La ligne du Parti Communiste Français en 1931-1932

Les élections cantonales d’octobre 1931, bientôt suivies des élections législatives de mai 1932, furent prétextes à la publication d’un programme communiste. C’est un aspect essentiel de la vie du Parti, car si celui-ci avait toujours mené campagne contre la guerre, les tensions internationales rendent celle-ci bien plus actuelle à court terme.

Cela correspond à ce qui se passe dans l’Internationale Communiste où la thématique de la crise générale du capitalisme a été remplacé par l’annonce d’une prochaine guerre impérialiste. La crise de 1929 a refermé le couvercle et précipité les États-Unis dans la crise générale avec les autres pays, en conséquence la confrontation s’annonce.

La situation mondiale était présentée comme suit dans le programme électoral du Parti Communiste Français en 1931 :

« Les grands pays impérialistes avec leur cortège de puissances vassales et leurs colonies esclaves sont en proie au désordre, au chaos, à la crise la plus formidable qui ait jamais existé.

Ils sont, au bord de la faillite. La catastrophe de l’Allemagne capitaliste n’est que l’image du proche avenir qui attend tous les pays capitalistes.

Les capitalistes qui les gouvernent avec les politiciens de toutes nuances à leurs gages, essayent d’en sortir en réduisant au chômage et à la famine des dizaines de millions de prolétaires, en pressurant les peuples vaincus et les pays assujettis, en déclenchant des attaques frénétiques contre les salaires déjà, si misérables des travailleurs dont ils vivent, en renforçant partout la réaction la plus féroce, en assassinant par milliers les révoltés de leurs colonies.

Enfin, déchirés qu’ils sont entre eux par les rivalités les plus sordides, par la recherche exaspérée du profit, ils emploient les milliards prélevés sur les travailleurs à renforcer leurs armements et les prodigieux moyens de destruction en vue de la guerre prochaine. »

L’URSS est le contre-modèle, elle représente la solution. Elle est pour cette raison la cible de la bourgeoisie française qui, à l’instar des autres bourgeoisies, pressurisent les travailleurs, alors que « la crise développe la guerre économique prélude de la guerre militaire ».

C’est la preuve de l’actualité révolutionnaire, de la nécessité historique de l’expropriation de la bourgeoisie, et ce au moyen de la révolution, définie comme suit :

« La conquête du pouvoir par le prolétariat, c’est l’abolition violente du pouvoir de la bourgeoisie, la destruction de l’appareil d’État capitaliste (armée, bourgeoise, police, hiérarchie bureaucratique, tribunaux, Parlement, etc.) remplacé par les nouveaux organes du pouvoir prolétarien qui sont, avant tout, des instruments de répression destinés à briser la résistance des exploiteurs. »

Le Parti Communiste Français est très clairement sur la ligne de l’Internationale Communiste, sans ambiguïtés ; il assume la conception révolutionnaire. Il est aussi en capacité, désormais, d’analyser la société française.

Déjà à son sixième congrès, au 1929, le Parti Communiste Français était en mesure de présenter en détail les principaux trusts et cartels : trust des produits chimiques Kulmann, Trust de la Sidérurgie (Aciéries de la Marine Homécourt, de Denain-Anzin, de Châtillon-Commentry), Trust du matériel électrique Thomson-Houston, Trust de la T. S.F. (Compagnie de T. S. F. qui domine Radio France, Radio Électrique, et Radio Maritime), Trust de la Meunerie, Trust de la Chaussure (Société Générale de la Chaussure et Société Erlich Frères. Liées toutes deux par la banque Renard). Cartel du Ciment (Lafargue, Ciments Français et Poliet-Chausson). Consortium de l’Automobile (Ariès. Chenard et Walker, Delahaye, Donet, Rosengart), Société des Usines Citroën (Participation de la banque Lazard, de la grosse métallurgie Schneider et Châtillon-Comnientry).

En 1931, il est également un fin connaisseur de la vie politique française, avec tous ses raffinements puisqu’il y a de manière ininterrompue des négociations, accords et embrouilles au sein des forces organisant le gouvernement. L’Humanité est en mesure de présenter ce qui se passe, d’en raconter la signification, de dégager des tendances, etc.

Pour cette raison, le programme électoral communiste est capable d’une caractérisation des tendances de fond, au-delà de la problématique « gouvernementale ». C’est très important, car de son côté les socialistes ne cessent de se diviser entre « participationnistes » et « anti-participationnistes », les premiers justifiant une participation gouvernementale au motif qu’un soutien parlementaire socialiste pourrait « influer » sur le gouvernement de manière significative.

Le Parti Communiste Français récuse cette soumission au cadre parlementaire et gouvernemental, pour lui l’actualité c’est la concentration du capital pour pressuriser les travailleurs et militariser à tout va.

Il est un Parti qui connaît parfaitement la vie politique française, la situation sociale, économique, culturelle, idéologique, mais il assume la contradiction révolutionnaire, car il pose la restructuration et la guerre comme les deux aspects de l’orientation stratégique, avec la guerre qui devient de plus en plus l’aspect principal.

Le 7e congrès du Parti Communiste Français s’ouvre ainsi en mars 1932 « sous le signe de la lutte contre la guerre et pour la défense de l’URSS ».

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