Brigades Rouges: Les vingt thèses finales

Tiré de L’ape e il comunista – l’abeille et le communiste – qui est le document le plus approfondi des Brigades Rouges, écrit par le Collectif des prisonniers révolutionnaires des Brigades Rouges et publié en décembre 1980. 

DÉSARTICULER L’ETAT !

CONSTRUIRE LE PARTI COMMUNISTE COMBATTANT ET LES ORGANISMES RÉVOLUTIONNAIRES DE MASSE !

CONQUÉRIR LES MASSES À LA LUTTE ARMEE POUR LE COMMUNISME !

Nous sommes les dirigeants et les organisateurs de la guerre révolutionnaire et également les dirigeants et les organisateurs de la vie des masses. Nos deux devoirs sont : organiser la guerre révolutionnaire et améliorer les conditions de vie des masses.

MAO ZEDONG

1. L’actuelle conjoncture politique se trouve entre deux phases : nous ne sommes plus dans la phase de la propagande armée et pas encore dans celle de la guerre civile. Il s’agit ainsi d’une conjoncture de transition.

Nous devons accorder une grande attention aux particularités et aux contradictions caractérisant cette conjoncture et ne pas sous-estimer le fait que la transition de l’une à l’autre peut également être prolongé dans le temps.

Cette conjoncture de transition dépend de fait tant de l’évolution structurelle de la crise capitaliste/impérialiste, que de la capacité subjective du prolétariat métropolitain à se constituer en Parti Combattant et de condenser son antagonisme en un Système du Pouvoir Révolutionnaire, autonome, articulé et diffus dans tous les secteurs de la classe et dans tous les pôles.

Le problème central de l’actuelle conjoncture est la conquête des masses à la lutte armée, et cela pose en premier lieu la question des Organismes Révolutionnaires de masses.

2. Les organismes révolutionnaires de masses sont sortis et sortiront en conséquent du devenir objective de la crise – restructuration – internationalisation du capitalisme, qui modifie la composition de la classe et qui pousse des secteurs spécifiques du prolétariat métropolitain à vivre de manière toujours plus accentuée un rapport antagonique avec le mode de production et avec l’État.

De l’autre côté, à ce mouvement objectif s’est entrelacé l’initiative de la Propagande armée qu’ont incessamment développé dans la dernière décennie les Organisations Communistes Combattantes afin d’enraciner dans le prolétariat la conscience de la nécessité et de la possibilité de la révolution communiste dans la métropole impérialiste.

Aujourd’hui, cette initiative n’est plus adéquate aux nouvelles conditions objectives et suggestives, et l’avant-garde politico-militaire, pour correspondre à la fonction qui est la sienne, doit obtenir la position d’organiser et de diriger d’entiers secteurs et couches de la classe sur le terrain de la lutte armée pour le communisme.

Le saut qualitatif, de l’Organisation Communiste Combattante au Parti, se déroule sur ce plan et pas tant dans la confrontation directe entre organisations. Ou, plus précisément, cette confrontation de lignes politiques doit s’immerger et vivre en premier lieu à l’intérieur des organismes révolutionnaires de masse que se donne le prolétariat métropolitain se donne pour exprimer ses intérêts, ses besoins, ses aspirations qui lui sont propres, son pouvoir.

Il doit être compris que si notre organisation n’a pas jusqu’à aujourd’hui réalisé le saut au Parti, cela ne doit pas être ramené au fait que n’a pas été construite, à travers une confrontation directe, l’unité avec les autres formations de guérilla, confrontation qui dans des formes diverses et contradictoires s’est toujours poursuivie.

La cause profonde est à rechercher dans le développement encore embryonnaire des conditions objectives et subjectives du processus révolutionnaire, qui ne permet pas le « saut » de l’avant-garde politico-militaire, qui stabilise essentiellement un rapport de « propagande » avec les masses, à l’avant-garde politico-militaire organique, qui dirige, organise la lutte politique et militaire des couches de la classe.

Forcer cette situation serait du pur volontarisme. Une telle possibilité se situe dans l’actuelle phase de transition. En fait, la construction du Parti Communiste Combattant procède ensemble, s’interpénètre avec le processus de l’organisation des masses sur le terrain de la lutte armée, et il ne peut pas y avoir l’un sans l’autre.

3. Le Travail de Masse de notre organisation, toutefois, ne doit pas s’épuiser à l’intérieur des organismes révolutionnaires de masse.

La complexité du prolétariat métropolitain requière que notre initiative s’accomplisse dans de multiples formes politiques, organisationnelles, militaires, idéologiques, théoriques, afin d’atteindre et de lier à soi tous les éléments communistes, de consolider sa présence d’avant-garde à tous les niveaux, de renforcer nos structures, d’étendre nos ramifications complexes dans tous les secteurs du prolétariat métropolitain.

4. Ces dernières années, il y a eu l’organisation d’une aire de comportements antagoniques, que nous avons appelé le Mouvement Prolétarien de Résistance Offensive.

Ces comportements, sans les réduire à cela, ont assumé diverses formes d’organisations politico-militaires, et une dialectique incertaine les lie aux Organisations Communistes Combattantes davantage consolidées.

Dans l’actuelle conjoncture, nous ne pouvons nous limiter à constater cette hétérogénéité magmatique, mais nous devons multiplier nos efforts pour saisir quelles sont les tendances destinées à grandir et quelles sont condamnées à périr.

Les critères qui permettent d’effectuer un tel bilan de l’expérience sont ceux que nous avons toujours adopté dans toute notre histoire : tout ce qui exprime le mouvement réel de la classe, même partiellement, tout ce qui est suscité par les profondes causes objectives, est le nouveau qui croît et se renforce ; au contraire, les initiatives des groupes déracinés, quelques formes qu’ils assument, en tant que c’est volontariste et subjectif, ne réussiront en aucun cas à s’alimenter à résister dans les nouvelles conditions.

Le travail de masse de l’Organisation ne doit pas négliger une telle dialectique, si il ne veut pas aplatir le Mouvement Prolétarien de Résistance Offensive à une totalité homogène, privée de contradictions, de vie.

Il doit aider le nouveau à grandir et le vieux à mourir.

5. Comment est-ce que doit être entendu le travail de masse de l’Organisation à l’intérieur des organismes de masse révolutionnaires, qui expriment les mouvements de classe réels, même si partiellement, ou, plus généralement, à l’intérieur des couches prolétariennes qui incubent des niveaux de conscience révolutionnaire ou qui manifestent des comportements antagoniques, même si encore à un stade embryonnaire ?

En premier lieu, il convient de préciser que les organismes de masse révolutionnaires ne doivent pas être compris comme des « organismes du parti » ou des « courroies de transmission », mais comme des instruments du pouvoir des masses à l’intérieur duquel le Parti travaille ensemble avec les militants révolutionnaires et les autres éléments les plus avancés et les plus combatifs de la classe.

On doit toujours avoir en vue que la guerre civile est la guerre que le prolétariat révolutionnaire déchaîne pour conquérir le pouvoir et affirmer sa dictature. Il ne s’agit pas d’une « guerre communiste » ni d’une « dictature communiste ». Les communistes luttent non pas pour pour s’affirmer comme « Parti », mais pour affirmer les intérêts du prolétariat et de sa dictature.

Lénine dit :

« Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes, c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seuls révolutionnaires. L’avant-garde ne remplit sa mission que lorsqu’elle sait ne pas se détacher de la masse qu’elle dirige, lorsqu’elle sait véritablement faire progresser toute la masse. »

Les organismes de masse révolutionnaire, autrement dit, sont les organismes politico-militaires de combat que les prolétaires se donnent à partir de leurs besoins réels et immédiats. Le caractère politico-militaire prend son origine du fait que la crise politique et économique de notre formation sociale a rejoint le point que même la lutte pour les objectifs immédiats entrent en contradiction ouverte avec le processus de restructuration que la bourgeoisie impérialiste tente d’importer par tous les moyens.

