La 13e estampe est une oeuvre très réussie d’un réalisme en perspective. Avec La plage de Shichiri dans la province de Sagami, on a en effet une présentation concrète d’un lieu concret, avec l’esprit du lieu de retransmis par la disposition générale.
On peut voir en effet que le deux principaux « poids » de l’image sont reliés à deux autres petits « poids » donnant une dynamique de droite à gauche, alors que le mouvement est posé délicatement par les nuages (a) et la mer (b). C’est simple, mais subtil, et inversement.
Umezawa dans la province de Sagami est très intéressante également dans la mesure où ce sont des oiseaux qui sont les protagonistes de l’estampe, tout en étant, bien évidemment, en adéquation, ou plus exactement en conjonction avec les lieux.
Cette quatorzième estampe des Trente-six vues du mont Fuji élabore pour ce faire une série très prononcée de dynamiques et de contre-dynamiques, avec des mouvements d’élévation et d’abaissement. C’est puissamment inspirant au niveau artistique.
Le pêcheur de Kajikazawa est une oeuvre majeure de Katsushika Hokusai. La version uniquement en bleu est très réputée, mais n’a pas la fine subtilité, les merveilleux accords de cette estampe. Le geste du pêcheur au-dessus du fleuve Fuji est typique, le fleuve est tumultueux comme il l’est effectivement, l’ensemble forme une harmonie générale (malgré que, de fait, le pêcheur par son activité trouble l’océan et les poissons).
C’est le jeu des couleurs qui est ici admirable et qui, encore une fois, est une source d’inspiration. Cependant, au-delà des combinaisons puissantes des couleurs, maniées de manière excellente avec un jeu de gradation, on peut s’apercevoir qu’il y a tout un échafaudage pour maintenir une tension parfaite. La ligne à droite en haut, d’où part l’œil (au Japon), connaît deux contre-tendances, faisant qu’on passe du mont Fuji à un pêcheur penché dont le propre corps rappelle l’élévation et l’abaissement du mont.
La seizième estampe, intitulée La passe de Mishima dans la province de Kai, est également une réussite. La conjonction entre les personnages et leur environnement est ici encore très marquant.
C’est encore le jeu des couleurs qui fait ici office de force de frappe esthétique. Néanmoins, on a également le mont Fuji jouant un rôle majeur à l’arrière-plan de l’arbre, comme pour assurer une mise en perspective adéquate. On remarquera que l’arbre n’est pas au centre, afin de s’abstenir de tout formalisme. C’est formidable de voir comment l’oeuvre est entièrement pleine, alors qu’une large partie de l’estampe consiste « simplement » en de la couleur.
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