Le document du Comité Central intitulé sur « Le dépassement du culte de la personnalité et ses conséquences » devait forcément justifier la direction actuelle du PCUS. Cela était compliqué, forcément, puisqu’elle vient directement de la période passée.
On a ainsi droit à de véritables contorsions visant à légitimer la direction ayant émergée depuis 1952-1953. Pour s’en sortir, le document s’appuie immanquablement sur le XIXe congrès : la période serait totalement différente, l’URSS n’a plus rien à voir avec avant, etc.
« Au sein du Comité central du Parti il a existé un noyau léniniste de dirigeants qui comprenaient avec justesse les besoins venus à maturité (…).
On ne peut dire qu’une résistance n’a pas été opposée aux phénomènes négatifs qui étaient liés au culte de la personnalité et qui freinaient la progression du socialiste. Bien plus, il y a eu des périodes, par exemple pendant la guerre, où les actes personnels de Staline ont été sensiblement limités, où les conséquences négatives des actes illégaux ou arbitraires, etc. ont été sensiblement atténuées (…).
Après la victoire, les conséquences négatives du culte de la personnalité se sont de nouveau amplifiées. Le noyau léniniste du Comité central, dès la mort de Staline, a engagé résolument une lutte contre le culte de la personnalité et ses graves conséquences.
On peut se demander pourquoi ces personnes ne se sont pas dressées ouvertement contre Staline et ne (l’ont) pas écarté de la direction ? Dans les conditions données, cela était irréalisable (…).
Les Soviétiques voyaient en Staline un homme qui défend toujours l’URSS contre les manœuvres de l’ennemi, qui lutte pour la cause du socialisme (…). Toute prise de position contre lui n’aurait pas été comprise par le peuple (…).
Nombre de faits et d’actes erronés de Staline, surtout en ce qui concerne la violation de la légalité soviétique, n’ont été connus que ces derniers temps, seulement après sa mort, surtout après que la bande de Beria a été démasquée (…).
Ce serait une grossière erreur de tirer de l’existence dans le passé du culte de la personnalité la conclusion que des changements se seraient produits dans le régime social de l’URSS, ou de rechercher la source de ce culte dans la nature du régime social soviétique (…).
Aucun culte de la personnalité ne pouvait changer la nature de l’État socialiste fondé sur la propriété sociale des moyens de production, l’alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie et l’amitié des peuples, bien que ce culte ait porté un sérieux préjudice au développement de la démocratie socialiste, à l’essor de l’initiative créatrice de millions d’hommes.
Penser qu’une personnalité isolée, même aussi importante que Staline, ait pu changer notre régime social et politique signifie entrer en contradiction profonde avec les faits, avec le marxisme, avec la vérité, tomber dans l’idéalisme (…).
Nos ennemis affirment que le culte de Staline n’aurait pas été engendré par des conditions historiques déterminées qui appartiennent déjà au passé, mais par le système soviétique lui-même, par le fait qu’à leur avis, il ne serait pas démocratique, etc. De telles affirmations calomnieuses sont réfutées par toute l’histoire du développement de l’État soviétique.
Les Soviets, en tant que nouvelle forme démocratique du pouvoir d’État, ont surgi comme le résultat de la création révolutionnaire des larges masses populaires dressées dans la lutte pour la liberté. Ils ont été et ils restent les organes du véritable pouvoir du peuple (…).
Lorsque, dans notre pays, les dernières classes exploiteuses eurent été liquidées, lorsque le socialisme fut devenu le système dominant dans toute l’économie nationale et que la situation internationale de notre pays eut radicalement changé, le cadre de la démocratie soviétique s’est incommensurablement élargi et il continue de s’élargir (…).
Malgré le culte de la personnalité et en dépit de ce culte, la puissante initiative des masses populaires dirigées par le Parti communiste, initiative engendrée par notre régime, accomplissait sa grande œuvre historique (…).
Il n’est pas d’attaque haineuse et calomnieuse de nos ennemis qui puisse arrêter la marche irrésistible du développement historique de l’humanité vers le communisme. »
Il est véritablement frappant de voir que l’esprit du document est rigoureusement optimiste, au sens de triomphaliste. Le révisionnisme de Nikita Khrouchtchev ne se présente jamais comme un recul, mais toujours comme une fantastique progression.
Ne pas voir cela empêche de voir le soutien massif qu’il a obtenu.