Les religions sont une thérapie, elles ne visent pas à guérir, simplement à maintenir une stabilité mentale.
D’où des répétitions pour forcer les esprits, des pressions à différents niveaux, des surveillances par le clergé et surtout la population elle-même. Rites des naissances et des morts, dates anniversaires des événements symboliquement marquants, prières du jour, prières pour les repas, célébrations communes… toute la vie quotidienne est marquée ou encadrée par les moments religieux.
Bien entendu, il faut ici tenir compte du développement inégal des religions et de leur situation à tel ou tel moment historique, en fonction du mode de production dominant.
Mais de manière générale, les religions ont été une trajectoire culturelle conceptuellement semblable entre elles, accompagnant la sortie relative de l’Humanité de la Nature, sous des formes variées et avec des répertoires jamais unifiés ni même cohérent, de par l’erreur fondamentale sur le plan du postulat.
C’est même la raison pour laquelle il peut être justement parler de « religion » de manière notionnelle sur le fond, nonobstant les variétés historiques formelles que les religions ont pu prendre sur le plan conceptuel, habillant, ou pour mieux dire masquant, idéologiquement les rapports sociaux à un moment ou un autre du développement historique des sociétés.
On peut de ce fait constater une unité d’approche des religions, sous la forme des rites et des prières, véhiculant une norme exigée à l’échelle de la communauté toute entière, car sans communauté, il n’existe pas de religion, et rien que cela montre bien la nature de la religion, qui n’a rien de personnel, mais correspond à une humanité déconnectée de la Nature et anxieuse, angoissée, mais cherchant à dominer ces émotions.
On peut tenter d’identifier les principaux rites des principales confessions religieuses dans notre pays actuellement en retenant comme critères caractéristiques la question des écrits fondamentaux de la tradition reconnue comme base de la « vérité » religieuse, la question de la prière, de l’adoration et des invocations diverses, des fêtes collectives, de la naissance, de la mort et des gestes thérapeutiques acceptés ou refusés.
Religions | Écrit/ tradition | Prière et culte | Fêtes | Naissance | Mort | Thérapies |
Catholicisme romain | Bible (Ancien Testament – Nouveau Testament) | Messe et eucharistie, Sacrements dispensés par les clercs | Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption, Toussaint | Baptême (possible pour les enfants) | Onction et confession ultime | Communion et prière |
Catholicisme orthodoxe | La Bible : Ancien Testament et Nouveau Testament. Écrits des Pères de l’Église. | Prières quotidiennes du matin et du soir Vêpres ou vigiles le samedi soir et les veilles de fête Liturgie eucharistique du dimanche. | Noël, Théophanie (baptême du Christ), Annonciation et Rameaux, Célébration de la Semaine Sainte, Pâques, Ascension, Pentecôte, Transfiguration, Nativité et Dormition de la Vierge. | Au 40e jour de vie, l’enfant doit être présenté à l’Église | Prière | Communion, prière et jeûne |
Église apostolique arménienne | Bible (Ancien Testament – Nouveau Testament) | Messe, eucharistie, jeûne du Carême (sans viande ni laitage) et confession | Noël (fêté le 6 janvier), Pâques, Ascension, Pentecôte, Dormition de Marie (le 15 août), Toussaint. | Baptême (possible pour les enfants) | Prière | Communion, prière et jeûne |
Églises réformées | Bible (Ancien Testament – Nouveau Testament) | Lecture de la Bible Prière Culte dominical Participation à la Sainte cène. | Noël, Rameaux, Vendredi-Saint, Pâques, Ascension, Pentecôte, fête de la Réformation. | Baptême unique dans l’enfance ou l’âge adulte. | Croiser les doigts du défunt, une croix nue et une Bible ouverte sur le corps | Sainte-Cène (communion) et onction |
Églises évangéliques | Ancien et Nouveau Testament. Ouvrages d’édification spirituelle propre à chaque Église | Pour certaines observations du Shabbat (du coucher du soleil vendredi au coucher du soleil samedi). Sainte-Cène | Noël, Pâques, endredi-Saint, Pâques, Ascension, Pentecôte | Présentation de l’enfant à l’Église. Baptême des adultes par immersion (après catéchèse) re-baptême admis par certaines Églises | Veillée mortuaire | Abstention des aliments «malsains» mentionnés comme tels dans la Bible (Lév. 11) : (porc, lapin, fruits de mer, crustacés). Abstention d’alcool, du tabac et des drogues et narcotiques, sauf à usage thérapeutique. |
