La fédération des travailleurs du sous-sol et toute la CGT, tout à fait dans la défensive pendant la grève des mineurs, furent incapables de dépasser les contradictions au sein du mouvement des mineurs.
En effet, c’est tout une somme de bassins de vie qui dépassait nettement les membres de la corporation qui fut plongée dans l’effervescence de la lutte. Il fallait en prendre conscience et l’assumer.
Dans cette population ouvrière, beaucoup étaient disposés à aller au-delà de la grève et engageaient des moyens de lutte propres à la guerre de partisans.
Il fallait saisir cette dynamique révolutionnaire.
D’autres, beaucoup moins d’abord, puis de plus en plus à mesure que la grève durait, considéraient que les revendications valaient une grève, mais guère plus.
Il fallait élargir la dimension affirmative de la lutte, au lieu de la bloquer sur une démarche corporatiste.
En l’absence de cela, ce fut l’impasse. Pris en étau entre les moyens de répression mis en œuvre par le gouvernement et le désengagement progressif des grévistes, le syndicat fut finalement contraint de renoncer, appelant à la reprise du travail pour le 29 novembre 1948.

La grève des mineurs de 1948 fut ainsi un évènement historique majeur. Il s’agit d’une illustration éclatante de la lutte que mènent la classe ouvrière et la bourgeoisie, entraînant avec elles la société française toute entière.
Les organisations politiques et les institutions, produites par les classes dans le mouvement même de leur affrontement, furent poussées dans leurs retranchements par la force des évènements et sommées de se transformer.
La grève des mineurs a précipité les grumeaux idéologiques qui stagnaient de manière indéfinie dans les appareils. Les positions se clarifièrent et l’essence de l’État bourgeois et des différents partis et organisations ouvriers apparut plus clairement.
La classe ouvrière, disposant pourtant d’une grande capacité d’organisation ne put conquérir le pouvoir ni même poser un affrontement d’envergure faisant avancer les choses par une victoire ; au contraire, la bourgeoisie fit la démonstration de sa capacité à mener l’ensemble de la société et à diriger l’État.
La grève des mineurs de 1948 vint également clore une séquence ouverte dans les années 1920 et éteindre l’espoir de poursuivre le Font populaire à l’issue de la deuxième guerre mondiale.

Le Parti Communiste Français venait d’être écarté du gouvernement quand la grève éclata. Il s’empêtra dans ses incohérences au sujet de la conquête du pouvoir. Il se révéla incapable de se défaire de ses pratiques parlementaires.
Il continuait à vouloir peser à gauche de la IVe république, contraint à une démagogie inhérente à la marche dans les institutions.
L’électoralisme dont faisait preuve le Parti Communiste Français apparut comme un conservatisme et montra son arriération par rapport aux aspirations de la classe ouvrière. Le Parti Communiste Français démontra qu’il était incapable d’aller à la rupture en retournant à l’activité clandestine.
Obnubilé par le poids politique de la SFIO, le PCF s’avéra inapte à assumer la crise de régime.
La classe ouvrière attendait qu’on améliore ses conditions de vie. C’est l’élan premier de la grève des mineurs 1948, comme ce fût celui des travailleurs d’autres secteurs économiques à la fin de 1947.
Mais il y avait en substance la question de toute la vie quotidienne des masses travailleuses, et même sans aller jusqu’à la révolution, il y avait ici une force explosive.
Les mineurs et tout leur environnement, au lieu d’être choyé, étaient marginalisés par la France.
La contradiction était révolutionnaire.
Cela se prouve par le fait que la grève de 1948 révéla le haut niveau de conflictualité dont les masses ouvrières des bassins miniers étaient capables.
Les masses avaient été largement encadrées dans les corons par les partisans auparavant, et elles prouvaient encore en 1948 qu’elles étaient capables d’une bonne discipline dans des actions de violence ciblées et mesurées.
Ici, la guerre populaire aurait dû connaître un vrai bond.
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et les trois grèves historiques : 1947, 1948, 1949