Organisant l’économie à l’échelle d’un pays, le GOSPLAN était dans la nécessité de procéder à des équilibres, des opérations de balances, afin qu’il y ait un équilibre général.
Le plan consiste en la gestion de la matière relevant des forces productives, avec un plan comptable consistant en des entrées et des sorties, un équilibre devant être réalisé, chaque entreprise devant être capable d’une « assimilation » complète de ses possibilités afin de les réaliser.
Ce plan général était la synthèse d’autres plans, dont le découpage était le suivant :
– production de l’industrie et de l’agriculture,
– transports et développement des communications,
– grands travaux et développement et de l’introduction de nouvelles techniques
– approvisionnement
– travail et salaires,
– commerce et stockages,
– domaines social et culturel,
– prix de revient de la production,
– développement de l’économie nationale par république fédérée et par région économique,
– prix et finances,
– commerce extérieur,
– synthèse générale des plans.
Dans chaque plan, il faut des équilibres également entre les balances, ces équilibres se reliant par branches ; en 1951, il y avait 1600 balances, formant le noyau de l’économie et réparties dans les 14 groupes suivants : les métaux ferreux, les métaux non ferreux, les combustibles solides, les produits pétroliers, l’énergie électrique, les produits chimiques, les produits en caoutchouc, les machines et les équipements, les matériaux de construction, les produits forestiers, le papier, les produits alimentaires, les produits manufactures, les matières premières d’origine agricole.
L’ensemble de l’économie était alors évalué selon le revenu national, en portant l’attention sur la part relevant de la consommation et celle relevant de l’accumulation destinée pour les prochains cycles productifs.
Bien sûr, en raison des faiblesses générales de l’économie, le plan est obligé de faire en sorte que le salaire à la pièce soit la règle dans les usines et dans les ateliers ; les entreprises elles-mêmes disposent de davantage de moyens en fonction de leur réussite, de leur capacité à bien exécuter le plan, à rembourser les éventuels prêts, l’idée étant que chaque entreprise doit tout faire pour dépasser le plan, une partie des « revenus » de chacune lui étant remise de toutes manières et d’autant plus en cas de dépassement.
Cela contribue de meilleure manière à l’amélioration des techniques, des outils, de l’entretien, des conditions générales de travail, de la vie sociale et culturelle avec des équipements sportifs, artistiques, etc.
La nécessité d’aller de l’avant dans le plan amena le GOSPLAN à élaborer toute une série d’initiatives théoriques et documentaires. L’Académie des sciences en 1943 formula par exemple les « Perspectives générales de la science soviétique », pour développer les sciences, visant ainsi le long terme ; un autre exemple parlant est le Second Plan d’Électrification, dont les documents de préparation de 1932 font pas moins de 4 000 pages.
On notera à ce sujet la présence d’une proposition de systématisation de l’énergie éolienne ; si le projet avait été choisi, dès 1937 l’énergie éolienne aurait fourni 2 millions de kW, soit 9 % du total, tout en formant 34 % du secteur énergétique. Après 1945, en tout cas, l’URSS produisait 9000 éoliennes par an ; rien qu’entre 1950 et 1952, la production électrique augmenta de plus de la moitié.
Un autre exemple intéressant est, en 1936, la mise en place par le GOSPLAN d’études communes avec l’Académie des sciences dans huit domaines de recherches considérés comme d’une importance capitale : l’établissement de la balance de l’économie nationale, le développement de la culture des céréales, la mécanisation et l’automatisation, l’intensification dans la chimie et la sidérurgie, la prospection minière, la recherche d’une nouvelle base pétrolière, la formation d’un centre d’interconnexion, l’approvisionnement en essence des automobiles et des tracteurs.
On se doute que, avec la question de la tendance à la guerre des pays capitalistes, la défense était une question essentielle ; l’éditorial de la revue Planexpliquait à ce sujet en mai 1937 :
« L’encerclement capitaliste et les préparatifs des États fascistes en vue d’une guerre contre l’URSS met les organes de planification devant l’obligation d’assurer un renforcement général du potentiel de défense du pays.
Tous les Plans de développement des différentes branches et de la répartition géographique des constructions nouvelles doivent être réexaminés en fonction du renforcement de la puissance militaire et défensive de l’URSS. Un élan particulier doit être donné au développement de l’industrie de la défense. »
Hors industrie d’armement, le budget de la défense passa ainsi de 23,2 milliards de roubles en 1938 à 39,2 milliards de roubles en 1939. Une telle évolution ne pouvait que nuire à la planification, de par les changements imposés ; le troisième plan fut lui-même interrompu en 1941, le quatrième n’intervenant qu’en 1945.
Ce qui nuisait également à la réalisation de la planification étaient les obstacles posées par des contre-révolutionnaires ou des personnes ne saisissant pas l’évolution en cours, provoquant des utilisations incorrectes du matériel, des retards, des manquements dans la réparation, des commandes incorrectes, une absence de modernisation, un frein aux mobilisations ouvrières, la bureaucratisation, la sous-estimation des moyens réels, des allongements de délais, la dispersion des moyens, la sous-évaluation des devis, etc.
Tout cela relevait du sabotage, mené soit subjectivement, soit objectivement, ce qui revient au même et relève de la lutte de classes, ce que les commentateurs bourgeois ont toujours nié.