par les groupes de critique de masse de l’Université de Pékin et de l’Université Tsinghoua
1974
En 1969, au moment où la Grande Révolution culturelle prolétarienne remportait une glorieuse victoire, le Parti communiste chinois a convoqué son IXe Congrès, au cours duquel le président Mao a lancé cet appel : « Unissons-nous pour remporter des victoires encore plus grandes ! »
Au premier plénum du Comité central issu de ce congrès, le président Mao a précisé plus encore sa pensée : « Unissons-nous dans un seul but, celui de consolider la dictature du prolétariat. »
C’est à la lumière de cette ligne du IXe Congrès que le Parti, l’armée et le peuple du pays tout entier, pleins d’allant et animés par un esprit de combat, luttent vaillamment pour la consolidation de la dictature du prolétariat.
Or, les ennemis de classe ne se résignent pas à accepter leur défaite.
Après la chute de la clique renégate de Liou Chao-chi, la clique antiparti de Lin Piao s’est portée hâtivement sur la scène pour saboter par tous les moyens la ligne révolutionnaire du IXe Congrès, pour intensifier avec frénésie ses menées antiparti, pour tenter de renverser la dictature du prolétariat et restaurer en Chine le capitalisme.
De même que tous les réactionnaires qui, au cours de l’histoire, se virent au seuil de leur ruine, Lin Piao, cet arriviste bourgeois, conspirateur, individu à double face, renégat et traître à la nation, utilisa la doctrine de Confucius et de Mencius comme arme idéologique réactionnaire pour la restauration du capitalisme.
Le 19 octobre 1969, en citant la formule de Confucius rapportée dans Louen Tu (Entretiens de Confucius) : « se modérer et en revenir aux rites » [Ces «rites», connus sous le nom de « rites des Tcheou », consistaient en un code résultant d’une théorie politique et morale avancée par le duc Tcheou, chef de file des propriétaires d’esclaves, et régent après la mort du roi Wou, en raison du jeune âge du roi Tcheng, aux premiers temps de la dynastie des Tcheou de l’Ouest (XIe siècle- 770 av. J.-C.). Ils étaient destinés à sauvegarder la dictature de l’aristocratie esclavagiste.
Confucius, qui vécut à la période de l’effondrement du régime esclavagiste, était un disciple à tous crins du duc Tcheou ; il le vénéra comme un « sage » et rêva de restaurer la société esclavagiste du début des Tcheou de l’Ouest où ces « rites » étaient pleinement en vigueur], il écrivit, par deux fois sur des rouleaux de papier, à l’intention d’un de ses partisans fanatiques, la sentence suivante : « De tout temps et en toute chose, ce qui seul importe est de se modérer et en revenir aux rites ».
Ce complice, ayant deviné la pensée de son maître, recopia la sentence et la présenta en retour à Lin Piao, le 23 octobre, en témoignage de sa détermination contre-révolutionnaire.
Au jour de l’An de l’année suivante, alors que le peuple chinois tout entier poursuivait sa marche victorieuse dans la lutte acharnée entre les deux lignes, Lin Piao, de peur que ses acolytes n’eussent pas encore suffisamment saisi son idée contre-révolutionnaire, écrivit une fois de plus ladite sentence, mais en la rédigeant ainsi : « De tout temps et en toute chose, ce qui seul, seul importe c’est de se modérer et en revenir aux rites ».
Le double emploi du mot « seul » n’était-il qu’une répétition superflue ? Pas le moins du monde.
Il s’agissait en fait d’une accentuation volontairement révélatrice de son but secret. Le fait qu’en moins de trois mois Lin Piao et consorts aient écrit et réécrit ladite sentence, la présentant comme plus importante que tout, montre combien dans leur impatience contre-révolutionnaire ils brûlaient de mettre en pratique ce précepte de Confucius.
Quel genre de marchandise constitue donc cette formule confucéenne ?
Quel était, en dernière analyse, le dessein de Lin Piao et consorts en la prônant avec ferveur ? Qu’est-ce que ces «rites» auxquels ils voulaient revenir ? Et quel était leur but ?
« Se modérer et en revenir aux rites », ce fut le programme politique de Confucius pour la restauration esclavagiste. L’époque de Tchouentsieou et des Royaumes combattants (770-221 av. J.-C.) fut, dans l’histoire de la Chine, une époque de grands bouleversements marquant le passage du régime esclavagiste au régime féodal.
