Les 8 et 9 mars, l’administration Johnson envoyait ostensiblement 3.500 fusiliers marins au Sud-Vietnam.
En l’espace d’un mois, les impérialistes américains, après avoir lancé quatre attaques aériennes contre la République démocratique du Vietnam, ont fait intervenir leurs forces terrestres dans la guerre au Sud-Vietnam.
Cela constitue une mesure grave destinée à étendre encore la guerre en Indochine.
Le Comité central du Front national de Libération du Sud-Vietnam et le gouvernement de la République démocratique du Vietnam, dans leurs déclarations publiées respectivement les 9 et 10 mars, ont condamné énergiquement ce nouvel acte d’agression et cette nouvelle provocation de guerre de l’impérialisme américain.
Le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement et sans réserve la juste position de l’héroïque peuple vietnamien qui défend sa grande patrie.
Par leur envoi de forces terrestres au Sud-Vietnam, les Etats-Unis violent dans leurs principes mêmes les Accords de Genève de 1954 sur l’Indochine et en particulier, ceux sur le Vietnam.
Les Etats-Unis ont depuis longtemps fait un sort lamentable à ces accords.
Néanmoins, ils se sont toujours gardés, auparavant, de se poser ouvertement en adversaires desdits accords.
Ils ont introduit une grande quantité de matériel de guerre et envoyé des dizaines de milliers de militaires au Sud-Vietnam.
Ils prétendaient que ces militaires étaient « conseillers » ou « instructeurs », et ne participaient pas aux combats, lesquels étaient l’affaire des seuls Sud-Vietnamiens.
Mais aujourd’hui, le masque est tombé.
Les Accords de Genève ont pour disposition fondamentale l’interdiction d’introduire des troupes étrangères au Vietnam.
L’administration Johnson, elle, vient d’envoyer avec un superbe sans-gêne des forces opérationnelles américaines au Sud-Vietnam : c’est ce que les administrations Eisenhower et Kennedy ont toujours voulu mais n’ont jamais osé faire. Elle a ainsi déchiré de ses propres mains les Accords de Genève sur le Vietnam.
Ce fait prouve une fois de plus que Lyndon Johnson, loin d’être « sensé », est le pire chef de file des bandits américains.
L’envoi de forces terrestres américaines au Sud-Vietnam proclame la faillite de cette « guerre spéciale » que les impérialistes américains ont tant vantée ces dernières années.
A la suite du cuisant échec subi par les Etats-Unis dans la guerre de Corée, les stratèges de l’impérialisme américain se sont creusé la tête pour mettre au point une méthode qui leur permettrait de réprimer les mouvements de libération nationale sans pertes de vies américaines.
Ils ont avancé plus d’une formule et ont fini par inventer cette guerre dite spéciale dans laquelle les Américains fournissent les armes et la population locale la chair à canon.
Les Etats-Unis fournissent également des hommes, en petit nombre, qui servent essentiellement de « conseillers » et d’« instructeurs » aux mercenaires.
Cette « guerre spéciale », les Etats-Unis l’expérimentent au Sud-Vietnam depuis plus de trois ans.
Et, le résultat en est que les mercenaires s’avèrent tout à fait décevants, que les pertes humaines des militaires américains sont de plus en plus lourdes, tandis que l’Armée de Libération du Sud-Vietnam gagne toujours en puissance.
Tout en niant leur participation directe à la guerre, les Etats-Unis n’ont cessé en fait d’en subir les déboires. Pourquoi alors ne pas jeter directement leurs forces terrestres dans la guerre d’agression ?
C’est donc pour se sortir d’embarras que l’administration Johnson a pris cette décision.
Comme Da Nang n’était pas en sécurité, il a fallu y envoyer 3.500 hommes. Pleiku non plus n’est pas en sécurité ! Il faudrait alors aussi y envoyer des troupes.
Quant à Quy Nhon, Binh Gia, An Lao, Bien Hoa et autres endroits, peut-on affirmer que la sécurité y règne ?
Pour les agresseurs américains, aucun village, aucune ville, aucune forêt, aucune route du Sud-Vietnam n’offre de sécurité. 3.500 hommes sont manifestement insuffisants.
En tout état de cause, « la guerre spéciale », qui repose principalement sur les mercenaires, a fait faillite.
Le débarquement de fusiliers marins américains indique que les Etats-Unis n’ont eu d’autres choix que de s’engager dans la voie d’une guerre du type coréen.
La participation à la guerre des forces terrestres américaines n’est pas de nature à intimider l’héroïque peuple sud-vietnamien.
Dans sa déclaration publiée le 9 mars, le Comité central du Front national de Libération du Sud-Vietnam affirme : « Les agissements des impérialistes américains ne peuvent en aucune manière empêcher le développement du mouvement révolutionnaire au Sud-Vietnam.
La population sud-vietnamienne est décidée à réaliser ses aspirations fondamentales qui sont l’indépendance, la démocratie, la paix et la neutralité.
