C’est Nikita Khrouchtchev qui lut le rapport du Comité Central du PCUS au XXe congrès, et ce dès le premier jour, soit le 14 février 1956.
Le rapport se divise en trois parties :
– la première concerne la « position internationale de l’Union Soviétique », avec une insistance sur la coexistence pacifique et le dépassement du camp capitaliste ;
– la seconde concerne la « situation interne de l’URSS », avec une présentation résolument optimiste de la situation dans l’industrie et les transports tout d’abord, de l’agriculture ensuite, ainsi que de « l’accroissement des standards matériels et culturels du peuple soviétique » et de « la consolidation et le développement prolongés du système d’État et social soviétique ;
– la troisième concerne le Parti.
Nikita Khrouchtchev explique dès les premières phrases que si la période depuis le XIXe congrès fut courte (trois ans et quatre mois), elle est l’une des plus importantes de l’histoire du Parti.
Le travail mené permet en effet, selon lui une avancée fondamentale dépassant ce qui était retardé, et ce dans le cadre de l’existence de deux systèmes à l’échelle mondiale.
Nikita Khrouchtchev mentionne la croissance économique en URSS, dans les démocraties populaires de l’Est européen, de la Chine, ainsi qu’en Yougoslavie ; le fait de mentionner ce dernier pays, considéré pourtant comme fasciste à la fin des années 1940, est déjà clairement l’expression d’un choix idéologique fait en amont. Il parle d’ailleurs de « la normalisation des relations avec la Yougoslavie fraternelle ».
Reprenant les thèses du XIXe congrès, il expose un camp capitaliste se ratatinant économiquement et où les forces favorables à la guerre n’ont pas le dessus. Il en conclut que la voie au socialisme peut prendre dans ce contexte des formes multiples.
S’ensuit, logiquement et dans le même esprit, un très long panorama de la situation économique de l’URSS, présentée en long et en large, tout comme ce fut le cas au XIXe congrès. L’accent est mis sur la prétendue réussite du 5e plan quinquennal, marqué par une augmentation des salaires ouvriers de 39 % et des paysans de 50 %.
Les objectifs sont en conséquence audacieux : passer à une journée de sept heures de travail (de six heures pour les mineurs).
On est ici clairement dans la ligne du XIXe congrès. Celui-ci avait instauré une direction collective. Nikita Khrouchtchev cherche à la renforcer à tout prix en chargeant Beria de nombreux crimes censés avoir diviser le Parti – une manière d’ôter toute dimension idéologique aux troubles ayant agité le Parti.
Nikita Khrouchtchev réhabilite ainsi la faction du Parti de Leningrad qui fut liquidé par le PCUS(b) dans l’après-guerre pour avoir tenté de faire sécession avec la ville afin de former une sorte de « royaume indépendant » au sein de l’URSS. Et il précise qu’il s’agit de revenir aux normes de Lénine concernant le Parti, qui « par le passé ont fréquemment été violées ».
Nikita Khrouchtchev mentionne également le précis d’histoire du PCUS(b), qui a servi de « base pour la propagande » pendant 17 années. Étant donné que la « glorieuse histoire du Parti » doit servir pour l’éducation, il serait nécessaire de publier un nouvel ouvrage à ce sujet – Nikita Khrouchtchev ne fait aucune critique, présentant cela comme une tâche de mise à jour.
Il profite ici encore de la ligne du XIXe congrès.