Le rejet des interprétations anthropologiques-sociologiques du droit soviétique en URSS socialiste

Disposer d’une approche socialiste implique de rejeter des interprétations ayant l’air de reconnaître la dimension naturelle ou sociale de l’être humain, mais pour en réalité formuler une approche idéaliste.

Le crime ne se laisse pas analyser sans interprétation matérialiste historique des événements.

Andreï Vychinski, dans La théorie de la preuve judiciaire en droit soviétique, en 1941, présente la critique nécessaire des approches erronées sur ce point.

« Dans le domaine de la criminalité, cette théorie découle de la primauté des facteurs biologiques, psychologiques et psychopathologiques, laissant le destin du processus entièrement aux mains des experts, voire de ceux qui devraient occuper le poste d’école anthropologique.

L’école anthropologique, en substance, rend tout procès inutile.

Du point de vue de cette école, il devient complètement superflu de rassembler des preuves permettant d’établir la commission d’un crime par une personne suspectée.

Au lieu de mener une enquête, il suffit de soumettre l’accusé ou la personne sous enquête à une série d’examens médico-psychiatriques, psychopathologiques, etc., et le problème sera résolu.

Ce n’est pas dans la cellule de l’enquêteur, ni dans la salle d’audience, mais dans la clinique et le laboratoire clinique que vous devez chercher une réponse à la question de savoir qui a commis le crime, si l’accusé n’est pas coupable de ce crime, quelles mesures devraient être prises contre lui, quelles mesures doivent être prises en ce qui concerne ce type de crime (…).

L’École de sociologie ([Franz von] Liszt), qui a tenté de résoudre les problèmes fondamentaux du droit pénal en combinant des facteurs biologiques et sociaux, n’a pas fait avancer les choses d’un pas.

Dans les mains des sociologues légistes, une référence aux facteurs sociaux s’est révélée – qu’ils le veuillent ou non, cela est indifférent – n’était qu’un meilleur moyen que ne le faisaient les anthropologues pour masquer les véritables racines du crime dans une société capitaliste, les racines qui reposent sur la structure même de cette société, sa base économique.

Bien entendu, la pauvreté des masses, leur faible niveau culturel et le désespoir de la situation jouent un rôle dans l’émergence et le mouvement des crimes.

Cependant, ce n’est qu’avec une attitude superficielle à l’égard de la question qu’il est possible de s’en tenir à cela. C’est le système des rapports sociaux qui engendre la pauvreté et le crime.

Dans le système des rapports sociaux, des circonstances telles que la moralité en décomposition au sommet de la société bourgeoise, l’oppression faite par l’exploitation avec toutes les conséquences qui en résultent, la haine et l’amertume de millions d’opprimés, font vaciller les fondements mêmes d’une société exploiteuse par des attaques contre l’ordre « public » établi par les exploiteurs.

Les crimes commis dans la société des exploiteurs sont basés sur l’exploitation, la propriété privée des moyens de production.

Par conséquent, l’élimination de la criminalité est liée organiquement à l’élimination des classes exploiteuses et de l’ordre social qui répond aux intérêts de la classe sociale dominante.

Seule cette théorie peut prétendre à la signification scientifique, elle seule peut révéler le lien et la dépendance des crimes avec la nature de classe des rapports sociaux, capable de reconnaître les lois des phénomènes étudiés et de déterminer les lois véritables qui régissent leur développement.

La théorie marxiste-léniniste a véritablement expliqué scientifiquement l’émergence et le développement de la société humaine, a révélé les causes principales du changement des formes sociales et du développement de tous les phénomènes sociaux, y compris les crimes, et a fourni une connaissance exhaustive des facteurs réels du crime, fondée sur une généralisation scientifique de l’expérience historique de l’humanité.

Les « facteurs » notoires du crime dans les écoles anthropologiques et sociologiques, ce sont des phénomènes de nature purement superficielle, des phénomènes qui nécessitent leur propre explication et ne peuvent donc rien expliquer.

Le marxisme-léninisme a établi les véritables facteurs du crime, qui résident dans l’organisation des relations publiques elles-mêmes, dans les formes de propriété, dans la nature de l’organisation des méthodes de production et de distribution, dans l’échange des moyens matériels de subsistance de la société (…) .

La prétendue théorie de « l’objectivation scientifique » est sans aucun doute une tentative des juristes bourgeois, en particulier des spécialistes de la médecine légale et des procéduralistes, d’assujettir l’activité judiciaire au contrôle maximum des organes de l’Etat, afin de liquider l’autonomie judiciaire qui est restée dans une certaine mesure dans les pays bourgeois et l’indépendance judiciaire dans une société capitaliste.

À un moment donné, la bourgeoisie était intéressée à développer et à renforcer les principes démocratiques libéraux de la cour. Elle a donc pleinement soutenu et loué la théorie de la condamnation judiciaire libre en tant que fondement d’un procès équitable.

Détruisant ou annulant les derniers vestiges du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise, les classes dirigeantes des pays capitalistes tentent de détruire les formes démocratiques d’activité judiciaire : procès devant jury, rendue publique et concurrence, indépendance des juges et liberté de condamnation judiciaire. »

Aucun phénomène ne peut être analysé de manière isolée, car rien n’est isolé. Il n’y a pas d’interprétation « anthropologique » en soi qui soit possible, pas plus qu’une analyse platement sociologique.

=>Retour au dossier sur le droit soviétique et l’appareil de sécurité
de l’État de l’URSS socialiste