Témoin de Jéhovah | La Bible, traduction de préférence : «Les Saintes Écritures, traduction du monde nouveau». | – étude et méditation personnelle de la Bible – prière | Pas de fêtes, à part la Commémoration de la mort de Jésus-Christ (14 Nisan). | Baptême En aucun cas, baptême de nouveau-né. | Veillée | Pas d’aliment contenant du sang ou des dérivés de sang (plasma). Tabacs et drogues proscrits (sauf à usage thérapeutique). Jamais de transfusion de sang ou de ses composants. |
Islam | Coran, la Sunna, recueils des traditions du prophète Mahomet | Les Cinq piliers : ‒ L’attestation de foi (ou le Jihad pour certains groupes) ‒ Les cinq prières quotidiennes, faite en direction de la Mecque, normalement précédées par des ablutions ‒ L’aumône légale qui est une obligation ‒ Le jeûne du Ramadan au 9e mois lunaire de l’année musulmane ‒ Le pèlerinage à la Mecque, si possible, une fois dans la vie du croyant | Aid Al Fitr qui clôture le mois du Ramadan et Aid-Al-Adha : la fête du sacrifice d’Abraham, marquant la fin du temps de pèlerinage à la Mecque soit au 10e jour du douzième mois lunaire | Circoncision | Confession de foi en arabe | Pas de viande de porc, ni autre viande contenant encore du sang. Les autres viandes sont égorgées rituellement Le poisson est permis Pas d’alcool. Stupéfiants autorisés à usage thérapeutique. Jeûne du mois du Ramadan. la maladie n’est pas considérée comme une punition, mais comme une mise à l’épreuve de la foi. Les sources islamiques incitent le malade à se soigner et encouragent les médecins à la recherche d’un remède qui pourrait vaincre la maladie en question. Dans la conception islamique, c’est Dieu qui permet la guérison. |
Judaïsme | Torah, écrits des prophètes, talmud | Lecture hebdomadaire de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible juive); les hommes se couvrent la tête pour prier et pour lire. Observation de la Loi, p. ex. Shabbat (commence vendredi soir au coucher du soleil, finit le samedi soir à la tombée de la nuit). | Pessah : la Pâque (sortie d’Egypte). Chavouot : don de la Loi au Sinaï. Souccot : Peuple dans le désert. Simhat-Torah : Joie de la Torah. Roch Hachana : Nouvel-An. Yom Kippour : Jour du Pardon. Pourim : Fête d’Esther. Ticha Be-Av : Destruction des Temples. Hanoucca : Fête des Lumières | Circoncision rituelle des garçons le 8e jour | Fermer la bouche et les yeux du défunt ‒ Enlever les souillures ‒ enlever l’alliance ou tout autre bijoux ‒ Le corps doit être enveloppé d’un drap propre ‒ Couvrir le visage | Pas de porc. Viande cacher : ruminants à sabots fendus et volaille de basse-cour, abattus et préparés rituellement; Poissons : avec nageoires et écailles. Pas de mélange lacté / carné. Lavage séparé des plats et ustensiles lactés/carnés. Jeûne absolu à Yom Kippour (sauf contre-indication médicale). Aliments sans levain pendant la semaine de Pessah (dure 7 à 8 jours). |
Hindouisme | Védas, Ramayana, Pouranas, Smritis, Mahabarata contenant la Bhagavad-Gita, Védanta, Tirukkural, Tirumandiram | Culte personnel, prière, répétition des syllabes sacrées, méditation, culte du gourou ou d’une dévata (anthropomorphisation d’un aspect divin) avec fleurs, encens, nourriture etc. | Makara Sankranti : Solstice d’hiver Mahashivaratri: Nuit de Shiva Holi : Festival de printemps Nava-Varsha : Nouvel-An du printemps Rama navami : Naissance de Rama Janmashtami : Naissance de Krishna Ganesha-Chaturthi : fête de Ganesha Durga Puja/Dussera : Victoire de Rama/Fête de Durga Divali : Fête de lumière | Avant de sectionner le cordon ombilical, une pièce d’or ou d’argent est mise à proximité du nombril du bébé. Prière: «Que Dieu accorde à ce bébé la longévité, la bonne santé, la force corporelle et la vigueur mentale». «Baptême» (= don du nom) : avant que le bébé ait 10 jours, un proche de la famille étend du riz non décortiqué sur le sol et y écrit le prénom de l’enfant. Dans