Comment l’URSS de Staline concevait-elle sa planification ? Quelle était sa « loi économique », c’est-à-dire sa manière d’appréhender la production et la consommation ?
Cette question est d’une importance capitale, car il serait faux de penser que la planification suffirait « en soi » à caractériser le socialisme. Le socialisme a un contenu et la planification ne peut pas exister s’il n’y a pas ce contenu.
La bourgeoisie ne peut pas, de ce fait, pratiquer de planification, seule la classe ouvrière suivant la tendance inéluctable au communisme est en mesure de le faire.
Voici ce que dit à ce sujet Staline, en 1951, dans Les problèmes économiques du socialisme, dans un passage très important :
« Existe-t-il une loi économique fondamentale du socialisme ?
Oui, elle existe.
Quels sont les traits essentiels et les dispositions de cette loi ?
Les traits essentiels et les dispositions de la loi économique fondamentale du socialisme pourraient être formulés à peu près ainsi : assurer au maximum la satisfaction des besoins matériels et culturels sans cesse accrus de toute la société, en augmentant et en perfectionnant toujours la production socialiste sur la base d’une technique supérieure.
Par conséquent : au lieu que soit assuré le maximum de profits, c’est la satisfaction au maximum des besoins matériels et culturels de la société ; au lieu que la production se développe avec des temps d’arrêt – de l’essor à la crise, de la crise à l’essor, – c’est une croissance ininterrompue de la production ; au lieu de temps d’arrêt périodiques qui s’opèrent dans le progrès technique et s’accompagnent de la destruction des forces productives de la société, c’est un perfectionnement ininterrompu de la production sur la base d’une technique supérieure.
On dit que la loi économique fondamentale du socialisme est celle d’un développement harmonieux, proportionnel de l’économie nationale. Cela est faux.
Le développement harmonieux de l’économie nationale et, par suite, sa planification, qui constitue le reflet plus ou moins fidèle de cette loi, ne peuvent rien donner par eux-mêmes, si on ignore au nom de quels objectifs se fait le développement planifié de l’économie nationale, ou bien si la tâche n’est pas claire.
La loi du développement harmonieux de l’économie nationale, ne peut donner l’effet voulu que dans le cas où il y a une tâche au nom de laquelle ce développement se poursuit.
Cette tâche ne peut être fournie par la loi même du développement harmonieux de l’économie nationale.
A plus forte raison ne peut-elle pas être fournie par la planification de l’économie nationale. Cette tâche est contenue dans la loi économique fondamentale du socialisme sous la forme des dispositions exposées plus haut.
Aussi, la loi du développement harmonieux de l’économie nationale ne peut-elle exercer à fond son action que si cette action s’appuie sur la loi économique fondamentale du socialisme.
En ce qui concerne la planification de l’économie nationale, elle ne peut obtenir de résultats positifs qu’en observant deux conditions :
a) si elle reflète correctement les dispositions de la loi du développement harmonieux de l’économie nationale ;
b) si elle tient compte partout des dispositions de la loi économique fondamentale du socialisme. »
La question de la loi du développement harmonieux tient à ce que la planification est l’expression d’une tendance à la synthèse. Il ne peut pas y avoir de planification qui serait une simple reproduction de l’économie précédente, qui donnerait une économie statique.
La planification n’est qu’un reflet imparfait de la réalité matérielle en développement, et qu’un plan correctement mené de bout en bout retranscrirait en développement harmonieux de l’économie nationale.
La matière est, en effet, en marche vers le communisme ; par conséquent, la planification ne fait que correspondre à une tendance inéluctable. Pour cette raison, la loi du développement harmonieux est subordonnée au développement de la production socialiste : seul le développement des forces productives permet d’être en accord avec la marche au communisme.