La Chine populaire et la ligne internationale du front uni (yitiaoxian)

Le positionnement de la Chine populaire d’un rejet simultané de l’impérialisme américain et du révisionnisme soviétique ne dura pas ; le principe d’un aspect principal dans la contradiction exigeait une mise en perspective.

L’invasion de la Tchécoslovaquie en août 1968 fut alors le point culminant de la crise, alors que le même mois l’URSS viola 29 fois l’espace aérien chinois, soit 119 fois en l’espace d’une année. L’URSS était désormais définie comme un social-impérialisme, un capitalisme monopoliste ayant le contrôle de l’État et visant à étendre ses zones d’influence.

Mao Zedong résuma cela de la manière suivante :

« En URSS aujourd’hui, c’est la dictature de la bourgeoisie, la dictature de la grande bourgeoisie, c’est une dictature de type fasciste allemand, une dictature hitlérienne. »

Zhou Enlai employa le terme de « social-impérialisme » à l’ambassade de Roumanie, le 23 août 1968. Deux jours auparavant, le dirigeant roumain Nicolae Ceaușescu avait prononcé un discours spontané à Bucarest, devant une immense foule, pour condamner vigoureusement l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie.

Zhou Enlai appela à mots voilés à une guerre de guérilla contre l’occupant soviétique, parlant toutefois ouvertement de « la politique fasciste, du chauvinisme de grande puissance, de l’égoïsme national et du social-impérialisme » de l’URSS.

« L’Union soviétique a dégénéré en le social-impérialisme, et le social-fascisme qu’une grande nation doit avoir pour volontairement piétiner une petite nation sert de profondes leçons pour ceux ayant encore des illusions sur l’impérialisme US et le révisionnisme soviétique. »

Le 2 mars 1969, un violent accrochage chinois eut ensuite lieu avec un groupe de garde-frontières soviétiques sur l’île Zhenbao du fleuve Oussouri, occupée par l’URSS et dénommée Dammaski. Cela dégénéra en conflit armé local de plusieurs centaines d’hommes.

Nicolae Ceaușescu mit alors en échec, lors d’une réunion du pacte de Varsovie organisée en catastrophe par l’URSS, le 17 mars 1969 à Budapest, une dénonciation commune de la Chine populaire pour les affrontements sur l’île.

Si on ne nous attaque pas nous n’attaquons pas, si nous sommes attaqués alors bien entendu nous attaquerons en réponse

En mai 1969, l’URSS se rapprocha alors encore davantage de l’Inde pour mettre en place une alliance anti-chinoise, mais échoua dans sa tentative de faire en sorte que la Corée du Nord rompe avec la Chine populaire.

Un nouvel affrontement soviéto-chinois du même type eut alors lieu en août 1969 à la frontière dans le Xinjiang, une région où l’URSS, dans les années 1960, cherchait à provoquer des troubles dans la minorité chinoise des Ouïghours.

La tension devint extrême entre les deux pays, l’URSS envisageant toujours davantage l’usage de la force nucléaire. Andreï Gretchko était un fervent partisan de l’utilisation immédiate et massive de l’arme nucléaire ; responsable du pacte de Varsovie à partir de 1960, il devint ministre de la Défense de l’URSS en 1967 et organisa l’invasion de la Tchécoslovaquie.

Cette ligne offensive ne s’imposa toutefois pas, la direction soviétique craignant que cela ne suffise pas face à un pays immense et peuplé comme la Chine et que cela aboutisse à une guerre généralisée prolongée.

L’île Zhenbao ne seras pas approprié !

Le décès de Ho Chi Minh le 3 septembre 1969 amena le Vietnam à pousser pour un cessez-le-feu soviéto-chinois, qui fut finalement déclaré le 11 septembre 1969, à la suite d’un accord entre Zhou Enlai et le premier ministre soviétique Alexei Kosyguine à l’aéroport de Pékin.

Cependant, à partir de 1968 l’URSS était considérée comme social-impérialiste et la dénonciation des « nouveaux tsars » devint systématique. De par sa position de challenger par rapport à la superpuissance américaine, la superpuissance soviétique devenait même la menace numéro un pesant sur la paix mondiale.

L’exemple vietnamien devait le montrer de la manière la plus claire.

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contre l’hégémonie des superpuissances