Le capitalisme est en perdition et il n’est pas en mesure de maintenir un niveau suffisant de cohésion sociale, de progrès culturel, de civilisation. Et dans le combat de chacun contre chacun qu’il suscite, dans l’indifférence et la concurrence qu’il provoque, les femmes sont parmi les grandes perdantes de l’évolution toujours plus nihiliste d’une société qui implose, où les esprits s’égarent, où la violence sociale se systématise de manière auto-destructrice.
Qui plus est, il ne s’agit pas seulement d’une question concernant la vie quotidienne. Il ne s’agit pas seulement d’avoir à éviter les hommes qui basculent dans les mentalités féodales ou esclavagistes, qui cherchent à prendre le dessus, à briser les esprits et à martyriser les corps.
Il ne s’agit pas seulement d’avoir à éviter les hommes qui assument jusqu’au bout le capitalisme et considèrent que le corps des femmes s’achète, que ce soit pour des rapports sexuels ou comme mères porteuses.
Ou bien d’avoir à éviter les hommes qui façonnent les esprits de telle manière que les femmes intériorisent les valeurs dominantes afin d’être valorisées sur le « marché », au moyen de la chirurgie esthétique ou de mentalités superficielles, dans une démarche de soumission volontaire.
Non, en plus de cela, et c’est déjà beaucoup, et c’est déjà trop, il s’agit également de la place de la femme dans la société, à l’échelle de l’humanité elle-même. Depuis le triomphe du patriarcat sur le matriarcat au tout début de l’humanité, les femmes ont été mises de côté, génération après génération.
Jusqu’à aujourd’hui ce façonnage social, psychologique, culturel… détermine les attitudes des hommes et des femmes, avec des hommes bruyants et prenant toute la place, des femmes habituées à se mettre de côté et à chercher à agir indirectement pour parvenir à s’affirmer.
Si la réponse personnelle de chaque femme aux agressions psychologiques et physiques est ainsi nécessaire et juste, c’est le psychisme même des femmes qui est martyrisé depuis des milliers d’années et qui exige une réaffirmation à l’échelle de toutes les femmes !
C’est-à-dire que la question de la condition féminine repose sur l’évolution de la société à travers l’Histoire, à travers les siècles, à travers les générations.
C’est une question à l’échelle du peuple tout entier, une question exigeant une mobilisation démocratique.
Et avant tout une mobilisation générale des femmes pour récupérer le terrain perdu, pour établir un équilibre entre les hommes et les femmes au moyen d’une vaste révolte visant à la dignité et à l’expansion du domaine d’intervention des femmes.
Les femmes ne doivent pas seulement prendre une place sociale bien plus importante dans la société. Elles doivent également briser les chaînes enfermant leur psychisme !
Il est évident que la question de la dépendance matérielle des femmes par rapport aux hommes est bien souvent un obstacle majeur pour pouvoir s’épanouir. C’est un aspect qui doit être bien compris pour saisir les exigences sur ce point. Le socialisme seul peut établir des bases solides pour la vie quotidienne des femmes.
On ne saurait cependant sous-estimer inversement le travail immense à faire de la part de celles-ci pour s’arracher à des siècles, des millénaires de mise de côté.
Les femmes doivent réaliser un difficile travail pour s’arracher à des mentalités profondément enracinées leur ôtant leur confiance en soi, les détournant de la prise ouverte de responsabilités.
Le féminisme bourgeois prétend que les femmes peuvent se libérer spontanément en repoussant les hommes ayant une démarche patriarcale. C’est une vision unilatérale, anti-dialectique. Si les femmes ne sont pas combattantes, le terrain obtenu ne sera pas conquis et il sera reperdu rapidement.
Ce n’est pas tout : il est idéaliste de penser que les femmes ne sont pas elles aussi corrompues par le capitalisme. C’est la double peine pour elles : elles ont été écrasées au début de la civilisation par le patriarcat, elles doivent donc s’affirmer, mais en même temps s’extirper des valeurs capitalistes.
Le capitalisme utilise cela afin de profiter des affirmations féminines, les détournant dans un sens consommateur. Il y a ici une situation particulièrement complexe amenant à une grande incompréhension entre les hommes et les femmes ; il faut toute l’intelligence du matérialisme dialectique pour ne pas tomber dans les pièges.
Il faut par conséquent s’appuyer sur une démarche concrète. Nous affirmons plus concrètement ici qu’il ne faut pas se leurrer et qu’il n’existe que deux terrains authentiques au sens strict pour l’affirmation des femmes allant dans le sens de leur affirmation psychique.
