L’idéologie national-socialiste est synthétisée le mieux dans la chanson de la S.A., intitulée chanson de Horst Wessel. Cette chanson n’a d’ailleurs pas été que l’hymne de la S.A., mais celle du parti nazi lui-même ; elle fut systématiquement chantée, de 1933 à 1945, après l’hymne allemand dans les cérémonies officielles.
Horst Wessel rejoignit le parti nazi en 1926 et devint une des principales figures de la S.A. berlinoise, extrêmement violente et étant dans une situation extrêmement difficile dans une ville étant un bastion communiste. Il fut par la suite exécuté dans des conditions obscures, liées plus ou moins à la prostitution, mais son histoire fut récupérée comme symbole par le parti nazi, qui en fit un martyr ; il fut même raconté que les autres S.A. refusèrent à un médecin juif d’intervenir alors qu’il était grièvement blessé, etc.
Le contenu de la chanson reflète parfaitement l’idéologie S.A., associant le communisme aux réactionnaires, et prétendant trouver une « troisième voie ». La démarche qui compte est celle de l’élan national, dans une dynamique romantique collective.
Le drapeau haut
Les Rangs bien serrés.
La SA marche
D’un pas calme et ferme !
Dans nos esprits les camarades fusillés par le Front rouge et la réaction
Marchent dans nos rangs avec nous !Libre la rue
Pour les bataillons bruns.
Libre la rue
Pour le membre de la Section d’Assaut !
Déjà pleins d’espoir par millions ils regardent la croix gammée.
Le jour de la liberté
Et du pain surgit !Pour la dernière fois
L’alarme pour l’assaut est sonné !
Pour le combat nous nous tenons
Déjà tous prêts !Bientôt les drapeaux de Hitler flottent sur toutes les rues
La servitude n’en a plus pour longtemps!
Il y a ainsi deux caractéristiques essentielles pour comprendre le national-socialisme. Tout d’abord le romantisme est également collectif et non pas simplement individuel comme dans le courant de la « révolution conservatrice », qui se veut élitiste et aristocratique.
Ensuite, il y a une dimension « grandiose », affirmant l’épopée.
Il n’est pas difficile de comprendre que ces deux aspects visent directement à récupérer les masses tendant au communisme, ni de voir que si le communisme ou l’antifascisme ne comprennent pas les attentes des masses quant à une sortie totale de la crise du capitalisme, ils ne sauraient triompher.
En fait, c’est une course, où le national-socialisme tente de déborder le matérialisme dialectique, de le prendre de vitesse, en présentant des choses qui ont l’apparence d’un progrès, mais n’aboutissant qu’à réimpulser le capitalisme.
C’est la signification de la dimension « totale » du national-socialisme, opposée à la dimension réellement totale pour le coup de la révolution socialiste.