La lutte avec laquelle les prolétaires tissent leurs besoins immédiats se trouvent immédiatement en contrepoint à la résistance de l’État, qui intervient avec tous ses appareils, syndicaux, politiques, manipulatoires, policiers…, pour neutraliser et écraser.

D’où la nécessité, pour chaque lutte prolétaire qui entend affirmer les besoins vitaux des masses, d’assumer un caractère de pouvoir, et de réaliser une synthèse entre les raisons économiques et les conditions politico-militaires qui ne consentent pas à la satisfaction.

Certes, une telle tendance se manifeste encore de manière contradictoire, mais c’est justement de ce caractère contradictoire du réel que l’Organisation doit partir pour « exister comme Parti », croître et continuer à exercer sa fonction d’avant-garde politico-militaire.

Outre le travail de l’organisation des masses dans les organismes de masse révolutionnaires, le Parti effectue également un travail direct « en tant que tel » au sein des masses, avec comme finalité de les radicaliser et de les renforcer à être elles-mêmes.

C’est un travail avec les éléments les plus avancés et les plus combatifs du prolétariat qui partagent le programme pour la construction des organisations « de masse » du Parti, du maillage pour assumer diverses tâches : de la propagande à l’appui logistique, de l’infiltration de l’ennemi au recrutement.

Le « saut » au Parti se définit aujourd’hui dans la capacité pratique de faire émerger le général du particulier et de faire vivre le général du particulier.

Construire le Parti communiste combattant et les organisations permanentes du pouvoir des masses ne sont pas deux processus séparés dans l’espace et le temps, mais deux faces du même problème : la consolidation du Système du Pouvoir Rouge.

6. Cela introduit une autre question : la Ligne de Masses de l’Organisation, à savoir la question du Programme de Transition au Communisme, de ses Formes Conjoncturelles et de ses Formes Immédiates.

Sans un Programme de Transition au Communisme, qui explique les objectifs sociaux de la guerre, il n’est pas possible de localiser toutes les composantes prolétariennes qui y sont objectivement intéressés.

Ce programme, d’autre part, ne naît pas de rien, mais de dix années de luttes prolétariennes, de critique pratique et radicale de l’usine et de la formation sociale capitaliste, il dispose de grandes lignes qui ont été esquissées dans son contenu essentiel, que nous pouvons résumer ainsi :

– réduction du temps de travail : travailler tous, travailler moins ; libération massive du temps social et construction des conditions sociales pour son utilisation évoluée ;

– recomposition du travail manuel et du travail intellectuel, de l’étude et du travail, pour chaque individu et pour tout son temps de vie ;

– renversement de l’exercice du pouvoir et des flux de conception de la finalité collective, à tous les niveaux de la vie sociale :

– restructuration de la production, du rapport homme-nature, sur la base des valeurs d’usage collectivement définis et historiquement possibles ;

– remise à plat de notre formation sociale suivant les principes d’un internationalisme prolétarien effectif.

Les conditions d’un tel programme est le dépassement des rapports capitalistes de production, de la production fondée sur la valeur d’échange.

Il n’y aucun rapport avec l’utopie. Il s’agit ici d’un programme qui, comme le dirait Marx, « ne laissent pas intacts les fondements de la maison », étant déjà entièrement mûri quant à ses fondements.

Il s’agit d’un programme continuellement amené des luttes des sujets prolétaires les plus conscients, qui rompent violemment avec les tendances immanentes et conservatrices du développement capitaliste et se placent de manière antagonique avec l’État.

Il s’agit malgré tout d’un programme incomplet qui recherche dans la lutte révolutionnaire son identité la plus mature. La croissance du pouvoir prolétarien coïncide avec cette recherche et il revient à toutes les organisations révolutionnaires de le faire progresser. C’est la tâche décisive du fait d’agir en tant que Parti dans cette conjoncture !

C’est une tâche difficile, parce qu’il s’agit de recomposer le prolétariat métropolitain en une entité unitaire de transformation sociale, il faut garder les yeux ouverts sur la multiplicité présente des figures le composant et qui historiquement ont construit des parcours séparés, voire même des « identités » séparées.

Cela doit être qui plus est traduit, pas à pas, en un Programme Politique Générale de Conjoncture interne, faisant grandir les conditions subjectives et les niveaux organisationnels nécessaires, dans la prospective du passage à la Guerre Civile Anti-impérialiste de Longe Durée.

La lutte révolutionnaire est fait en même temps contre l’État impérialiste et le mode de production qu’il défend, et pour le communisme.

Un Programme Politique condensant les aspirations fondamentales et s’articulant par rapport aux secteurs variés du prolétariat métropolitain est ainsi un programme de destruction et de construction.

Comme l’affirme Mao Zedong :

« Sans destruction, pas de construction. Détruire signifie critiquer, signifie faire la révolution. Pour la destruction, il est nécessaire de raisonner; raisonner c’est construire. La destruction venant en premier lieu, elle sera tout naturellement accompagnée de la construction. »

La mise au point d’un programme politique général de conjoncture pour la transition à la guerre civile est indispensable afin de consentir à l’initiative « du Parti » dans chaque secteur spécifique du prolétariat métropolitain visant à les articuler de manière homogène dans un programme politique immédiat et par là unir les masses dans un dessein stratégique unitaire, dans un projet commun de construction du Pouvoir Rouge.

Le programme politique général doit synthétiser, avec des mots d’ordre efficaces et clairs, la contradiction principale dans la présente conjoncture, sur laquelle est portée toute la force concentrée du Parti, des organismes révolutionnaires de masse et du mouvement des masses révolutionnaires.

Le programme politique immédiat doit plutôt individuer les aspects spécifiques, particulier, que la contradiction principale assume pour chacun des secteurs du prolétariat métropolitain.

La relation entre le Programme Général et le Programme Immédiat n’est pas celle d’une séparation, mais vit plutôt une dialectique précise. Cela signifie que, conjoncture après conjoncture, le premier vit sa réalisation et sa concrétisation dans le second, aussi bien que dans la pratique directe du Parti, des organismes révolutionnaires de masse et du mouvement des masses révolutionnaires.

Le programme immédiat n’est pas, comme l’imaginent les spontanéistes, la représentation immédiate des intérêts les plus urgents que chaque secteur prolétarien a la nécessité de résoudre. Cela exprime plutôt les intérêts réels, stratégiques, que les rapports de pouvoir conquis consentent à mettre à l’ordre du jour.

Ce n’est pas non plus comme l’imaginent les économiques une plate-forme revendicative. En d’autres termes, le programme immédiat ne privilégie aucunement la lutte économique, la résistance aux capitalistes pour dire comme Engels, à la lutte politique, lutte qui a comme objectif spécifique le pouvoir politique, le pouvoir d’État.

Marx et Lénine se sont exprimés clairement à ce sujet :

« Le mouvement politique de la classe ouvrière a naturellement pour but final la conquête du pouvoir politique pour elle, et pour cela est naturellement nécessaire une organisation préalable de la classe ouvrière, organisation ayant atteint un certain point de son développement et issue directement de ses luttes économiques. » [Karl Marx, Lettre à F. Bolte, 23 novembre 1871]

Et Lénine d’ajouter :

« Il ne suffit pas de dire que la lutte des classes devient réel, conséquente, développée, seulement quand elle embrasse le champ politique… Le marxisme reconnaît que la lutte de classe est complètement mature, « nationale », seulement non seulement elle embrasse la politique, mais de la politique l’élément essentiel : la structure du pouvoir d’État. »

Il est encore un point qu’il est bien d’éclaircir : celui sur le rapport entre la lutte économique et la lutte politique. Tous les économistes ont toujours effectué une grande confusion à ce sujet, dérivant directement de l’économie la politique de la classe. Mais la lutte politique n’est pas, comme l’a dit Lénine, seulement une « forme plus développée, ample et active de la lutte économique.

Elle a un objectif spécifique : l’État.

Il ne s’agit pas non plus de « donner à la lutte économique un caractère politique » mais d’affirmer le primat de la lutte politique sur la lutte économique. Cela veut dire, hier comme aujourd’hui, que « les intérêts essentiels, décisifs, de la classe, ne peuvent seulement solidifiés par la transformation politique radicale ».