Le vieil ordre esclavagiste, le règne des rites, s’effondrait, tandis que se renforçait chaque jour le nouveau régime féodal. C’est en réaction à ce processus que Confucius avança le mot d’ordre de « se modérer et en revenir aux rites », afin de défendre l’esclavagisme et s’opposer aux réformes impulsées par la classe montante des propriétaires fonciers.
Par « se modérer », Confucius demandait aux gens de refréner leur désir, de contenir leurs actes, conformément aux rites des Tcheou qui reflétaient les intérêts fondamentaux des maîtres d’esclaves.
A l’époque, cela consistait essentiellement à demander à la classe montante des propriétaires fonciers et aux esclaves d’être inconditionnellement fidèles aux esclavagistes.
C’était encore pour leur demander de ne pas « offenser leurs supérieurs », de ne pas « fomenter des troubles », de ne pas se révolter. « Se modérer » visait donc en fait à « en revenir aux rites ».
Par « en revenir aux rites », Confucius entendait redonner vie à l’ordre esclavagiste en plein effondrement de la dynastie des Tcheou de l’Ouest (XIe siècle avant J.-C. – 770 avant J.-C.).
Il en résulte que le principe confucéen de « se modérer et en revenir aux rites » reflétait les intérêts réactionnaires de l’aristocratie esclavagiste en déclin, qui, loin de se résigner à sa ruine, se débattait éperdument contre les nouvelles forces montantes.
C’était entièrement un programme politique d’opposition aux réformes sociales, destiné à faire tourner à rebours la roue de l’histoire, à rétablir le régime esclavagiste des Tcheou de l’Ouest.
En fustigeant les activités des réactionnaires de son temps, Lou Sin (1881-1936), le commandant en chef de la révolution culturelle chinoise, a dit : « Actuellement, en Chine, pour en revenir aux institutions antiques, les éléments irréductibles sont allés jusqu’à ressortir le concept confucéen des rites. »
« Bien qu’ils soient bel et bien des individus modernes, respirant l’air moderne, ils s’entêtent néanmoins à nous imposer le concept des titres, le langage pétrifié, et à calomnier le présent à qui mieux mieux. »
La clique antiparti de Lin Piao est précisément un ramassis de ces irréductibles. Ils ont déterré Confucius, ce cadavre politique fossilisé, ont débité sa camelote, ont pris pour talisman son programme de « se modérer et en revenir aux rites », et ont dévoilé entièrement leur dessein criminel de renverser en Chine la dictature du prolétariat au profit du capitalisme.
Certes, les conditions historiques dans lesquelles se trouvaient respectivement Lin Piao et Confucius diffèrent grandement, de même que le contenu de classe de leur appel à « se modérer et en revenir aux rites ».
L’époque historique que connut Confucius fut celle où la Chine passait du régime esclavagiste au régime féodal.
Confucius représentait donc la classe des maîtres d’esclaves en déclin et cherchait à en revenir aux « rites » esclavagistes. Lin Piao, quant à lui se trouvait à l’époque de la dictature du prolétariat ; il représentait les propriétaires fonciers et la bourgeoisie renversés, et cherchait à restaurer les « rites » capitalistes.
Néanmoins, sur la question fondamentale de s’opposer aux réformes sociales, de préconiser un retour au passé et de se livrer à une restauration contre-révolutionnaire, ils étaient l’un par rapport à l’autre tout à fait semblables.
La sinistre bannière de « se modérer et en revenir aux rites » de Confucius correspond aux intentions scélérates de Lin Piao ; le complot de Lin Piao visant à la mise en pratique de ce programme est hanté par le spectre de Confucius.
Par « en revenir au rites », Confucius entendait l’application d’une ligne réactionnaire consistant à « faire renaître les États éteints, relever les familles nobles déshéritées et redonner des postes à ceux qui sont rentrés dans l’ombre»; autrement dit, redonner aux aristocrates propriétaires d’esclaves leur pouvoir héréditaire, permettre à leurs descendants en décrépitude de revenir à la charge et continuer d’opprimer sans merci les esclaves.
Pour Lin Piao, « en revenir aux rites » signifiait pratiquer une ligne révisionniste contre-révolutionnaire, tenter d’usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État, d’altérer radicalement la ligne fondamentale et la politique du Parti pour toute la période historique du socialisme, de renverser la dictature du prolétariat et de restaurer le capitalisme.
Si, d’octobre 1969 à janvier 1970, Lin Piao et consorts ont lancé leur mot d’ordre contre-révolutionnaire de « se modérer et en revenir aux rites », c’était pour inciter leurs hommes à s’emparer d’ores et déjà du pouvoir, à déclencher un coup d’État, afin de mettre en pratique leur ligne révisionniste contre-révolutionnaire.
