Éditorial du Quotidien du peuple : A propos de la déclaration du Parti communiste des Etats-Unis d’Amérique

Éditorial du Renmin Ribao, 8 mars 1963

Le Parti communiste des États-Unis d’Amérique a publié le 9 janvier une déclaration par laquelle il attaque ouvertement le Parti communiste chinois. Par ailleurs, des camarades de ce Parti ont fait paraître un bon nombre d’attaques contre le Parti communiste chinois au cours des derniers mois.

La déclaration diffame et calomnie avec une virulence toute particulière la position du Parti communiste chinois dans la crise des Caraïbes. Elle affirme que c’est là « une politique menant à la guerre thermonucléaire », que « cette ligne dogmatique et sectaire, prétendument de gauche, de nos camarades chinois rejoint celle des impérialistes américains les plus aventureux et constitue un encouragement pour ceux-ci ».

Quel langage est-ce là ?! Il est pour le moins étonnant que ces honteuses calomnies viennent des communistes américains.

La position adoptée par le Parti communiste et le peuple chinois dans la crise des Caraïbes est fort claire. Nous soutenons les justes exigences en cinq points du Gouvernement révolutionnaire de Cuba, nous estimons que la crédulité n’est pas de mise en ce qui concerne les « garanties » de Kennedy et nous nous opposons à ce qu’une « inspection internationale » soit imposée à Cuba. Nous avons toujours dirigé notre lutte contre l’impérialisme américain, agresseur de Cuba.

Nous n’avons ni préconisé l’envoi d’engins balistiques à Cuba ni fait obstacle au retrait des armes soi-disant offensives. Nous nous sommes opposés à l’aventurisme comme au capitulationnisme.

Nous voudrions demander : Que peut-on reprocher à notre juste position ? Comment peut-on la qualifier de « politique menant à la guerre thermonucléaire » ? Qu’a-t-elle qui « rejoint » la ligne de l’impérialisme américain ?

Il n’est pas difficile de voir qu’il y a effectivement une ligne qui « rejoint » celle de l’impérialisme américain. Dans la question des Caraïbes, des dirigeants du Parti communiste des États-Unis ont centré leurs attaques non sur l’impérialisme américain, le criminel agresseur de Cuba, mais sur le Parti communiste chinois, qui soutient fermement Cuba. Par là, ne voient-ils pas par les mêmes yeux que les impérialistes américains, qui sont les plus aventureux des impérialistes ?

Puisque, d’après vous, les camarades chinois, qui s’opposent résolument à l’impérialisme américain, sont « prétendument de gauche », qui donc est authentiquement de gauche ? Ceux qui ont usé de la souveraineté d’un autre pays pour opérer un marchandage politique avec l’impérialisme américain ? Si vous les tenez pour tels, nous dirons qu’ils sont, au contraire, vraiment prétendument de gauche, ou authentiquement de droite.

Si des dirigeants du Parti communiste des États-Unis attaquent le Parti communiste chinois sur la question des Caraïbes, le hasard n’y est pour rien. Ils montrent par là que la connaissance qu’ils ont de l’impérialisme américain et la position qu’ils adoptent à son égard sont toutes deux totalement fausses.

Des dirigeants du Parti communiste des États-Unis s’efforcent depuis bien longtemps, dans leurs rapports, propos et écrits, d’enjoliver l’impérialisme américain, son chef de file Kennedy et d’affirmer leur fidélité envers la classe dirigeante des États-Unis.

Ils ont fort apprécié l’idée de la « nouvelle frontière », avancée par Kennedy, qui étend la sphère d’influence des États-Unis aux six continents, déclarant qu’« il est bon de parler d’une nouvelle frontière, comme le fait Kennedy » [1].

Ils ont fait l’éloge du discours d’investiture de Kennedy dans lequel celui-ci appelait le peuple des États-Unis à faire des sacrifices pour promouvoir la cause de l’impérialisme américain, la disant « un accès possible à la voie de la paix » [2].