Marx encore une fois :

« …tout mouvement dans lequel la classe ouvrière s’oppose aux classes dominantes en tant que classe et cherche à les contraindre par la pression de l’extérieur est un mouvement politique.

Par exemple, la tentative de forcer des capitalistes, au moyen de grèves, etc., dans telle ou telle usine ou branche d’industrie, à réduire le temps de travail, est un mouvement purement économique ; au contraire, le mouvement ayant pour but de faire édicter une loi des huit heures, etc., est un mouvement politique.

Et c’est ainsi que partout les mouvements économiques isolés des ouvriers donnent naissance à un mouvement politique, c’est-à-dire un mouvement de la classe pour réaliser ses intérêts sous une forme générale, une forme qui possède une force générale socialement contraignante.

Si ces mouvements supposent une certaine organisation préalable, ils sont tout autant à leur tour des moyens de développer cette organisation.

Là où la classe ouvrière n’est pas encore allée assez avant dans son organisation pour entreprendre une campagne décisive contre la force collective, c’est-à-dire la force politique des classes dominantes, elle doit en tout cas être éduquée en vue de cela par une agitation continue contre l’attitude hostile à notre égard qu’observent en politique les classes dominantes.

Dans le cas contraire, elle reste aux mains de celles-là une balle à jouer. » [Karl Marx, Lettre à F. Bolte, 23 novembre 1871]

Le programme politique immédiat doit être compris comme Programme de Pouvoir qui exprime un rapport de pouvoir, qui a comme objectif le pouvoir étatique.

Pour cela, elle constitue l’esprit révolutionnaire qui fait vivre l’organisation du pouvoir de la classe, les Organismes Révolutionnaires de Masse, outre la contingence, outre l’immédiat, outre la partialité, se mouvant entre la dialectique décisive entre révolution et contre-révolution.

7. Dans cette conjoncture de transition, la caractéristique dominante du programme politique général est la conquête des masses à la lutte armée et leur organisation sur ce terrain, les deux étant des conditions essentielles pour le passage à la phase de la guerre civile général.

Ce passage n’apparaît pas comme objectivement possible sans que soient patiemment formés tous les instruments organisationnels que la situation requiert. C’est-à-dire tant que le prolétariat métropolitain n’a pas conquis la capacité politico-militaire de manifester sa force dans un mode unitaire, mais également dans ses formes multiples que sa structure complexe revendique.

Le système du Pouvoir Prolétaire est justement la manifestation organisée, autonome et offensive de cette unité du multiple.

La croissance du pouvoir rouge dans la métropole impérialiste s’opère à partir de trois points décisifs, qui définissent par là leur originalité historique respective, par exemple par rapport aux expériences soviétique et chinoise.

A. Il s’est consolidé dans les lieux de condensation maximum du pouvoir ennemi, comme sa négation antagonique organisée. Il n’a pas de territoire libéré particulier, parce qu’il fait face à l’ennemi à l’intérieur de son propre territoire et dans ses propres institutions : dans les usines capitalistes, dans les quartiers, dans les prisons, dans l’école.

Il n’est pas « légal », mais tire sa légitimité du consensus que son action collecte dans les masses prolétaires.

B. Il se manifeste sous la forme de bases rouges invisibles, des réseaux clandestins de masses, qui agissent dans les centres vitaux de la formation sociale capitaliste, assument l’ensemble des devoirs requis d’une révolution prolétaire qui veut être social, et qui investissent tous les rapports sociaux, à partir de celui de la production, qui est fondamental.

Tandis qu’il attaque, use, désarticule et brise l’appareil d’État existant, il construit les institutions stables de la dictature du prolétariat, de l’État prolétarien, et exerce cette dictature dans les formes théorique, politique, coercitive de manière toujours plus décisive et étendue.

C. Le pouvoir rouge est donc processus, rapport, système.

Processus, parce que dans la destruction du pouvoir ennemi il construit et se renforce lui-même.

Rapport, parce qu’il existe seulement en tant que négation/destruction vivante de l’État impérialiste et du mode de production que celui-ci garantit.

Système, parce que de manière interne il se stratifie, dans une dialectique articulée et complexe, de multiples niveaux de conscience et d’organisation, expression des figures multiples qui forme le prolétariat métropolitain ainsi que de leur histoire.

Le système du pouvoir rouge est de fait la manifestation organisée, autonome, articulée et offensive de cette « unité du multiple » et ne soutient pas la réduction unilatérale à l’une ou l’autre de ses composantes essentielles, qui sont : le Parti Communiste Combattant en formation, les organismes révolutionnaires de masse, le mouvement des masses révolutionnaires.

Il ne soutient pas, en outre, la séparation entre le « politique » et le « militaire » de quelque forme que ce soit, parce que le contenu et la forme, dans la guerre de classe prolétarienne de longue durée pour le communisme, coïncident.

La défense de ce principe essentiel, dans chaque phase de la lutte révolutionnaire et dans chaque organe du système du pouvoir rouge, constitue une condition de classe à laquelle on ne peut nullement renoncer pour la victoire.

Encore à critiquer est la thèse qui soutient que le système du pouvoir prolétaire se construit de lui-même et non pas plutôt dans le rapport au pouvoir ennemi, le pouvoir de la bourgeoisie.

En substance, cette thèse nie que le lieu de fondation du pouvoir réside dans le camp de la pratique des classes en lutte. Elle ne comprend pas que le pouvoir est un rapport de force entre les classes, ou dit de manière meilleure, un ensemble de rapports qui sont reliés dialectiquement, à tous les niveaux de la formation sociale capitaliste, les classes sociales dans leurs intérêts antagoniques.

Un pouvoir prolétaire « séparé », « indépendant » du pouvoir de la bourgeoisie n’existe à aucun niveau, ni économique, ni idéologique et encore moins politique. Le pouvoir d’une classe est en fait sa capacité de réaliser ses propres intérêts spécifiques à l’intérieur du rapport de domination et de subordination qui est déterminée et duquel elle est déterminée. Le pouvoir de la classe est donc l’ensemble des pratiques organisées qu’elle sait développer dans le rapport avec les autres classes, pour affirmer et imposer ses intérêts.

Les pratiques organisées pour réaliser les intérêts économiques, politiques, idéologiques.

Les pratiques organisées contre les autres pratiques organisées pour nier ces intérêts et pour en imposer d’autres.

C’est en cela que consiste l’essence de la guerre de classe et c’est pour cela qu’elle définit comme ses sujets d’un côté l’État, qui est le « centre d’exercice du pouvoir » politique, militaire et également toujours plus idéologique et économique, de la bourgeoisie impérialiste ; de l’autre le Système du Pouvoir Rouge.

Construire le pouvoir prolétarien veut dire lutter contre le pouvoir de la classe adverse. Hors de cette relation, dans la société capitaliste métropolitaine, il n’y a pas pour le prolétariat aucune pratique de pouvoir qui peut effectivement aboutir à la libération.

C’est dans l’attaque au cœur de l’État que s’ouvre l’horizon de ses intérêts de classe, fondant toujours plus pleinement son programme politique général, renforçant et étendant son autonomie.

8.Les organismes révolutionnaires de masse, parce qu’ils sont la manifestation du pouvoir prolétarien, expriment une légalité en tant que telle, qui se place directement face à la « légalité démocratique ».

Dans un tel état de choses, la « défense de la légalité bourgeoise » vient à être définitivement exclue de la perspective du prolétariat métropolitain.

En d’autres termes, les organismes révolutionnaires de masse s’auto-légalisent en exerçant et en imposant leur force organisée.

Le concept de « clandestinité de masse » se pose donc en référence aux forces au moyen duquel s’exprime cette légalité prolétaire.

Si d’une part, en fait, les organismes révolutionnaires de masse doivent exister de manière clandestine, afin de se protéger des attaques de l’État et de s’assurer les meilleures conditions d’attaques, de l’autre côté ils imposent, avec leur propre offensive politico-militaire, un rapport de force et par conséquent une légalité révolutionnaire propre, forçant aussi l’ennemi à des niveaux de clandestinité proportionnels à leur force.

