L’initiative d’extrême-droite du 6 février 1934 – très clairement dans une perspective de coup d’Etat – a provoqué une très intense mobilisation ouvrière, aboutissant à l’unité d’action de la SFIC et de la SFIO.
Chronologie
8 janvier 1934 : Alexandre Stavisky est retrouvé suicidé juste avant son arrestation. Il avait mené de vastes escroqueries et avait profité de 19 remises de son procès, alors que le Parquet est dirigé par le beau-frère du radical-socialiste Camille Chautemps, président du conseil (c’est-à-dire chef du gouvernement).
9 janvier 1934 : démission du ministre des Colonies Albert Dalimier, compromis dans l’affaire Stavisky.
10 janvier 1934 : L’Action française dénonce dans sa presse « Camille Chautemps, chef d’une bande de voleurs et d’assassins » et multiplie les initiatives agitatrices.
26 janvier 1934 : démission du ministre de la Justice Eugène Raynaldy mêlé à l’affaire de la Banque Sacazan.
27 janvier 1934 : Camille Chautemps démissionne.
30 janvier 1934 : le radical Édouard Daladier est nommé président du conseil.
5 février 1934 : le préfet de police de Paris Jean Chiappe, proche de l’extrême-droite, est malgré son refus remplacé par Édouard Daladier. L’extrême-droite appelle à une manifestation le lendemain en défense du préfet et contre la « corruption parlementaire ». La SFIC avertit de la menace et l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) manifestera avec son propre cortège ; la SFIO mobilise également.
6 février 1934 : les ligues d’extrême-droite défilent à Paris, avec notamment l’Action française, les Jeunesses patriotes, les Croix-de-Feu. Elles tentent le coup de force en utilisant la violence pour occuper la Chambre des députés alors qu’un nouveau gouvernement doit être nommé. C’est l’échec avec 14 morts et 657 blessés.
7 février 1934 : le radical Édouard Daladier démissionne de la présidence du conseil. Multiplication des manifestations antifascistes (450 dans 356 villes d’ici au 12 février).
La commission administrative de la CGT décide d’une grève de 24 heures pour le 12 février.
La SFIO appelle à un rassemblement pour le lendemain.
8 février 1934 : la SFIO renonce à organiser un défilé antifasciste en raison de l’interdiction. L’ancien président Gaston Doumergue est pressenti pour devenir chef du gouvernement. Dans un contexte d’effervescence ouvrière, la SFIC appelle à un grand rassemblement le lendemain.
9 février 1934 : l’ancien président de la République Gaston Doumergue devient chef du gouvernement alliant les radicaux et la droite pour un gouvernement présenté comme d’union nationale, avec le maréchal Pétain comme ministre de la guerre.
La SFIC organise une manifestation antifasciste illégale à Paris place de la République. Elle amène cinq heures d’affrontements avec les interventions de la police alors que de multiples barricades sont mises en places par la SFIC, au prix de dix morts dans ses rang.
La SFIO appelle à un grand rassemblement pour le 12 février avec cessation du travail par la grève générale.
10 février 1934 : la SFIC salue l’unité d’action lors de son initiative antifasciste du 9 février et appelle à manifester le 12 février. La SFIO lance son appel au peuple de Paris.
11 février 1934 : mobilisation générale de la SFIC et de la SFIO pour le lendemain.
12 février 1934 : les syndicats CGT et CGTU organisent une journée de grève générale soutenue par la SFIO et la SFIC ; 4,5 millions de personnes cessent le travail.
La SFIC et la SFIO appellent à manifester et un million de personnes sont dans les rues dans toute la France ; à Paris notamment les deux défilés antifascistes fusionnent. Des barricades sont constituées à Boulogne-Billancourt et Gennevilliers.
L’effervescence continue les jours suivants.
17 février 1934 : défilé antifasciste en mémoire des victimes de la manifestation du 9 février.
18 février 1934 : manifestation unitaire SFIO-SFIC à Toulouse contre les violences des Jeunesses Patriotes. Elle tourne à l’affrontement avec la police alors que des barricades sont constituées. Un manifestant antifasciste est tué.
22 février 1934 : le gouvernement Doumergue obtient de diriger par décrets-lois.
5 mars 1934 : formation du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.
27 juillet 1934 : signature du pacte d’unité SFIC-SFIO.
29 juillet 1934 : initiative commune SFIC-SFIO contre le fascisme et et la guerre au Panthéon en souvenir de Jaurès (assassiné le 31 juillet 1914).
Documents
[html] Contre le gouvernement Tardieu, contre le fascisme (février 1934)
[html] Sur l’autodéfense prolétarienne (février 1934)
[html] Pour l’unité d’action antifasciste – SFIC (mars 1934)
[html] Anniversaire des journées de février 1934 (février 1935)
[html] PCMLM : les 80 ans du 6 février 1934