Ils ont exalté le Message sur l’état de l’Union donné par Kennedy en 1961 et dans lequel celui-ci vantait les mérites de la double tactique contre-révolutionnaire :

« L’aigle américain tient dans ses serres, à droite, le rameau d’olivier, et à gauche, un faisceau de flèches », affirmant que ce message avait été « bien accueilli par l’écrasante majorité du peuple américain » [3].

Ils estimaient que le « principal soutien de masse de l’Administration Kennedy » résidait dans « la classe ouvrière, les Noirs, les forces de paix » et espérèrent follement en un « changement de politique en direction de la paix et de la démocratie » par l’Administration Kennedy [4]

Du Message sur l’état de l’Union de 1962 par lequel Kennedy annonça son intention d’accélérer l’armement en vue de réaliser l’objectif américain d’hégémonie mondiale, ils conclurent que l’Administration Kennedy « peut être amenée à céder à la pression populaire » [5].

Ils ont décrit l’appui accordé par Kennedy au groupe Rockefeller au détriment du groupe Morgan, en 1962, lors, de la hausse du prix de l’acier, comme ayant « éveillé à nouveau la tradition antimonopoliste des Américains » et « rendu un grand service » [6].

Et en commentant le Message sur l’état de l’Union de 1963, où Kennedy a parlé de son intention de recourir au chantage nucléaire pour instaurer un « monde fondé sur l’ordre », sous direction américaine, ils en sont arrivés à propager l’affirmation de Kennedy sur ce que les États-Unis, « ne recherchent pas une victoire à l’échelle mondiale d’une nation ou d’un système mais une victoire de l’homme à l’échelle mondiale », et à voir dans ces propos absurdes et insidieux la « connaissance des réalités mondiales » de Kennedy, que « la plupart des gens ont été heureux d’entendre » et qui a suscité de l’« espoir » [7].

Ils ont dit qu’ils peuvent à « n’importe quel moment » prêter serment de ne pas recourir à la violence pour renverser le gouvernement des États-Unis ; et quelqu’un ayant demandé : « Si l’Union soviétique attaquait les États-Unis, qui soutiendriez-vous ? », la réponse fut : « Je défendrais mon pays si je pensais qu’il est attaqué » [8].

Les déclarations de ce genre de certains dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis, qui enjolivent l’impérialisme américain et l’assurent de leur fidélité, n’ont rien de commun avec les conclusions marxistes-léninistes des deux Déclarations de Moscou sur l’Impérialisme américain

Les Déclarations de Moscou donnent une analyse scientifique de l’impérialisme américain et font ressortir clairement qu’il est le plus grand exploiteur international, le centre de la réaction mondiale, le bastion principal du colonialisme actuel, le gendarme international, la principale force d’agression et de guerre, et l’ennemi des peuples du monde entier.

L’impérialisme américain intensifie l’expansion des armements et la préparation à -la guerre tout en parlant de « paix » et de « désarmement ». Il est prêt à déclencher des guerres de tous genres : une guerre nucléaire généralisée aussi bien que des guerres limitées, et déjà il mène une « guerre spéciale ».

Tout en se servant de la clique des révisionnistes yougoslaves comme d’un détachement à mission spéciale, il use indifféremment des armes et du dollar dans sa double tactique contre-révolutionnaire pour réprimer et saper les mouvements révolutionnaires nationaux et démocratiques et mettre son néo-colonialisme en application dans le monde, particulièrement en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Il pille avidement les richesses des autres pays, n’épargnant pas même ses alliés. Il a pris la place des fascistes allemands, italiens et japonais après la fin de la Seconde guerre mondiale et groupé autour de lui les forces les plus réactionnaires et les plus corrompues du monde entier. Il est le capitalisme le plus parasitaire, le plus décadent et le plus réactionnaire, et la principale source d’agression et de guerre de notre temps.

