Analyser la totalité – l’intelligence artificielle capitaliste libertarienne face au matérialisme dialectique

Le capitalisme se fonde sur le capital individuel, le travailleur individuel, le consommateur individuel.

C’est pour ainsi dire malgré lui qu’il produit de grands ensembles : la bourse, le transport aérien, les réseaux de télécommunications, les vastes usines et les réseaux de logistique, etc.

Tout cela pour dire que le capitalisme est habitué depuis le départ à considérer les choses sous l’angle individuel.

Si le grand capitaliste peut raisonner en termes collectifs, c’est qu’il a tendance à devenir monopolistique, à basculer dans l’oligarchie.

Le petit capitaliste, lui, tend vers la conception petite-bourgeoise de rejet de l’État et de tout ce qui est collectif comme une insupportable oppression.

L’émergence de l’intelligence artificielle pose ainsi un double problème au capitalisme.

D’une part, celle-ci se fonde une accumulation de données qui se veut la plus grande possible. Cela tend vers l’infini et cela pose la question de la totalité des choses. Ce sont deux choses dont le capitalisme ne veut pas entendre parler.

Inversement, le matérialisme dialectique s’appuie justement sur les notions d’infini et de la totalité des choses.

D’autre part, l’intelligence artificielle doit combiner le fait que les réactions individuelles sont aux yeux du capitalisme « libres » donc imprévisibles et le fait qu’il faut établir des probabilités les plus justes possibles pour être efficaces sur les marchés.

Pour dire les choses de manière paradoxale, on tend ici au matérialisme historique en exposant qu’il existe des lois tendancielles aux attitudes, comportements, choix, valeurs, etc.

On a là une vraie limite pour le capitalisme, qui est en crise avec l’intelligence artificielle, dans le domaine de la pensée, comme il a été en crise avec la pandémie, dans le domaine du rapport aux êtres vivants sur Terre.

Le capitalisme, qui dit que tout le monde est différent, ne peut pas dire qu’une intelligence artificielle peut parvenir à tout penser, tout assimiler. La notion de tout s’oppose par principe même à la pseudo-variété systématique des individus censés être chacun unique.

Cela signifie concrètement cette chose très importante, qui est en rapport avec les immenses moyens techniques nécessaires à l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle relève de la superstructure du capitalisme, qui est l’impérialisme ; elle pose en soi le principe de collectivité, de totalité.

Elle relève du capitalisme monopolistique qui est l’antichambre du socialisme.

L’intelligence artificielle du modèle Transformer est, par définition, un projet monopolistique ; seuls des monopoles pouvaient la mettre en place, seuls des monopoles pouvaient la concevoir.

Mais les monopoles dont on parle sont directement liés aux consommateurs les plus individualisés possible.

Il faut disposer de vastes bases de données pour que les intelligences artificielles puissent « apprendre ». Cela implique des surfaces populaires immenses.

C’est intenable : on a des mastodontes capitalistes prétendant représenter le capitalisme individuel qui mettent en place d’énormes entités informatiques pour analyser en masse des comportements qui sont censés être unique et individuels !

Il n’y a alors qu’un seul moyen de s’en sortir pour le capitalisme : assumer enfin l’approche libertarienne, où absolument tout s’achète et se vend, si les gens le veulent bien.

Cette démarche était déjà sous-jacente dans l’idéologie LGBT, qui a systématisé l’ultra-individualisme.

Elle est désormais assumée, mais par les monopoles, l’idéologie LGBT n’ayant qu’accompagné la mise en place des réseaux sociaux, des livraisons de plats préparés ou de drogues, bref le 24 heures sur 24 du capitalisme.

L’intelligence artificielle en mode Transformer est efficace, car elle a d’immenses données, et il fallait bien que le capitalisme en fasse quelque chose. D’où des monopoles qui proposent une nouvelle utopie, un âge d’or capitaliste.

Et ils s’adressent à des masses individualisées, considérées comme les consommateurs du 24 heures sur 24 du capitalisme enfin établi.

C’est, pour ainsi dire, désormais le tout pour le tout ; dès qu’on parle d’intelligence artificielle, on parle des masses, de l’ensemble de la société, de l’ensemble de l’humanité.

L’affirmation de l’intelligence artificielle est en ce sens la préfiguration de celle du matérialisme dialectique comme réelle science de la totalité.

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L’intelligence artificielle, prolongement de la cybernétique