[Éditorial de l’Humanité Nouvelle, 18 mai 1967, alors organe du Mouvement Communiste Français (Marxiste-Léniniste).]
Dirigeants révisionnistes, vous voici engagés dans la même voie que Doriot !
Ouvrez » L’Etat et la Révolution « , relisez Lénine, apprenez comment on doit caractériser un Etat et si vous assimilez de manière juste la conception scientifique de l’Etat vous n’aurez plus aucune difficulté pour comprendre ce qui se passe actuellement dans le monde, dans les pays anciennement socialistes soumis à la baguette du révisionnisme moderne, dans les partis qui se prétendent encore » communistes » pour mieux tromper les peuples.
C’est avant tout le contenu de classe, c’est la classe dont il sert les intérêts qui permet de caractériser un Etat.
La dictature du prolétariat constitue l’instrument qu’emploie un Etat de contenu prolétarien au service de la classe ouvrière et des couches sociales exploitées avant la Révolution, notamment la paysannerie pauvre et le prolétariat agricole. Le Parti Communiste qui n’a pas dégénéré et prépare la révolution se caractérise de même par son contenu de classe prolétarien.
Mais si le contenu de CLASSE tant d’un ETAT que d’un PARTI COMMUNISTE se modifie jusqu’à ne plus être celui du PROLETARIAT en redevenant celui de la BOURGEOISIE (grande, moyenne ou petite, peu importe), alors le caractère principal de cet Etat ou de ce Parti change complètement.
La DICTATURE DU PROLÉTARIAT se transforme en DICTATURE DE LA BOURGEOISIE, le PARTI COMMUNISTE devient un PARTI DE LA BOURGEOISIE. Les titres anciens dont se parent encore longtemps cet Etat ou ce Parti ne servent plus qu’à tromper, à illusionner la classe ouvrière, le peuple, mais constituent des enseignes de faussaires.
Le révisionnisme moderne a eu pour mission prioritaire d’assurer de tels changements.
Le processus a été conforme aux principes de la dialectique en accentuant sans cesse une quantité d’actes assurant le retour au capitalisme, précipitant la collaboration avec la bourgeoisie, qui se sont soudain manifestés avec éclat par des faits historiques sur le plan qualitatif.
Les 20ème et 22ème Congrès ont été le résultat de tels processus. L’incinération de Staline comme de ses oeuvres, les capitulations continues devant l’ennemi, les mesures de régression économique dans le domaine agricole, l’institution de l’intéressement matériel etc… ont constitué, les uns après les autres, autant d’éléments de cette accumulation.
En Yougoslavie, en U.R.S.S., dans les Démocraties populaires, ce sont maintenant des dictatures violentes qui sont au service non plus du prolétariat mais de bourgeoisies bureaucratiques d’Etat.
En ce qui concerne le P.C.F., le même phénomène est facile à observer.
Quels sont les faits ? Les faits tendent tous à faire disparaître au profit des Partis de la bourgeoisie le Parti qui prétend encore défendre les intérêts de classe de la classe ouvrière.
Aux élections présidentielles, le Parti » communiste » ne présente même pas un candidat au premier tour, il fait voter les travailleurs pour le vieux cheval de retour de la bourgeoisie, Mitterrand; aux élections législatives, la tactique est la même, appliquée au deuxième tour, annoncée dès le premier, le P.C.F .assure un important succès de ce qu’il intitule la » gauche » en faisant élire par la classe ouvrière ses pires ennemis, tels Guy Mollet, Georges Bonnet, Robert Lacoste, Maurice Faure etc… ; pour l’élection du président de l’Assemblée Nationale le P.C.F. démissionne encore, renonce à présenter son propre candidat et fait voter les élus de son groupe pour Gaston Defferre, maire de Marseille, associé depuis toujours avec la pire réaction ; et aujourd’hui c’est la motion de censure mise au point par la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste et elle seule qui constitue le point d’appui du P.C.F. dans sa bataille parlementaire contre les » pleins pouvoirs » sollicités par l’autre clan de la bourgeoisie au pouvoir, tandis que les dirigeants de la C.G.T. rallient avec quelque retard l’initiative de grève générale de 24 heures prise par les hommes payés en dollars par la C.I.A., les dirigeants de F.O.
Toute cette ligne politique répond on ne peut mieux aux décisions des congrès révisionnistes du Parti passé sous le contrôle du groupe de Waldeck-Rochet.
Sa caractéristique essentielle est la recherche permanente et systématique de l’unité » aux sommets « . Certes, si les militants de base, si les cellules qui n’ont plus de vie réelle, avaient été sérieusement consultés, on n’en serait pas là. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’ils n’ont pas été consultés.
Il y a plus grave: après avoir réalisé cette unité sans principe jadis condamnée sans équivoque par le mouvement communiste international, par Lénine, par Staline, par Dimitrov, par Maurice Thorez lui-même, ces messieurs parlent volontiers d’unité organique, ils cherchent les meilleurs artifices pour réunifier le Parti de Blum et celui de Cachin ! pour fondre en un seul Parti Social-Démocrate les deux Partis !
Est-il étonnant dès lors, qu’ils fassent matraquer les militants restés fidèles aux enseignements et aux principes marxistes-léninistes ?
Certes non – c’est là logique naturelle, dans la mesure où ils préfèrent serrer la main de Jules Moch et de ses complices spécialisés dans la répression anti-ouvrière et anticommuniste, mais les travailleurs n’ont pas la mémoire courte.