De plus en plus nombreux sont, de par le monde, ceux qui en arrivent à voir toujours plus distinctement par sa nature réactionnaire, sa politique d’agression et de guerre et la réalité du monde, que l’impérialisme américain est l’ennemi le plus féroce des nations et peuples opprimés, l’ennemi commun de tous les peuples et le principal ennemi de la paix mondiale.

Certains dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis diront peut-être qu’ils ne contestent pas les criminels actes d’agression et de guerre que l’impérialisme américain commet dans toutes les régions du monde.

Cependant, quand ils font allusion à ces activités criminelles, ils s’empressent d’ajouter qu’elles ne sont pas le fait du président des Etats-Unis, mais des « extrémistes de droite », ou, si elles le sont, que c’est sous la pression des « extrémistes de droite ». Ils présentent l’ex-président Eisenhower et l’actuel président Kennedy comme des gens « raisonnables », « réalistes » et « sensés ». Il leur arrive souvent de soutenir qu’il y a « deux centres du pouvoir à Washington, l’un à la Maison blanche, l’autre au Pentagone » et que « les généraux et amiraux du Pentagone, et la coalition de partenaires qu’ils comptent parmi les extrémistes de droite, les leaders républicains et à Wall Street » sont des forces « indépendantes de la Maison blanche ».

Si les dirigeants, du Parti communiste des Etats-Unis adhèrent toujours à la doctrine marxiste-léniniste sur l’Etat, s’ils admettent toujours qu’aux Etats-Unis la machine d’Etat est l’instrument de la domination de classe du capital monopoliste, nous voudrions, leur demander : pourrait-il y avoir un président américain « indépendant » du capital monopoliste, un Pentagone « indépendant » de la Maison blanche, et deux centres du pouvoir adverses à Washington ?

Voyez l’actuel président des Etats-Unis, Kennedy, par exemple. Il est lui-même un gros capitaliste. C’est lui qui a ordonné l’invasion armée de Cuba en 1961 et qui a ordonné le blocus militaire et provoqué à la guerre contre Cuba en 1962.

C’est lui qui a appliqué l’inhumaine « guerre spéciale » au Sud-Vietnam, qui a utilisé les « forces des Nations unies » pour réprimer le mouvement de libération nationale au Congo, et qui a organisé des « troupes spéciales » pour étouffer furieusement le mouvement révolutionnaire national et démocratique dans les pays d’Amérique latine. Et depuis qu’il est au pouvoir, il a, chaque année, accru considérablement les dépenses militaires des Etats-Unis.

Le budget des dépenses militaires présenté dernièrement par Kennedy pour 1963-1964 dépasse les 60 milliards, soit une augmentation de plus de 30 pour cent par rapport au budget des dépenses militaires présenté par Eisenhower pour 1959-1960 et qui s’élevait déjà à 45,9 milliards. Comme il est démontré par les faits, l’Administration Kennedy est bien plus aventureuse en matière de politique d’agression et de guerre.

Quand certains dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis s’acharnent de la sorte à présenter Kennedy comme quelqu’un de « sensé », ne se font-ils pas volontairement les défenseurs de l’impérialisme américain, pour l’aider à tromper les peuples du monde ?

L’empressement que certains dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis mettent à enjoliver l’impérialisme américain, à protester de leur fidélité envers la classe dirigeante des Etats-Unis nous rappelle le révisionnisme de Browder, qui a sévi un temps dans le Parti communiste des Etats-Unis.

Renégat de la classe ouvrière, Browder nie la thèse fondamentale de Lénine sur l’impérialisme, capitalisme parasitaire, décadent et moribond, et nie le caractère impérialiste du capitalisme américain, estimant qu’il « conserve certaines des caractéristiques du jeune capitalisme », qu’il continuera à jouer un rôle progressiste pendant longtemps encore et demeure une force qui sert la paix mondiale.

Pourquoi ces dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis ne réfléchissent-ils pas un moment en quoi ils se différencient, somme toute, dans la façon dont ils fardent l’impérialisme américain, du révisionnisme de Browder ?

