Aristote et l’Organon

L’Organon est une œuvre majeure d’Aristote, qui a vécu de l’an 385 avant notre ère environ à l’an 322. Son influence est majeure en Europe à la fin du moyen-âge et dans le cadre du démarrage de l’humanisme d’un côté, de la Renaissance de l’autre. C’est également une œuvre importante pour la philosophie arabo-persane qui, auparavant, a pris le relais de l’aristotélisme.

L’aristotélisme est un matérialisme. L’Organon vise à montrer comment raisonner correctement en prenant le matérialisme comme base. Il s’agissait pour Aristote de formuler des raisonnements qui soient conformes à sa conception matérialiste du monde, pas de la quête d’une « logique » interne à l’univers.

Le principe est le suivant. Aristote se fonde sur l’entéléchie, où quelque chose est mu par quelque chose d’autre. Partant de là, une cause ne peut pas être conséquente d’elle-même. Il faut toujours un moteur. C’est précisément ce qu’on a dans le syllogisme, où deux propositions se rencontrent et en donnent une troisième, grâce à un « moteur » les reliant.

Dans le syllogisme Les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel, c’est le terme homme qui fait office de levier. Le syllogisme est une déclination du principe de l’entéléchie.

Cela n’a malheureusement pas été vu par les non-matérialistes, qui ont fait entrer le système en décadence, faisant de l’Organon une base pour une logique formelle – c’est ce que fera l’Église catholique romaine, dans le prolongement d’une Introduction aux Catégories d’Aristote écrite par le néo-platonicien Porphyre à la fin du IIIe siècle de notre ère, et placée dans l’Organon lui-même.

C’est là une modification de l’Organon, dont la base est par ailleurs elle-même incertaine. Comme pour les autres ouvrages d’Aristote, on sait que ces écrits reflètent sa pensée ; toutefois on voit bien qu’il n’est pas l’auteur de tous les écrits composant l’Organon, formant une compilation d’ouvrages intitulés Catégories, Sur l’interprétation, Premiers Analytiques, Seconds Analytiques, Topiques, Réfutations sophistiques.

Il y a également des redites, des manques, la forme montre qu’il s’agit d’écrits internes à l’école rendant par ailleurs l’ensemble obscur, etc.

L’ordre des textes semble avoir été réalisé par Théophraste, le disciple d’Aristote prenant le relais à la tête de son école, Le Lycée. Et leur première publication publique date sans doute des années 60 avant notre ère, par Andronicos de Rhodes.

Le titre lui-même d’Organon date sans doute du Ve ou du VIe siècle de notre ère, le terme signifiant « outil », « instrument » en grec ancien ; dans la version arrivée dans le monde arabe, deux œuvres s’y ajoutent, la Rhétorique et la Poétique.

En tout cas, à partir de là, la compilation d’ouvrages s’impose comme un classique intellectuel, sous le titre d’Organon ; c’est le premier ouvrage intégré à l’Université de Paris en 1215.

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