Ainsi, la circulation du capital passe par l’argent ; cet argent est jeté dans la circulation par le capital et par la consommation personnelle des capitalistes, mais également par la production directe d’or par certains capitalistes.
Dans tous les cas, amasser de l’or n’a pas de sens et ne relève pas du capital ; l’argent est un outil pour le capital.
Et, comme le dit Marx :
« La partie du produit annuel qui représente la plus-value sous forme de marchandise obéit tout à fait aux mêmes règles que l’autre partie du produit annuel.
Sa circulation exige une certaine une somme d’argent.
Cette somme appartient à la classe capitaliste au même titre que la masse de marchandises produite chaque année et représentant la plus-value. Personne d’autre que la classe capitaliste ne la jette, à l’origine, dans la circulation.
Grâce à la circulation elle-même, la répartition de cette masse se renouvelle sans trêve entre les capitalistes. »
Mais d’où vient la force grandissante du capitalisme ?
Est-ce seulement de la lente accumulation ? Justement, ce qu’il faut voir, c’est qu’à chaque étape de la circulation, le capital a davantage de moyens techniques, il sait mieux comment utiliser les forces de la nature.
Le capitalisme a donc tout intérêt à soutenir le progrès technique, les améliorations scientifiques.
Il faut noter toutefois un point important, expliqué comme suit par Marx :
« L’augmentation des forces productives du travail, si elle n’a pas pour condition une dépense supplémentaire de valeur-capital, n’accroît sans doute en première instance que la masse du produit, mais elle n’accroît pas sa valeur ; excepté dans la mesure où elle permet de reproduire une plus grande quantité de capital constant [c’est-à-dire du matériel productif : principalement les machines et matières premières] avec le même travail [c’est-à-dire que pour chaque force naturelle utilisée en plus, on a du travail en plus allant avec, pour le même nombre de travailleurs], donc de conserver sa valeur.
Mais en même temps, elle crée une nouvelle matière-capital, donc la base d’une accumulation accrue du capital. »
Lorsque le capitalisme augmente les forces productives, il peut avoir davantage de marchandises moins chères qu’auparavant ; en ce sens le capitaliste n’y gagne rien directement, à part par rapport à la concurrence.
Mais ce faisant, il inonde de davantage de marchandises, et celles-ci peuvent être intégrés dans d’autres processus productifs, qui tous servent les capitalistes.
Karl Marx note ainsi :
« Les cycles des capitaux individuels s’entrelacent, se supposent et se conditionnent les uns les autres et c’est précisément cet enchevêtrement qui constitue le mouvement de l’ensemble du capital social. »
Et il constate que :
« Ce sont précisément ces opérations d’achat et de vente qui font de façon générale circuler entre eux [les différents membres de la classe capitaliste] le seul argent nécessaire pour monnayer la plus-value. »
Ce qui l’amène à dire que :
« La foule regarde avec étonnement les masses accumulées, surtout quand elles sont concentrées entre les mains d’une poignée de gens…
Mais les masses produites annuellement, semblables aux flots éternels et innombrables d’un fleuve puissant, déferlent et se perdent dans l’océan oublié de la consommation.
Et cette consommation éternelle n’en commande pas moins toutes les jouissances, et même l’existence de tout le genre humain.
C’est à la quantité et à la répartition de ce produit annuel qu’il faudrait avant tout appliquer la réflexion. »
C’est ici que l’argent se montre bien comme simple outil pour arracher au travailleur individuel la plus-value ; l’argent nécessaire au travailleur individuel pour vivre est le moyen de le pressuriser, et cela à court terme, obligeant le travailleur à s’intégrer au processus de production capitaliste.
Sans salariat, pas de capital, tel est le sens de la circulation monétaire.