait qu’il est très difficile de les attribuer.

    Il existe de ce fait encore un doute même quant à l’auteur de ce tableau précisément. Si la composition est celle de Bruegel, il est possible que cela soit une version postérieure réalisée par son fils Pieter Brueghel le Jeune.

    Voici trois variantes. La première, dont l’auteur est inconnu, appartenait au roi du Danemark et de Norvège Christian IV, et faisait partie de la décoration du château de Rosenborg à Copenhague.

    Les deux version suivantes sont attribués à Pieter Brueghel le Jeune. La première œuvre est aujourd’hui en Pologne, au musée national de Wrocław. La seconde œuvre a appartenu à la reine d’Espagne Élisabeth Farnèse et est aujourd’hui au musée du Prado, à Madrid.

    Il y a maintenant la question de la trappe visant à capturer les oiseaux. Si les corvidés, très malins, restent plutôt à l’écart, tel n’est pas des bouvreuils pivoines.

    L’interprétation traditionnelle est la suivante. Les gens pensent à s’amuser à la première occasion. Or, cela peut s’avérer un piège, et leur âme peut être capturée par le diable aussi simplement que les oiseaux représentés, attirés par la nourriture disposée à leur attention.

    C’est tout à fait conforme avec le protestantisme. Reste qu’il faut ajouter une dimension toujours oubliée : celle du rapport aux animaux. Et on a vu que Bruegel n’oublie jamais cette question. Cela provient d’une exigence, celle du réalisme, cependant également d’un véritable regard.

    La naissance des villes s’associe immanquablement avec un rapport davantage conflictuel avec le monde animal. Il y a une contradiction flagrante : les gens s’amusent, alors qu’un peu plus loin, on cherche à tuer.

    Le positif affronte le négatif, et cela au cœur même d’une peinture qui fait ressortir la tranquillité, la bonhomie.

    L’humanité parvient à s’en sortir en hiver – et l’hiver 1564-1565 avait été particulièrement dur -, et pourtant, en parallèle, il y a une guerre contre des oiseaux qui eux aussi doivent affronter l’hiver. On a déjà la ville qui se referme sur elle-même.

    Il y a là quelque chose qui est très lourd de sens, si l’on pense à ce que sont devenus les villes ensuite, avec leurs lumières permanentes, leurs pics anti-oiseaux, leurs grands immeubles et leurs grandes vitres qui sont autant de dangers meurtriers pour les oiseaux. On a dans le tableau l’annonciation d’une terrible guerre qui commence.

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  • Le point de vue de Baudelaire

    Si Baudelaire est un poète ridicule et niais, et opportuniste, il écrit admirablement bien quant il s’agit de prose. Toujours enclin à la fulgurance, il a été un critique d’art attentif.

    S’il n’a rien compris à Bruegel – par méconnaissance de la question protestante, du rapport entre les villes et les campagnes qu’il a pourtant lui-même exprimé avec brio dans les poèmes en prose du Spleen de Paris – son analyse est très intéressante.

    Sans comprendre le sens de la contradiction qu’il expose, il affirme qu’il y a deux types de peinture chez Bruegel.

    Il y a d’un côté une peinture joviale, amusante, pleine d’esprit et d’entrain… avec une dimension sociale, engagée. Et il y a de l’autre côté une hallucination infernale dont on chercherait vainement le sens.

    « Les Flamands et les Hollandais ont, dès le principe, fait de très-belles choses, d’un caractère vraiment spécial et indigène.

    Tout le monde connaît les anciennes et singulières productions de Brueghel le Drôle, qu’il ne faut pas confondre, ainsi que l’ont fait plusieurs écrivains, avec Brueghel d’Enfer.

    Qu’il y ait là dedans une certaine systématisation, un parti pris d’excentricité, une méthode dans le bizarre, cela n’est pas douteux.

    Mais il est bien certain aussi que cet étrange talent a une origine plus haute qu’une espèce de gageure artistique. Dans les tableaux fantastiques de Brueghel le Drôle se montre toute la puissance de l’hallucination.