Il est clair que le mouvement communiste international connaît à l’heure actuelle des divergences de principe sur l’appréciation à porter sur l’impérialisme américain, le grand ennemi des peuples du monde, et sur le comportement à son égard.

Nous avons toujours estimé qu’il faut, conformément au marxisme-léninisme et en considérant les choses sous leur vrai jour, démasquer sans cesse la nature réactionnaire de l’impérialisme américain, démasquer sans cesse la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain et de ses hommes au pouvoir, montrer clairement que l’impérialisme américain est l’ennemi principal des peuples du monde entier, faire continuellement de la propagande révolutionnaire au sein des masses populaires, armer celles-ci idéologiquement, élever leur fermeté et leur vigilance révolutionnaires et les mobiliser pour la lutte contre l’impérialisme américain.

Cependant, des gens qui se disent marxistes-léninistes, non contents de farder tant qu’ils peuvent l’impérialisme américain, veulent à tout prix empêcher les autres de le démasquer.

Ils calomnient même la propagande révolutionnaire contre l’impérialisme américain, la traitant d’« injures », d’« invectives », d’« arme verbale », d’« incantations magiques », de « poignard en carton », etc. Et ils ajoutent que « les seules injures à l’adresse de l’impérialisme, si justes soient-elles, ne l’affaibliront pas ».

Ne prendraient-ils pas ainsi tout le travail de propagande révolutionnaire accompli par les, communistes depuis la publication du Manifeste du Parti communiste, tous les écrits de Marx et d’Engels démasquant le capitalisme, tous les écrits de Lénine démasquant l’impérialisme, les deux Déclarations de Moscou élaborées en commun par les partis communistes des différents pays, etc., pour « poignard de carton » ?

Ces gens-là sont incapables de comprendre l’immense force matérielle que devient la théorie marxiste-léniniste dès qu’elle pénètre les masses populaires. Une fois armées par l’idéologie révolutionnaire et qu’elles ont l’audace de lutter, d’arracher la victoire, les masses populaires peuvent accomplir des exploits bouleversant ciel et terre.

Quel but poursuivent donc ces gens en s’opposant à la dénonciation de l’impérialisme et à toute propagande révolutionnaire ? Ce ne peut être que d’empêcher les masses populaires, de mener le combat révolutionnaire contre l’impérialisme. Il est évident que cette position est totalement à l’opposé du marxisme-léninisme.

De plus, nous estimons depuis toujours, que nous devons nous appuyer sur les masses populaires pour mener contre l’impérialisme et ses valets une lutte qui réponde du « tac au tac ».

C’est là l’expérience fondamentale acquise par le peuple chinois au cours de ses 120 années de lutte contre l’impérialisme et ses laquais. C’est aussi l’expérience commune que les nations et peuples opprimés du monde entier ont faite dans leurs luttes contre l’impérialisme et ses laquais.

L’impérialisme et la réaction mondiale recourent à tous les moyens et à toutes les méthodes à leur disposition pour combattre le peuple révolutionnaire. Il est donc indispensable que celui-ci étudie et maîtrise chaque moyen et méthode de combat qui permettra de frapper l’ennemi et de protéger et développer ses propres forces. Par exemple : opposer un front uni révolutionnaire des peuples contre l’impérialisme et ses laquais au front uni contre-révolutionnaire de ces derniers, opposer une double tactique révolutionnaire à la double tactique contre-révolutionnaire, faire face à la guerre d’agression par la guerre de légitime défense, répondre à la négociation par la négociation, opposer la propagande révolutionnaire à la propagande contre-révolutionnaire, etc. C’est ce que-nous entendons par riposter du « tac au tac ».

L’expérience prouve que c’est seulement en agissant ainsi que nous pouvons nous forger nous-même et accroître les forces du peuple, accumuler et enrichir l’expérience révolutionnaire et faire triompher la cause révolutionnaire. Et c’est seulement de cette façon que nous pouvons rabattre la morgue de l’impérialisme, arrêter l’agression impérialiste et sauvegarder la paix mondiale.

