On a une nature chimique des êtres vivants qui est stable, mais en même temps une évolution des êtres vivants. Il est absolument nécessaire de mettre cela en rapport avec l’activité des êtres vivants eux-mêmes.
En effet, les êtres vivants puisent leurs ressources dans leur environnement, à part pour ceux qui peuvent profiter directement de l’énergie solaire. S’ils évoluent, alors leur consommation des ressources évolue également.
Il n’existe aucun mur entre la matière inerte et la matière vivante. Et si la matière vivante se transforme, alors nécessairement elle va puiser dans la matière inerte, modifiant celle-ci.
Vladimir Vernadsky, dans L’évolution des espèces et la matière vivante, établit ainsi le caractère chimique des êtres vivants, leur rapport à leur environnement pour trouver de quoi se constituer :
« D’une part, la migration biogène est liée de la façon la plus intime et génétiquement à la matière de l’organisme vivant, à son existence. Cuvier a donné une définition précise et juste de l’organisme vivant durant sa vie, comme d’un courant incessant, d’un tourbillon d’atomes qui vient de l’extérieur et y retourne.
L’organisme vit aussi longtemps que le courant d’atomes subsiste. Ce courant englobe toute la matière de l’organisme.
Chaque organisme par lui-même ou tous les organismes ensemble créent continuellement par la respiration, la nutrition, le métabolisme interne, la reproduction, un courant biogène d’atomes, qui construit et maintient la matière vivante.
En somme, c’est là la forme essentielle et principale de la migration biogène, dont l’importance numérique est déterminée par la masse de matière vivante existant à un moment donné sur notre planète. »
Vladimir Vernadsky, L’évolution des espèces et la matière vivante
C’est une révolution conceptuelle, car cela signifie saisir l’impact de chaque organisme vivant sur son environnement. On sort d’une lecture simplement morphologique, physiologique, pour le saisir dans son interaction avec l’ensemble de la réalité.
Il y a une interaction chimique générale de tous les aspects de la matière sur Terre. Et forcément, Vladimir Vernadsky souligne le rôle de l’humanité comme force géologique.
La géologie terrestre n’est pas compréhensible sans saisir son rapport chimique avec les êtres vivants en général ; de par l’intervention humaine, cela est d’autant plus vrai. Suivre le raisonnement de Vladimir Vernadsky, c’est avoir la capacité de saisir les changements induits par l’activité humaine.
Cependant, cela implique de saisir la nature du développement de la Biosphère. Pour ce faire, Vladimir Vernadsky s’appuie sur Louis Pasteur.