    Quel artiste pourrait composer des œuvres aussi monstrueusement paradoxales, s’il n’y était poussé dès le principe par quelque force inconnue ?

    En art, c’est une chose qui n’est pas assez remarquée, la part laissée à la volonté de l’homme est bien moins grande qu’on ne le croit.

    Il y a dans l’idéal baroque que Brueghel paraît avoir poursuivi, beaucoup de rapports avec celui de Grand-ville, surtout si l’on veut bien examiner les tendances que l’artiste français a manifestées dans les dernières années de sa vie : visions d’un cerveau malade, hallucinations de la fièvre, changements à vue du rêve, associations bizarres d’idées, combinaisons de formes fortuites et hétéroclites.

    Les œuvres de Brueghel le Drôle peuvent se diviser en deux classes : l’une contient des allégories politiques presque indéchiffrables aujourd’hui ; c’est dans cette série qu’on trouve des maisons dont les fenêtres sont des yeux, des moulins dont les ailes sont des bras, et mille compositions effrayantes où la nature est incessamment transformée en logogriphe.

    Encore, bien souvent, est-il impossible de démêler si ce genre de composition appartient à la classe des dessins politiques et allégoriques, ou à la seconde classe, qui est évidemment la plus curieuse.

    Celle-ci, que notre siècle, pour qui rien n’est difficile à expliquer, grâce à son double caractère d’incrédulité et d’ignorance, qualifierait simplement de fantaisies et de caprices, contient, ce me semble, une espèce de mystère.

    Les derniers travaux de quelques médecins, qui ont enfin entrevu la nécessité d’expliquer une foule de faits historiques et miraculeux autrement que par les moyens commodes de l’école voltairienne, laquelle ne voyait partout que l’habileté dans l’imposture, n’ont pas encore débrouillé tous les arcanes psychiques.

    Or, je défie qu’on explique le capharnaüm diabolique et drôlatique de Brueghel le Drôle autrement que par une espèce de grâce spéciale et satanique.

    Au mot grâce spéciale substituez, si vous voulez, le mot folie, ou hallucination ; mais le mystère restera presque aussi noir. La collection de toutes ces pièces répand une contagion ; les cocasseries de Brueghel le Drôle donnent le vertige. Comment une intelligence humaine a-t-elle pu contenir tant de diableries et de merveilles, engendrer et décrire tant d’effrayantes absurdités ?

    Je ne puis le comprendre ni en déterminer positivement la raison ; mais souvent nous trouvons dans l’histoire, et même dans plus d’une partie moderne de l’histoire, la preuve de l’immense puissance des contagions, de l’empoisonnement par l’atmosphère morale, et je ne puis m’empêcher de remarquer (mais sans affectation, sans pédantisme, sans visée positive comme de prouver que Brueghel a pu voir le diable en personne) que cette prodigieuse floraison de monstruosités coïncide de la manière la plus singulière avec la fameuse et historique épidémie des sorciers. »

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  • La Chute des anges rebelles et Le Triomphe de la Mort 

    Si avec Margot la folle on a de la violence, elle reste bizarre, alors que La Chute des anges rebelles et Le Triomphe de la Mort possèdent une vraie brutalité. Les deux œuvres le font toutefois avec une grande différence.

    La Chute des anges rebelles se situe, en effet, dans la tradition flamande, il y a une certaine démarche médiévale de représentation des anges, même si l’ensemble est déjà dans une démarche complexe, foisonnante, surchargée.

    Ce qui est surtout angoissant, et en cela c’est très différent de Margot la folle où là, il y a un décor, c’est qu’il n’y a dans la partie basse aucun endroit de libre. Tout est occupé par quelque chose.

    Le ciel, lui, a beaucoup d’espace. Les anges et l’archange viennent de là. L’expression de leur venue du ciel est très bien faite, et ajoute à l’impression de mouvement massif, de lancée depuis le Ciel pour affronter les forces du Mal.

