28 octobre 1948
***Quelle est votre opinion sur les résultats de la discussion de la situation à Berlin par le Conseil de Sécurité et sur l’attitude des représentants anglo-américains à cet égard ?
– Je considère qu’il s’agit d’une manifestation de l’esprit d’agression de la politique des milieux dirigeants anglo-américains et français.
***Est-il exact qu’au mois d’août de cette année, un accord a été réalisé entre les quatre puissances sur la question de Berlin ?
– Oui, c’est exact… Comme on le sait, le 30 août de cette année, un accord a été réalisé à Moscou entre les représentants de l’U.R.S.S., des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France au sujet de l’application simultanée, d’une part, de mesures en vue de faire cesser les restrictions visant les communications, d’autre part, de mesures visant à l’introduction du mark allemand de la zone soviétique comme seule monnaie à Berlin.
Cet accord n’empiétait sur le prestige de personne. Il tenait compte des intérêts des parties et assurait la garantie d’une coopération ultérieure, mais les gouvernements des États-Unis et de la Grande-Bretagne ont désavoué leurs représentants à Moscou et déclaré que cet accord était nul et non avenu. Ils l’ont violé, décidant de soumettre la question au Conseil de Sécurité au sein duquel les Britanniques et les Américains ont une majorité assurée.
***Est-il exact que dernièrement à Paris, lorsque la question était discutée au Conseil de Sécurité, au cours de conversations officieuses, un accord fut à nouveau réalisé ?
– Oui, c’est exact. Le représentant de l’Argentine, le Dr Bramuglia, président du Conseil de Sécurité, qui eut des entretiens officieux avec Vychinski, au nom des autres puissances intéressées, avait, en effet, en mains un projet de solution ayant fait l’objet d’un accord. Mais les représentants des États-Unis et de la Grande-Bretagne déclarèrent que cet accord n’existait pas.
***Quel est le fond de la question ? Ne peut-on l’expliquer ?
– Le fond de la question est que les inspirateurs de la politique agressive des Etats- Unis et de la Grande-Bretagne ne se considèrent pas comme intéressés à un accord et à la coopération avec l’U.R.S.S. Ils ne veulent ni accord ni coopération afin de rejeter la responsabilité sur l’U.R.S.S., et ainsi de prouver l’impossibilité de la coopération avec l’U.R.S.S.
Les fauteurs de guerre, qui cherchent à en déchaîner une nouvelle, craignent plus que tout l’accord et la coopération avec l’U.R.S.S., car la politique d’accord avec I’U.R.S.S. affaiblit les positions des fauteurs de guerre et prive d’objectif la politique agressive de ces messieurs. Précisément pour cette raison, ils défont les accords déjà réalisés, désavouent les représentants qui ont conclu ces accords avec l’U.R.S.S., soumettent la question, en violation de la Charte des Nations-Unies, au Conseil de Sécurité, où ils disposent d’une majorité assurée et on ils peuvent « prouver » n’importe quoi.
Tout cela est fait afin de démontrer l’impossibilité de la coopération avec I’U. R. S. S. pour démontrer la nécessité d’une nouvelle guerre et ainsi préparer les conditions de son déchaînement. La politique des dirigeants actuels des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne est politique d’agression et de déchaînement d’une nouvelle guerre.
***Que pensez-vous des actions des six États du Conseil de Sécurité Chine, Canada, Belgique, Argentine, Colombie, Syrie ?
– Il est évident que tous ces messieurs appuient une politique d’agression, une politique de déchaînement d’une nouvelle guerre.
***Comment tout cela peut-il finir ?
– Cela ne peut se terminer que par la chute honteuse des instigateurs d’une nouvelle guerre. Churchill, le principal fauteur de guerre, a déjà réussi à se priver de la confiance de son pays et des forces démocratiques du monde entier. Le même sort attend tous les autres instigateurs d’une nouvelle guerre. Les horreurs de la guerre récente sont trop vivaces dans la mémoire des peuples et les forces populaires favorables à la paix sont trop grandes pour que les disciples en agression de Churchill puissent les vaincre et les entraîner vers une nouvelle guerre.