9. L’Organisation, dans son travail de masse à l’intérieur des organismes révolutionnaires de masse, doit éviter deux déviations toujours menaçantes, qui sont :

– la non prise en considération du caractère dynamique de ces organismes, à savoir ne pas voir que la direction de leur développement est celle définie dans la phase successive, suivant la guerre civile anti-impérialiste déployée (déviation économiste) ;

– la confusion entre la conjoncture de transition et la phase non encore mature de la guerre civile, ce qui contient une sous-évaluation des caractéristiques dominantes du Programme Politique Générale aujourd’hui (conquête des masses pour la lutte armée) et une interprétation subjective et aventuriste des actuels organismes révolutionnaires de masse comme éléments déjà opérants de l’armée rouge (déviation militariste).

10. La définition de nos tâches actuelles ne peut cependant pas être clivée par la définition des caractéristiques dominantes des phases successives, étant donné que notre conjoncture est celle d’une transition.

Dans la guerre civile anti-impérialiste, la caractéristique dominante du Programme Politique Générale sera l’anéantissement des forces politico-militaires de l’ennemi et la conquête du pouvoir politique.

La fonction dominante des organismes révolutionnaires de masse dans la phase de la guerre civile anti-impérialiste sera de ce fait celle de l’Armée Rouge.

Définir les organismes révolutionnaires de masse, dans l’actuelle conjoncture de transition, comme éléments en formation de l’armée rouge, c’est souligner le caractère dynamique de ces organismes politico-militaires du pouvoir prolétarien et la tendance objective qui caractérise le mouvement politique de la classe dans notre époque, qui est celle de la tendance à la guerre civile.

11. DESARTICULER L’ETAT IMPERIALISTE

Dans la Résolution de la direction stratégique des Brigades Rouges de février 1978, il est déclaré que :

« Le principe tactique de la guérilla dans cette conjoncture est la désarticulation des forces de l’ennemi.

Désarticuler les forces de l’ennemi signifie porter une attaque dont l’objectif principal est encore celui de mener la propagande pour la lutte armée et sa nécessité, mais avec le principe tactique de la phase suivante commençant déjà – la destruction des forces de l’ennemi.

Une telle attaque doit propager la ligne politique de l’avant-garde politico-militaire et en même temps désarticuler la nouvelle forme que l’État impérialiste va assumer ».

Les nouvelles tâches imposent un approfondissement de cette thèse.

Soutenir que l’aspect principale de l’initiative guérillera dans la conjoncture actuelle de transition est encore la propagande armée, ne signifie poser des limites d’intensité et de forme aux attaques armées.

Cela signifie plutôt dire que la cible de ces attaques – pour sa fonction objective dans les appareils de la contre-révolution impérialiste, pour la particularisation et la précision de son choix, pour son contenu symbolique, pour la résonance avec les attentes de larges couches du prolétariat – doit prêter à la clarification, avec le maximum de limpidité, le Programme Politique Général.

Mais cela n’est pas le seul aspect du problème.

Les déterminations essentielles de la propagande armée dans cette conjoncture sont, en fait, au nombre de deux :

* La désarticulation efficace des dispositifs centraux de transmission du pouvoir, c’est-à-dire ces charnières qui sont les centres nerveux qui permettent à la bourgeoisie impérialiste d’élaborer ses projets économiques, politiques, de contrôle social, et de les traduire en pratique contre-révolutionnaire.

* L’agrégation efficace du Mouvement Prolétaire de Résistance Offensive, c’est-à-dire la capacité de favoriser le travail partidaire en direction d’une accumulation toujours plus vaste des forces révolutionnaires organisées et de leur mobilisation autour des mots d’ordre du Programme Politique Général et du Programme Politique Immédiat, avec l’objectif de désarticuler les liaisons plus périphériques de tous les instruments qui transmettent- imposent le pouvoir bourgeois.

12. La désarticulation des « dispositifs centraux » et des « liaisons périphériques » au moyen duquel la bourgeoisie impérialiste élabore, transmet et impose ses projets de domination et de développement et développe ses pratiques contre-révolutionnaires, ce n’est pas une somme d’actions militaires, mais un art très difficile qui exige des stratégies spécifiques pour chaque secteur particulier d’exercice du pouvoir.

Notre expérience a enseigné l’importance d’effectuer chacune de ces stratégies spécifiques de désarticulation par Campagne.

En général, par Campagne, nous entendons une action offensive diversifiée, qui frappe à différents niveaux la chaîne du pouvoir, qui s’étend dans l’espace, qui se prolonge dans le temps, qui est centrée sur une cible principale et est liée à la tension profonde, latente ou manifeste, qui bouillonne dans le prolétariat métropolitain.

Surmonter la phase des actions plus ou moins liées c’est se Mouvoir par Campagne, répondre à la nécessité précise de cette conjoncture particulière, et c’est une acquisition inévitable de la guérilla dans les métropoles.

Se Mouvoir par Campagne veut dire certaines choses précises qui peuvent être résumées de la manière suivante :

– relier l’initiative partidaire en tant que telle à l’intérieur et au point culminant du Mouvement Prolétaire de Résistance Offensive ;

– traduire en pratique de combat offensive, organisée et continue le potentiel révolutionnaire dispersée à l’intérieur de la classe ouvrière et dans les différents secteurs du prolétariat métropolitain ;

– donner la continuité à l’initiative de l’avant-garde, de façon à permettre une accumulation élargie des effets de désarticulation et pousser au niveau maximum le processus d’usure, de scission et de désagrégation du pouvoir ennemi.

Notre expérience a enseigné que la Continuité est le facteur décisif.

Ouvrir un Front de Combat avec quelques actions ou une Campagne signifie, en fait, lancer une directive, susciter une attente, promouvoir dans le tissu moléculaire de la classe des discussion intenses sur la signification stratégique et tactique des coups portés, et donc laisser se perdre le discours déclenché aboutit de manière inévitable au sens d’une autocritique politique. Comme si l’on disait : nous nous sommes déployés sur une ligne de combat erronée et pour cette raison, nous l’avons abandonnée.

La continuité de l’action ne signifie pas pour autant porter « un coup après l’autre ». Il s’agit bien plutôt de donner aux campagnes le rythme des vagues, afin d’accumuler les effets de la propagande, les effets de désarticulations et les effets d’usure par vagues successives.

Nous voulons dire, en bref, qu’une fois ouverte, un front de combat ne doit plus être abandonné et notre action partidaire doit consister en promouvoir, diriger et organiser des Campagnes offensives par vagues successives, de telle sorte que soit concentrée toute la force accumulée aux différents niveaux du système de pouvoir prolétarien et de la projeter, suivant des stratégies adéquates et spécifiques, contre les cibles-hommes, lieux, repaires, structures qui matérialisent la contradiction qu’il nous intéresse de frapper dans la conjoncture.

13. Attaque sélective et anéantissement.

Dans cette conjoncture de transition, toute stratégie spécifique de désarticulation implique nécessairement une Logique Sélective dans les attaques, une « main de chirurgien », et cela pour le simple fait que c’est la voie magistrale pour la maximisation des résultats politiques.

Il est facile de comprendre que tous les personnels ou espaces n’ont pas la même importance stratégique pour l’État impérialiste, que toutes les attaques pensables – possibles n’approfondissent et ‘étendent pas de la même manière les contradictions internes à l’ennemi.

Ouvrir des contradictions au sein de l’ennemi, empêcher leur recomposition, aiguiser cela par une action offensive implacable, continue, écrasante, sont les objectifs inévitables, qui ne peuvent atteints que par des attaques sélectives.

Il faut maintenant supprimer une équivoque qui est apparue au sujet du concept d’Anéantissement.

Le concept d’anéantissement, en soi, dans sa pure détermination militaire, rappelle seulement la forme de l’action et ne qualifie ni la phase de la propagande armée, n celle de la guerre civile, bien que dans ce dernier cas il s’agit du contenu dominant.