    Impossible d’appréhender d’ailleurs rationnellement ces dernières, seuls les anges se présentent sous des formes réellement reconnaissables et rassurantes, notamment l’archange Michel qui s’en va frapper Satan.

    Paradoxalement, ce tableau est encore trop moderne pour nous. Il présente une telle surcharge, de manière réussie, que c’est très difficile à regarder pour nos esprits passés par le capitalisme et cherchant à diviser, séparer, ordonner. Ce tableau du passé appartient à l’avenir.

    On notera que ce tableau de 117 cm sur 162 cm est peint à l’huile sur un panneau de chêne. Exposé à Bruxelles, il est très fragile et ne saurait donc être transporté ailleurs pour des expositions. Cela nuit beaucoup à sa reconnaissance dans une situation capitaliste où l’héritage historique n’est pas assumé scientifiquement et culturellement.

    On n’a également compris son auteur uniquement à la fin du 19e siècle, lors d’une opération de restauration. Le cadre masquait en fait la signature !

    Le Triomphe de la Mort expose quant à lui la violence en soi, celle qui abouti à l’anéantissement. C’est 160 cm sur 120 cm de terreur infernale, impitoyable.

    Rien n’est épargné, même pas le paysage. Ici, on n’est plus seulement dans la danse macabre, telle que l’a connue le moyen-âge. On est déjà dans une logique baroque espagnole.

    La vie perd devant la mort : on n’est plus du tout dans la démarche protestante. Cela en fait une œuvre très à part, exprimant une agressivité qu’on ne trouve pas normalement. Ce qui est d’ailleurs flagrant, c’est que la ville a disparu.

    On n’est simplement dans un cauchemar, qui semble sans fin.

    On notera le couple, dans un coin, qui se détourne totalement des événements. Un squelette vient jouer de la musique, indiquant qu’eux aussi n’y échapperont pas.

    On peut alors inverser et penser que c’est une dénonciation de la guerre. Et c’est vrai qu’une telle représentation peut être très utile pour cela.

    La dimension unilatérale du tableau nuit cependant à en faire une véritable œuvre d’art qui soit réussi.

    Ce qui est porté est trop entaché d’un systématisme qui est précisément celui du baroque catholique, espagnol, ultra-réactionnaire, anti-réaliste.

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  • Margot la folle et la reconnaissance de la femme

    Un exemple significatif de l’état d’esprit qui va avec la ville comme nouvelle forme sociale, c’est la peinture de Margot la folle, ou Dulle Griet, Griet est le diminutif flamand du prénom Marguerite en français. C’est une personnage du folklore de la ville de Gand, et le tableau représente le proverbe disant : « elle pourrait piller l’enfer et en revenir indemne ». On a ici Margot pillant l’enfer.

    Il y a également un dicton d’Anvers de l’époque disant que :

    « Une femme seule fait du boucan, deux femmes causent beaucoup de difficultés, trois femmes se rassemblent uniquement pour faire du commerce pour un marché annuel, quatre femmes mènent à la dispute, cinq femmes forment une armée et pour lutter contre six femmes Satan n’a pas lui-même une arme pour les combattre. »

    C’est intéressant, car c’est une reconnaissance ouverte, contradictoire, de la richesse de la psyché féminine, de sa profondeur immense, de sa très grande violence également.

    L’œuvre est clairement à rapprocher de l’œuvre de Jérôme Bosch. On peut alors dire que Bruegel fait ici pratiquement un exercice de style. Mais dialectiquement, on peut l’interpréter comme une reconnaissance de la femme et de sa réalité, de sa situation provoquée par des siècles de patriarcat.

    C’est une reconnaissance inégale, puissamment contradictoire.

    Ce qui est intéressant, c’est que par Margot la folle, on vise surtout à dénoncer l’avarice. Mais là, on a une expression de la puissance féminine, avec même une armée de femmes.

