L’UNEF dite Renouveau se définit simplement comme UNEF, « Renouveau » était le nom de la tendance existant avant la fondation de février 1971, et dont les bastions furent Nancy, Lille, Toulouse. Elle prendra en 1982 le nom d’UNEF dite Solidarité étudiante.
Son appareil est entièrement aux mains de l’Union des Étudiants Communistes (UEC). Son premier président est Guy Konopnicki, membre du Bureau National de l’UEC, et tous les suivants relèvent du même parcours.
Même si elle n’admet pas de tendance interne, un espace est toutefois laissé au Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste, qui est une tendance de gauche du Parti socialiste fondé en 1971.
C’est un syndicat où absolument tout est décidé en amont par la direction du Parti Communiste Français. Son mode d’organisation est éprouvé, ce qui lui a permis de garder en sous main la MNEF, la sécurité sociale étudiante.
Elle a également récupéré la Fédération des étudiants en résidence universitaire de France, qui s’est établie dans les luttes dans la seconde partie des années 1960.
Autrement dit, sur le plan de l’appareil, l’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante était imprenable et d’une efficacité totale. Mais son orientation est issue du refus de mai 1968 par le Parti Communiste Français.
Cette UNEF se limite à des revendications corporatistes, uniquement liées à la vie sociale quotidienne étudiante, aux possibilités d’étudier dans le meilleur cadre possible.
C’est une option gestionnaire, également dans l’idée d’appuyer les projets gouvernementaux « constructifs » du Parti Communiste Français et surtout de profiter de son monopole représentatif de fait, étant la seule des deux UNEF à participer aux élections universitaires tout au long des années 1970.
Cela lui permet, dans les années 1970, d’avoir l’hégémonie ; elle a, en 1976, 50 000 adhérents, 2 000 élus dans les conseils d’Unité de formation et de recherche et d’universités, quasiment tous les sièges du Conseil National Universitaire, un représentant sur deux au Conseil supérieur de l’Éducation Nationale, la majorité des sièges étudiants au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Aux élections universitaires de 1975-1976, elle a obtenu 90 000 voix, contre 2500 voix au MARC (lié notamment à la Ligue Communiste Révolutionnaire), 1600 au CLEF (pro-gouvernement), 403 au COSEF (fondé par les socialistes).
Cependant, cette logique de soutien au gouvernement, de participation aux institutions, de focalisation complète sur la condition étudiante, lui ôte toute valorisation contestataire. L’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante est dans les faits simplement le front étudiant de l’Union des Étudiants Communistes (celle-ci ayant quatre fois moins de membres).
Elle assume ainsi son isolement, pour se préserver, alors que des petites oppositions marxistes-léninistes pro-Mao Zedong se forment, plus ou moins exclues (Aix-en-Provence, Bordeaux, Nanterre).
Cette opposition au sein de l’UNEF Solidarité étudiante se met toutefois à grossir, en raison de la force de l’UNEF Indépendante et démocratique qui irradiait la contestation étudiante. La Ligue Communiste Révolutionnaire commença un travail organisé d’entrisme, sa scission « Gauche révolutionnaire » et des communistes libertaires également, alors que les socialistes commençaient à avoir une certaine influence.
Cela fut particulièrement vrai après 1989. Au milieu des années 1990, l’UNEF Solidarité étudiante se maintient honorablement, mais elle est dans l’ombre de l’UNEF Indépendante et démocratique, qui en vingt ans a pris le dessus.