Résolution du Kominform sur la défense de la Paix et la lutte contre les fauteurs de guerre


La défense de la Paix et la lutte contre les fauteurs de guerre

Novembre 1949

Les représentants du Parti communiste de Bulgarie, du Parti ouvrier roumain, du Parti des travailleurs hongrois, du Parti ouvrier unifié de Pologne, du Parti communiste bolchevik de l’U.R.S.S., du Parti communiste français, du Parti communiste de Tchécoslovaquie et du Parti communiste italien, après avoir discuté de la défense de la paix et de la lutte contre les fauteurs de guerre, sont arrivés à un accord unanime sur les conclusions suivantes.

Les événements des deux dernières années ont pleinement confirmé la justesse de l’analyse de la situation internationale donnée par le Bureau d’information des Partis communistes et ouvriers dans sa première conférence, en septembre 1947.

Au cours de cette période, deux lignes se sont dessinées plus nettement encore dans la politique mondiale : celle du camp démocratique, anti-impérialiste, ayant à sa tête l’U.R.S.S, du camp qui mène une lutte persévérante et conséquente pour la paix entre les peuples, pour la démocratie, et celle du camp impérialiste, anti-démocratique, ayant à sa tête les cercles dirigeants des États-Unis d’Amérique, du camp qui a pour but principal d’établir par la violence la domination anglo-américaine sur le monde, d’asservir les autres pays et les autres peuples, d’écraser la démocratie et de déclencher une nouvelle guerre.

En même temps, le camp impérialiste devient de plus en plus agressif. Les cercles dirigeants des États-Unis d’Amérique et de Grande-Bretagne mènent ouvertement une politique d’agression et de préparation d’une nouvelle guerre.

Dans la lutte contre le camp de l’impérialisme et de la guerre, les forces de paix, de démocratie et de socialisme ont grandi et se sont fortifiées. Le développement continu de la puissance de l’Union Soviétique, la consolidation politique et économique des pays de démocratie populaire et leur entrée dans la voie de l’édification socialiste, la victoire historique de la Révolution populaire chinoise sur les forces conjuguées de la réaction intérieure et de l’impérialisme américain, la création de la République démocratique allemande, la consolidation des partis communistes et le développement du mouvement ouvrier et démocratique dans les pays capitalistes, l’ampleur immense du mouvement des partisans de la paix, tout cela marque un élargissement et un renforcement sérieux du camp anti-impérialiste et démocratique.

En même temps, le camp impérialiste et anti-démocratique s’affaiblit.

Les succès des forces de démocratie et de socialisme, le fait que la crise économique mûrit, l’aggravation continue de la crise générale du système capitaliste, l’aggravation des contradictions intérieures et extérieures de ce système attestent l’affaiblissement croissant de l’impérialisme.

Les changements survenus dans le rapport des forces sur l’arène internationale en faveur du camp de la paix et de la démocratie provoquent la rage des fauteurs de guerre impérialistes.

Les impérialistes anglo-américains comptent, par la guerre, changer le cours du développement historique, résoudre leurs contradictions et leurs difficultés intérieures et extérieures, consolider les positions du capital monopolise et accéder à la domination mondiale.

Sentant que le temps travaille contre eux, les impérialistes forgent avec une hâte fébrile différents blocs et alliances des forces réactionnaires pour la réalisation de leurs plans d’agression.

TOUTE la politique du bloc impérialiste anglo-américain sert à préparer une nouvelle guerre.

Elle s’exprime par la mise en échec du règlement pacifique des relations avec l’Allemagne et le Japon, par l’achèvement du démembrement de l’Allemagne, par la transformation des zones occidentales de l’Allemagne et du Japon occupé par les troupes américaines en pépinières du fascisme, de l’esprit revanchard et en places d’armes pour la réalisation des plans d’agression de ce bloc.

C’est à cette politique que servent le plan Marshall d’asservissement et sa suite directe, l’Union occidentale et le bloc militaire de l’Atlantique-nord, dirigés contre tous les peuples épris de paix ; c’est à cette politique que servent la course effrénée aux armements aux États-Unis d’Amérique et dans les pays de l’Europe occidentale, le gonflement des budgets de guerre et l’extension du réseau des bases militaires américaines.

Cette politique s’exprime aussi dans le refus opposé par le bloc anglo-américain à l’interdiction de l’arme atomique, bien que la légende du monopole atomique américain se soit effondrée, et dans l’excitation extrême de l’hystérie belliciste.

