Le grand souci du second congrès de l’Internationale Communiste n’était pas les problèmes d’organisation, bien que ceux-ci aient été très importants.
Ce qui était la vraie problématique de l’Internationale Communiste, c’était son succès. Tout le monde savait bien que pour sa première année d’existence, l’Internationale Communiste n’avait été qu’un outil propagandiste.
La situation était désormais modifiée et le fait de vouloir la rejoindre était devenue une tendance irrépressible dans le mouvement ouvrier. Il ne s’agissait plus de savoir si l’Internationale Communiste allait être rejointe par de très nombreuses organisations, mais comment celle-ci allait gérer toutes les adhésions et ensuite sa propre organisation.
Autant les courants droitiers cherchant à la rejoindre pour gagner en prestige étaient facilement identifiables, autant la situation était plus compliquée avec les courants gauchistes.
Pour ces derniers, à l’activisme il est vrai important, un Parti Communiste n’était rien d’autre qu’un rassemblement des éléments les plus volontaires dans une sorte de super comité révolutionnaire aux contours très lâches et se fondant avec la révolution une fois celle-ci lancée.
On l’aura compris : l’Internationale Communiste faisait face d’un côté à ceux n’ayant pas assez rompu avec la social-démocratie telle qu’elle a existé dans le passé, et ceux ne venant pas de la social-démocratie mais véhiculant des préjugés et illusions de type syndicaliste révolutionnaire, voire anarchiste.
Zinoviev, lors du congrès, résume la situation dans les partis sociaux-démocrates de la manière suivante :
« Nous avons la même division tripartite du mouvement dans chaque pays :
1. une droite expressément opportuniste, qui est maintenant le soutien le plus important de la bourgeoisie ;
2. un milieu plus ou moins affirmé, le marais, le centre, qui est également le soutien de l’ordre bourgeois ;
3. une gauche, qui est plus ou moins clairement communiste ou au moins penche vers le communisme. »
La position n’était toutefois pas de battre la droite en neutralisant le centre, mais d’organiser la fracture à partir de la gauche. Au second congrès de l’Internationale Communiste, il y a encore l’esprit d’urgence par rapport à la vague de la révolution mondiale faisant vaciller les pays capitalistes d’Europe.
Ainsi, malgré cette situation difficile, la perspective affirmée est triomphaliste. Il est alors considéré que la révolution mondiale engloutirait l’Europe d’ici deux, trois années. Surtout, il était considéré que la révolution d’Octobre avait ébranlé la domination sur les pays coloniaux ou semi-coloniaux, que par conséquent l’Inde et la Chine s’ébranleraient bientôt, faisant pencher – de par leur exigence démocratique – la balance de manière définitive du côté de la révolution mondiale.
Il était considéré par l’Internationale Communiste, et cela de manière très claire, que les rapports économiques entre l’Europe et les colonies étaient devenus la base même du capitalisme.
Cela allait donc également avec la dénonciation de tout l’appareil syndical et politique ouvrier devenu corrompu de par la stabilité capitaliste profitant de ces rapports. L’objectif double de l’Internationale Communiste est alors de :
– former une nouvelle génération de cadres communistes ayant la prise du pouvoir par l’insurrection comme objectif ;
– établir une démarche saine, rompant avec les traditions réformistes se maintenant de par la corruption due à l’exploitation des pays dominés.
Pour ce faire, l’Internationale Communiste mit en place des conditions d’appartenance à sa structure, ce qui rendit le second congrès très célèbre, les 21 conditions se posant comme la ligne de démarcation entre socialistes et communistes.
=>Retour au dossier sur le Second congrès
de l’Internationale communiste