    Margot la folle, de taille géante, entraîne dans son sillage des femmes combatives, complètement à rebours de ce qui est attendu de la part des femmes au moyen-âge. C’est là qu’on voit qu’avec les villes, les femmes ont pu gagner en affirmation de leur existence.

    Le moyen-âge et la féodalité n’ont été qu’un sas entre le patriarcat et l’esclavage qui ont précédés et le capitalisme et ses villes « citoyennes » qui ont suivi.

    Le tableau est souvent présenté comme inquiétant et volcanique. Volcanique, il l’est, mais on ne peut pas vraiment parler de dimension inquiétante, dans la mesure où il est trop délirant pour ça.

    Pour le coup, on en revient à la question de l’influence du baroque et de l’Espagne. Un tel foisonnement dépasse la simple logique compositionnelle complexe urbaine, on est vraiment dans une sorte de délire maîtrisée.

    Il est vrai que c’était là s’appuyer sur de puissants ressorts pour pouvoir présenter la complexité féminine. Loin de ramener la question démocratique à une simple question d’égalité, Bruegel expose la puissance féminine latente, masquée.

    En ce sens, ce tableau est un manifeste des femmes, produit de manière indirecte et contradictoire, de manière inégale et à travers un jeu de miroir puisque vu, ressenti par un homme.

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  • Le monogrammiste de Brunswick

    Voici une peinture flamande datant du milieu des années 1530, avec en-dessous Le Portement de Croix de Bruegel. Le parallèle est évident dans la composition.

    Ce tableau dont a pu s’inspirer Bruegel est attribué parfois à Jan van Amstel, plus souvent à un anonyme qu’on a appelé le monogrammiste de Brunswick, car on ne connaît à la base qu’un monogramme comme signature (« J.v.A.M.S.L »). Une telle signature peut également être de Jan van Amstel, de manière assez flagrante.

    Et les peintures de ce monogrammiste rappellent clairement des dispositifs de Bruegel. Voici par exemple Ecce homo, voici l’homme, lorsque Ponce Pilate présente à la foule un Jésus qui a été flagellé.

    On a le peuple qui est représenté, on a un jeu sur toute une multitude de personnages œuvrant à la composition. Surtout, la scène censée être centrale et la plus visible se voit placée de manière déterminée dans un secteur seulement du tableau, non pas à l’écart, mais sans être flagrante pour autant.

    Autrement dit, il est fait appel à un effort de l’esprit pour saisir les combinaisons présentées dans l’œuvre.

    On trouve également un esprit de facétie, comme ici dans cette scène avec un acrobate et un joueur de cornemuse, sans doute dans un lieu de prostitution.

    Au-delà du rapport entre les deux peintres, il faut bien voir que les Pays-Bas permettant d’un côté d’avoir le peuple, de l’autre d’avoir la ville.

    C’est là la clef pour saisir la nature historique de Bruegel.

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  • Bruegel et Jésus

    Regardons maintenant la figure du Christ en tant que tel chez Bruegel. On a déjà une peinture en mode grisaille – autrement dit en noir, blanc et gris. Elle fait 24 cm sur 34 cm.

    C’est Le Christ et la Femme adultère, où comme on le sait, Jésus la sauve de la lapidation en disant « Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ».

    Jésus écrit d’ailleurs par terre « DIE SONDER SONDE IS DIE », soit « Que celui d’entre vous qui est sans péché ».

    L’œuvre ne fut pas vendue et fut la seule dont hérita le second fils de Bruegel, Jan Brueghel l’Ancien. On remarquera que la femme est ici très valorisée, ce qui est notable, surtout quand on voit comment il a pu peindre Marie.

    Voici une autre grisaille, justement avec Marie : La dormition de la Vierge. On chercherait en vain une célébration à la mode italienne ou espagnole, un quelconque lien avec l’exigence catholique de transcendance.

    Un premier tableau avec le Christ, peu connu, est Le Christ et les Apôtres au lac de Tibériade. Il est pareillement très distant dans son rapport avec jésus.

