Voici comment, en 1974, Paul Boccarra résume les modalités de l’intervention étatique pour bloquer une partie de l’économie :
« Suraccumulation ? Cela signifie excès d’accumulation des capitaux par rapport au profit possible pour les rémunérer.
Cet excès d’accumulation des capitaux résulte du fait que le but déterminant de la production capitaliste est l’accumulation de la richesse privée et sa fructification par le profit et non la satisfaction des besoins des diverses catégories de travailleurs.
Cette suraccumulation se manifeste dans les crises de surproduction et les récessions périodiques de la production capitaliste.
Cependant, on constate historiquement qu’après une longue phase, de 25 à 30 ans environ, où les crises sont peu importantes et les dépressions consécutives courtes, tandis que l’essor facile domine pendant toute la période, on passe à une longue phase d’allure différente où les crises sont plus importantes, où du moins les difficultés et les dépressions sont plus durables (…).
Au milieu des luttes de classe interviennent les transformations de structure – tenant au développement massif du secteur public et de l’intervention de l’État – avec la transformation du capitalisme monopoliste simple en capitalisme monopoliste d’État.
L’excès d’accumulation durable est provisoirement résolu non seulement par les anciennes méthodes, mais aussi par le développement du rôle du capital public – qu’il s’agisse d’une entreprise nationalisée ou de fonds publics donnés en subvention ou prêtés à des taux de faveur à une grande entreprise privée.
En effet, le capital public ne réclame pas pour lui le profit courant.
Il peut même accepter un profit nul, voire un déficit couvert par l’impôt ou des subventions inflationnistes. Dans ces conditions, une grande masse (bien que minoritaire) du capital engagé dans la production ne réclame plus le profit courant. Cela permet de relever d’autant le profit des grandes entreprises privées dominantes (…).
Toutefois, puisque le système tend à favoriser directement ou indirectement, sous prétexte d’intérêt général, les profits et leur accumulation de capitaux par les grands groupes capitalistes privés, on doit de nouveau aboutir à une situation de suraccumulation profonde et durables.
C’est ce qui se produit à partir de 1967-1969, avec le début de la crise du CME lui-même.
Cette crise de structure nouvelle est beaucoup plus profonde et beaucoup plus originale que les précédentes. »
Non seulement l’État aide les monopoles, mais en plus il occupe une partie de l’économie, afin de les protéger. C’est une lecture révisionniste.