Avril 2011
L’ETA, organisation socialiste révolutionnaire basque pour la libération nationale, souhaite soumettre ses réflexions au peuple basque, près de trois mois après l’initiative du 10 janvier.
Ces derniers temps, deux blocs se dessinent de plus en plus clairement sur la scène politique de l’Euskal Herria. Le bloc de ceux qui souhaitent s’engager dans un scénario de paix, d’une part, et celui de qui veut perpétuer l’imposition et le blocage, de l’autre.
Car la période actuelle se caractérise par la confrontation et la lutte entre les partisans de la résolution définitive du conflit grâce à la mise en place d’un processus démocratique et les tenants du verrouillage de l’opportunité actuelle au moyen de la répression et de la négation.
Les forces favorables à l’Euskal Herria s’organisent en rassemblant un nombre croissant de citoyens et de citoyennes plongés jusqu’ici dans le désespoir par la répression et par l’aveuglement des États ou par l’absence d’une alternative effective. Il s’ensuit que les forces misant sur le changement politique et social commencent à surpasser les intentions de ceux qui prétendaient les affaiblir et les disperser dans le but de perpétrer l’oppression.
Toutefois, il ne s’agit pas de se reposer sur nos lauriers. Nous avons avancé mais le défi reste énorme : le chemin de la liberté reste à parcourir, en dépassant tous les obstacles susceptibles de surgir.
Pour cela, on assiste à la montée en puissance d’une conviction profonde selon laquelle il nous faut unir nos forces et nous organiser sans renoncer, dans le but de rassembler les forces suffisantes et d’abattre le mur édifié par l’Espagne et la France en vue de séquestrer la voix des citoyens et citoyennes basques.
En face, se dresse la position irresponsable des gouvernements d’Espagne et de France. Car ces derniers mois, la négation et la répression n’ont pas cédé de terrain. Les États s’emploient avec cruauté contre les nouvelles opportunités. Et nous disons irresponsable parce que, hors des frontières, une soi-disant volonté de solution est mise en avant, en toute discrétion, tandis qu’ici la stratégie répressive bat son plein.
Irresponsable, parce qu’il s’agit de réduire à néant la volonté de solution et l’espoir créés au sein de la société basque. Ils préfèrent le statut quo et un pourrissement provoqué par leur imposition active.
Malgré tout, la situation a obligé tous les acteurs à réajuster leur position, essentiellement grâce à l’initiative de l’ETA. Pourtant, la volonté de la majorité de la société basque est si évidente et la position des États si injuste que, même parmi les partisans de la France et de l’Espagne, la position des gouvernements est mise en question. C’est une tendance encore timide et certainement motivée par des intérêts internes.
Parce qu’il n’est pas aisé de rejeter l’imposition qui a permis d’engranger tant de bénéfices politiques ces dernières années. L’ETA demande à tous ces acteurs d’agir dans la responsabilité et avec le courage requis par le moment historique actuel, afin de rompre avec l’oppression, la violence et la répression et de rassembler leurs forces en faveur du dialogue et de la recherche d’une solution.
Dans cette situation, l’intervention de la communauté internationale est devenue sujet de débat, surtout lors de l’entrée en scène du Groupe International de Contact. Car ceux qui ont creusé leurs tranchées dans le néant ne voient pas la nécessité d’une telle intervention. Ils prétendent sans honte que la société basque est majeure tout en maintenant cette même société sous la tutelle des États et de leurs appareils répressifs et en lui refusant le droit de décider de son avenir.
Cependant, la vraie raison est autre. Habitués à l’obscurité des salles de torture dans les casernes de la Garde Civile, ils prétendent fermer les portes de ce qu’ils nomment le conflit basque à la communauté internationale, afin de pouvoir utiliser à l’envi la violence et les menaces, afin de pouvoir violer sans témoins la volonté des Basques.
Il est hautement significatif, à cet égard, que les gouvernements de l’Espagne et de la France n’aient pas accepté la possibilité que la communauté internationale vérifie le cessez-le-feu général et permanent de l’ETA.
En effet, ce n’est pas ce qu’ils veulent. Parce que, au-delà de l’hypocrisie et des intoxications, cela mettrait en évidence devant la communauté internationale que, aujourd’hui, la seule violence existante est celle appliquée par les deux États, comme cela a été mis en lumière au cours des deux derniers mois. Cela montrerait que, en Euskal Herria, la violence rime avec négation et violation des droits, harcèlement, arrestations et tortures.
En conséquence :
– L’ETA ratifie la décision annoncée dans son communiqué rendu public le 10 janvier dernier.
– L’organisation regrette que les gouvernements espagnol et français n’aient pas accepté sa proposition.
– L’ETA est disposée à accepter un mécanisme de vérification informel, même en l’absence de reconnaissance officielle des gouvernements espagnol et français.
– L’ETA considère qu’un tel mécanisme est viable et qu’une commission de vérification internationale peut être créée.
L’ETA réaffirme sa position et la volonté qu’elle a manifesté jusqu’à aujourd’hui, c’est-à-dire son engagement d’alimenter et de conduire à son terme la solution démocratique sur la voie de la liberté et de la paix en Euskal Herria.
Dans ce sens, nous lançons un ample appel en direction des acteurs politiques, sociaux et syndicaux et, en général à la population basque, pour unir les forces, prendre des engagements et franchir de nouvelles étapes en faveur de la liberté de l’Euskal Herria et contre tous les types de répression. Ensemble, nous réussirons !
Vive l’Euskal Herria libre ! Vive l’Euskal Herria socialiste ! Luttons jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !
Le 24 mars 2011
Euskadi Ta Askatasuna
E.T.A.