Mais il y en a qui déforment intentionnellement et attaquent notre point de vue sur la nécessité de mener une lutte « du tac au tac » contre l’impérialisme, prétendant que nous sommes contre la négociation avec les impérialistes.

Et dans sa déclaration, le Parti communiste des Etats-Unis a emboîté le pas à d’autres, et sans la moindre justification, a déformé et attaqué notre point de vue.

En fait, ces gens-là n’ignorent pas que le Parti communiste chinois s’est toujours prononcé pour la négociation entre pays socialistes et pays impérialistes, y compris les rencontres au sommet entre grandes puissances, pour régler pacifiquement les différends internationaux et amener la détente internationale. Ils savent également que le gouvernement chinois a fait de grands efforts et d’importantes contributions dans ce domaine.

Pourquoi s’obstinent-ils donc à déformer et à attaquer notre juste position ?

Dans le fond, c’est parce qu’il existe des divergences de principe entre eux et nous quant à la politique à adopter dans la lutte contre l’impérialisme et pour la sauvegarde de la paix mondiale. Nous avons foi dans la grande force des masses populaires.

Nous maintenons qu’il faut compter principalement sur la solidarité et la lutte des peuples de tous les pays, sur la lutte conjointe du camp socialiste, de la classe ouvrière internationale, du mouvement de libération nationale et de toutes les autres forces éprises de paix, pour combattre l’impérialisme et sauvegarder la paix mondiale.

Et au contraire, ces gens-là n’ont pas confiance dans les masses populaires ; ce n’est pas dans la solidarité et la lutte des masses populaires qu’ils mettent leurs espoirs mais essentiellement dans la « sagesse » et la « bonne volonté » des impérialistes, dans les entretiens entre les chefs de gouvernement de deux grandes puissances. Ils se complaisent dans leurs illusions au sujet des rencontres au sommet qu’ils vantent comme marquant une « nouvelle étape », « un tournant de l’histoire de l’humanité », « l’apparition d’un nouveau courant dans l’histoire universelle ».

A leur avis, le destin de l’humanité et la marche de l’histoire sont déterminés par deux grandes puissances, deux « grands hommes ». Pour eux, la déclaration selon laquelle tous les pays, grands ou petits, sont indépendants et égaux en droits n’est que paroles creuses, et la centaine de pays qu’il y a au monde devrait se plier aux ordres de ces deux grandes puissances.

Selon eux, dire que les masses sont les créateurs de l’histoire est une autre parole creuse, et tout ce qu’il y a sous le ciel peut être réglé lorsque ces deux « grands hommes s’installent autour d’une table. Ceci n’est-il pas du chauvinisme de grande nation et de la théorie de la loi du plus fort ?

Y a-t-il là le moindre rapport avec le marxisme-léninisme ? En réalité, cela n’a rien de neuf, cela a simplement été copié chez le renégat Browder. Celui-ci racontait, il y a longtemps, que l’« alliance » entre les deux plus grandes puissances mondiales « sera le grand bastion de la sécurité collective et du progrès de tous les peuples dans le monde d’après-guerre », et que « l’avenir du monde dépendait de l’amitié, de la compréhension et de la coopération » de ces deux plus grandes puissances du monde.

La déclaration du Parti communiste des Etats-Unis touche à Taïwan, Hong-Kong et Macao avec quelque arrière-pensée. Elle dit que les camarades chinois « ne suivent pas, et à juste titre, pour Taïwan, Hong-Kong et Macao la politique d’aventure qu’ils préconisent pour d’autres. Pourquoi cette attitude à double critère ? »

Nous savons d’où leur vient ce propos étrange. Et nous savons aussi le but poursuivi par celui qui l’a fabriqué.

Nous tenons à répondre ici à tous ceux qui ont posé la question.