En vue de la réalisation de son plan chimérique d’ « en revenir aux rites », Lin Piao se creusait la cervelle jour et nuit à la recherche d’un moyen pour usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État. Il découvrit enfin chez Confucius, le grand patron des restaurateurs d’un ordre pourrissant, l’arme délabrée du « respect des titres ».
En mai 1970, en contrecarrant frénétiquement les directives du président Mao, Lin Piao donna l’ordre à ses complices de clamer qu’il devrait devenir le « chef de l’État », déclarant : « Si un État n’a pas de chef, il ne répondra plus à son titre et le mot portera à faux. »
Il se basait là ouvertement sur cette phrase de Confucius : « Si les titres ne sont pas respectés, le mot portera à faux et l’entreprise ne réussira pas ».
Par là, la clique antiparti de Lin Piao, qui s’en tenait obstinément à son programme politique antiparti, cherchait à usurper le pouvoir suprême du Parti et de l’État.
En effet, si Lin Piao ne devenait pas le « chef de l’État », son nom porterait à faux et partant son commandement n’aurait pas d’efficacité, il ne pourrait « en revenir aux rites », et son entreprise de restauration du capitalisme échouerait.
Selon Lin Piao et consorts, n’étaient pas conformes aux « rites » toutes les réalisations de la Chine nouvelle, socialiste, notamment la situation excellente ainsi que les innovations qui résultaient de la Grande Révolution culturelle prolétarienne. Ils attaquaient avec perfidie la continuation de la révolution, en la présentant comme dirigée contre le « peuple chinois ». Ils insultaient la dictature du prolétariat, en la qualifiant de « despotique ».
Ils criaient à qui voulait l’entendre qu’ils « libéreraient sans exception sur le plan politique » tous « ceux qui étaient rentrés dans l’ombre », c’est-à-dire tous les débris de la clique de Tchiang Kaï-chek, tous les propriétaires fonciers, paysans riches, contre-révolutionnaires, mauvais éléments et droitiers, ainsi que les responsables du Parti engagés irréductiblement dans la voie capitaliste.
Si Lin Piao voulait libérer les ennemis de la dictature du prolétariat,
c’est qu’il cherchait à plonger de nouveau les centaines de millions de travailleurs chinois dans un abîme de souffrances, à en massacrer des milliers et des milliers.
De toute évidence, par « en revenir aux rites », Lin Piao entendait rétablir sur le plan intérieur l’ordre ancien détruit par le prolétariat, redonner aux classes exploiteuses leur « paradis » perdu, pratiquer la dictature des propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie.
Le président Mao a indiqué : «… sans l’appui de leurs maîtres qui se tiennent dans la coulisse, les représentants politiques des grands propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie, classes très faibles en Chine, ne seraient pas capables de faire quoi que ce soit… »
Pour réaliser son plan chimérique, Lin Piao avait forcément besoin d’un impérialisme étranger comme maître dans la coulisse.
Celui-ci n’est autre que le social-impérialisme soviétique. Lorsque son complot eut échoué et qu’il fut percé à jour, Lin
Piao, escorté de quelques-uns de ses complices, s’enfuit précipitamment pour rejoindre les révisionnistes soviétiques. Mais son avion s’écrasa en Mongolie, à Undur Khan. Cela prouve éloquemment que, pour Lin Piao, « en revenir aux rites » signifiait sur le plan extérieur se rendre au social-impérialisme soviétique et devenir un tsarévitch protégé par le « parapluie nucléaire » de celui-ci.
Bref, dans la bouche de Lin Piao, « en revenir aux rites », c’était la restauration du régime d’exploitation et d’oppression du peuple travailleur par les propriétaires fonciers et la bourgeoisie, le retour de la domination de la majorité par la minorité, la transformation de la Chine en une colonie du révisionnisme soviétique, la pratique d’une dictature fasciste, féodale et compradore.
Quant à la « modération » prêchée par Lin Piao, elle visait, tout comme chez Confucius, à un « retour aux rites ».
Il demandait à ses complices de considérer ce « retour » comme la plus importante des choses, de contenir leurs actes et paroles conformément à leurs « rites » pour la restauration du capitalisme.
Il leur recommandait par surcroît de ne pas se démasquer trop tôt, de ne pas pour une petite affaire perdre « la grande », de se refréner, de «bien se camoufler», d’« observer la discipline», de guetter des occasions pour déclencher leur plan.
