[Février 1984]
Tous ceux qui sont poursuivis ou exilés l’apprennent de nouveau dans cette crise : ils ne sont pas hors de danger parce qu’ils ont réussi à échapper aux sbires, aux tortionnaires et aux bourreaux de leurs pays. Tant qu’un homme constitue un gibier, s’il n’a pas les « papiers qu’il faut », tant que des lois toujours plus tortueuses et des règlements inexplicables abolissent le droit à l’existence, un exilé ne sera jamais et nul part en sécurité.
La RFA met cela en pratique de la manière la plus cruelle et la plus systématique.
« La guerre des papiers est devenue devant nos yeux à tous, pour les étrangers et ceux qui recherchent un asile une question de vie ou de mort, une guerre sombre et bureaucratique, pernicieuse et secrète, mais tout aussi sanglante et brutale que toute autre guerre. » (S. Seidel, TAZ, 3 février 1984.)
Et seule une partie extrêmement réduite des victimes de cette guerre sale est connue.
Mais tout le monde en connaît les responsables : l’es partis et les ministères qui multiplient les pièges légaux, la police, les services des étrangers et les services secrets, les tribunaux, Zirndorf, qui travaillent main dans la main avec les ambassades et les consulats des pays d’origine pour mener cette chasse à l’homme.
« La RFA est depuis- !e putsch en Turquie et en raison des multiples liens existant avec les travailleurs immigrés ici, le pays d’exil préféré pour les opposants turcs.
Au plus tard depuis le putch l’ambassade turque à Bonn et tous les consulats ont été intégrés au service secret turc, le MIT, dont le travail consisté à trouver et observer les opposants politiques en fuite.
Ils utilisent pour cela toute une armée de mouchards qui le sont de leur plein gré ou après un chantage.
Les déclarations de Zimmermann sur la bonne collaboration policière avec la Turquie n’est certainement pas une exagération, plutôt le contraire. » (Tiré de « Extradés, Altun et les autres »)
L’attentat contre le consulat turc à Cologne et plus spécialement contre ses archives, un an après l’interdiction de Devrimci Sol et Halk Der est l’expression visible et « audible » de notre solidarité avec les occupants turcs et kurdes du Consulat et en même temps un avertissement au tribunal qui ose rendre un jugement sur la légitimité de la résistance révolutionnaire contre la situation fasciste en Turquie.
Encore une chose : il est grand temps d’organiser des réseaux, comme le font les « passeurs autonomes » à Berlin, pour protéger de l’arrestation les étrangers qui arrivent. Comme cela se fait aux USA, où les églises et les syndicats, sont vidés pour accueillir les réfugiés salvadoriens et pour les mettre sous la protection de ces organisations.
Et comme le propose Seidel : « Protéger ceux qui viennent pour demander l’asile parce qu’ils sont menacés de mort, du rapt de la justice.
Les cacher chez nous et organiser leur fuite. »
Pendant la guerre du Vietnam, nous avons organisé la fuite pour les GI’S.
Renouons avec cet internationalisme, tant que le combat contre l’expulsion et la détention n’a pas été gagné.
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