Plutôt, nous avons toujours soutenu qu’il n’y a pas de contradictions entre propagande armée et opérations d’anéantissement, comme il n’y a pas de contradiction entre guerre civile ouverte et anéantissement.

Le fait qu’il n’y a pas de contradiction ne signifie toutefois pas que le recours à de telles formes d’action militaire suive les mêmes lois des deux phases.

Dans la phase de la propagande armée, les opérations d’anéantissement s’inscrivent à l’intérieur de la stratégie de désarticulation, dominée par le principe tactique de la Sélectvité.

C’est-à-dire que ceci implique que leur cible concentre le flux maximum de la haine prolétarienne, ou bien que la fonction objective de la cible sur le terrain de la contre-révolution soit tellement évident que cela permette une compréhension immédiate et univoque de la part des masses.

Dans cette phase, les « excès » se configurent comme véritables erreurs politiques en propre, parce qu’ils permettent à la contre-guérilla psychologique de masquer le message principal qu’il était l’intention de lancer et donc de confondre et d’annuler l’objectif qu’on avait l’intention de poursuivre.

Ces propos, dans ses grandes lignes, restent valables également pour l’actuelle conjoncture de transition, qui cependant évolue à pas rapides vers une nouvelle phase.

Les opérations d’anéantissement rentrent parfaitement dans les campagnes de désarticulation qui doivent être menées dans cette conjoncture et qui s’inscrivent également dans la stratégie dominée par le principe tactique de la sélectivité.

A la différence des phases précédentes, cependant, c’est la Fonction Objective qui prévaut sur le Rôle Subjectif (et sa dimension symbolique) porté par tel ou tel fonctionnaire de la contre-révolution impérialiste, parce que la guérilla, bien qu’elle n’ait pas encore rempli ses tâches de propagande, se met déjà à démolir les Jointures Stratégiques qui permettent à l’État impérialiste d’imposer sa domination.

Cela exige que le recours à de telles formes d’actions militaires se conjuguent avec le maximum de rigueur politique dans l’individualisation des cibles, et avec le minimum d’« excès », afin de mettre une pierre dans la bouche de toutes les spéculations intéressées que les opportunistes de tout type ne perdront pas l’occasion de tenter.

Toute action d’anéantissement est un fait-message et pour cela, au sein de la métropole impérialiste, plus l’action d’anéantissement est audacieuse et profonde, plus doit être limpide le message politique qui l’accompagne.

En fait, dans la métropole impérialiste, où les mass-médias et les centres de la contre-guérilla psychologique vivisectionne toutes les opérations révolutionnaires afin d’utiliser à mauvais escient la moindre interstice, la rigueur politique dans la définition des campagnes et une action incessante, prolongée, capillaire, conçue comme instrument, de clarification dans les masses, à travers l’agitation et la propagande combative, sont déterminants.

Le fusil seul ne parle pas un langage suffisamment clair aux masses prolétariennes !

14. La rapidité avec laquelle évolue le processus de crise – restructuration – internationalisation et la résistance offensive et tenace du prolétariat métropolitain oblige la bourgeoisie à lancer dans cette conjoncture une attaque à vaste échelle, à tous les niveaux de vie des masses.

Dans ce contexte, la lutte pour la défense des Intérêts Immédiats devient également toujours plus antagoniste avec les besoins de valorisation du capital et assume de fait toujours plus le caractère d’une confrontation de pouvoir.

Le fil conducteur de l’offensive générale de la bourgeoisie impérialiste est le contenu du Plan Triennal, et plus précisément l’ambitieux dessein de réglementation des mouvements économiques et sociaux qui sont préconisés et les conditions institutionnelles que cela réclame.

C’est autour de cet axe économie – État, et par rapport à celui-ci, que vont du reste se redéfinir, ensemble avec les fonctions de l’État, d’un côté les rapports de force entre les partis, et de l’autre les rapports de force entre les classes.

C’est une expérience désormais diffuse dans tout le prolétariat que l’appareil d’État en entier fait face à toute simple lutte, quand celle-ci franchit les limites tracées par le « Plan ».

L’unanimisme de l’univers politique, de ce lui-ci avec les syndicats, et de ceux-ci avec la police et la gendarmerie, est l’histoire de tous les jours, ne nécessitait pas d’être racontée encore une fois.

Du côté du prolétariat, le sabotage du plan de restructuration, la lutte politico-militaire contre le régime qui veut l’imposer, l’attaque contre les institutions coercitives qui sont en charge de militariser à tous les niveaux l’affrontement entre les classes, se relient de manière toujours plus inextricable.

Cela constitue la base d’une ligne de combat qui se propose d’organiser des couches sociales entières sur le terrain de la guerre civile anti-impérialiste, sans effectuer une séparation mécanique – économiste et/ou militariste avec les soi-disant besoins immédiats et les besoins stratégiques du communisme.

L’articulation de chaque mouvement de classe spécifique sur cette ligne amène à définir le Programme Immédiat, qui recueille les tensions politiques les plus radicales et donc aussi les plus immédiatement antagonistes à l’État.

Il n’est pas difficile de comprendre que la lutte contre les contraintes imposées aux besoins immédiats par le « Plan Triennal », outre le besoin de communisme, rend possible d’articuler une intervention politico-militaire des usines aux services, aux quartiers, aux prisons, remontant finalement au sommet de l’État.

Cela nous permet ainsi de relier l’action de désarticulation des dispositifs centraux à celle de désarticulation des charnières périphériques.

15. Détruire la démocratie-chrétienne, parti – régime, axe portant de la contre-révolution impérialiste dans notre pays

La DC, au pouvoir depuis plus de trente ans, s’est construite comme Système de Pouvoir, capable de régénérer et consolider, au-delà de toute idéologie, sa propre base économique et sociale.

La DC n’est pas que l’expression politique d’une classe, la bourgeoisie et toute ses strates, mais également le Parti – entrepreneur et et le Parti – Etat. Ce sont les caractéristiques qui en font un parti particulier : le Parti Régime.

Il n’existe pas de centres nerveux dans notre formation économico-sociale qui échappent au contrôle et au commandement de l’hydre DC. Ses tentacules pénétrèrent tous les postes clefs de l’économie, de l’administration d’État et de la bureaucratie, des mass-médias.

La désarticulation et la destruction de la DC sont les moments essentiels de la désarticulation et la destruction de l’État

L’initiative des forces révolutionnaires doivent se caractériser comme une véritable et correcte Ligne de Combat, stable, avec une continuité précise. Mais, afin que les attaques soient véritablement efficaces, en mesure de produire des contradictions stratégiques, elles doivent se concentrer sur les hommes et les structures du parti qui :

– est l’expression des factions de la bourgeoisie impérialiste privée et d’État, qui sont la fraction dominante ;

– joue le rôle et la fonction centrale de commandement, gestion et élaboration politique, tant dans le parti que dans l’État.

Le lien entre DC et « Plan Triennal » est évident. La DC est l’âme politique de ce « Plan ». Elle a fourni les cerveaux pour son élaboration, les techniciens pour son dimensionnement, les bureaucrates pour sa mise en œuvre.

Elle a donné carte blanche aux appareils coercitifs pour la répression de quiconque le conteste.

Les interconnexions entre le « Plan », la DC et l’Etat constituent tous les centres de la cible.

Si c’est la ligne directrice fondamentale sur laquelle doit s’articuler l’intervention révolutionnaire, cela ne veut pas dire que notre initiative ne doit pas aller à se mesurer aussi avec les aspects de la contradiction principale qui, si sur le plan général ils ne sont absolument pas dominant, acquièrent un caractère de prédominance dans la réalité spécifique du mouvement.

La capacité à articuler notre intervention à tous les niveaux et en tous lieux où la classe vit son rapport d’exploitation et d’oppression par la bourgeoisie et ses laquais, est en fait le facteur décisif pour la naissance, l’organisation et le développement d’un fort mouvement révolutionnaire de masse.

La construction du Pouvoir Rouge passe aussi par là !