    Jésus s’apprête en fait à embarquer sur une barque, après avoir réalisé de nombreuses guérisons. C’est un épisode raconté par Matthieu :

    23 Il monta dans la barque, et ses disciples le suivirent.

    24 Et voici, il s’éleva sur la mer une si grande tempête que la barque était couverte par les flots. Et lui, il dormait. 

    25 Les disciples s’étant approchés le réveillèrent, et dirent: Seigneur, sauve-nous, nous périssons! 

    26 Il leur dit: Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? Alors il se leva, menaça les vents et la mer, et il y eut un grand calme. 

    27 Ces hommes furent saisis d’étonnement: Quel est celui-ci, disaient-ils, à qui obéissent même les vents et la mer ?

    On voit mal cependant quel rapport la peinture peut avoir avec une quelconque tempête. Déjà, Jésus apparaît seul, avec de nombreux animaux.

    Cela donne une impression de grand calme, de tranquillité générale.

    Les animaux sont à l’aise, ils ne semblent pas qu’ils soient dérangés depuis au moins quelques temps. Il y a même un tronc qui est sur la route et la bloque en partie.

    Ces animaux représentent bien entendu le troupeau guidé par Jésus. Mais il n’y a donc pas la tension qu’on trouve dans le texte de la Bible.

    Et l’horizon premier du lac exprime plus la tranquillité flamande, avec ses maisons, que le tumulte d’un lac en Orient.

    L’œuvre n’est en soi pas directement marquante. Tout autre est Le Portement de Croix (en fait La procession au Calvaire), de 124 cm sur 170 cm. C’est une œuvre qui a extrêmement attirée l’attention.

    Il faut dire qu’il y a plus de 500 personnages représentés, et que de manière notable, le Christ portant la croix apparaît seulement comme un élément parmi bien d’autres.

    Le Christ est cependant bien au milieu de la scène. Il est à terre, affaibli… humain. Ce qui se passe, c’est qu’il n’est pas au centre de l’attention. C’est un appel, typiquement protestant, à s’arracher personnellement à sa propre démarche pour se tourner vers le message du Christ.

    L’un des pivots de l’étrangeté de la scène est le moulin à vent, placé de manière hallucinée sur un rocher avec une forme très particulière. Pour le vent, l’intérêt est pertinent, mais pour le transport du blé et de la farine, ce n’est pas du tout le cas.

    La ville qu’on voit à gauche du moulin est censée être Jérusalem. La transformation flamande du paysage est flagrante.

    Un autre aspect totalement flamand, c’est la représentation de Marie, entourée de Madeleine et de Marie (femme de Cléophas), avec Jean à côté. Tous les observateurs ont été frappés de comment cela fait écho à la peinture flamande précédant Bruegel.

    On trouve également les fameux deux larrons. Ils sont soutenus par… deux religieux catholiques, un franciscain et un dominicain, en habits du 16e siècle.

    Cet anachronisme est surprenant, et peut-être s’explique-t-il par Luc. En effet, chez cet évangéliste, il n’y a pas seulement deux larrons comme chez Marc et Matthieu, mais un bon larron et un mauvais larron.

    L’un des deux se repent, alors que l’autre insulte le Christ. Il y a ici place pour une interprétation, somme toute secondaire : ce qui compte, c’est le contraste.

    Voici ce qu’on lit chez Luc, ce qui a son importance surtout pour la première phrase :

    35 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »

    36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,

    37 en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

    38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

    39 L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »

    40 Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !

    41 Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »

    42 Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »

    43 Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

    En effet, le peuple est observateur dans la peinture, et même il est à côté de l’événement, il est agité en tous les sens, sans que cela fasse cohérence. Regardons d’ailleurs la ligne derrière le Christ et son parcours fait jusque-là : elle est composée d’enfants.

