L’Église catholique et le clergé dans la colonisation espagnole de l’Amérique

La présentation de chaque pays latino-américain n’accorde qu’une place totalement secondaire à l’Église catholique et au clergé dans la colonisation espagnole. C’est une insuffisance nécessaire.

Il est indéniable que le catholicisme est culturellement présent de manière massive dans les pays latino-américains, et qu’historiquement il a joué un rôle majeur dans la colonisation, comme source de légitimité (et également de prétexte).

Cependant, le catholicisme a accompagné la colonisation, il n’en est pas la source. Et lors de la seconde moitié du 19e siècle, la mise en place des États modernes a largement cherché à faire reculer la présence institutionnelle du catholicisme, avec plus ou moins de réussite.

L’aspect religieux n’est ainsi pas l’aspect principal. Et il n’est pas possible de mentionner la question religieuse en dehors des réalités spécifiques, qui impliquent d’immenses différences de perception de la religion dans les différents pays.

La Vierge de Guadalupe est, par exemple connue, dans toute l’Amérique latine, mais c’est au Mexique qu’elle possède une centralité historique, dépassant de très loin une simple question religieuse. C’est devenu un symbole national, en plus de la ferveur religieuse.

L’Uruguay est, inversement, marqué par la laïcité, alors que la Colombie se caractérise par une puissante institutionnalisation de l’Église catholique.

Et on ne saurait comparer la situation du Paraguay, né historiquement des missionnaires jésuites organisant les Guaranis, avec le Panama qui est né parce que les États-Unis voulaient gérer le plus directement possible le territoire du canal transocéanique.

Pourtant, il existe une réalité commune à tous les pays : les masses indiennes se sont très rapidement converties au catholicisme, et ce dans toutes les parties colonisées par l’Espagne.

C’est un fait indéniable. Quel que soit le niveau de développement, que ce soit du côté des chasseurs-cueilleurs, des Incas dans le cadre d’un empire avec une religion à la faible théologie ou des Aztèques dans le cadre d’un empire avec une religion à la théologie (panthéiste) très développée, les conversions ont été rapides, massives, sans retour en arrière.

Il y a eu des restes des religions passées, des mélanges, des fusions. Cependant, le triomphe du catholicisme a été absolument indiscutable.

Cela correspond, bien entendu, au fait que le catholicisme provenait de l’avenir du point de vue des peuples américains, il représentait un état d’esprit plus développé, plus avancé.

Le catholicisme tranquille du mode de production féodal particulièrement développé ne pouvait que vaincre le paganisme et son extrême tension propre à une situation d’esclavagisme ou de vie quotidienne propre aux chasseurs-cueilleurs.

On peut et on doit regretter la destruction du paganisme qui avait un aspect matérialiste panthéiste résolu, même si basculant dans les explications magiques et les irrationalismes superstitieux.

Néanmoins, le catholicisme est un monothéisme et le monothéisme correspond à une humanité parvenant à un certain stade de développement dans l’agriculture et la domestication des animaux.

Les peuples colonisés n’étaient pas parvenus jusque-là ; la révolution de la vie quotidienne qu’a impliqué la colonisation ne pouvait que produire le triomphe du catholicisme.

Comme cela pose des questions de fond qui éloignent de l’aspect principal ici abordé, à savoir le parcours historique en tant que tel de chaque pays d’Amérique issue de la colonisation espagnole, il n’est pas possible d’aborder cela en tant que tel ici.

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Les pays issus de la colonisation espagnole de l’Amérique