Toute la ligne du bloc anglo-américain à l’Organisation des Nations Unies, ligne visant à saper l’O.N.U. et à en faire l’instrument des monopoles américains, est déterminée par cette politique.

La politique de déclenchement d’une nouvelle guerre par les impérialistes s’est également exprimée par le complot dévoilé au procès dé Rajk et de Brankov à Budapest, complot organisé par les milieux anglo-américains contre les pays de démocratie populaire et l’Union soviétique avec l’aide de la clique nationaliste et fasciste de Tito, devenue une officine de la réaction impérialiste internationale.

La politique de préparation d’une nouvelle guerre signifie pour les masses populaires des pays capitalistes un accroissement ininterrompu d’insupportables charges fiscales, l’aggravation de la misère des masses laborieuses parallèlement à l’augmentation fabuleuse des surproduits des monopoles qui s’enrichissent dans la course aux armements.

Le fait que la crise économique mûrit apporte aux travailleurs des pays capitalistes une misère accrue, le chômage et la faim, l’angoisse du lendemain.

En même temps, la politique de préparation a la guerre est liée aux atteintes incessantes portées par les cercles impérialistes dirigeants aux droits vitaux élémentaires et aux libertés démocratiques des masses populaires, à l’accentuation de la réaction dans tous les domaines de la vie sociale, politique et idéologique, à l’emploi des méthodes de répression fascistes à l’égard des forces progressistes et démocratiques des peuples.

Par ces mesures, la bourgeoisie impérialiste essaie de préparer ses arrières pour une guerre de brigandage.

Ainsi, de même qu’hier les agresseurs fascistes, le bloc anglo-américain prépare une nouvelle guerre dans tous les domaines : mesures militaires et stratégiques, pression et chantage politiques, expansion économique et asservissement des peuples, abrutissement idéologique des masses et accentuation de la réaction.

Les potentats de l’impérialisme américain édifient leurs plans de déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale et d’accession à la domination mondiale sans tenir compte du rapport réel des forces entre le camp de l’impérialisme et le camp du socialisme.

Leurs plans de domination mondiale ont encore moins de fondement et sont encore plus aventureux que les plans des hitlériens et des impérialistes japonais.

Manifestement, les impérialistes américains surestiment leurs forces et sous-estiment la force et l’organisation grandissante du camp anti-impérialiste.

ACTUELLEMENT, la situation historique diffère radicalement de celle dans laquelle a été préparée la deuxième guerre mondiale et, dans les conditions internationales présentes, les fauteurs de guerre auront incomparablement plus de mal à mettre leurs plans sanglants à exécution.

« Les horreurs de la guerre récente sont encore trop présentes à la mémoire des peuples et les forces sociales qui sont pour la paix sont trop grandes pour que les disciples de Churchill en matière d’agression puissent en triompher et les diriger dans le sens d’une guerre nouvelle » (J. STALINE)

Les peuples ne veulent pas la guerre, ils haïssent la guerre. Ils ont de plus en plus conscience de l’abîme effrayant dans lequel les impérialistes essaient de les entraîner.

La lutte instable de l’Union soviétique, des pays de démocratie populaire et du mouvement démocratique international pour la paix, pour la liberté et l’indépendance des peuples, contre les fauteurs de guerre, reçoit chaque jour un soutien plus puissant des couches les plus larges de la population de tous les pays du monde.

D’où le développement d’un puissant mouvement des partisans de la paix.

Ce mouvement, qui rassemble dans ses rangs plus de 600 millions d’hommes, s’élargit et grandit, englobant tous les pays du monde et entraînant dans ses rangs des combattants toujours nouveaux contre la menace de guerre.

Le mouvement des partisans de la paix est l’indice évident que les masses populaires prennent en main la défense de la paix, en affirmant leur volonté inébranlable de sauvegarder la paix et de prévenir la guerre.

Cependant, il serait faux et nuisible à la cause de la paix de sous-estimer le danger de la nouvelle guerre que préparent les puissances impérialistes, États-Unis d’Amérique et Grande-Bretagne en tête.

Le développement immense des forces du camp de la démocratie et du socialisme ne doit susciter aucune quiétude dans les rangs des vrais combattants de la paix.

Ce serait une erreur profonde et impardonnable de croire que la menace de guerre aurait diminué.

L’expérience de l’histoire montre que plus la cause de la réaction impérialiste est désespérée, plus celle-ci devient furieuse et plus grandit le danger d’aventures militaires.

