La relecture : Orion et les pyramides égyptiennes et mésoaméricaines

Il faut conclure cette explication de l’émergence du monothéisme en soulignant que les découvertes ne vont plus cesser, l’humanité ayant progressé matériellement.

Mais le processus est semé d’embûches, comme en témoigne la question d’Orion.

La question est celle de pyramides égyptiennes et mésoaméricaines.

Leurs dispositions ont été choisies méticuleusement, afin de correspondre à un alignement céleste, du moins cela semble-t-il être le cas.

Ainsi, tout comme le swastika indique quatre directions, les pyramides de Khéops, de Khephren à Gizeh et la Pyramide rouge à Dahchour, soit les trois plus grandes pyramides égyptiennes, ont toutes leurs arêtes tournées précisément vers le Nord, l’Est, l’Ouest et le Sud.

Ce résultat n’a pu être obtenu qu’en prenant en compte les étoiles, ou du moins le soleil avec les équinoxes, ce qui revient au même, car pour saisir les équinoxes il faut se tourner vers l’astronomie.

Et la disposition des pyramides de la nécropole de Gizeh (les pyramides de Khéops, de Khephren et celle de Mykérinos) semble également correspondre à la ceinture d’Orion, une constellation semblant représenter, chez les Grecs anciens, un chasseur avec son arc.

Les pyramides de Gizeh et Orion en superposition (wikipedia)

La ceinture du chasseur est formée des étoiles les plus brillantes de la constellation : Alnitak, Alnilam et Mintaka.

Orion comme chasseur grec et son origine : le géant babylonien (wikipedia)

On notera aussi que si on suit l’axe des trois pyramides, on arrive 24 km plus loin au temple du soleil à Héliopolis. Nul hasard à cela, du moins on le dirait, sauf qu’on n’a aucune preuve en l’état.

Et c’est là où l’humanité bute sur les faits. Le problème est ici que ceux qui ont découvert cette « corrélation » des étoiles d’Orion avec les pyramides ont également remarqué qu’elle était la plus parfaite au plus bas du cycle de précession (c’est-à-dire du cycle de visibilité), soit en – 10 500.

Ils en ont déduit… que les pyramides dataient de cette époque et les scientifiques bourgeois en ont profité pour tout réfuter. C’est là une double erreur, car en réalité, le plus vraisemblable est que la disposition des pyramides fait justement référence à l’émergence de la constellation.

Comment peut-on de toutes façons dire qu’il n’y a aucun rapport avec Orion, alors que la nécropole est dédiée au dieu de la mort Osiris, lié dans l’antiquité égyptienne à… la constellation d’Orion ?

Surtout que dans la religion égyptienne, Osiris est l’inventeur de l’agriculture et à l’origine de la religion : il meurt assassiné mais revient à la vie, devenant souverain de l’au-delà. Quoi de plus logique que de faire référence alors à Orion en son « début » ?

Le problème qu’on a ici, bien entendu, c’est qu’il y a une cohorte d’acteurs paranoïaques rêvant d’une science « alternative » où les pyramides du monde entier auraient comme auteur une civilisation extra-terrestre, etc.

Il y a une immense scène « new age » qui trafique l’astronomie et l’astrologie, qui utilise des vraies questions de fond « oubliées » par la bourgeoisie pour diffuser des interprétations petites-bourgeoises fantasmatiques.

On trouve un nombre incalculable d’ouvrages, de films, de série, de documentaires où, de manière très marquée, l’avenir et le passé sont mélangés, à la manière typiquement petite-bourgeoisie de concilier les contraires.

Le plus grand symbole de cette monstruosité, c’est la série de documentaires « Alien Theory », qui existe depuis 2010 avec 238 épisodes et qui continue à aborder de nombreux thèmes de l’Antiquité en massacrant toute réflexion au moyen de la lubie des « anciens astronautes », extra-terrestres venus apporter la « civilisation ».

