La capacité de Zsigmond Kisfaludi Strobl à combiner l’élégance et l’élan, dans une formulation typiquement hongroise ou plus exactement caractéristique – national, n’empêche pas une capacité à aller vers un sens du monument, une direction particulièrement tendancielle dans la sculpture, et naturellement pleine de risques de par le risque d’une approche en termes purs de « masse ».
La représentation du poète progressiste et anti-nationaliste Ady Endre (1877-1919), réalisé en 1955, montre de par sa finesse que l’écueil a été évité, que toute tendance à densifier artificiellement a été évacué. La statue, ici de bronze, reste humaine, elle représente pleinement, tout en conservant ici très précisément le rapport dialectique entre élégance et élan.
On sent toute la profondeur du poète, préoccupé par la vie en elle-même.
Est indéniablement intéressante également la statue de François II Rákóczi, ce souverain progressiste de Transylvanie qui s’opposa aux Habsbourg. On y retrouve une posture de suzerain, mais avec une certaine bonhomie ou bienveillance de par la position du corps, avec toujours ce petit retrait, ce sorte d’élan comme maîtrisé, d’élégance contenue.
On parle là de figures historiques et il est évidemment plus malaisé de présenter de manière monumentale une figure anonyme, même si c’est par l’allégorie. On voit la différence avec L’accusateur, de 1949.
Zsigmond Kisfaludi Strobl va en fait systématiser le classicisme pour éviter de basculer dans un formalisme historique. Pour cela, il va procéder à des compositions. C’est par la composition qu’il va aboutir à des chefs d’oeuvres.
La place Lajos Kossuth de Budapest, du nom de la grande figure patriotique – républicaine de 1848, n’accueille plus le monument réalisé dans l’immédiate après-guerre de Zsigmond Kisfaludi Strobl. Celui-ci fut déplacé et remplacé par une copie d’une oeuvre existant après 1945.
Cette oeuvre de 1952 fait de Lajos Kossuth (qui fait ici cinq mètres de haut) comme symbole national, avec sur les côtés, façonné par des aides (András Kocsis et Lajos Ungvári), une paysanne avec un enfant, un paysan, un soldat, un ouvrier (avec un fusil), un étudiant (avec une épée), un jeune (avec un pistolet).
Lajos Kossuth y est élégant et plein d’élan. Il est dans une posture relevant d’une contenance magistrale ; Zsigmond Kisfaludi Strobl ne tombe pas dans le travers d’un écrasement par la masse de matière.
Parvenir au trait monumental, apogée de la sculpture, tout en conservant la finesse, place Zsigmond Kisfaludi Strobl dans la lignée de Michel-Ange. Il développe le réalisme, dans le cadre du classicisme.
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