Il n’est point fortuit que Lin Piao se soit prosterné devant Confucius et ait fait sien son programme contre-révolutionnaire.
La pensée de Confucius, idéologue réactionnaire de la classe déclinante des propriétaires d’esclaves, consistait dans son essence à faire revivre et à conserver les vieilles institutions, à retourner au passé et à restaurer l’ordre ancien.
Elle reflétait les intérêts de toutes les classes exploiteuses en décrépitude et répondait à leurs besoins politiques. C’est pourquoi tous les réactionnaires sont partisans du confucianisme, c’est pourquoi le programme confucéen de « se modérer et en revenir aux rites » est devenu pour eux une arme idéologique pour s’opposer aux réformes et réprimer le peuple.
Tchou Hsi, le représentant réactionnaire de l’école confucéenne sous la dynastie des Song (960-1279), a conseillé à l’empereur féodal d’appliquer le programme de Confucius pour défendre sa domination réactionnaire. Tseng Kouo-fan, le bourreau qui a réprimé la révolution des Taiping (1851-1864), a fait de ce programme un précepte fondamental régissant toute chose et tout phénomène, et a incité ses hommes à « se modérer et aimer les gens », à « se sacrifier avec sublimité », à tout faire pour « rétablir l’ordre », c’est-à-dire pour réprimer la révolution du peuple.
Tchiang Kaï-chek, ce tyran et traître à la nation, considère aussi le programme de Confucius comme un trésor inestimable. Il l’a fait stipuler en termes explicites dans le « Guide du personnel du Parti et du gouvernement » du Kuomintang, le considérant comme de première importance pour l’« éducation fondamentale » et la formation de ses hommes de main fascistes, anticommunistes, ennemis du peuple.
Aux yeux de Tchiang Kaï-chek, les « rites » constituent sa « défense nationale spirituelle », ses « principes pour le gouvernement de l’État ». Il rêve, en accordant «toute leur importance aux rites », de «jeter le fondement spirituel éternel » de la dynastie de sa famille.
Il n’y a donc rien d’étonnant si Lin Piao, afin d’usurper le pouvoir du Parti et restaurer le capitalisme, a prêché éperdument lui aussi le programme de Confucius, à l’exemple des représentants de tout type des classes exploiteuses déclinantes au cours de l’histoire.
Durant toute sa vie, dans le but de restaurer le régime esclavagiste des Tcheou de l’Ouest, Confucius alla colporter à grands cris son programme de « se modérer et en revenir aux rites ». Plus de deux mille ans plus tard, lui emboîtant le pas et arborant la sinistre bannière sur laquelle était inscrit le même mot d’ordre, Lin Piao, ce renégat et traître à la nation, pour restaurer le capitalisme, s’est mesuré éperdument avec le prolétariat.
Disciple à cent pour cent de Confucius, il lui ressemblait non seulement au point de vue idéologique, mais avait en plus emprunté un bon nombre de ses paroles.
Si, au royaume des morts, Confucius avait appris que, vingt-quatre siècles plus tard, sévissait son « super-disciple » Lin Piao, il en aurait été à coup sûr transporté de joie et se serait écrié : Voilà mon élève, c’est vraiment lui ! «J’ai entendu ses paroles, mais je ne l’ai pas vu. » (Cf. Louen Tu).
Sur le plan idéologique, Lin Piao et Confucius sont du même acabit. Sur le plan politique, ce sont deux réactionnaires qui se livrent à la restauration de l’ordre ancien, préconisent la régression et se débattent contre le courant historique. Le président Mao a dit : « Toute action rétrograde entraîne en définitive un résultat contraire à celui qu’escomptent ses instigateurs.
Il n’y a pas d’exception à cela ni dans le passé ni dans le présent, ni chez nous ni à l’étranger. »
Confucius qui avait agi contre le courant historique n’a pu sauver l’esclavage de sa ruine, il est finalement devenu un « chien errant » et, s’accrochant toujours à son rêve de restaurer le régime esclavagiste, est allé rejoindre le duc Tcheou.
Et Lin Piao, quant à lui, non seulement il n’a pas pu réaliser son plan chimérique de restauration du capitalisme, d’établissement d’une dynastie fasciste, féodale et compradore, mais a capoté par contre en plein désert et est allé rejoindre Confucius en pèlerinage, en portant la bannière en lambeaux de « se modérer et en revenir aux rites ».
Voilà la fin inéluctable de toute force restauratrice de l’ancien ordre.
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