Seules, la plus grande vigilance des peuples, leur ferme résolution de lutter activement de toutes leurs forces et par tous les moyens pour la paix conduiront à la faillite des projets criminels des fauteurs d’une nouvelle guerre.

Dans cette situation où la menace d’une nouvelle guerre augmente de plus en plus, les partis communistes et ouvriers ont une grande responsabilité devant l’histoire.

La lutte pour une paix solide et durable, pour l’organisation et le rassemblement des forces de paix contre les forces de guerre doit être, à l’heure actuelle, au centre de toute l’activité des partis communistes et des organisations démocratiques.

Pour remplir cette grande et noble mission : sauver l’humanité de la menace d’une nouvelle guerre, les représentants des partis communistes et ouvriers considèrent comme primordiales les tâches suivantes :

1. Il faut travailler avec encore plus d’opiniâtreté à l’élargissement et à la consolidation organique du mouvement des partisans de la paix en y entraînant des couches toujours nouvelles, en en faisant un mouvement de l’ensemble du peuple.

Il faut se préoccuper particulièrement d’entraîner dans le mouvement des partisans de la paix les syndicats, les organisations de femmes, de jeunes, les organisations coopératives, sportives, culturelles et éducatives, religieuses et autres, ainsi que les savants, les écrivains, les journalistes, les intellectuels, les parlementaires et autres personnalités politiques et sociales qui interviennent pour la défense de la paix, contre la guerre.

Aujourd’hui s’impose avec une force particulière la tâche de rassembler tous les partisans honnêtes de la paix, sans distinction de croyances religieuses, d’opinions politiques et d’appartenance de parti, sur la plus large plate-forme de lutte pour la paix, contre la menace d’une nouvelle guerre qui pèse sur l’humanité.

2. Pour continuer à développer le mouvement des partisans de la paix, il est d’une importance décisive que la classe ouvrière participe de plus en plus activement à ce mouvement, qu’elle resserre ses rangs et qu’elle s’unisse.

C’est pourquoi la première tâche des partis communistes et ouvriers consiste à entraîner dans les rangs des combattants de la paix les couches les plus larges de la classe ouvrière, à créer une unité solide de la classe ouvrière, à organiser les actions communes des divers détachements du prolétariat sur une base commune de lutte pour la paix et l’indépendance nationale de leur pays.

3. L’unité de la classe ouvrière ne peut s’obtenir que par une lutte résolue contre les socialistes de droite, diviseurs et désorganisateurs du mouvement ouvrier.

Les socialistes de droite à la Bevin, Attlee, Blum, Guy Mollet, Spaak, Schumacher, Renner, Saragat, et les chefs syndicaux réactionnaires dans le genre de Green, de Carrey, de Deakin, qui font une politique anti-populaire de division, sont les principaux ennemis de l’unité de la classe ouvrière, les complices des fauteurs de guerre et les serviteurs de l’impérialisme ; ils couvrent leur trahison d’une phraséologie cosmopolite pseudo-socialiste.

Les partis communistes et ouvriers doivent, en luttant sans trêve pour la paix, dénoncer quotidiennement les chefs socialistes de droite comme les pires ennemis de la paix.

Il faut développer et consolider par tous les moyens la collaboration et l’unité d’action avec les organisations et les adhérents de base des partis socialistes, soutenir tous les éléments réellement honnêtes dans les rangs de ces partis en leur expliquant combien la politique des dirigeants réactionnaires de droite est pernicieuse.

4. Les partis communistes et ouvriers doivent opposer à la propagande haineuse des agresseurs, qui s’efforcent de transformer les pays d’Europe et d’Asie en champs de bataille sanglants, la plus large propagande en faveur d’une paix solide et durable entre les peuples ; ils doivent dénoncer inlassablement les blocs et les alliances politiques et militaires de caractère agressif (en premier lieu l’Union occidentale et le bloc de l’Atlantique-nord) ; ils doivent expliquer largement qu’une nouvelle guerre apporterait aux peuples des détresses terribles entre toutes et des destructions colossales et que la lutte contre la guerre et la défense de la paix est l’affaire de tous les peuples du monde.

Il faut faire en sorte que la propagande belliciste, que la propagande de la haine raciale et de l’hostilité entre les peuples, faite par les agents de l’impérialisme anglo-américain, se heurte à une condamnation impitoyable de toute l’opinion publique démocratique dans chaque pays. Il faut faire en sorte qu’aucune entreprise des propagandistes d’une nouvelle guerre ne reste sans riposte de la part des partisans honnêtes de la paix.

