Le cambriolage du Louvre relève de la lutte de classe

Le cambriolage du Louvre est un événement dramatique aux yeux des amis de la culture française, c’est une tragédie du point de vue des nationalistes qui idéalisent le passé.

C’est un non-événement dommageable pour les gestionnaires libéraux du pays, c’est un fait divers pour les contestataires professionnels de la politique.

Pour qui se fonde sur le matérialisme dialectique, par contre, c’est un événement de la plus haute importance et cela relève de la lutte de classe.

Celle-ci ne concerne, en effet, nullement seulement l’économie. La question révolutionnaire, ce n’est certainement pas qu’une question de répartition des richesses.

Toute révolution relève d’une transformation du mode de vie. Le mode de vie esclavagiste bouleverse celui des chasseurs-cueilleurs, tout comme le féodalisme révolutionne celui de l’esclavagisme.

Le capitalisme transforme de fond en comble le féodalisme, et naturellement le socialisme dépasse en profondeur les habitudes, les mentalités propres au capitalisme.

C’est pourquoi, en plus de la révolution socialiste, il y a la nécessité ensuite de procéder à plusieurs révolutions culturelles.

Cependant, de par l’importance de la société de consommation dans le capitalisme, il va de soi qu’une révolution culturelle, ou quelque chose qui s’en approche, est également nécessaire avant la révolution socialiste.

Le cambriolage du Louvre est ici un excellent exemple de cette question. Les masses, prisonnières de la vie quotidienne du capitalisme, ne sont pas en mesure de porter une attention suffisante à un tel événement.

En même temps, ces mêmes masses relèvent de tout un parcours historique.

L’émergence de la nation française s’est accompagnée d’un vaste développement de la culture. Le Louvre représente un aspect historique essentiel de cette culture.

Mutiler le Louvre, c’est mutiler l’Histoire des masses françaises et donc les masses elles-mêmes.

Elles ne peuvent pas ne pas le ressentir, et cela malgré toutes les contaminations d’idéologies cosmopolites ou identitaires relevant des fictions générées par une société capitaliste de consommation qui divise pour régner.

Il n’y a pas de place pour le Louvre et plus généralement l’Histoire populaire dans l’idéologie cosmopolite inclusive de l’Union européenne, ni dans le nationalisme français fantasmant un passé idéalisé.

Il n’y a pas non plus de place pour le Louvre du côté des bobos profitant avidement des richesses des centres-villes, ni du côté des travailleurs aliénés éjectés à la périphérie des villes et écrasés socialement, marginalisés culturellement.

En fait, le Louvre ne peut être défendu que par ceux et celles assumant la civilisation.

Et conformément au principe « Socialisme ou retombée dans la barbarie », seul le prolétariat, classe qui n’a rien à perdre, est en mesure de porter la transformation nécessaire pour avancer sur le plan de la civilisation.

Le capitalisme n’a pas besoin du Louvre, il a besoin de l’art contemporain. Voilà pourquoi il maltraite le Louvre et pourquoi, également, il le marginalisera, le transformera en attraction commerciale, touristique.

C’est déjà le cas avec les marches forcées de consommateurs en ses lieux, prenant des photos et incapables d’apprécier les valeurs esthétiques et historiques des œuvres. C’est bien entendu vrai dans tous les musées du monde.

La notion même de musée est incompatible avec la consommation permanente et le caractère ostentatoire qui lui est liée. Le musée exige la connaissance et la patience, deux notions hostiles en soi à la société capitaliste de consommation.

Le musée, c’est, si l’on veut, l’antithèse sur le plan existentiel du smartphone et de l’agitation qui l’accompagne. Le smartphone apporte des stimuli éphémères, des satisfactions artificielles ; il est concentré sur l’ego, sur la vie individuelle, sur la nouveauté permanente.

La visite d’un musée apporte inversement une satisfaction esthétique, le sentiment océanique d’appartenir à un développement historique.

Et le Louvre apporte de manière très marquée une telle sensation d’appartenir à l’humanité en transformation.

L’attaque du Louvre est ainsi une attaque contre une telle sensation. Ce n’est pas simplement un cambriolage relevant de l’esprit de rapine. C’est un pillage relevant de la barbarie attaquant la civilisation.

Le barbare méprise la culture, car il ne la comprend pas, il n’en voit pas le sens ni la signification. Ce qui compte pour lui, c’est le pragmatisme propre au vol et dans un esprit d’agression.

En ce sens, le fait même de chercher à cambrioler est d’une portée culturelle aussi grande que le cambriolage lui-même. C’est une expression de barbarie morale, intellectuelle et spirituelle. C’est la mentalité du cannibale pour qui tout ce qui existe est propice au parasitisme.

Le capitalisme se fait, en pratique, rattraper par ceux qui sont plus capitalistes que les bourgeois eux-mêmes.

Les voleurs, les gangsters, les narcos… appliquent les principes du capitalisme, mais en effaçant toute règle et en revenant à l’utilisation de démarches relevant du féodalisme, et même de l’esclavagisme.

C’est le retour de formes sociales passées, ce qui est la preuve que le capitalisme a fait son temps.

Le Louvre se retrouve victime dans une telle situation, et il faut rapidement une armée rouge pour le défendre, pour en faire une forteresse de la culture.

Seul le pouvoir populaire, organisé autour de la classe ouvrière, peut parvenir à écraser les forces hostiles à la culture et à la civilisation.

C’est ce qui correspond à la nécessité historique du Parti Matérialiste Dialectique.

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