Au-delà de la critique des mathématiques pour sa nature formaliste – objectiviste et de la physique moderne pour ses conceptions idéalistes la bloquant dans son développement, Lénine puise également la dialectique de la nature dans Hegel, avec Hegel et contre Hegel.
Voici comment il définit la dialectique, reprenant Hegel mais en même temps en ayant conscience de la limite historique de celui-ci :
La dialectique est la théorie de la façon dont les contraires peuvent être et sont habituellement (dont ils deviennent) identiques — des conditions dans lesquelles ils sont identiques en se changeant l’un en l’autre — des raisons pour quoi l’esprit humain ne doit pas prendre ces contraires pour morts, figés, mais pour vivants, conditionnés, mobiles, se changeant l’un en l’autre. En lisant Hegel [en français]…
Lénine note également le passage suivant de Hegel :
148… « C’est la nature du fini lui-même de se dépasser, de nier sa négation, et de devenir infini »… Ce n’est pas une force (Gewalt) extérieure (fremde) (149) qui transforme le fini en infini, mais sa nature (seine Natur) (du fini).
Et à côté il écrit :
La dialectique des choses elles-mêmes, de la nature elle-même, de la marche même des événements .
Voici enfin comment dans ses notes, Lénine arrache les « éléments de la dialectique » à la logique dialectique de Hegel flottant au-dessus de la matière, exposant ce qui constitue une compréhension de celle-ci : « Peut-être est-il possible de présenter ces éléments ainsi, de façon plus détaillée :
- objectivité de l’examen (pas des exemples, pas des digressions, mais la chose en elle-même).
- tout l’ensemble des rapports multiples et divers de cette chose aux autres.
- le développement de cette chose (ou encore phénomène), son mouvement propre, sa vie propre.
- les tendances (et # aspects) intérieurement contradictoires dans cette chose.
- la chose (le phénomène, etc.) comme somme et unité des contraires.
- la lutte ou encore le déploiement de ces contraires, aspirations contradictoires, etc.
- union de l’analyse et de la synthèse, séparation des différentes parties et réunion, totalisation de ces parties ensemble.
- les rapports de chaque chose (phénomène, etc.) non seulement sont multiples et divers, mais universels. Chaque chose (phénomène, processus, etc.) est liée à chaque autre.
- non seulement l’unité des contraires, mais aussi les passages de chaque détermination, qualité, trait, aspect, propriété en chaque autre [en son contraire?]
- processus infini de mise à jour de nouveaux aspects, rapports, etc.
- processus infini d’approfondissement de la connaissance par l’homme des choses, phénomènes, processus, etc., allant des phénomènes à l’essence et d’une essence moins profonde à une essence plus profonde.
- de la coexistence à la causalité et d’une forme de liaison et d’interdépendance à une autre, plus profonde, plus générale.
- répétition à un stade supérieur de certains traits, propriétés, etc., du stade inférieur et
- retour apparent à l’ancien (négation de la négation)
- lutte du contenu avec la forme et inversement. Rejet de la forme, remaniement du contenu.
- passage de la quantité en qualité et vice versa, (15 et 16 sont des exemples du 9)
- On peut définir brièvement la dialectique comme la théorie de l’unité des contraires. Par là on saisira le noyau de la dialectique, mais cela exige des explications et un développement.
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