Le « Printemps de Prague », comme la Tchécoslovaquie d’Alexander Dubček avait été appelée par la presse occidentale, ne consistait qu’en un mouvement de réformes libérales de grande ampleur. Le gouvernement fut totalement dépassé par les événements et les masses, mobilisées dans l’optique du libéralisme, étaient incapables d’organisation.
A trois heures du matin, le chef du gouvernement, Oldřich Černík fut arrêté par des parachutistes soviétiques. A 4h30, les agences des presses des pays participant à l’invasion expliquent que l’intervention a été provoqué par un appel urgent au secours de cadres du Parti et de l’État en Tchécoslovaquie.
A 5h45 du matin, le président tchécoslovaque Ludvík Svoboda reçut la visite d’Alois Indra et de Jozef Lenart, qui demandent la reconnaissance de leur gouvernement révolutionnaire, mais essuient un refus.
Ludvík Svoboda lança alors un appel au calme dans un message diffusé par Radio Prague à 8h15 du matin, alors que les bâtiments des journaux, de la presse et des radios rejoints en masse par la foule à partir de sept heures du matin, afin de les protéger des forces d’invasion, mais sans pour autant organiser de mouvement de résistance.
À 11 heures, l’ensemble de la direction du Parti Communiste de Tchécoslovaquie fut même arrêté par des forces spéciales soviétiques. À 15 heures, l’agence soviétique TASS diffusa alors un texte de cadres du Parti Communiste de Tchécoslovaquie justifiant l’invasion.
L’ensemble du PCT se mobilisa alors symboliquement en faveur du présidium et d’Alexander Dubček, alors qu’un appel relayé par la radio de la ville de Plzeň appela à exiger l’arrêt de l’invasion. Mais il n’y eut pas de résistance et il y eut simplement 50 morts et 500 blessés dans le pays lors de l’invasion.
Le PCT parvint le lendemain de l’invasion à tenir son XIVe congrès avec 1218 délégués, les 260 délégués slovaques étant par contre bloqués par les soviétiques. Une grève générale d’une heure eut lieu dans tout le pays à midi, nombre de services étatiques ne le faisant en réalité que quelques minutes. Le XIVe congrès menaça principalement d’une grève générale de tout le pays dans les 48 heures.
Le compte-rendu du congrès fut diffusé le lendemain par l’agence de presse yougoslave Tanjug et par une « Radio libre du comité local de Prague du PCT » ayant pris le nom de CSSR I (République Socialiste de Tchécoslovaquie I). Le PCT récusa l’invasion et réaffirma la souveraineté du pays, ainsi que le maintien des institutions.
La partie était en réalité terminée sans même avoir commencé. Le président tchécoslovaque Ludvík Svoboda commença à négocier avec l’URSS et se précipita le jour même à Moscou et rapidement il fit venir là-bas l’ensemble de la direction du PCT. L’ensemble de la direction du PCT, à part František Kriegel, accepta de signer les Protocole de Moscou qui annonçaient la « normalisation » :
« Les représentants tchécoslovaques, dans ce document, affirment leur résolution à atteindre la normalisation des relations dans notre pays sur une base marxiste-léniniste, renouveler le rôle du Parti et restaurer l’autorité de l’État fondée sur les classes ouvrières, éliminer les organisations contre-révolutionnaires de la vie politique et renforcer les relations internationales entre la République socialiste tchécoslovaque, l’Union soviétique et ses alliés socialistes. »
Le syndicat refusa d’ailleurs catégoriquement d’appeler à la grève générale. Le maximum atteint sur le plan concret fut une sorte de résistance passive, les panneaux indiquant les routes disparaissant notamment, à l’appel de Radio Prague.
Le 24 août 1968, la Pravda publia un long article présentant le XIVe congrès du Parti Communiste de Tchécoslovaquie comme contre-révolutionnaire et illégal. Les forces d’occupation prirent le contrôle de l’ensemble des bâtiments, administrations, etc. sans coup férir. Il n’y eut qu’un quart d’heure de grève générale le 26 août.
Le 27, les protocoles de Moscou furent rendus publics. Alexander Dubček s’exprima le jour même à Radio Prague, en larmes et faisant de longues pauses.