Face aux avancées du social-impérialisme soviétique, la Chine populaire chercha à profiter des interstices pour intervenir. Deux ouvrages de Mao Zedong avaient été dans ce cadre réédités et mis en valeur : Sur la politique et Sur les négociations de Chungking. Datant de la période de la seconde guerre mondiale, ils présentent notamment les questions tactiques lors des négociations.
De 1970 à 1976, la Chine populaire a prêté, et ce sans intérêts, bien plus aux pays africains que l’URSS (1,8 milliard à 28 pays contre 1 milliard à 20 pays). Les ambassadeurs revenaient dans ces pays après la rééducation lors de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (Guinée, Congo, Tanzanie et Mauritanie en 1969, Mali et Somalie en 1970, Maroc et Algérie en 1971, Ghana, Ouganda, Burundi, Tunisie et Zambie en 1972, Zaïre et Bénin en 1973, Kenya en 1974, la République centrafricaine en 1976).
Il faut noter également le prêt sans intérêt de 400 millions de dollars et l’envoi de 50 000 ouvriers pour la construction du chemin de fer Tanzanie-Zambie, entre 1970 et 1973.
Il y avait également de nouvelles reconnaissances diplomatiques (Guinée Équatoriale et Éthiopie en 1970, Nigeria, Cameroun, Sierra Leone, Rwanda et Sénégal en 1971, Île Maurice, Togo, Madagascar et Tchad en 1972, Burkina Faso en 1973, Guinée-Bissau, Gabon, Niger et Gambie en 1974, Botswana, Mozambique, Sao Tomé et Principe et les Comores en 1975, le Cap vert et les Seychelles en 1976).
Pareillement, entre 1970 et 1972, elle ouvre des relations diplomatiques avec 38 pays capitalistes. Cette tendance impliquait toutefois des rapports avec des pays ouvertement réactionnaires, tel l’Iran ; il fallait également avoir des rapports diplomatiques avec des anticommunistes, comme l’empereur éthiopien Haile Selassie qui vint à Pékin en octobre 1971, ou bien le dictateur du Zaïre, Mobutu Sese Seko.
Cette dimension purement diplomatique fut très incomprise de la part des forces pro-chinoises dans le monde. Ce qui ajoutait également à la confusion était que la Chine populaire dut constater que ce qui était arrivé avec le Vietnam se répétait. Sur aucun tableau il n’y avait de bons résultats, à part de la part des avant-gardes communistes anti-révisionnistes.
La Chine populaire se retrouvait alors dans des situations inconfortables, dont l’exemple le plus connu est l’Angola. Dans ce pays sous domination portugaise, la Chine populaire avait de très bons rapports avec les mouvements de libération.
Cependant, le MPLA devenait toujours plus pro-soviétique. La Chine populaire soutint alors tant le MPLA que le FNLA et l’UNITA, puis brièvement uniquement ces deux mouvements, surtout l’UNITA, alors que le MPLA était passé dans l’orbite soviétique et épaulé militairement par Cuba, pour finalement abandonner la partie alors que les États-Unis et l’Afrique du sud avaient pris le contrôle respectivement du FNLA et de l’UNITA. Ce fut un fiasco complet donnant une image incompréhensible de la politique chinoise.
Au Mozambique, la Chine populaire avait massivement soutenu le FRELIMO, qui devint pareillement pro-soviétique à sa victoire ; la Chine populaire soutint alors brièvement le RENAMO mais celui-ci passa entièrement sous la coupe de l’Afrique du Sud. La même catastrophe se produisit avec la SWAPO de Namibie, passée sous la coupe du MPLA angolais et de l’URSS, avec l’ANC en Afrique du Sud, amenant un retournement en faveur du Congrès panafricain d’Azanie qui ne s’impose pas, ou encore la ZANU du Zimbabwe avec Robert Mugabe, passé sous la coupe des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
À partir de mai 1965, la Chine populaire avait également célébré la journée de la solidarité avec la Palestine, alors qu’elle avait été le premier pays non-arabe à reconnaître l’OLP né en 1964, dont le premier président Ahmed Choukairy vint dès mars 1965 à Pékin. La Chine populaire fournit d’ailleurs beaucoup de matériel à l’OLP. Cette dernière passa cependant sous la coupe soviétique et au début des années 1970 la question palestinienne n’est plus considérée comme une dynamique révolutionnaire porteuse. Il en alla de même pour l’évaluation du Front populaire de libération d’Oman et du Golfe arabe.
Il se posait également la question du rapport aux États-Unis, qui faisaient face au challenger qu’était le social-impérialisme soviétique. Il fallait la tactique adéquate pour empêcher l’encerclement de la Chine populaire par les deux superpuissances, ainsi qu’empêcher le social-impérialisme soviétique de s’imaginer tout permis face à la Chine populaire.
C’est dans ce contexte que le 2 septembre 1965, jour de la capitulation du Japon, Lin Piao avait publié « Vive la victoire de la guerre populaire », où les pays impérialistes étaient présentés comme des villes encerclées par les campagnes représentant l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie en révolte armée. C’était cependant schématique et Lin Piao fut mis de côté pour son ultra-gauchisme. C’est Mao Zedong qui allait élaborer la conception nécessaire.
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contre l’hégémonie des superpuissances