    Cette ligne d’enfants est strictement parallèle à la ligne des soldats, qui sont en tenue rouge, espagnole. C’est un parallèle très net qui est tracé entre les soldats et les enfants, pour montrer qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, comme il est indiqué dans la Bible.

    La composition joue sur ce plan de manière marquée, mais pas seulement.

    Que trouve-t-on en effet en-dessous de ces deux lignes ? On a des éléments populaires, avec le travail représenté (notamment le fait de porter). L’un deux, comme dit dans la Bible, est pris de force pour aller aider Jésus à porter la croix. Il y a parmi les éléments populaires par conséquent des soutiens aux soldats.

    Le peuple n’est pas protagoniste de la mise à mort.

    Mais le peuple est le peuple et, entraîné dans ses mauvais penchants, il se précipite pour aller assister à la crucifixion. C’est cela, le message du tableau, la charge démocratique qu’on y trouve.

    Cette peinture préfigure le point de vue politique de Spinoza, il affirme l’existence du peuple, mais également la nécessité qu’il s’oriente selon des valeurs bien déterminées, pour ne pas se perdre.

    On notera enfin ce trait particulier. On voit le mouvement de foule vers le lieu de l’exécution. Mais on a aussi tout à droite un arbre utilisé pour les supplices.

    Et si on regarde bien, on a justement à droite de cet arbre un autre arbre qui commence à le dépasser. C’est un jeune chêne.

    C’est bien entendu une affirmation de la vie qui triomphe de la mort. Il y a là l’affirmation non pas de l’espoir (catholique), mais de la foi (protestante), de la confiance en la victoire sur les forces de l’obscurité, de la souffrance.

    Il n’y a pas, chez Bruegel, de nihilisme.

    On est dans la culture, pas dans la décadence, et la peinture de Bruegel représente la charge historique des villes, du protestantisme, du jeune capitalisme qui s’élance et démolit l’ancien monde.

    On notera à ce titre Le Massacre des innocents, de 1565, de format 109 cm sur 158 cm.

    On y retrouve en effet des soldats pareillement habillés en rouge. C’est de nouveau une allusion aux soldats espagnols.

    Ils massacrent les nouveaux-nés, conformément à l’épisode biblique de l’assassinat de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem.

    Le fait de placer la scène dans les Pays-Bas d’alors est immanquablement en rapport avec la répression espagnole ayant lieu au même moment. On remarquera que beaucoup d’animaux sont massacrés aussi.

    Ce qu’il y a eu une modification par les Habsbourg. Les enfants ont été remplacés par des animaux justement, mais également paquets de linge, des ustensiles de maison, etc. Une copie nous informe de ce qu’on voyait à l’origine.

    La peinture de Bruegel n’est pas moraliste, elle est morale. Elle porte le nouveau, contre l’ancien.

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  • La Pie sur le gibet

    Cette peinture à l’huile sur un panneau de 46 cm sur 51 est doublement intéressante déjà de par son rapport au peintre. En effet, à sa mort, Bruegel a voulu que ce soit sa femme qui le conserve. C’est donc une œuvre importante pour lui.

    Il y a ensuite le contexte. L’œuvre est produite en 1568, alors que commence en 1567 la furieuse répression menée par le nouveau gouverneur du pays, Ferdinand Alvare de Tolède, à la tête d’un « Tribunal de los Tumultos » nouvellement institué, condamnant à mort sans relâche.

    L’œuvre se moque ouvertement de la répression, de la peur de la mort, avec des personnages représentant cette absence de peur en faisant allusion aux expressions « chier sous le gibet », « danser sous le gibet ».

    La composition présente-t-elle des allusions ? On a deux forteresses, chacune placé en hauteur. On a un petit village sur la droite, et au loin un village bien plus grand, donnant sur l’eau. On a également une ferme et deux maisons isolées.

    Et loin du pouvoir, mais clairement lié aux villages, on a le peuple qui danse, de manière communautaire.

    Cette œuvre a une dimension éminemment révolutionnaire, c’est un tableau qui présente un contenu démocratique et populaire, en opposition avec les classes dominantes et même plus directement le régime.