5. Recourir largement aux nouvelles formes, efficaces et éprouvées, de lutte de masse pour la paix, telles que les comités de défense de la paix à la ville et à la campagne, l’organisation de pétitions et de protestations, de consultations populaires, qui ont été appliquées par la Conférence des Partis communistes dans une ample mesure en France et en Italie.

L’édition et la diffusion de littérature dénonçant les préparatifs de guerre, la collecte de fonds pour soutenir la lutte pour la paix, l’organisation du boycott des films, des journaux, des livres, des revues, des campagnes radiophoniques, des institutions et des personnalités qui font de la propagande en faveur d’une nouvelle guerre, tout cela constitue une tâche des plus importantes pour les partis communistes et ouvriers.

6. Les partis communistes et ouvriers des pays capitalistes considèrent de leur devoir de fusionner la lutte pour l’indépendance nationale et la lutte pour la paix ; de dénoncer inlassablement le caractère antinational, le caractère de trahison de la politique des gouvernements bourgeois devenus les commis avoués de l’impérialisme agressif d’Amérique ; d’unir et de rassembler toutes les forces démocratiques et patriotiques du pays autour des mots d’ordre d’abolition de l’asservissement ignominieux aux monopoles américains et de retour, à l’extérieur et à l’intérieur, à une politique indépendante répondant aux intérêts nationaux des peuples.

Il faut rassembler les masses populaires les plus larges des pays capitalistes pour défendre les droits et les libertés démocratiques, en leur expliquant sans trêve que la défense de la paix est indissolublement liée à la défense des intérêts vitaux de la classe ouvrière et des masses laborieuses, à la défense de leurs droits économiques et politiques.

Des tâches importantes incombent aux partis communistes de France, d’Italie, de Grande-Bretagne, d’Allemagne occidentale et des autres pays dont les impérialistes américains veulent utiliser les peuples comme chair à canon pour réaliser leurs plans d’agression.

Ils doivent développer avec une force accrue la lutte pour la paix, la lutte pour faire échouer les projets criminels des fauteurs de guerre anglo-américains.

7. Les partis communistes et ouvriers des pays de démocratie populaire et de l’Union soviétique ont pour tâche, en même temps qu’ils dénoncent les fauteurs de guerre impérialistes et leurs complices, de continuer à consolider le camp de la paix et du socialisme pour la défense de la paix et de la sécurité des peuples.

8. Les impérialistes anglo-américains réservent un rôle important à la clique nationaliste de Tito qui a pria du service dans les organismes d’espionnage des impérialistes, pour réaliser leurs plans d’agression, en particulier dans l’Europe du centre et du sud-est.

La défense de la paix et la lutte contre les fauteurs de guerre exigent que l’on continue à dénoncer cette clique, passée dans le camp des pires ennemis de la paix, de la démocratie et du socialisme, dans le camp de l’impérialisme et du fascisme.

Il s’est constitué, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un front organisé de la paix, ayant à sa tête l’Union soviétique, rempart et champion de la paix dans le monde entier.

L’appel courageux des partis communistes proclamant que jamais les peuples ne feront la guerre au premier pays socialiste du monde, l’Union soviétique, gagne de plus en plus largement dans les masses populaires des pays capitalistes.

Pendant la guerre contre le fascisme, les partis communistes ont été l’avant-garde de la résistance des peuples aux envahisseurs; dans la période d’après-guerre, les partis communistes et ouvriers sont les champions d’avant-garde des intérêts vitaux de leurs peuples, contre une nouvelle guerre.

Rassemblés sous la direction de la classe ouvrière, tous les adversaires d’une nouvelle guerre, le monde du travail, de la science, de la culture, forment un front puissant de la paix, capable de faire échouer les projets criminels des impérialistes.

De l’énergie et de l’initiative des partis communistes dépend, pour beaucoup, l’issue de la lutte gigantesque et toujours plus ardente pour la paix.

Il est possible de faire échouer les plans des fauteurs de guerre. Il dépend avant tout des communistes, combattants d’avant-garde, de faire de cette possibilité une réalité.

Les forces de la démocratie, les forces des partisans de la paix dépassent de beaucoup les forces de la réaction.

Il s’agit maintenant de porter à un degré plus élevé encore la vigilance des peuples à l’égard des fauteurs de guerre, d’organiser et de rassembler les larges masses populaires dans une lutte active pour la défense de la paix, au nom des intérêts vitaux des peuples, au nom de leur vie et de leur liberté.


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