Cela ne veut nullement dire que les autres terrains de lutte ne soient pas importants, qu’ils n’aient pas un sens pour la condition féminine. Cependant, ils ne présentent pas une mise en perspective suffisante au niveau historique, ils ne permettent pas un élan qui vient fracasser des milliers d’années de réduction et de déformation de la psyché féminine.
Ces deux terrains, ce sont la révolution et la cause animale. Ce sont les deux seuls terrains où les femmes peuvent suffisamment se déployer sur le plan personnel de telle manière à renverser véritablement leur mise de côté. C’est une question de dimension historique.
Le patriarcat est en effet né avec la violence clanique, avec l’esclavagisme, avec l’asservissement de la Nature au moyen de l’agriculture et de l’élevage, avec le renversement de la déesse-mère auparavant vénérée.
Les femmes sont pour cette raison encore liées à cette période initiale de l’humanité où les êtres humains étaient des animaux comme les autres, où le rapport à la Nature était harmonieux, non marqué par une orientation visant à la domination, à l’écrasement, à l’asservissement.
C’est la raison pour laquelle la protection animale est largement portée par des femmes, avec un engagement réel, décidé, profond, prolongé. C’est un terrain sur lequel les femmes s’engagent de manière aisée, où les repères sont faciles à trouver.
Cela peut former malheureusement également un abri par rapport au reste de la société, cela peut se transformer en son contraire, telle une fuite. C’est pourquoi le second terrain est celui de la révolution elle-même.
Sans ancrage dans la révolution, il ne peut y avoir une réelle révolution de sa propre psychologie, de ses propres mentalités. Ce n’est que le dépassement du capitalisme, qui implique le dépassement de la contradiction villes-campagnes, qui peut permettre aux femmes d’avoir suffisamment d’élan pour une affirmation suffisamment ample.
Sans la cause animale et la révolution, chaque cœur de femme reste une bombe à retardement, dont l’explosion peut s’avérer contre-productive.
Inversement, en assumant l’Histoire, les femmes désireuses de s’affirmer sur un plan personnel passent immédiatement au premier rang de la Cause révolutionnaire, elles sont en première ligne de l’affrontement le plus intransigeant.
C’est pourquoi résonnent d’une force immense les noms de la marocaine Saïda Menebhi, de l’Allemande Ulrike Meinhof, de l’Italienne Mara Cagol, de la Péruvienne Augusta « Norah » La Torre, de la Chinoise Jiang Qing.
Ces femmes ont été des combattantes et mieux encore des dirigeantes. Elles ont suivi le drapeau rouge, elles l’ont porté, elles ont mené la bataille. Elles ont été au premier rang pour la transformation du monde, portant une rage, une colère, une détermination qui caractérise la clarté des meilleurs communistes ayant cerné l’horizon historique : le Communisme !
Elles ont révolutionné leur existence, elles ont brisé le carcan emprisonnant leur affirmation personnelle et de ce fait, dans un nécessaire mouvement dialectique allant du particulier à l’universel, elles ont rejoint la Cause des opprimés.
Elles ont indiqué la voie à suivre : celle de l’auto-détermination s’élevant suffisamment haut pour être authentique, profond et donc dans le sens de la collectivité, pour affronter les forces de la destruction, pour ouvrir la voie à la libération. La socialisation de la femme au plus haut niveau, dans l’affirmation de son psychisme, correspond à l’expression universelle du besoin de Communisme !
Ulrike Meinhof constate avec justesse au milieu des années 1970 :
« Tout manque encore. Il s’avère que ce ne sont pas uniquement les moyens qui manquent, il se montre, et maintenant seulement, quel type genre d’individu on est.
C’est l’individu métropolitain qui est issu du processus de putréfaction et des contextes de vie mortels, faux, aliénés du système : l’usine, le bureau, l’école, l’université, et les groupes révisionnistes [faussant l’idéologie communiste].
Les effets de la division du travail entre vie professionnelle et vie privée, de la division entre travail manuel et travail intellectuel, les processus de travail hiérarchiquement organisés, toutes ces déformations psychiques de la société marchande, cette société métropolitaine passée au stade de putréfaction et de stagnation, apparaissent.
Mais c’est ce que nous sommes, c’est de là que nous venons.