Il ne s’est jamais agi pour nous d’user de « double critère ». Nous n’avons qu’un critère, qu’il s’agisse du problème de Taïwan, du problème de Hong-Kong et Macao, ou d’un problème international quelconque : le marxisme-léninisme, l’internationalisme prolétarien, l’intérêt du peuple chinois et de tous les peuples du monde, l’intérêt de la paix mondiale et de la cause révolutionnaire des peuples de tous les pays.

Dans la lutte sur le plan international, nous sommes et contre l’aventurisme et contre le capitulationnisme. On ne pourrait en aucune manière nous décerner ces deux épithètes.

Etant donné que certains ont mentionné Taïwan, Hong-Kong et Macao, nous nous voyons obligés de rappeler brièvement l’histoire de l’agression impérialiste contre la Chine.

Durant un peu plus d’un siècle, antérieurement à la victoire de la révolution chinoise, les puissances impérialistes et coloniales, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie tsariste, l’Allemagne, le Japon, l’Italie, l’Autriche, la Belgique, la Hollande, l’Espagne et le Portugal, ont attaqué frénétiquement la Chine, obligeant les anciens gouvernements chinois à signer nombre de traités inégaux : Traité de Nankin de 1842, Traité de Aigun de 1858, Traité de Tientsin de 1858, Traité de Pékin de 1860, Traité de Ili de 1881, Protocole de Lisbonne de 1887, Traité de Simonoseki de 1895, Convention de 1898 pour l’extension de Hong-Kong, Traité de 1901, etc.

C’est par ces traités inégaux qu’elles annexèrent des parties de son territoire, ou se taillèrent des concessions sur le littoral ou à l’intérieur, dans le nord, le sud, l’est et l’ouest, que certaines s’approprièrent Taïwan et les îles Penghou, que d’autres occupèrent. Hong-Kong et se firent concéder de force Kowloon, que d’autres encore placèrent Macao sous leur occupation perpétuelle, etc.

Après la fondation de la République populaire de Chine, notre gouvernement proclama que les traités hérités de l’histoire et signés par les gouvernements chinois avec des gouvernements étrangers seraient, suivant leur contenu, reconnus, dénoncés, révisés ou remplacés.

A ce sujet, notre politique envers les pays socialistes est foncièrement différente de celle à l’égard des pays impérialistes ; et dans cette dernière, selon les circonstances, nous opérons des distinctions entre les divers pays impérialistes. En fait, nombre d’entre eux sont arrivés à expiration, certains ont été dénoncés, d’autres remplacés.

Pour ce qui est des problèmes légués par l’histoire et restés en suspens, nous avons toujours estimé qu’ils doivent être réglés pacifiquement, par la négociation, une fois que les conditions sont mûres, et que le statu quo doit être maintenu avant le règlement ; il en est ainsi pour les problèmes de Hong-Kong, Kowloon, Macao par exemple, et pour tous les autres, tels ceux portant sur les frontières qui n’ont pas été formellement délimitées par les parties en cause.

Quant à Taïwan et aux îles Penghou, ils ont été restitués à la Chine en 1945, et le problème qui se pose est celui de leur occupation par l’impérialisme américain et de l’intervention de celui-ci dans les affaires intérieures de la Chine.

Le peuple chinois est résolu à affirmer sa souveraineté en libérant son territoire de Taïwan, tout en œuvrant, par les entretiens sino-américains au rang des ambassadeurs à Varsovie, pour régler le problème du retrait des forces armées américaines de Taïwan et de son détroit.

Cette position répond non seulement aux intérêts du peuple chinois, mais aussi à ceux des autres peuples du camp socialiste, à ceux de tous les peuples du monde.

Pourquoi notre juste politique est-elle devenue soudain, après la crise des Caraïbes, un sujet de discussion pour certaines gens et même un thème de leur campagne antichinoise ?

Ces héros sont apparemment très contents d’eux-mêmes, d’avoir trouvé dans le ruisseau un caillou fangeux avec lequel ils ont cru pouvoir toucher fort les Chinois. Mais qui, ce caillou fangeux a-t-il vraiment touché ?

