« 1. La ville en tant que forme d’installation ne s’est pas produite par hasard.
La ville est la forme d’installation la plus économique et la plus culturelle pour la vie communautaire des êtres humains, ce qui a été prouvée par l’expérience des siècles.
La ville est, structurellement, et en tant que figure architecturale, une expression de la vie politique et de la conscience nationale du peuple. »
On retrouve ce principe de continuité historique avec la petite ville de Neubrandenbourg, de 20 000 habitants en 1945 et tout au nord est de la République Démocratique Allemande. Fondée en 1248, elle a pu conserver ses fortifications médiévales, mais l’ensemble du centre-ville a été détruit pendant la seconde guerre mondiale.
Lorsqu’il est procédé à la reconstruction de celui-ci à partir de 1952, son plan quadrillé fut conservé dans une très large mesure.
Les maisons reconstruites reprenaient sur le plan de la forme des éléments de ce qui avait été détruit, afin de conserver la perspective historique.
Deux architectes de la ville, Willi Timm et Hans Adam, firent des propositions très intéressantes, avec des logements au-dessus des boutiques, mais avec un retrait, afin de disposer d’une terrasse.
Il faut toujours avoir en tête qu’on est dans une période de reconstruction et que la partie orientale de l’Allemagne a bien plus été détruite que la partie occidentale, les Etats-Unis et le Royaume-Uni « prévoyant » déjà l’après-guerre dans les opérations de leur aviation.
Ce qu’on retrouve ici, c’est l’illustration de la conception historique de l’architecture : une ville n’est pas simplement un lieu, mais une expression culturelle. Il était hors de question de reconstruire n’importe comment : il fallait se situer sans une continuité historique.
On peut prendre un autre exemple avec la petite ville d’Eilenbourg, qui a aujourd’hui 16 000 habitants. Elle est inconnue en France, mais elle a toute une tradition historique en Allemagne. Située en Saxe à l’Est du pays, son origine remonte à 961 ; elle a été une figure du protestantisme, Martin Luther s’y rendant à de nombreuses reprises.
Elle a manqué d’être détruit par la Suède au 17e siècle et elle a hébergé Napoléon en 1813 alors que se jouait la bataille des Nations, où l’armée française a été mise en déroute par les troupes de l’empire russe, de l’empire d’Autriche, du royaume de Suède, du royaume de Prusse et du royaume de Saxe.
La petite ville d’Eilenbourg, où a été mis en place la première banque coopérative de crédit au 19e siècle, a également été un très grand bastion du Parti Communiste d’Allemagne, et a particulièrement été visée par la Gestapo après 1933. Les nazis se sont également vengés en occupant la ville militairement en avril 1945 et en refusant de céder devant l’armée américaine pendant trois jours et trois nuits. Pour cette raison, 90 % du centre-ville (soit 65 % de la ville) a été détruit.
Il a fallu dégager 144 000 m³ de gravats pour être en mesure de rebâtir le centre de cette ville historique à l’histoire si ancienne.
L’Allemagne démocratique a souligné l’importance de la dimension historique – populaire de la ville.
=>Retour au dossier sur
les 16 fondements de l’urbanisme en République Démocratique Allemande