16. Anéantir les appareils de la contre-révolution économique !

Briser les anneaux de la direction patronale !

Démanteler le pouvoir des syndicats néo-corporatistes !

La stratégie anti-prolétarienne condensée dans le « Plan Triennal » est élaboré et dirigé en des espaces bien précis et se transmet à travers une chaîne articulée qui pénètre l’usine et investit chaque aspect de la vie des prolétaires.

Ces espaces, véritables réseaux nerveux du pouvoir exécutif, doivent devenir des objectifs privilégiés de l’initiative révolutionnaire.

En attaquant leurs dirigeants, en balayant la mini-patrouille des « cerveaux » qui mettent au point la ligne anti-ouvrière, décourageant avec dureté les collaborateurs qui se camouflent dans les universités de la péninsule, il est possible d’amplifier au maximum les contradictions internes du front bourgeois et de mettre en échec un des instruments les plus délicats de la domination impérialiste.

Le ministère du trésor et la Banque d’Italie sont, sur le terrain de l’économie ; le coeur battant de l’initiative contre-révolutionnaire contre classe ouvrière et les luttes de tous les secteurs du prolétariat métropolitain.

Faire qu’il ne bat plus est la tâche du moment.

A cul de pierre, coeur de plomb !

C’est le mot de passe de tous les combattants communistes !

Le contenu anti-prolétarien du « Plan Triennal » sont transmis à travers une chaîne articulée jusqu’aux usines. Ses anneaux principaux sont : [le syndicat patronal] Cofindustria – [les syndicats des organes étatiques que sont la holding de Participations et de Financement des Industries Manufacturières et l’Institut de reconstruction industrielle] Intersind – les syndicats.

La Cofindustria – Intersind a comme tâche de mettre en œuvre la médiation entre les intérêts particuliers et la politique économique de l’Exécutif : médiation ensuite imposée dans les usines par les hiérarchies d’entreprise.

Ces endroits d’où partent toutes les directives patronales, tant vers l’Exécutif que contre la classe ouvrière, constituent un point cardinal essentiel de la contre-révolution économique et, par conséquent, doivent être attaqués avec le maximum d’énergie, tant de la part des Organisations Communistes Combattantes que des organismes révolutionnaires de masse.

Cette attaque doit aussi s’étendre aux hiérarchies d’entreprises qui transmettent le diktat du commandement jusqu’aux lignes les plus éloignées, permettant par là de sucer également, ensemble avec la plus-value, également la vie aux prolétaires.

Briser les anneaux du commandement patronal !

Tel est le mot d’ordre de toutes les avant-gardes prolétariennes.

Les syndicats sont appelés à faire ingurgiter à la classe ouvrière le « Plan Triennal » et les lignes de la Confindustria qui y sont relatives.

Les « fumeurs de pipe » [c’est-à-dire les syndicalistes] ont, dans l’immédiat, comme rôle de gérer la restructuration de la force de travail : à savoir la réforme des salaires, la mobilité, les licenciements… Le pacte néo-corporatiste atteint ainsi sa conclusion logique ; les syndicats sont employés et utilisés comme courroie de transmission de l’État.

Cette incorporation est la condition imprescriptible pour l’actualisation des politiques économiques centrales, mais n’est pas sans contradictions réelles, de par les forces accumulées par la classe ouvrière.

En mettant en discussion, en pratique, les« limites de compatibilité du système » et la légitimité des syndicats, les luttes ouvrières autonomes font revêtir à leur antagonisme spontané une dimension politique.

Tout mouvement autonome de la classe assume le caractère d’une attaque contre l’État et doit pour cela être réduit en bouillie.

Abandonnant progressivement les intérêts réels des couches ouvrières les plus opprimées, se reposant sur les dirigeants, techniciens, aristocrates ouvriers, autre que leur propre appareil de Nouvelle bureaucratie, les syndicats assument directement les fonctions de briseurs de grève et de délation, en stricte coordination avec les directions des usines et les forces anti-guérilla.

C’est précisément ici, dans la protection de la production directe de plus-value, des grandes usines urbaines, que se trouve la charnière la plus faible de la domination de la bourgeoisie impérialiste exercée sur la classe ouvrière au moyen de l’État et de son articulation syndicale.

Et c’est ici que les comptes doivent être réglés !

La construction du pouvoir prolétarien passe à travers le démasquage, l’isolement, l’expulsion de ces infâmes sbires !

Démanteler le pouvoir des syndicats néo-corporatistes est la condition pour la construction du pouvoir rouge !

La lutte contre les appareils de commandement et de contrôle signifie – à partir des lignes de combat déjà consolidés dans le patrimoine de la conscience de classe : le sabotage.

Le sabotage, non pas comme forme de lutte existentielle et subjective, mais comme lutte de masse organisée, comme une des articulations de la lutte armée dans l’usine. Le sabotage individuel est une vieille constante quant au travail et à l’exploitation, c’est une forme spontanée de résistance et de défense contre le travail capitaliste.

Mais, tant qu’elle ne vient pas à visée et organisée, elle ne saurait avoir d’incidence dans les rapports de force entre les classes.

Le sabotage des ouvriers guérilleros doivent suivre des tactiques appropriés, aussi sur le plan de l’organisation, pour être en mesure de déployer sa puissance.

Il doit savoir homogénéiser et collecter les éléments les plus avancés de la classe, afin d’impliquer tous ou presque tous les ouvriers d’une usine.

Le sabotage des ouvriers guérilleros doit être scientifique, doit s’appliquer contre tout ce qui signifie l’isolement et qui empêche la lutte, lutte qui doit s’appliquer contre la machine de commandement, contre la structure de contrôle, contre les lieux et les choses où se coagulent et se concrétisent l’activité contre-révolutionnaire.

Le sabotage des ouvriers guérilleros doit construire dans cette attaque l’organisation de masse du Pouvoir Rouge.

Le mot d’ordre est celui que la classe ouvrière la plus mature, celle de la Fiat et d’Alfa-Roméo, a déjà lancé :

Amener et étendre la guérilla dans l’usine !

17. Désarticuler et détruire les appareils du contrôle social total !

Dans la phase de transition, désarticuler et saboter le processus d’intégration dans un système cohérent, totalitaire et totalisant de contrôle entre la direction technico-politique de l’Exécutif et le système afférent différencié des réseaux spéciaux, exige une ligne de mouvement articulé sur quatre points essentiels.

En premier lieu : faire de la politique et compter sur les masses.

Cela veut dire s’unir aux masses pour les unir dans les Organismes Révolutionnaires des Masses, qui assument la lutte contre l’organisation totalitaire du contrôle social, partout.

S’unir aux masses pour sensibiliser l’intégralité du prolétariat métropolitain pour promouvoir la connaissance des transformations qui ont lieu et des stratégies, des techniques, des instruments et des hommes qui en sont les artisans.

En second lieu : « frapper au centre ».

Annihiler le réseau criminel entier qui structure « l’organisme consultatif permanent ». Lobotomiser l’Exécutif avec méthode, sans exception.

En troisième lieu : désarticuler et saboter les réseaux spéciaux de la gendarmerie en premier lieu, de la magistrature, des prisons, des médias.

Contre les hommes et les appareils de ces réseaux, l’action devra être implacable, continue, martelée et se définissant dans les différentes conjonctures en rapport aux questions posées dans la croissance du mouvement révolutionnaire.

Enfin : frapper à tous les niveaux les analystes et les programmateurs des centres d’informations, les « techniciens clefs » dans le jargon militaire.

Bombarder à coups de bazookas les systèmes informatiques, les banques de données et les réseaux de calculateurs… qui constituent la base matérielle « technique » de l’information et du contrôle total.

Quand c’est possible, infiltrer des taupes rouges parmi le personnel spécialisé.

S’il est vrai que l’informatique ne peut pas atteindre les objectifs « impensables » que la bourgeoisie impérialiste affamée et excitée s’assigne (c’est politiquement impossible, en plus que techniquement, sans compter que la « réduction mathématique » du réel que cela comporte amène dans un cul-de-sac le système en entier), il est vrai aussi que cela constitue un puissant instrument de guerre pour ses performances immédiatement répressives.

