La ligne du P.S.F. est orientée vers les masses, car il s’agit, ce que les autres organisations de l’extrême-droite n’avaient pas compris, de faire nombre, comme le dit l’article « Le nombre » :
« En face des partis marxistes, il n’y a qu’un parti de masse : le P.S.F. Cela n’est plus contesté par personne. Et pourtant, cette constatation a le droit d’irriter certains qui, pour marquer leur dépit, répètent que le nombre n’est rien.
Or, il en est du nombre comme de la force. C’est une chose odieuse et méprisable, si elle est au service du mal – mais combien précieuse lorsqu’un noble idéal peut s’appuyer sur elle.
Pour la plus simple des causes, celle du Peuple et de la Patrie, François de La Rocque a suscité une innombrable levée de dévouements. Qu’importent l’envie, la jalousie, la haine de tous ceux pour qui le succès est une remord. Nous sommes les plus forts… »
Ce processus de massification a toujours été accompagné politiquement. François de La Rocque avait par exemple formé un Comité permanent de vigilance et d’action des anciens combattants afin de s’opposer à toute capitulation diplomatique. Ce projet fut éphémère, mais annonçait la vision générale de François de La Rocque concernant les rapports internationaux.
500 membres de ce comité accueillirent de ce fait le Premier ministre Pierre Laval de retour des États-Unis, où il avait obtenu un délai d’une nouvelle année pour payer les dettes françaises. Et en 1931, 1500 membres attaquèrent la réunion du Congrès international du désarmement, présidé par Édouard Herriot, François de La Rocque parvenant même à prendre la parole par la force, alors que la Police faisait évacuer les ambassadeurs et les personnalités politiques venus de nombreux pays.
Car pour François de La Rocque, la question vitale, c’est le réarmement de l’Allemagne. Il se pose de plus en plus en grand dirigeant national et non plus simplement nationaliste, considérant qu’il y aura une crise et qu’inévitablement, la densité du P.S.F. le portera au pouvoir.
Pour François de La Rocque, la ligne doit être double : antimarxisme par principe, opposition à l’Allemagne par nécessité. Dans Le Petit Journal, un quotidien connu tombé entre les mains du P.S.F., François de La Rocque formule cela ainsi, le 15 juillet 1937 :
« Le danger allemand est, aujourd’hui, au premier plan visible. Le danger russe est surtout d’ordre moral. Mais l’un est complémentaire de l’autre : l’un et l’autre peuvent momentanément s’associer contre nous. »
La résolution finale du premier Congrès du P.S.F. témoigne tout à fait de cette dynamique :
« A l’issue du Congrès, au milieu d’une salle comble, après lecture de la déclaration du Parti et le discours du Colonel de François de La Rocque, M. Jean Tbarnégaray, Président du Groupe Parlementaire, a salué, au cours d’une magnifique et impressionnante improvisation, le Chef du Parti Social Français et fait approuver, dans un enthousiasme délirant, l’ordre du jour suivant :
Les 1500 délégués des 1500 délégués des Fédérations départementales et régionales de la métropole et des colonies, les membres du groupe parlementaire, du comité directeur et du comité exécutif du Parti Social Français, réunis en Congrès National, à Paris, les 18, 19 et 20 décembre, après avoir approuvé les rapports des différentes commissions et acclamé chaleureusement le discours de clôture du Président et la déclaration du Parti :
félicitent le Colonel de François de La Rocque du magnifique effort accompli en cinq mois,
déclarent exceptionnelle l’organisation rapide et puissante du Parti Social Français, dont le rayonnement sans cesse grandissant répond aux vœux d’une opinion ardente, éprise de légalité, d’ordre, de justice,
qualifient de scandaleuses et de déshonorantes les persécutions dont le Colonel de François de La Rocque est victime,
le suivent avec fierté dans sa défense du travail, de la famille, de la cité, des frontières, contre le marxisme sacrilège et dévastateur,
le désignent, en dépit campagnes de haine, comme l’apôtre rayonnant de la réconciliation française, comme le défenseur incontesté des trois couleurs pour lesquels il sacrifia, dédaigneux du danger, son repos et sa vie familiale,
jurent solennellement de le suivre dans la discipline et l’affection, de le défendre inébranlablement si l’on attentait à liberté comme à celle du Parti. »
Les Statuts du Parti Social Français donnent d’ailleurs les objectifs, tout à fait conformes au fascisme :
«Le Parti Social Français est une association régulièrement constituée, déclarée conformément à la loi de 1901.
Ses buts, son organisation, son action sont légaux. Ses statuts sont publics.
Buts. ARTICLE PREMIER.
– Le Parti Social Français est un parti autonome fondé sur les principes suivants : Réconciliation et collaboration fraternelle de tous les Français, quelle que soit la classe à laquelle provisoirement ils appartiennent, en vue d’assurer la grandeur et la prospérité de la patrie ;
prééminence reconnue dans la vie sociale et dans la vie politique, non à la fortune, mais à l’intelligence et au mérite ; reconstitution de la famille, cellule vitale de la nation ;
organisation des métiers et de la profession dans le cadre régional et national, d’après les principes coopérateurs, sous le contrôle de l’État et dans le but de garantir au travail sa rémunération équitable ; révision profonde et courageuse de toutes les administrations, dont le seul objet doit être de servir le pays ;
adaptation aux nécessités nouvelles d’un régime parlementaire mis à l’abri des corruptions, apte à discuter les intérêts généraux sur le plan technique, à ménager aux différentes catégories de travailleurs une représentation correspondant à leur utilité nationale ; réforme courageuse du régime capitaliste; élaboration d’une Charte du travail.
– Dénomination. le titre du parti est : Parti Social Français. Devise. La devise du parti est : « L’Ordre par la Famille et le Travail pour la Patrie »
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