Il leur suffit de se reporter quelques 36 à 38 ans en arrière pour découvrir ou se remémorer qu’un dirigeant. du Parti avait déjà voulu imposer cette ligne opportuniste et de trahison aux militants de la base, à la classe ouvrière française.
La TRAHISON DE DORIOT commença en effet par la tentative d’imposer au Parti une ligne qui recherchait » l’unité aux sommets » avec les » socialistes » et qui envisageait l’unification organique avec eux. Il abandonnait de la sorte tout le contenu de classe prolétarien de la ligne communiste.
A relire les documents de l’époque, même par delà les triturations et les maquillages dont ils ont pu être l’objet, depuis lors, on constate que la ligne doriotiste était exactement la même, au détail près, que la ligne actuelle. Une seule différence, de taille sans doute.
A l’époque, la direction du Parti, énergiquement soutenue par l’Internationale et Staline, sut rapidement démasquer le traître infiltré dans ses rangs et prononça aussitôt son exclusion. Tandis qu’aujourd’hui c’est la direction elle-même qui a pris le relais de cette ligne doriotiste, la pousse à fond, l’applique à 100 p. 100 et fait ainsi sombrer le Parti » communiste » dans le bourbier de l’opportunisme au service de la bourgeoisie.
Régis Bergeron, dans son dernier éditorial tout à fait remarquable, révélait qu’en 25 ans de vie militante il n’avait souvenir d’avoir vu déchaînement de violence fasciste comparable à celle des nervis qui ont attaqué notre meeting de la Mutualité qu’au moment de l’assaut contre le siège de notre Parti, en 1956, lors de la contre-révolution hongroise.
C’est bien exact en effet et si je fus moi-même à l’époque sauvagement matraqué devant » La Marseillaise « , à Marseille, par des voyous fascistes, venus à cinquante contre un, le premier jour de leur assaut, je dois aussi à la vérité de répéter que les hommes, entraînés au sifflet, venus l’autre soir à la mutualité, n’avait plus rien de différent avec les émeutiers de 1956.
Car les dirigeants révisionnistes ont fait d’eux des DORIOTISTES !
C’est-à-dire des hommes prêts à toutes les violences, sans aucune formation idéologique, ni la moindre connaissance politique, souvent recrutés dans ce que Marx appelait le lumpenprolétariat qui constitue une réserve toute prête pour le fascisme. Ainsi donc, dirigeants révisionnistes, vous voilà engagés dans la même voie que Doriot !
Il est grand temps que les militants communistes honnêtes choisissent entre cette glissade vertigineuse vers un fascisme néo-Doriotiste et la juste ligne prolétarienne d’un authentique Parti Communiste fidèle aux traditions, aux enseignements, aux principes du passé.
Pratiquer la » lutte interne « , prétendre redresser la ligne de l’intérieur n’a plus aucune signification. La situation actuelle est la même qu’en 1912, lorsque Lénine organisa la rupture avec les traîtres Menchéviks, pour constituer un Parti distinct.
A propos de cette époque, voici ce que dit Staline dans « L’Histoire du Parti Communiste Bolchevik de l’U.R.S.S. » (page 154, édition de 1949) : » …En restant dans un seul Parti avec les Mencheviks, les Bolcheviks assumaient d’une façon ou d’une autre la responsabilité morale de la conduite des Mencheviks. Or il était désormais impossible aux Bolcheviks de porter la responsabilité morale de la trahison déclarée des Mencheviks s’ils ne voulaient pas eux-mêmes être traîtres au Parti et à la classe ouvrière. L’unité avec les Mencheviks dans le cadre d’un seul Parti dégénérait de la sorte en trahison vis-à-vis de la classe ouvrière et de son Parti ! «
Aujourd’hui, il devient évident que ceux qui prétendent rester à l’intérieur du Parti Révisionniste ne peuvent, en définitive, que faire son triste jeu de trahison.
Il faut donc tracer une ligne de démarcation nette et résolue entre révisionnisme moderne et marxisme-léninisme. Il faut rompre de façon décisive avec ceux dont les méthodes sont déjà celles des émules de Doriot, tout comme leur ligne reprend la sienne de 1929 jusqu’à son exclusion.
Notre tâche est immense, de portée nationale et internationale, elle ne peut manquer d’influencer profondément l’histoire même de notre peuple. Mais elle est plus aisée, plus facile que ne le furent celles des grands révolutionnaires qui, les premiers, eurent à conduire leurs peuples jusqu’à la victoire.
Parce que nous bénéficions de l’histoire du Mouvement Ouvrier, parce que nous avons connaissance de la Révolution d’octobre 1917 qui vengea l’échec de la Commune, parce que nous pouvons étudier la Révolution Chinoise ainsi que la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, parce que nous disposons de cette arme incomparable que constitue la pensée du camarade Mao Tsé-toung, le Lénine de notre époque.
Alors, Camarades, révolutionnaires et anti-impérialistes, rejoignez par milliers nos rangs. Ensemble, nous allons créer, très bientôt, le parti de type nouveau, au service de la classe ouvrière et de tous les travailleurs de notre pays, étroitement solidaire avec les révolutionnaires du monde entier, le PARTI COMMUNISTE DE FRANCE MARXISTE- LÉNINISTE.
A bas l’impérialisme sanglant !
A bas le doriotisme auquel conduit le révisionnisme moderne !
Vive le Socialisme !
Jacques JURQUET, Secrétaire politique.
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe