Communiqué d’ETA [sur les dommages causés] (2018)

ETA, organisation socialiste révolutionnaire basque de libération nationale, veut reconnaître à travers cette déclaration les dommages causés tout au long de son parcours armé, et manifester son engagement pour dépasser définitivement les conséquences du conflit, afin que cela ne se reproduise pas.

Pendant ces décennies, notre pays a connu beaucoup de souffrances : des morts, des blessés, des personnes torturées, séquestrées ou contraintes à fuir à l’étranger.

Une souffrance démesurée. ETA reconnaît la responsabilité directe qu’elle a eue dans cette douleur, et souhaite déclarer que rien de tout cela n’aurait jamais dû se produire ou que cela n’aurait pas dû se prolonger autant dans le temps, car ce conflit politique et historique aurait dû trouver une solution démocratique juste depuis longtemps.

De fait, la souffrance régnait dans notre pays avant la naissance d’ETA, et elle existe encore après l’abandon de la lutte armée par ETA. Les générations qui ont suivi le bombardement de Gernika avions hérité de cette violence et de ce poids, et il nous revient de transmettre aux générations futures un tout autre avenir.

Nous sommes conscients que pendant cette longue période de lutte armée nous avons provoqué beaucoup de douleurs, et beaucoup de dommages qui ne peuvent être réparés. Dans la mesure où les préjudices subis l’ont été en conséquence du conflit, nous voulons exprimer du respect envers les morts, les blessés et les victimes des actions d’ETA. Nous en sommes sincèrement navrés.

À la suite d’erreurs ou de mauvaises décisions, ETA a également provoqué des victimes étrangères au conflit, tant au Pays Basque qu’ailleurs.

Nous savons que, contraints par les besoins de toutes sortes liés à la lutte armée, notre action a engendré des préjudices à des citoyens et des citoyennes qui n’avaient aucune responsabilité. Nous avons également provoqué des dommages graves sans retour possible.

A ces personnes et à leurs familles, nous leur demandons pardon. Ces mots ne résoudront pas ce qui est arrivé, et ne calmeront pas la douleur. Nous le disons avec respect, sans intention de provoquer davantage de peine.

Nous comprenons que de nombreuses personnes considèrent et affirment que notre action a été inacceptable et injuste, et nous le respectons, car on ne peut forcer personne à dire ce qu’il ne pense ou ne sent pas.

Pour beaucoup d’autres, même sous-couvert de la loi, les actions menées conjointement par les forces de l’Etat et celles de la Communauté autonome sont totalement injustes, et ces personnes non plus ne méritent pas d’être humiliées.

Dans le cas contraire, cela reviendrait à dire qu’il y a eu des dommages justes que l’on pourrait applaudir. ETA, en revanche, a une autre position : si seulement rien de tout cela n’était arrivé, si seulement la liberté et la paix s’étaient installées au Pays Basque depuis longtemps.

Personne ne peut changer le passé, mais le pire qui pourrait arriver serait d’essayer de le défigurer ou d’occulter certains épisodes. Reconnaissons tous notre responsabilité et le mal causé.

Bien que nous ne partagions pas le même point de vue ni les mêmes sentiments, nous devrions tous reconnaître, avec respect, la souffrance vécue par l’autre. C’est cela qu’ETA souhaite exprimer.

Précisément, au regard du futur, la réconciliation est une des tâches que nous devons mener au Pays Basque, et dans une certaine mesure, c’est déjà en train de se faire avec honnêteté entre les citoyens.

C’est un exercice nécessaire pour faire émerger la vérité de façon constructive, guérir les blessures et construire des garanties pour que cette souffrance ne se reproduise plus.

Une solution démocratique du conflit politique permettra de construire la paix et d’obtenir la liberté au Pays Basque.

Pour éteindre définitivement les braises de Gernika.

Pays Basque, le 8 avril 2018

Euskadi Ta Askatasuna

E.T.A

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