Adolf Hitler fut nommé chancelier d’Allemagne par le président Paul von Hindenburg, le 30 janvier 1933, à la suite d’un long processus de tractations. Le parti nazi était alors financièrement exsangue et la base des S.A. toujours plus pressée d’obtenir des résultats concrets.
En pratique, il s’agit donc d’une alliance entre le parti nazi et la fraction ultra-conservatrice, regroupant notamment le DNVP (Deutschnationale Volkspartei – Parti national-allemand du Peuple) et la « Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten » (« Casque d’acier », ligue des soldats du front).
Le DNVP faisait grosso modo entre 9 et 15 % des voix aux élections, quant au Stalhelm, c’était une milice d’un million de personnes. Ces structures, avec d’autres, s’étaient déjà alliées aux nazis dans le « Front de Harzburg » en 1931.
En arrière-plan de cela, on trouve la « Industrielleneingabe », pétition en novembre 1932 de vingt représentants de l’industrie, de la finance, et de l’agriculture au président Paul von Hindenburg, appelant à la nomination de Adolf Hitler en tant que chancelier. D’autres clubs industriels firent de même en automne 1932, comme le Hamburger Nationalklub, ainsi que des clubs aristocratiques, comme le Berliner Nationalklub von 1919.
Cela se déroulait alors que la guerre civile larvée propagée par les S.A. faisait des centaines de mort. La justice bourgeoise allemande était d’ailleurs ici « aveugle de l’oeil droit » comme il était dit en Allemagne.
C’était le prolongement de l’esprit qui avait régné lors de l’effondrement de la monarchie et la révolution de 1918. Alors, 90% des meurtres par des corps-francs n’amenèrent pas à des enquêtes. Sur 314 condamnations pour meurtres, la moyenne était de deux mois de prison. Pour 15 révolutionnaires, surtout communistes, emprisonnés pour les mêmes faits, il y eut huit condamnations à mort et sept à en moyenne 14 années de prison.
En ce qui concerne les années 1930, la situation était similaire. Par exemple, pour la période du 7 août au 7 décembre 1932, la justice allemande prononça 2297 condamnations à mort contre les antifascistes, aucune contre les nationaux-socialistes.
Durant la même période, les condamnations d’antifascistes au pénitencier, en termes d’années, s’élevaient à 405 années, contre 21 aux nationaux-socialistes ; pour les années de prison, le total était de 827 années pour les antifascistes, de 108 ans pour les nationaux-socialistes. Enfin, pour les condamnations à une prison consistant en une sorte de résidence surveillée (« festunghaft »), les condamnations furent de 32 années au total pour les antifascistes, et rien pour les nationaux-socialistes.
Cela concernait les tribunaux réguliers ; pour les tribunaux spéciaux, les condamnations au pénitencier formaient 457 années pour les antifascistes, 99 pour les nationaux-socialistes, et 498 années de prison pour les antifascistes, 149 pour les nationaux-socialistes.
Après la nomination d’Adolf Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933, le parlement fut dissous le premier février, et le 4 février les droits de presse et de réunion furent supprimées. Le 20 février, Adolf Hitler rencontra de manière secrète 25 industriels lui fournissant plusieurs millions pour les prochaines élections.
Alors, le 22 février, la S.A., ainsi que la S.S., furent nommés comme auxiliaires de police. C’est le début d’une terrible vague de terreur, principalement « justifiée » par l’incendie du parlement, le Reichstag, le 27 février par un militant d’ultra-gauche.
A partir de cette date, les activités politiques progressistes publiques sont impossibles, mais ce n’est pas tout. Non seulement la police et les services secrets procédèrent à l’arrestation de milliers d’activistes – au moins 10 000 communistes -, mais les S.A. firent de même.
Des milliers de personnes furent enlevées et amenées dans les bases des S.A., ainsi que dans les locaux socialistes et communistes pris d’assaut par les nazis. Elles furent placées dans les caves ou des cellules improvisées, torturées de manière terrifiante, avec par exemple les cheveux arrachés et des croix gammées gravées dans la tête, toutes les dents brisées une par une, etc., voire violées.
Malgré cela, les élections du 5 mars 1933 n’apportent pas la majorité absolue aux nazis. Le Parti Communiste d’Allemagne obtint 12,3 % des voix, la social-démocratie 18,3 % des voix, dans des conditions pourtant terrifiantes.
Dans le prolongement de cet élan, le 22 mars 1933, le camp de concentration de Dachau fut ouvert ; 49 autres suivront durant l’année.
En avril, 30 000 personnes étaient déjà en camp. 300 personnes au moins ont été assassinées, chiffre très faible mais les chiffres sont ici difficile à connaître bien entendu, particulièrement concernant la vague menée par les S.A..
150 000 personnes ont subi la torture à différents degrés, 350 000 perquisitions ont eu lieu, 600 journaux ont été interdits. En février 1934, le nombre de gens en camp passe déjà à 170 000, le nombre de personnes tuées est au moins de plusieurs milliers. La terreur nazie était instaurée.