    Cette œuvre est la preuve en soi, s’il en fallait une, de l’orientation de Bruegel dans le contexte de son époque. Représenter un tel mépris populaire des autorités, c’est prendre parti.

    Ce tableau aligne Bruegel sur le protestantisme et son impact politique aux Pays-Bas.

    Ce n’est pas tout cependant. Si on regarde le gibet… Il y a un problème au niveau des trois dimensions. C’est une figure dite impossible.

    Soit Bruegel a raté le gibet, soit il l’a fait exprès. S’il l’avait raté, il aurait pu le refaire, et il a nécessairement vu qu’il y avait un souci dans la représentation, ou de toutes façons, cela lui aurait été fait remarquer.

    C’est donc un choix. Et l’origine de choix tient à ce qu’il a voulu désacraliser le gibet, le montrer non pas comme une menace terrible, mais comme finalement une absurdité qui ne tiendrait pas longtemps.

    On notera au passage que la pie sur le gibet fait allusion au fait de trop bavarder ou de trop rapporter les choses, ce qui amène des risques pour certains en raison de la répression à l’époque.

    Bruegel avait dit à sa femme que c’était ces rapporteurs qui devaient terminer au gibet.

    Le fait de montrer un personnage en train de déféquer dans un coin est de toutes façons déjà très agressif, alors que le contexte est terrible avec le gibet.

    Cela étant, cela aboutit ici à un paradoxe, car cela confère une certaine dimension baroque à cette peinture. Il y a un côté décalé, délirant, surchargé qui par exemple ne se heurte pas du tout au Don Quichotte de Cervantès, une œuvre espagnole par excellence.

    Comme on le sait, les Pays-Bas méridionaux – autrement dit ce qui sera la Belgique (et le Luxembourg, et le Nord-Pas-de-Calais) – restant soumise à l’Espagne, vont justement développer un baroque flamand, dont la grande figure est Rubens.

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  • L’Adoration des mages

    De manière surprenante, on a de la neige dans cette représentation des rois mages. L’Adoration des mages dans un paysage d’hiver est un petit tableau de 35 cm sur 55 cm.

    On remarquera encore une fois qu’il y a beaucoup de monde, alors que la figure de Marie n’est pas valorisée. Le fait de présenter la neige est une manière de s’approprier l’événement au niveau national également.

    L’œuvre a été précédée, quelques années auparavant, par deux œuvres au même thème.

    On a déjà L’Adoration des mages, une peinture au format portrait ce qui est rare chez Bruegel. Là encore, il y a une appropriation nationale de l’événement ; on n’est pas du tout à Bethléem.

    On a d’ailleurs étonnamment des soldats, mais leur présence, le linge placé curieusement derrière Jésus, ainsi que le marteau de Lucerne (une sorte de hallebarde) pouvant représenter une croix (tout comme l’arbalète) font certainement référence à la crucifixion.

    On n’est pas ici du tout dans l’esprit catholique, par ailleurs, d’autant plus exigeant à l’époque dans son combat contre le protestantisme. On a des figures humaines au sens strict, avec des visages marqués.

    Joseph se penche, alors qu’on lui parle à l’oreille ; Marie a le visage en partie masqué ; rien ne les distingue des autres personnes présentes. S’ils sont habillés de manière luxueuse, ni Gaspard ni Melchior ne semblent emplis de grâce, seul Balthazar qui offre un encensoir en forme de bateau apparaît comme à la hauteur de la figure qu’il représente.

    Il faut vraiment un contexte historique particulier pour qu’une œuvre aussi décalée par rapport aux normes catholiques soit acceptée. En fait, on peut même dire que les personnages sont tous plus ou moins inquiétants et un réel mal à l’aise se dégage de la scène.

    La seule explication possible, c’est l’esprit protestant qui considère que l’humanité n’est pas au niveau du message envoyé, que depuis Adam elle ne cesse de se fourvoyer.

