Lors des manœuvres du Pacte de Varsovie dénommée Šumava (forêt de Bohême) de la fin juin 1968, les troupes polonaise et est-allemande mirent quelques jours de plus avant de quitter la Tchécoslovaquie, alors que les troupes soviétiques y restèrent carrément, obligeant le général tchécoslovaque Václav Prchlík, le plus haut responsable militaire, à expliquer publiquement le 10 juillet qu’elles ne voulaient pas partir.
L’URSS annonça alors publiquement la fin des manœuvres dans la Pravda le 12 juillet, mais les troupes ne commencèrent à quitter le territoire que de manière dispersée, au point que même le gouvernement tchécoslovaque ne connaissait pas leur nombre réel encore présent.
Il y avait de plus initialement – mais les chiffres ne furent jamais donnés officiellement à la Tchécoslovaquie par l’URSS – 16 000 soldats, 4500 véhicules, 70 tanks, 40 avions de liaison, un escadron d’avions de chasse, une compagnie d’intervention, 20 hélicoptères, 4 relais radio de grande portée. A cela s’ajoute la surreprésentation d’officiers dirigeant des compagnies.
Officiellement, la mission de la manœuvre était pourtant simplement le marquage de la zone, ce qui ne correspondait pas du tout aux forces déployées. C’était une pression évidente et le général tchécoslovaque Václav Prchlík y répondit le 17 juillet en disant qu’il fallait en terminer avec le Pacte de Varsovie et passer à une alliance seulement militaire.
La réponse de la revue du ministère de la défense soviétique, L’étoile rouge, critiqua de manière virulente une telle affirmation ; le général tchécoslovaque Václav Prchlík fut alors mis de côté par le présidium du Comité Central du Parti Communiste de Tchécoslovaquie, qui supprima en même temps la section 8 du Comité Central supervisant l’armée, ce qui impliquait une séparation désormais du Parti et de l’armée.
Ce n’est alors que le 3 août que le processus de départ des troupes soviétiques se termina.
Cependant, le 23 juillet avait commencé une autre manœuvre, s’étalant sur l’Ukraine, la Biélorussie et la Lettonie. Il fut noté que pour le première fois dans ce genre d’opération, des réservistes avec des avions civils furent également utilisés ; la période était surprenante qui plus est en raison de la saison des récoltes.
Des manœuvres parallèles furent commencées en RDA et en Pologne, alors qu’une grande manœuvre de la flotte militaire soviétique déjà en cours se prolongea.
Le ministre de la défense soviétique et commandant suprême des forces armées, Andreï Gretchko, se rendit en RDA le 13 août, en Pologne le 16 août, pour à chaque fois des réunions au plus haut niveau militaire des pays concernés.
Entre-temps, le 15 août, des manœuvres militaires soviéto-hongroises furent annoncées par Radio Budapest.
Le 18 août, la Pravda publie un article au sujet de la Tchécoslovaquie, où on lit notamment :
« Les ennemis du socialisme visent à la restauration de l’ancien ordre bourgeois en République Socialiste de Tchécoslovaquie, et c’est à cela que participent leurs efforts. Mais les entreprises de l’ennemi sont vouées à l’échec.
Les travailleurs de la République Socialiste de Tchécoslovaquie, qui peuvent compter sur la solidarité internationale et le soutien des pays frères du socialisme, qui ont été exprimés de manière claire et sans ambiguïtés dans la déclaration de Bratislava, sont destinés à défaire les entreprises de la réaction intérieure et extérieure, à défendre et renforcer leurs conquêtes socialistes. »
Le 19 août, l’armée tchécoslovaque annonça faire des manœuvres également, en présence des plus hauts responsables de la défense et de la sécurité du pays. Le même jour, une réunion confidentielle et inattendue du Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique se tint, où fut prise la décision de l’intervention militaire en Tchécoslovaquie.