Au-delà de la machine… Il y a l’homme qui doit devenir objet de l’intérêt le plus précis du mouvement révolutionnaire.

18. Attaquer les révisionnistes

Soulever contre eux les masses prolétariennes

Provoquer une différenciation dans leurs rangs

Les isoler au degré maximum

Dans le devenir de l’État impérialiste, le système des partis est venu à se transformer en articulation particulière de l’Exécutif.

Composante de l’État, les partis ses configurent comme ses innervations, alignés sur les classes sociales, afin de servir de médiation et d’imposer les intérêts de la bourgeoisie impérialiste et de construire, à partir de là, un contrôle efficace des tensions et des luttes.

Dans cette métamorphose, les partis considérés comme « historiques » du Mouvement Ouvrier abandonnent également toute ligne de classe, subissant le même inexorable destin et, quelle que soit leur conscience, les « représentants » de la classe ouvrière se transforment en instrument du capital multinational.

Du parti de la classe ouvrière dans l’État, le PCI devient le parti de l’État dans la classe ouvrière !

La complicité des révisionnistes, cependant, ne peut pas être échangée par une collaboration sans contradictions, à savoir qui met sur le même plan la Démocratie Chrétienne et le PCI.

Dans le système des partis, la DC, en tant que parti-régime, assume un rôle dominant, et il ne reste plus qu’au PCI un rôle de complément, qui sanctionne sa collaboration subordonnée et conflictuelle à l’intérieur de l’État impérialiste.

Cela ne veut toutefois pas dire qu’il ne représente pas un ennemi.

Il est, en fait, une articulation subalterne de l’aspect principal de la contradiction qui oppose la bourgeoisie au prolétariat, il entre de plein droit dans la mire des forces révolutionnaires.

Les révisionnistes contribuent d’une manière fondamentale à ce que s’affermisse l’initiative contre-révolutionnaire, avec une fonction spécifique bien particulière.

Leur tâche est d’organisation la contre-révolution sociale préventive, à savoir la construction d’un bloc social de soutien à l’État impérialiste, l’opposition à l’avancée du processus révolutionnaire.

A cette fin, d’un côté ils assument en nom propre la gestion de la restructuration dans l’usine et se transforment en policiers de la production pour discipliner, contrôler, attaquer toute survenue d’antagonisme prolétarien ; de l’autre, ils se font les paladins de « l’ordre démocratique », à savoir l’organisation de la délation de masse et le fichage, atelier par atelier, logement par logement, de toutes les avant-gardes révolutionnaires.

Pour remplir cette fonction laide, les révisionnistes doivent développer et consolider leur pénétration dans les couches sociales de la petite-bourgeoisie, des techniciens, de l’aristocratie ouvrière, de la bureaucratie des usines… Activer les organismes de liaison entre parti et masse, comme les Conseils d’usine et de quartier.

Mais ce « service », s’il est d’un côté nécessaire à la bourgeoisie impérialiste, est source de contradictions de l’autre, parce que les sycophantes révisionniste visent, en utilisant les fruits de la délation démocratique, à construire leur propres liaisons directs avec des secteurs de l’appareil d’État, afin de pousser leur avantage dans le système des partis et les rapports de force, se rendant toujours plus « indispensables » et érodant ainsi, petit à petit, le pouvoir de la Démocratie Chrétienne.

Du côté prolétarien, la contre-révolution sociale préventive organisée par le PCI doit être neutralisé avec la détermination maximale et attaquée suivant une stratégie politico-militaire opportune.

Cela se fonde sur la distinction entre les charnières entre les institutions d’État et le PCI et les canaux de liaison du PCI dans les masses.

Les premiers ont un caractère stratégique, ils sont les présupposés et l’objectif des seconds. A travers les charnières-hyènes, en fait, les révisionnistes se faufilent dans les caves du palais, s’accrochant à la pathétique espérance d’accéder au banquet des plans supérieurs !

Mais, parce qu’il ne s’agit pas seulement d’un événement de la branche de [Enrico] Berlinguer [le secrétaire général du PCI], et les avant-gardes prolétariennes payant un dur prix pour une telle sordide action, il appartient à la guérilla de frustrer une telle espérance, d’attaquer et d’anéantir de telles charnières-hyènes.

Il s’agit des juges, sbires, hauts fonctionnaires de l’État, managers, « experts », journalistes-consultants, et merdes similaires. Les ennemis reconnus et politiquement indéfendables aux yeux du prolétariat révèlent l’intrigue :

Leur anéantissement militaire
est également immédiatement leur anéantissement politique !

Et on peut être certain qu’aucun prolétaire ne pleurera leurs carcasses !

En ce qui concerne les « canaux de liaison » entre le PCI et les masses, les problèmes sont plus complexes.

Il faut avoir à l’esprit que ces agents révisionnistes vivent au milieu du prolétariat et profitent parfois d’un prestige injustifié. Il est prioritaire de ce fait que la guérilla fasse une claire politique dans les luttes, pour les isoler, les discréditer, les mettre au pilori, démasquer leur complot et leur complicité, c’est-à-dire, en un mot, les défaire politiquement d’abord plutôt que militairement.

Il va de soi que la dialectique entre les deux plans d’action est décisive, dans le sans que le premier terrain d’attaque est l’imprescriptible condition politique du second ; il est ainsi fondamental, même si les deux sont nécessaires.

Battre les révisionnistes et leur projet de contre-révolution sociale préventive est la condition nécessaire pour la conquête des masses sur le terrain de la lutte armée et pour la construction du Pouvoir Rouge.

La bataille ne peut pas être reportée !

19. Frapper au centre !

Encercler les encercleurs !

Il faut affronter le processus de militarisation de l’usine, du territoire et de toute la vie sociale, les reliant aux restructurations anti-prolétariennes de l’économie et de l’État, également afin de démonter l’image perverse diffusée par la propagande du régime qui attribue au « terrorisme » la fonction de cause.

L’attaque des appareils de militarisation n’est en fait pas un problème séparé des luttes sociales, et c’est pourquoi elle regarde sur un mode exclusif les avant-gardes combattantes.

C’est une dimension essentielle de chaque mouvement partiel, des luttes ouvrières et de celles des services, des luttes territoriales à celle des prisons.

La fonction dirigeante du Parti consiste à relier et à organiser l’action systématique de désarticulation des appareils centraux et périphériques avec l’action également systématique des organismes révolutionnaires de masse.

Dans cette phase, où la crise, par le niveau atteint d’acuité, amène le système impérialiste dans une situation extrêmement critique, la tendance à la guerre assume un caractère central, tant dans le devenir des contradictions impérialistes que dans la croissance des contradictions de classe.

Les forces révolutionnaires doivent ici relier à l’intérieur de cette perspective la pratique de désarticulation des appareils centraux contre-révolutionnaires qui est la leur.

Une prémisse est nécessaire : il faut amener de la clarté quant à l’illusion qui existait ou existe à l’intérieur du mouvement révolutionnaire international, qui considère le « camp socialiste » comme une base arrière des armées révolutionnaires qui surgissent dans la métropole impérialiste, et subordonne de fait la stratégie de celles-ci à la stratégie mondiale du « camp socialiste ».

C’est un fait que le « camp socialiste » mythique a perdu depuis de nombreuses années ses racines matérielles, dans une réalité qui n’a plus rien de socialiste : le capitalisme de l’État soviétique et de ses alliés, dans sa phase social-impérialiste.

Nous voulons être le plus explicite concernant ce point : l’impérialisme et le social-impérialisme sont deux variantes spécifiques du mode de production capitaliste dans cette phase – le capitalisme privé et le capitalisme d’État.

Ils forment un système impérialiste où il y a tant unité que contradiction : unité du mode de production capitaliste, contradiction entre ses formes historiquement déterminées.

Si les forces révolutionnaires peuvent et doivent exploiter ici les espaces ouverts par le parcours de la lutte inter-impérialiste, des contradictions entre impérialisme et social-impérialisme, cela ne doit en aucun cas se traduire en une quelconque forme de collusion avec l’un pour combattre l’autre.