« Alien Theory » : de pseudos documentaires pour apporter la confusion dans la compréhension de l’Histoire

Ces délires sont néanmoins tout à fait logiques, ils représentent l’action ininterrompue de l’idéalisme pour empêcher une saisie matérialiste dialectique de l’Histoire.

L’humanité ne pense pas, nous sommes des animaux capables de réflexion, par conséquent il est inévitable que la marche de l’humanité en avant, pour inégale qu’elle soit, tende dans la même direction.

Telle est la vraie raison pour laquelle Orion joue un rôle en Égypte, mais également chez les Mayas.

Voici ce que dit la Nasa au sujet du rôle d’Orion chez les Mayas :

« La constellation d’Orion est visible dans le ciel nocturne du monde entier, de décembre à avril de chaque année.

La nébuleuse (également cataloguée sous le nom de Messier 42) est située dans l’épée d’Orion, suspendue à sa célèbre ceinture de trois étoiles.

L’amas d’étoiles intégré dans la nébuleuse est visible à l’œil nu comme une seule étoile, avec un certain flou apparent pour les observateurs les plus perspicaces.

En raison de son importance, les cultures du monde entier ont accordé une importance particulière à Orion.

Les Mayas de Mésoamérique considèrent la partie inférieure d’Orion, sa ceinture et ses pieds (les étoiles Kappa Orionis et Rigel), comme étant les pierres du foyer de la création, semblables au foyer triangulaire à trois pierres qui est au centre de toutes les maisons mayas traditionnelles.

La nébuleuse d’Orion, située au centre du triangle, est interprétée par les Mayas comme le feu cosmique de la création entouré de fumée. »

Orion, plus précisément sa ceinture, joua en fait un rôle dans toute la Mésoamérique. Ainsi, si on prend les pyramides de Teotihuacan, en Mésoamérique, on retrouve Orion. Les pyramides du soleil, de la lune et de Quetzalcoatl sont pareillement alignés sur la ceinture d’Orion, du moins le semble-t-il.

Ce n’est pas qu’il y avait des contacts entre Égyptiens et les Mésoaméricains, bien évidemment.

C’est que le culte des étoiles est le même dans toute l’Humanité, avec les mêmes considérations sur les étoiles les plus brillantes et les phénomènes les plus marquants.

Voici comment on retrouve Orion chez Hésiode, dans son poème Les Travaux et les Jours :

« Commence la moisson quand les Pléiades, filles d’Atlas, se lèvent dans les cieux, et le labourage quand elles disparaissent ; elles demeurent cachées quarante jours et quarante nuits, et se montrent de nouveau lorsque l’année est révolue, à l’époque où s’aiguise le tranchant du fer…

Lorsque [les constellations] Orion et Sirius seront parvenus jusqu’au milieu du ciel, et que l’Aurore aux doigts de rose contemplera [la constellation] Arcture, ô Persès ! cueille tous les raisins et apporte-les dans ta demeure… »

Les premiers êtres humains n’ont pas eu en commun que le culte du soleil et de la lune ; ils avaient également observé les étoiles et leurs mouvements, cherchant à y trouver un sens, une signification par rapport à l’existence du monde et sa nature.

La grande difficulté est bien entendu que nous en savons trop peu sur les religions antiques qui utilisaient massivement l’astronomie. D’une part, on a perdu les documents historiques la plupart du temps ; d’autre part, ces religions antiques se sont effondrées-intégrées dans les parcours historiques qui ont suivi.

Mais nous sommes le prolongement de ce passé et l’humanité qui s’approfondit est capable de saisir sa propre évolution.

Ainsi, paradoxalement, plus on avance dans le temps et plus on s’éloigne de ce passé, plus on peut le comprendre en dépassant ce qui l’a suivi, ce qui produit une mise en perspective. C’est là la dialectique de toute considération historique réelle.

Et c’est cela qui permet d’appréhender les traits généraux du monothéisme, en sachant que la porte est ouverte à d’immenses approfondissements désormais.

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