Vous n’ignorez pas que les questions du genre de celles de Hong-Kong et de Macao nous viennent de l’histoire, qu’elles sont issues d’une série de traités inégaux imposés à la Chine par l’impérialisme. Demandons : Avez-vous l’intention, en soulevant des questions de ce genre, de poser tout le problème des traités inégaux et de parvenir à un règlement général ? Avez-vous jamais réfléchi à ce qu’en seraient les conséquences ? Pouvez-vous vraiment croire que cela vous serait profitable ?

En surface, vous semblez être d’accord avec la politique de la Chine à l’égard de Hong-Kong et Macao. Néanmoins, vous comparez cette politique à la libération de Goa par l’Inde. Quiconque voit clair comprend tout de suite que vous avez pour seule intention de montrer que les Chinois sont des couards.

A vrai dire, il n’y a nul besoin pour le peuple chinois d’administrer la preuve de son courage et de sa fermeté dans le combat contre l’impérialisme en manifestant sa force dans la question de Hong-Kong et Macao. Les impérialistes, et les impérialistes américains en particulier, ont eu l’occasion de mesurer notre courage et notre fermeté.

Les meilleurs fils et filles du peuple chinois ont combattu, trois années durant, côte à côte avec le peuple coréen et ont versé leur sang sur les champs de bataille de Corée pour repousser les agresseurs américains. Ne croyez-vous pas qu’il est « stupide » et « déplorable » de votre part de vous gausser de nous avec la question de Hong-Kong et Macao ?

Nous savons fort bien, et vous le savez aussi, ceci pour mettre les choses au point, que vous soulevez cette question tout bonnement pour qu’elle serve de paravent à vos honteux agissements dans la crise des Caraïbes.

Mais tout cela est peine perdue. Il y a un critère objectif pour la vérité, tout comme il y en a un pour l’erreur. Le vrai ne peut être donné pour faux, ni le faux pour vrai.

Tirer gloire de la honte n’ajoute pas au prestige. Comment la juste politique du peuple chinois dans la question de Hong-Kong et de Macao peut-elle être mise sur le même plan que votre politique erronée au sujet des Caraïbes ? Comment ce parallèle pourrait-il aider à vous blanchir ?

La défense résolue de notre souveraineté pour ce qui est du Taïwan concorde totalement avec notre ferme soutien au peuple cubain défendant sa souveraineté durant la crise des Caraïbes. Comment ceci peut-il être dépeint comme une « attitude à double critère » ?

Aux amis qui jouent les héros, nous disons : c’est vous qui avez vraiment une « attitude à double critère » et non pas nous. Des impérialistes américains, vous dites un jour qu’ils sont des pirates et le lendemain vous dites qu’ils se préoccupent de la paix.

Quant à Cuba la révolutionnaire, vous déclarez soutenir ses exigences en cinq points pour la défense de sa souveraineté et de son indépendance, mais d’autre part, vous essayez de lui imposer une « inspection internationale ».

Dans le différend frontalier sino-indien, vous parlez de « la Chine fraternelle » et de l’« Inde amie », mais d’autre part vous attaquez perfidement la Chine et aidez les réactionnaires indiens de différentes manières. Pour ce qui est de la question de Hong-Kong et de Macao, tout en vous donnant l’air de défendre la Chine, vous lui décochez traîtreusement votre flèche. Tous vos agissements ne relèvent-ils pas d’un « double critère » ? N’est-ce pas une manifestation de la double personnalité ?

Les communistes et le peuple chinois et les communistes et le peuple des Etats-Unis combattent sur un même front, contre l’impérialisme américain.

Nous tenons en haute estime le camarade William Z. Foster, fondateur du Parti communiste des Etats-Unis et éminent dirigeant du prolétariat américain. Nous n’avons pas oublié que les communistes américains, dont il fut le représentant, nous ont accordé une aide enthousiaste au cours des dures années de notre révolution et qu’ils ont jeté les fondements de l’amitié entre le Parti chinois et le Parti américain et entre les deux peuples.

