Une fois en URSS, Georgi Dimitrov participa à de très nombreuses célébrations, devenant une figure importante du pays.
Ce ne fut cependant pas tout : il participa aux travaux du VIIe congrès de l’Internationale Communiste, où il présenta dès le premier jour, le 2 août 1935, le rapport « L’offensive du fascisme et les tâches de l’Internationale Communiste dans la lutte pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme ».
Il prononça également le discours de clôture du rapport au VIIe congrès, le 13 août, sous le titre « Pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme ».
Le 20 août, il prononça également le discours de clôture du congrès, dont le titre était « Les dirigeants actuels des pays capitalistes sont des personnages passagers. Le véritable maître du monde est le prolétariat ».
Il est alors également élu secrétaire général du comité exécutif de l’Internationale Communiste, poste qu’il conservera jusqu’en mai 1943, date de sa dissolution.
Ce qui fait que Georgi Dimitrov est, historiquement, le théoricien de l’antifascisme. Son point de vue est construit de manière dialectique, en s’appuyant sur le principe d’une vaste séquence historique.
Le premier point est que, du point de vue du communisme, le fascisme apparaît comme le produit inévitable du capitalisme en crise ; il s’élabore comme réaction et passe à l’offensive une fois les conditions réunies. Georgi Dimitrov formule cela de la manière suivante :
« Dans les conditions de la crise économique extrêmement profonde, de l’aggravation marquée de la crise générale du capitalisme, du développement de l’esprit révolutionnaire dans les masses travailleuses, le fascisme est passé à une vaste offensive.
La bourgeoisie dominante cherche de plus en plus le salut dans le fascisme, afin de prendre contre les travailleurs des mesures extraordinaires de spoliation, de préparer une guerre de brigandage impérialiste, une agression contre l’Union Soviétique, l’asservissement et le partage de la Chine et sur la base de tout cela de conjurer la révolution.
Les milieux impérialistes tentent de faire retomber tout le poids de la crise sur les épaules des travailleurs. C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.
Ils s’efforcent de résoudre le problème des marchés par l’asservissement des peuples faibles, par l’aggravation du joug colonial et par un nouveau partage du monde au moyen de la guerre.
C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.
Ils s’efforcent de devancer la montée des forces de la révolution en écrasant le mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans et en lançant une agression militaire contre l’Union Soviétique, rempart du prolétariat mondial.
C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme. »
Pour cette raison, le fascisme est un terrorisme dirigée par les couches les plus agressives de la bourgeoisie. C’est une tentative de maintenir la domination du capitalisme en s’appuyant sur une base toujours plus restreinte, exigeant par conséquent toujours plus de terrorisme. La définition du fascisme de Georgi Dimitrov est devenu un élément de base de l’idéologie communiste :
« Le fascisme au pouvoir est, comme l’a caractérisé avec raison la XIIIe Séance Plénière du Comité exécutif de l’Internationale Communiste, la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier.
La variété la plus réactionnaire du fascisme, c’est le fascisme du type allemand, il s’intitule impudemment national-socialisme sans avoir rien de commun avec le socialisme allemand.
Le fascisme allemand ce n’est pas seulement un nationalisme bourgeois, c’est un chauvinisme bestial. C’est un système gouvernemental de banditisme politique, un système de provocation et de tortures à l’égard de la classe ouvrière et des éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et des intellectuels.
C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie.
C’est une agression effrénée à l’égard des autres peuples et des autres pays. »
Ce faisant, Georgi Dimitrov s’oppose formellement à l’interprétation trotskyste, anarchiste et social-démocrate du fascisme, qui serait l’expression d’une révolte de la petite-bourgeoisie. Si la petite-bourgeoisie en voie de déclassement peut effectivement être happé par le fascisme en raison de sa démagogie, ce n’est pas elle qui est toutefois aux commandes.
Georgi Dimitrov souligne cela ainsi :
« Le fascisme, ce n’est pas une forme du pouvoir d’Etat qui, prétendument, « se place au-dessus des deux classes, du prolétariat et de la bourgeoisie », ainsi que l’affirmait, par exemple, Otto Bauer.
Ce n’est pas « la petite bourgeoisie en révolte qui s’est emparée de la machine d’Etat », comme le déclarait le socialiste anglais Brailsford.
Non. Le fascisme, ce n’est pas un pouvoir au-dessus des classes, ni le pouvoir de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassées du prolétariat sur le capital financier.
Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. »
Georgi Dimitrov posait là les bases théoriques qui allaient permettre de comprendre la nature du fascisme et de lui opposer le Front populaire antifasciste.