    Notons une dernière œuvre avec les rois mages, utilisant la technique du tüchlein, c’est-à-dire à la détrempe sur une fine toile de lin non préparée, qui historiquement a été remplacée par la la peinture à l’huile sur toile préparée.

    Ici, le paysage est oriental, et c’est le peuple qui est le protagoniste, par le nombre.

    Ces trois tableaux des rois mages ne sont, au sens strict, pas exceptionnel. Ils témoignent toutefois de la substance de Bruegel, dans la mesure où les masses, comme quantité, l’emportent à chaque fois sur les figures religieuses saintes, donc malgré leur qualité, voire contre leur qualité.

    Il y a une dimension inégale trop marquée dans ces tableaux, et c’est là qu’on devine qu’on est encore dans un processus en cours. On pourrait dire, à la vue de ces tableaux, que Bruegel est d’accord avec une religion de masse, avec un peuple reconnu.

    Il est ici dans la lignée d’un Érasme plus que d’un Calvin, mais dans la pratique avec ses œuvres, ce qu’on a en germe porte inévitablement le protestantisme au sens strict.

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  • Bruegel : le temps et pas seulement l’espace

    Les proverbes flamands et les jeux d’enfants ont inspiré Bruegel, cela a été le prétexte à deux peintures particulièrement « remplies ». C’est la même chose pour l’affrontement de Carnaval et de Carême. Et dans cette dernière peinture, les incohérences étaient frappantes quant au moment où les scènes se déroulent.

    Les commentateurs bourgeois ont cherché un sens allégorique, avec le temps qui passe, etc.

    En réalité, on peut se demander s’ils n’ont pas été obnubilés par la quantité. Pour eux, la qualité résidait dans la quantité. Ils en sont donc restés à l’espace. Ils n’ont pas remarqué la qualité – le temps.

    Pour comprendre de quoi il s’agit, prenons un autre tableau, La moisson. Le principe est moins opérationnel, mais il semble fonctionner.

    Il suffit ici d’imaginer que les trois personnages sur le côté gauche ne forment qu’un, à différents moments.

    On le voit à trois moments différents, mais les trois moments sont présents dans la peinture.

    Ce n’est pas là forcément flagrant du tout. Cependant, prenons les jeux d’enfants. Imaginons l’endroit vide.

    Là, cela marche très bien. On s’imagine parfaitement un peintre camper à un endroit bien précis, et noter les différentes scènes, une par une.

    Puis, dans une peinture, il a retranscrit ce qu’il a vu à tel et tel endroit. Ce qu’on voit ne s’est pas déroulé au même moment, mais par exemple sur une semaine ou un mois.

    Ce n’est pas qu’un assemblage théorique des jeux, c’est une photographie sur le long terme !

    C’est d’autant plus vrai pour Le combat de Carnaval et Carême. Pas seulement car il y a des incohérences temporelles, puisque ce qui est célébré ne peut pas l’être à la même date… Ce qui est en effet flagrant également, c’est que les scènes se déroulent indépendamment les unes des autres !

    Si on regarde bien, chaque groupe ne semble pas remarquer l’existence des autres…

    Le principe est-il reproductible pour les autres œuvres de Bruegel ? Cela peut avoir joué, reste à savoir dans quelle mesure. Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux peut par exemple avoir profité du principe, cela ne semble pas déterminant pour autant.

    La question dépasse toutefois Bruegel. Ce qui importe ici, c’est la dialectique de l’espace et du temps dans une peinture.

    Une peinture authentique est un portrait ; il se fonde sur la réalité, la représentant dans sa substance typique.

    Dans quelle mesure cependant le temps exige-t-il d’être figé, comme dans une photographie ? La peinture n’a-t-elle pas été supérieure à celle-ci justement en réussissant à assembler de manière typique ce qui n’est pas forcément, dans l’absolu, toujours présent ?

    Il y a ici une vraie question historique.

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