Nous sommes l’engeance des procès d’anéantissement et de destruction de la société métropolitaine, de la guerre de tous contre tous, de la concurrence, du chacun contre chacun, du système où règne la loi de la peur, de la contrainte, du rendement, le carriérisme, la division du peuple en hommes et femmes, en jeunes et vieux, en étrangers et allemands, où règnent les luttes de prestiges.
Et c’est de là que nous venons, de l’isolement, de la maison individuelle de série, des cages à lapins, des cités en béton, des banlieues, des cellules de prisons, des recoins des cellules de prisons, des asiles et sections spéciales.
C’est de là que nous venons, du lavage de cerveau par les médias de la consommation, du châtiment corporel, de l’idéologie de la non-violence, de la dépression, de la maladie, du déclassement, de l’humiliation et de l’insulte, de tous les exploités de l’impérialisme.
C’est de là que nous venons, de la prostitution de la bourgeoisie, de l’emprisonnement dans l’éducation bourgeoise et l’éducation prolétaire, jusqu’à ce que nous ayons compris la détresse de chacun de nous, comme la nécessité de nous libérer de l’impérialisme, comme étant la nécessité de mener la lutte anti-impérialiste.
Que cela dépend de nous si l’oppression se perpétue, si nous nous prolétarisons, si nous abandonnons la double vie et luttons.
Que la cause du peuple, des masses, des O.S. [ouvriers spécialisés], des lumpens, des prisonniers, des apprentis, des gens dans les asiles de nuit, des masses les plus basses dans notre pays et des mouvements de libération du tiers monde, est notre cause, autant que notre cause, la lutte armée anti-impérialiste, est leur cause.
Notre cause est la cause des masses et inversement, quand bien même celle-ci ne pourra devenir et ne deviendra réelle qu’au cours d’un processus prolongé de développement de la guerre populaire. »
La guerre populaire est le chemin inévitable de la libération des femmes, car il faut s’arracher aux conditions matérielles d’une part, en les transformant, mais également se transformer soi-même d’autre part.
Telle est l’affirmation du marxisme-léninisme-maoïsme sur la base des enseignements de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.
Seule la révolution permet de faire en sorte que cette transformation de soi-même puisse s’appuyer sur une société elle-même transformée, et inversement. Et dans ce processus, les femmes sont en première ligne, de par leur besoin de Communisme consistant en leur affranchissement de toutes les limitations que leur a imposé le patriarcat au début de la civilisation.
À rebours des solutions « individuelles » qui ne sont que le levier du capitalisme pour aspirer la rébellion des femmes, la révolution est le véritable support de l’affirmation personnelle des femmes. Par sa dialectique de la destruction et de la construction, elle répond aux attentes des femmes qui récupèrent leur présence sociale mise de côté il y a des milliers d’années.
Il va de soi que ce processus de libération des carcans est à la fois difficile et complexe, que son développement est inégal, en général et pour chaque femme. Cela renforce la nécessité de leur activité en tant que femme pour dénoncer ce qui est incorrect, cela les appelle à conquérir la position de combattantes, de dirigeantes.
En ce sens, la cause universelle de la classe ouvrière est la cause particulière des femmes, et inversement.
Tout autre chemin que celui de la révolution implique une trahison de l’affirmation des femmes, une altération de leur réalité psychique et physique.
Il est ainsi tout à fait flagrant que l’idéologie LGBTQ+ et les courants de pensée post-modernes en général nient la réalité des femmes, au profit d’une fiction identitaire-intellectuelle où tout relèverait d’un « choix », ce qui est une approche étant le simple reflet du capitalisme se généralisant, se systématisant, atomisant les individus réduits au statut de simple consommateur.
La guerre populaire, au contraire, place la lutte des femmes dans son cadre adéquat : celui de la révolutionnarisation des esprits, des mentalités, des rapports sociaux, de la résolution de la contradiction villes-campagnes. Il permet aux femmes d’être la moitié du ciel à tous les niveaux, sur tous les plans, dans tous les domaines, et de dessiner l’avenir comme il se doit ! Tel est le chemin !
Le Parti ouvre la voie aux femmes pour pleinement se développer humainement en particulier et œuvrer à l’échelle de l’Histoire pour la transformation à la racine des êtres humains en général. C’est le point le plus développé à occuper historiquement en ce début de 21e siècle, sous le drapeau du marxisme-léninisme-maoïsme, alors que l’humanité va connaître des changements jamais vus jusque-là.
Une existence digne et réelle n’est possible que dans le combat pour la libération !
Les femmes sont la moitié du ciel et elles doivent le devenir !
Guerre populaire jusqu’au Communisme !
Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
8 mars 2021