10 mai 1969
Dans la lutte patriotique contre l’agression américaine, nous aurons certes à endurer de plus grandes difficultés, à consentir de nouveaux sacrifices, mais la victoire totale est inéluctable.
C’est une chose absolument certaine.
Je me propose, ce jour venu, d’effectuer une tournée, au Nord comme au Sud, pour congratuler nos compatriotes, nos cadres et nos combattants héroïques, pour rendre visite à nos vieux, à nos jeunes, à nos enfants bien-aimés.
Ensuite, au nom de notre peuple, je me rendrai dans les pays frères du camp socialiste, les pays amis du monde entier pour les remercier d’avoir aidé et soutenu de tout cœur notre peuple dans sa lutte patriotique contre l’agression américaine.
Tou Fou, le poète chinois bien connu de l’époque T’Ang, a écrit : » De tout temps, rares étaient ceux qui atteignaient soixante-dix ans. «
Cette année, avec mes 79 ans, je fais partie de ces gens si « rares « .
Cependant j’ai l’esprit toujours lucide, bien que ma santé ait quelque peu faibli en comparaison des années précédentes.
Quand on a dépassé soixante-dix printemps, plus l’âge avance, plus la santé recule.
Il n’y a guère à s’en étonner.
Mais qui peut prédire pour combien de temps je pourrai encore servir la révolution, servir la Patrie, servir le peuple ?
C’est pourquoi je laisse ces quelques lignes, en prévision du jour où j’irai rejoindre les vénérables Karl Marx, Lénine et nos aînés révolutionnaires.
De cette façon, nos compatriotes dans le pays entier, les camarades du Parti et nos amis dans le monde n’en seront pas surpris. Je parlerai tout d’abord du Parti.
Grâce à l’union étroite qu’il a réalisée dans son sein, grâce au dévouement total à la classe ouvrière, au peuple, à la Patrie, notre Parti depuis sa fondation, a pu unir, organiser, diriger notre peuple, l’amener à lutter avec ardeur et le conduire de victoire en victoire.
L’union est une tradition extrêmement précieuse de notre Parti et de notre peuple.
Que tous les camarades, depuis les membres du Comité Central jusqu’aux camarades des cellules de base, préservent l’union, l’unité du Parti comme la prunelle de leurs yeux.
Au sein du Parti, pratiquer une large démocratie, pratiquer régulièrement et de façon sérieuse l’autocritique et la critique constituent le meilleur moyen pour consolider et développer l’union et l’unité dans le Parti.
Il importe qu’une véritable affection lie tous les camarades entre eux.
Nous sommes un Parti au pouvoir.
Chaque membre du Parti, chaque cadre doit s’imprégner profondément de la moralité révolutionnaire, véritablement faire preuve d’application, d’économie, d’intégrité, de droiture, d’un dévouement total à la cause publique, d’un désintéressement exemplaire.
Il faut garder au Parti son entière pureté, se rendre parfaitement digne de son rôle de dirigeant, de serviteur vraiment fidèle du peuple.
Les membres de la jeunesse travailleuse et nos jeunes dans l’ensemble sont d’excellente nature, ardents à s’engager pour les tâches d’avant-garde, ne craignant guère les difficultés, aspirant sans cesse au progrès.
Notre Parti doit se soucier de leur inculquer une moralité révolutionnaire élevée, les former pour en faire les continuateurs de l’édification du socialisme, à la fois « rouges » et » experts « .
Former et éduquer la génération révolutionnaire à venir est une tâche extrêmement importante et nécessaire.
Notre peuple travailleur, dans les plaines comme dans les régions montagneuses, a enduré depuis des siècles mille privations et difficultés.
Il a subi l’exploitation et l’oppression féodales et coloniales.
Il a en outre souffert de nombreuses années de guerre.
Néanmoins, notre peuple fait preuve d’un grand héroïsme, d’un grand courage, d’un ardent enthousiasme et d’une grande application au travail.
Il a toujours suivi le Parti depuis sa fondation, et lui est toujours resté fidèle.
Le Parti doit mettre sur pied un bon plan pour développer l’économie et la culture, en vue d’élever sans cesse le niveau de vie du peuple.
La guerre de résistance contre l’agression américaine peut encore se prolonger.
Nos compatriotes pourraient avoir à consentir de nouveaux sacrifices en biens, en vies humaines.
Quoi qu’il en soit, nous devons être résolus à combattre l’agresseur américain jusqu’à la victoire totale.
Nos fleuves, nos monts, nos hommes resteront toujours.
Le yankee battu, nous bâtirons le pays dix fois plus beau.
Quelles que soient les difficultés et privations, notre peuple vaincra certainement.
Les impérialistes américains doivent certainement déguerpir.
Notre Patrie sera certainement réunifiée. Nos compatriotes du Nord et du Sud seront certainement réunis sous le même toit.
Notre pays aura l’insigne honneur d’être une petite nation qui aura, par un combat héroïque, vaincu deux grands impérialismes – – le français et l’américain et apporté une digne contribution au mouvement de libération nationale.
A propos du mouvement communiste mondial.
Ayant consacré toute ma vie au service de la révolution, plus j’éprouve de fierté à voir grandir le mouvement communiste et ouvrier international, plus je souffre des dissensions qui divisent actuellement les Partis frères.
Je souhaite que notre Parti œuvre de son mieux et contribue efficacement au rétablissement de l’union entre les Partis frères, sur la base du Marxisme-Léninisme et de l’internationalisme prolétarien, d’une façon conforme aux exigences du cœur et de la raison.
Je crois fermement que les Partis et les pays frères s’uniront à nouveau. A propos des affaires personnelles.
Durant toute ma vie j’ai servi de tout cœur, de toutes mes forces, la Patrie, la révolution et le peuple. Maintenant si je devais quitter ce monde, je n’ai rien à me reprocher. Je regrette seulement de ne pouvoir servir plus longtemps et davantage.
Après ma mort, il faut éviter d’organiser de grandes funérailles afin de ne pas gaspiller le temps et l’argent du peuple.
En dernier lieu, à notre peuple tout entier, à tout notre Parti, à toutes nos forces armées, à mes neveux et nièces, jeunes et enfants, je lègue mon affection sans bornes.
J’adresse également mon salut fraternel aux camarades, aux amis, aux jeunes et enfants du monde.
Mon ultime souhait est que tout notre Parti, tout notre peuple, étroitement unis dans le combat, édifient un Viêt-nam pacifique, unifié, indépendant, démocratique et prospère, et apportent une digne contribution à la révolution mondiale.