Karl Marx et l’élévation de la composition organique du capital

Dans Le capital, Karl Marx souligne un aspect essentiel du mode de production capitaliste. Plus le capitalisme développe sa production, plus le rapport entre capital et travail se modifie au sein de celle-ci.

Pour faire simple, la production a atteint un tel niveau technique qu’il faut des investissements massifs. Pour un peu de travail, il faut beaucoup de capital, et la différence augmente sans cesse.

C’est pour cela que les salaires augmentent. Ils n’augmentent pas simplement dans le cadre d’un rapport entre les salariés et leur employeur ; ils augmentent surtout comme élévation du niveau de vie, car les marchandises voient leurs prix relativement baisser.

Les marchandises voient leur prix baisser en raison de l’augmentation du potentiel des forces productives. Karl Marx nous dit ici :

« Mais par quelle voie s’obtient ce résultat ?

Par une série de changements dans le mode de produire qui mettent une somme donnée de force ouvrière à même de mouvoir une masse toujours ,croissante de moyens de production.

Dans cet accroissement, par rapport à la force ouvrière employée, les moyens de production jouent un double rôle.

Les uns, tels que machines, édifices, fourneaux, appareils de drainage, engrais minéraux, etc., sont augmentés en nombre, étendue, masse et efficacité, pour rendre le travail plus productif, tandis que les autres, matières premières et auxiliaires, s’augmentent parce que le travail devenu plus productif en consomme davantage dans un temps donné.

A la naissance de la grande industrie, l’on découvrit en Angleterre une méthode pour convertir en fer forgeable le fer fondu avec du coke.

Ce procédé, qu’on appelle puddlage et qui consiste à affiner la fonte dans des fourneaux d’une construction spéciale, donna lieu à un agrandissement immense des hauts fourneaux, à l’emploi d’appareils à soufflets chauds, etc., enfin, à une telle augmentation de l’outillage et des matériaux mis en œuvre par ,une même quantité de travail, que le fer fut bientôt livré assez abondamment et à assez bon marché pour pouvoir chasser la pierre et le bois d’une foule d’emplois.

Comme le fer et le charbon sont les grands leviers de l’industrie moderne, on ne saurait exagérer l’importance de cette innovation. »

Karl Marx érige ce phénomène en loi. Plus les forces productives se déploient, plus la partie constante est une accumulation énorme de moyens à travers l’Histoire, alors que la partie variable – l’emploi de salariés – se réduit toujours plus en comparaison.

Le capitalisme se débarrasse de tout ce qui est artisanal pour passer à l’industrie et même à une industrie toujours plus développée.

Voici comment Karl Marx présente la chose dans Le capital.

« Dans le progrès de l’accumulation il n’y a donc pas seulement accroissement quantitatif et simultané des divers éléments réels du capital : le développement des puissances productives du travail social que ce progrès amène se manifeste encore par des changements qualitatifs, par des changements graduels dans la composition technique du capital, dont le facteur objectif gagne progressivement en grandeur proportionnelle par rapport au facteur subjectif, c’est-à-dire que la masse de l’outillage et des matériaux augmente de plus en plus en comparaison de la somme de force ouvrière nécessaire pour les mettre en œuvre.

A mesure donc que l’accroissement du capital rend le travail plus productif, il en diminue la demande proportionnellement à sa propre grandeur.

Ces changements dans la composition technique du capital se réfléchissent dans sa composition-valeur, dans l’accroissement progressif de sa partie constante aux dépens de sa partie variable, de manière que si, par exemple, à une époque arriérée de l’accumulation, il se convertit 50 % de la valeur-capital en moyens de production, et 50 % en travail, à une époque plus avancée il se dépensera 80 % de la valeur-capital en moyens de production et 20 %t seulement en travail. »

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