les familles traditionalistes, le don du nom à un enfant est précédé d’une oblation de beurre clarifié avec récitation de mantras dans le feu sacré. | Après le décès, le corps est généralement incinéré. Enterrement des jeunes enfants | Régime végétarien recommandé pour les brahmanes, sauf pour ceux originaires du Nord-est de l’Inde. La viande bovine est interdite pour tous les Hindous. Généralement, les végétariens consomment du lait et des produits laitiers. Amulettes et formules sacrées pour éloigner le mal, notamment en cas de maladie de longue durée.La prière pour soulager un patient a un effet positif. Les Hindous admettent l’influence de la pleine lune et de la nouvelle lune sur des personnes très faibles. |
Bouddhisme | Soutras : discours du Bouddha contenus dans les Écritures qui existent en pâli, sanscrit, chinois et tibétain… | Les pratiques quotidiennes sont variables selon les capacités du/de la pratiquant(e). Il y a donc de nombreux niveaux de pratique allant de la simple prière à des formes de méditation très avancées. Le «bon bouddhiste» prend refuge dans les Trois Joyaux au moins une fois par jour en récitant ou non une prière. | Vesak : jour de la naissance, de l’illumination et de la mort de Bouddha Sakyamouni (en général elle tombe à la pleine lune qui suit Pentecôte). | Bénédiction | Veillée. Après le décès, le corps est en général laissé en repos pendant deux ou trois jours après la mort clinique. | Régime végétarien recommandé, mais non obligatoire. Prescription spécifique : les moines ne mangent plus après 12h00. Prière et méditation |
Baha’isme | Écrits du Bàb, Bahà’u’llah et d’Abdu’l-Bahà. | Prières journalières individuelles. Commémoration des neufs jours saints bahà’is et suspension du travail pendant ces jours. Réunions de prières et de consultation tous les 19 jours, dites «Fêtes des dix-neuf jours» dans chaque localité. | Premier, neuvième et douzième jours de Ridvan (déclaration de Bahà’u’llàh), nouvel an bahà’i le 21 mars | Bénédiction | Prière spéciale à réciter avant l’inhumation. Crémation non autorisée. L’enterrement doit avoir lieu à moins d’une heure de distance avec les limites de la localité où le décès a eu lieu | Période de jeûne: du lever au coucher du soleil, durant 19 jours, précédant le nouvel an. Prière et méditation |
Chamanisme actuel | Tout vient de Dieu et retourne à Dieu. Selon le temps et l’espace chaque objet peut être consacré à la Divinité. Pas de texte écrit. A la transmission des savoirs qui se fait oralement, s’ajoute l’expérience (de groupe ou individuelle) avec la nature | La religion est globalement imbriquée dans le quotidien ; elle est relation et interaction constante entre le monde visible et invisible. Le domaine du sacré, fait partie intégrante de la vie de chacun. Face à un problème précis, on doit consulter des initiés ou des personnes âgées. Ces dernières, jouent un rôle spécial dans la mesure où, elles sont déjà plus ou moins préparées pour entrer dans le Panthéon de la famille comme ancêtre. | Fêtes variables | Toutes les étapes de la vie, de la naissance à la mort, sont ponctuées par des rites et des initiations dont le contenu varie selon le peuple | Le rituel sert à dénouer les liens du monde visible pour permettre au mort de rejoindre le monde de l’invisible. Plus le «rang social» est haut plus le rituel sera important. | Importance des liens propres à chaque cosmogonies reliant l’Humain à la Nature. La souffrance, la maladie, voire la mort, sont considérés comme des rappels à l’ordre pour un meilleur dialogue entre le monde du visible et celui de l’invisible. Il faut un minimum d’ordre, dans le monde intérieur (conscience entre autre) et dans le monde extérieur pour que l’on puisse bénéficier de la Force Vitale, car celui qui ne bénéficie pas de cette Force peut être nuisible (pour les autres et/ou pour lui) ou victime des autres. Or, la religion animiste donne un sens à tout phénomène. C’est ainsi que la maladie ou la souffrance peuvent résulter d’une dette symbolique dont certaines viennent d’un Ancêtre Ceci explique la recherche continuelle de l’équilibre entre les deux mondes |
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