Les communistes américains sont sauvagement persécutés par le gouvernement des Etats-Unis. Notre sympathie va au Parti communiste des Etats-Unis qui est dans une situation difficile.

Il y a un an, le Comité central du Parti communiste chinois a publié une déclaration dénonçant les brutales persécutions exercées par le gouvernement américain contre le Parti communiste des Etats-Unis. Le peuple chinois avait également lancé un mouvement de masse en signe de solidarité. Mais, pour des raisons qui nous échappent, les dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis ont estimé qu’il ne valait pas la peine d’informer les communistes et le peuple américains de la solidarité que leur témoignaient le Parti communiste et le peuple chinois.

Les dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis affirment avoir conscience des obligations internationales qui leur incombent du fait qu’ils sont au cœur de l’impérialisme le plus puissant et le plus arrogant au monde. Nous ne serions que trop heureux s’ils avaient vraiment une juste compréhension de leurs obligations.

Il y a, aux Etats-Unis, une classe ouvrière puissante, de grandes forces sociales démocratiques et progressistes, et dans les milieux scientifiques, artistiques, journalistiques, culturels et enseignants, nombre de gens honnêtes et progressistes.

Il y a, aux Etats-Unis, des luttes ouvrières de grande envergure, la lutte des Noirs qui ne cesse de se développer, le mouvement pour la paix, la démocratie et le progrès social. Il y existe les fondements sociaux d’un vaste front uni contre le capital monopoliste et contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain.

Au sein du Parti communiste des Etats-Unis comme en dehors, il y a bon nombre de communistes authentiques qui s’en tiennent fermement au marxisme-léninisme et s’opposent au révisionnisme et au dogmatisme.

Si les dirigeants du Parti communiste des Etats-Unis poursuivent et enrichissent la tradition révolutionnaire du camarade Foster, orientent leur activité vers les masses, s’appuient sur elles et mènent un rude travail révolutionnaire parmi elles, combattent l’action dissolvante de la bourgeoisie et l’intoxication réformiste dans le mouvement ouvrier, liquident l’influence révisionniste de Lovestone et de Browder dans leurs propres rangs, et s’ils développent la lutte révolutionnaire du peuple contre la classe dirigeant€ impérialiste du pays et, en coordination avec les peuples du monde entier, frappent l’impérialisme américain dans sa citadelle, alors, ils montreront qu’ils comprennent vraiment et remplissent leurs obligations internationales.

Le peuple chinois et tous les peuples du monde placent les plus grands espoirs dans la classe ouvrière et dans les marxistes-léninistes révolutionnaires des Etats-Unis.

La tâche impérieuse qui est posée, aujourd’hui, aux communistes de tous les pays est d’unir les peuples du monde entier, le peuple américain y compris, pour former le front uni le plus large contre l’impérialisme ayant les Etats-Unis pour chef de file.

Le grand mot d’ordre « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » exalte les peuples des pays socialistes et le prolétariat mondial ; il exalte les nations et peuples opprimés du monde entier et les appelle à s’unir pour combattre côte à côte dans la lutte commune contre l’impérialisme, les Etats-Unis en tête.

Nous, communistes du monde entier, nous devons nous unir. Nous devons nous unir sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien et sur la base des deux Déclarations de Moscou, nous devons diriger le fer de lance de notre lutte contre l’impérialisme, ayant les Etats-Unis à sa tête, et mener la grande cause des peuples du monde entier pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme à la victoire finale !

[1] Voir Rapport présenté par Gus Hall au Comité national du Parti communiste des États-Unis d’Amérique, Political Affairs, février 1961.

[2] Voir The Worker, 29 janvier 1961.

[3] Voir The Worker, 5 février 1961.

[4] Voir Déclaration politique de Gus Hall, The Worker, 16 juillet 1961…

[5] Voir Political Affairs, février 1962.

[6] Voir The Worker, 22 avril 1962.

[7] Voir The Worker, 20 janvier 1963.

[8] Voir The Worker, 24 février 1963

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