Elle est résolue à chasser les impérialistes américains du territoire vietnamien, à abattre le régime fantoche et à fonder un gouvernement de coalition nationale et démocratique.
La situation ne sera stabilisée que lorsque ces aspirations de la population du Sud-Vietnam auront été réalisées. »
Les agresseurs américains doivent déguerpir du Sud-Vietnam, et le régime fantoche installé par les Etats-Unis au Sud Vietnam doit être liquidé.
Le peuple chinois soutient fermement cette juste position révolutionnaire du peuple sud-vietnamien.
L’arrivée des forces terrestres américaines au Sud-Vietnam sera assurément une nouvelle leçon par l’exemple négatif pour la population sud-vietnamienne et tout le peuple du Vietnam.
La population sud-vietnamienne se rendra encore plus clairement compte que le fond de la question du Sud-Vietnam réside dans l’oppression et l’agression de l’impérialisme américain.
Seul un petit nombre de traîtres à la nation vietnamienne ont lié leur sort à celui des agresseurs américains.
Ainsi, de plus en plus nombreux seront les Sud-Vietnamiens qui, éveillés, prendront les armes pour livrer une lutte à mort aux agresseurs américains, coupables de tous les forfaits.
Comment 3.500 soldats parviendront-ils à sauver cette guerre d’agression de la défaite ?!
Plus importants seront les renforts, et plus lourdes seront les pertes. C’est là une certitude.
Par l’envoi de leurs forces terrestres au Sud-Vietnam, les Etats-Unis ont fait un pas de plus pour bloquer le règlement politique de la question du Vietnam.
Ce qui n’empêche nullement l’administration Johnson de prétendre avec cynisme que « la voie politique reste ouverte ».
Quelle est donc la voie politique qui conduit au règlement de la question du Vietnam et de toute l’Indochine ?
C’est d’agir conformément aux Accords de Genève.
Dans sa déclaration du 10 mars, le gouvernement de la République démocratique du Vietnam exige que « le gouvernement des Etats-Unis applique rigoureusement les Accords de Genève de 1954 sur le Vietnam, mette immédiatement un terme à sa guerre d’agression contre le Sud-Vietnam et à toutes ses provocations contre la République démocratique du Vietnam, retire entièrement ses troupes et ses moyens de guerre du Sud-Vietnam et laisse la population sud-vietnamienne régler elle-même ses affaires intérieures. »
Le gouvernement chinois soutient résolument cette juste revendication du gouvernement de la République démocratique du Vietnam.
Les Etats-Unis doivent cesser immédiatement leurs agressions et provocations contre le Vietnam.
Toutes les forces armées américaines doivent être retirées de ce pays.
C’est la seule et unique voie politique qui permette d’apporter une solution politique à la question vietnamienne.
Par l’envoi de renforts au Sud-Vietnam et l’extension de l’agression contre le Vietnam, les Etats-Unis ne parviendront pas à s’assurer le droit de se cramponner à ce pays.
La solution politique exige le retrait de leurs troupes. Ils devront retirer de ce pays autant de soldats qu’ils y ont envoyés. Pas un seul de leurs soldats n’y sera toléré.
L’administration Johnson devra porter la responsabilité de toutes les graves conséquences découlant de l’extension de la guerre en Indochine.
Quelques navires de guerre, quelques centaines d’avions et quelques dizaines de milliers de soldats des Etats-Unis ne peuvent intimider le peuple vietnamien.
En élargissant leur agression, les Etats-Unis ne font que donner à la République démocratique du Vietnam et à tous les pays fidèles aux Accords de Genève le droit de prendre l’initiative de leur riposter.
Depuis quelques jours, la presse américaine clame à qui veut l’entendre que dans la guerre du Vietnam, il ne saurait plus y avoir de « sanctuaires » comme dans la guerre de Corée, et que les Américains soumettraient à une « poursuite acharnée » ceux qui soutiendraient la lutte du peuple vietnamien.
En termes plus explicites, cela revient à dire qu’ils bombarderaient la Chine.
Que les agresseurs américains retiennent bien ceci : le peuple chinois ne se laissera pas impressionner.
Nous n’avons jamais fondé notre sécurité sur l’espoir que les Etats-Unis renonceraient par bienveillance à une agression contre nous.
Nous avons pris nos dispositions.
Le peuple chinois est décidé à prendre toutes les mesures possibles pour soutenir le peuple vietnamien et les peuples d’Indochine à mener jusqu’au bout la lutte contre les agresseurs américains.
En définitive, vous n’avez à votre disposition que ces forces armées et ces quelques méthodes que nous vous connaissons. Agissez comme bon vous semble.
Nous agirons comme nous l’entendons.
Mais ce qui est certain, c’est que la guerre ne se fera pas à votre idée et que la lutte finira par vous contraindre, agresseurs américains, à déguerpir du Vietnam, de l’Indochine et du Sud-est asiatique.
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contre l’hégémonie des superpuissances