Mao Zedong a défini comme suit la liberté :
« La liberté, c’est la connaissance de la nécessité et la transformation du monde objectif. »
Il y a, dans cette formulation, deux aspects :
– la connaissance d’un côté, c’est-à-dire l’aspect intellectuel, théorique ;
– la transformation de l’autre, c’est-à-dire l’aspect pratique, concret.
Pour cette raison, on peut autant dire que
« La liberté, c’est la connaissance de la nécessité et la transformation du monde objectif. »
que :
« La liberté, c’est la transformation du monde objectif et la connaissance de la nécessité. »
Les deux aspects s’interpénètrent, ils forment une unité dialectique.
Pourquoi la connaissance est-elle nécessaire ?
Parce que la liberté est celle de quelqu’un en particulier. Or, ce particulier existe dans le général et ce général est en mouvement, il se transforme.
La liberté de quelqu’un en particulier ne peut donc pas exister sans s’insérer de manière adéquate dans cette transformation, sans quoi elle serait vaine, irréalisable, une illusion.
C’est la raison pour laquelle est employé le mot nécessité.
Spinoza avait conscience que l’être humain pouvait penser de manière suffisamment correcte pour se passer complètement de l’idée de Dieu, en concevant un univers infini et éternel. Son époque ne pouvait permettre toutefois que cette conception soit exprimée librement, aussi Spinoza, obéissant à la nécessité, avait comme devise « Caute », signifiant prudemment en latin.
C’est, en fin de compte, la contradiction entre le particulier et le général.
Pourquoi la transformation du monde est-elle nécessaire ?
C’est que, ce qu’il est possible de réaliser exige qu’on ait un rapport direct à la réalité, que toute la dignité de celle-ci soit reconnue.
La pratique ne peut pas se fonder sur la contemplation de la réalité, elle ne peut pas être le prolongement de l’abstraction. Une pensée étrangère à la réalité ne peut pas saisir la richesse du réel en mouvement.
C’est, en fin de compte, la contradiction entre la quantité et la qualité.
Le conscience comme subjectivité est ainsi placée dans la contradiction entre le particulier et le général, la transformation objective dans celle entre la quantité et la qualité.
Ce qu’on peut faire, de manière libre, s’insère ainsi obligatoirement dans une réalité prédéterminée, mais comme celle-ci est en mouvement, il y a également la liberté comme détermination subjective consistant en une tension vers une action pratique.
Il n’y a donc pas de liberté abstraite, au sens bourgeoise, il n’y a pas de désir ou de passion découplée du réel qui peut avoir un sens. Il existe un réalité objective où l’on se fonde. Sortir d’un tel cadre est du subjectivisme.
L’art contemporain est exemplaire d’un tel subjectivisme, tout comme la psychanalyse, l’idéologie LGBTQ+, l’idéologie des réseaux sociaux, le néo-darwinisme… Toutes les conceptions subjectivistes ayant comme point commun de résumer la liberté à une expérience purement individuelle, avec un individu faisant « exploser » le cadre du réel.
Il n’y a donc pas transformation objective qui ne soit portée par une conscience subjective, car toute transformation en général est porteuse du particulier et est ainsi porté par un particulier.
Nier cela, c’est basculer dans le formalisme, qui est la négation de la dignité du réel.
Les comportements stéréotypés sont exemplaires du formalisme, reflétant des milieux repliés sur eux-mêmes, s’auto-intoxiquant, vivant en cercle fermé, s’imaginant durer éternellement.
Ainsi, il n’y a pas de connaissance de la nécessité sans transformation du monde objectif, et inversement.
La liberté est le produit de cette contradiction, dont tous les aspects sont interreliés, où chaque aspect de la contradiction se convertit en l’autre.