La désarticulation des appareils centraux dans cette phase doit atteindre le coeur pulsant de la contre-révolution impérialiste : l’OTAN.

L’OTAN signifie la guerre externe et la guerre interne.

C’est, dans cette dimension qu’ils réorganisent leurs armées, les mettant en adéquation aux nouvelles caractéristiques de la guerre inter-impérialiste et de la guerre de classe. La formation de la task – force à l’intérieur des forces armées italiennes répond à cette double exigence.

Une quantité toujours plus majeure d’unités de l’armée, de la marine de l’aviation et des fincements sont transformées en Unités Spéciales de Contre-guérilla, et constituent l’ossature portant d’une véritable armée de profession en tant que tel, allant aux côtés des Unités Spéciales des Carabiniers, qui en constituent le nerf.

Nous devons initier le sabotage de cette machine de mort qui signifie pour le prolétariat métropolitain, dans cette phase, la contre-révolution préventive. Nous devons désarticuler cela, en attaquer les hommes et les repaires, ses déterminations nationales restructurées en fonctions de contre-guérilla.

L’OTAN, c’est la guerre impérialiste et la contre-révolution préventive !
Guerre à l’OTAN !
Guerre aux corps spéciaux de la contre-guérilla !

Nous devons construire, sur la base de ce mot d’ordre, l’unité internationaliste avec tous les peuples et toutes les forces révolutionnaires qui combattent contre l’impérialisme.

Les organismes révolutionnaires de masse, chacun sur leur terrain de combat, et les structures du Parti, doivent porter en avant une offensive de martèlement visant à encercler les articulations périphériques – les hommes, les repaires, les instruments – des appareils de militarisation et de contrôle social.

C’est dans cette offensive, en fait, que vit le Programme Immédiat dans les masses, contribuant à consolider le Pouvoir Rouge.

Aucune action centrale, disjointe de l’initiative conduite également par l’avant-garde à l’intérieur des organismes révolutionnaires de masse, ne peut avoir comme ambition de construire et d’élargir les espaces de pouvoir que la guerre de classe poursuit.

La militarisation croissante est un point faible de l’ennemi. L’exposition de ses forces, terroriste au moins dans ses intentions, donne aussi la mesure de son embourbement.

En fait, plus la militarisation s’élargit infiltre les anfractuosités de la société, plus l’ennemi se fractionne et se fragilise.

Forcé de contrôler tout et tout le monde, cela crée les conditions plus favorables pour unifier la mobilisation de masse contre le régime.

Dans l’encerclement des unités détachées de l’État et des agents du régime dans chaque quartier, dans chaque usine, dans chaque prison, se construisent les organismes du Pouvoir Rouge.

L’encerclement de l’encercleur doit assumer la forme de milliers de petits encerclements.

Il s’agit de construire partout où il y a des concentrations prolétariennes significatives, à partir des plus grandes et des plus rebelles, une base rouge invisible, un détachement de prolétaires armées, un organisme révolutionnaire de masse, une articulation du Pouvoir Rouge, en mode de « tenir en otage », encerclant dans leurs repaires et leur logement les agents de l’ennemi, qu’ils soit visibles ou masqués.

Il s’agit d’organiser l’encerclement suivent les caractéristiques d’un siège stable. Il s’agit de ne pas laisser l’ennemi respirer, de lui faire ressentir l’hostilité profonde des masses prolétariennes, la haine de classe qui l’entoure.

Il doit se sentir chaque jour plus traqué, attaqué de toutes parts, même de son intérieur. Il doit être systématiquement désarmé. Il doit se sentir épié de la part de ceux qu’il veut épier, prisonnier de ceux qu’il veut emprisonner, attaqué de ceux qu’il veut attaqué, anéanti de ceux qu’il veut anéantir.

Ses communications et ses liaisons doivent être sabotés. Pour lui, cela doit être le couvre-feu. Les pièges les plus mortels doivent être prêt à mis en place à chaque fois qu’il s’aventure hors de ses repaires dans la jungle métropolitaine. Les embuscades les plus terroristes doivent scander ses journées et ses heures.

Conquérir le contrôle des grandes usines, des périphériques prolétariens des grands centres urbains, est une étape nécessaire vers la guerre civile.

C’est un pas indispensable, et qui ne peut pas être remis, sur la voie de la construction du Pouvoir Rouge.

Plus nous saurons renforcer ce contrôle, meilleurs seront les espaces et la capacité de manœuvre.

Meilleurs seront la capacité de manœuvre et les espaces de la guérilla, plus durs et décisifs pourront être ses coups au cœur de l’État !

Frapper au centre, avec des coups plus durs, plus rapides et plus soudains !

Obliger l’ennemi à se fractionner sur tout le territoire !

Encercler, épuiser, démoraliser chacun de ses détachements périphériques et les avaler morceau par morceau !

20. Briser l’anneau-Italie de la chaîne impérialiste !

Assumer la position du non-alignement !

Pratiquer la collaboration de tous les peuples sur une base paritaire !

Développer l’internationalisme prolétarien !

Sur l’aire méditerranéenne se déploie toujours plus entre les grandes puissances un espace vaste et contrasté : l’espace du non-alignement. Il n’est pas intéressant de savoir quelles sont ses facettes politiques complexes et contradictoires, son caractère essentiel se référant à la rupture que les pays émergents opèrent dans la division mondiale du travail sanctionné à Yalta.

C’est également ici que notre pays et doit trouver sa place pour reconstruire, dans le cadre d’un internationalisme prolétarien effectif, une autre qualité dans le processus de croissance des forces productives et une transformation radicale, qu’il n’est désormais plus possible de remettre à plus tard, des rapports de production, dans la direction d’une société communiste.

En fait, la structure même de l’appareil productif italien est autant inconciliable avec le devenir de la crise et de l’impérialisme que compatible avec l’économie des pays émergents.

De nombreux de ses aspects qui représentent un handicap insurmontable pour notre développement dans l’aire « occidentale » sont des caractéristiques précieuses dans la perspective de collaboration avec tous les pays les plus exploités (qu’ils appellent le « tiers-monde »), dans la perspective du non-alignement et de la pratique de l’internationalisme prolétarien.

Nous avons une vaste présence dans les technologies intermédiaires et c’est ce dont ces pays ont tout de suite besoin ; puis, nous avons tout le potentiel et la capacité pour également développer celles qui sont plus avancées, des micro-processeurs aux satellites en tant que tel – un potentiel et une capacité que l’impérialisme castre – et que nous sommes déjà en train de produire.

Cela nous permet aussi de donner une perspective de longue durée au développement.

En outre, nous somme en possession d’une quantité de connaissance générale à mettre à disposition de tous ces peuples, de telle manière à leur assurer une impulsion remarquable dans leur croissance.

Au contraire, aujourd’hui, l’impérialisme (dans ses deux variantes : américain et soviétique) mesure de manière stricte ces flux de connaissance, pour imposer et maintenir sa domination particulière et ses propres privilèges.

Les pays émergents ont quelque chose de tout à fait précieux : les matières premières (énergétiques ou non), qui nous manquent à tous, et qui sont indispensables pour garantir un passage graduel, et non excessivement traumatisant, de notre formation économico-sociale, de la phase ultime du capitalisme, à la transition socialiste.

C’est le maintien même de la base productive, le développement des forces productives, des nouveaux rapports de production qui sont latents, dans la direction de notre sortie du camp impérialiste pour se placer aux côtés des pays émergents, dans un projet commun anti-impérialiste et anti-social-impérialiste.

Pour réaliser cela, il est nécessaire de rompre le nœud coulant qui chaque jour devient plus pesant et plus étroit.

Briser l’anneau-Italie de la chaîne impérialiste !

Assumer la position du non-alignement !

Pratiquer la collaboration de tous les peuples sur une base paritaire !

Développer l’internationalisme prolétarien !

C’est aujourd’hui possible !

C’est notre tâche !

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