Les conditions de la tenue du deuxième congrès de l’Internationale Communiste furent extrêmement difficiles, car la Russie soviétique connaissait un blocus international.
Trouver des traducteurs et des secrétaires pour noter les discours était ardu ; seulement deux dactylos furent trouvés en allemand, un en français, aucun en anglais. Rien que pour déchiffrer les notes du congrès, il fallut deux mois.
Les votes effectués concernent les orientations générales, qui sont débattues au congrès avec des intervenants donnant leur point de vue. Ces orientations générales sont :
– travaillées en amont dans des commissions, qui formulent un texte d’orientation servant de base de discussion ;
– retournées aux commissions concernées pour l’écriture d’une version finale.
Les commissions sont composées de délégués de tous les pays ; leurs thématiques sont les suivantes :
– le mouvement syndical :
– le parlementarisme ;
– la question agraire ;
– les tâches de l’Internationale ;
– la question coloniale et nationale ;
– les conditions d’adhésion.
Lénine est lui-même membre de plusieurs commissions : celle sur la question agraire, celle sur les tâches de l’Internationale, celle sur la question coloniale et nationale.
Le ton est résolument offensif. Zinoviev, qui préside l’Internationale Communiste souligne l’importance d’une structure clandestine, il explique l’importance de combattre les syndicats jaunes, y compris de manière armée, etc.
Dès la première session du congrès, il explique la situation et l’ambition du mouvement :
« L’effondrement de la seconde Internationale [des sociaux-démocrates refusant la révolution russe] reflète l’effondrement de l’ordre bourgeois lui-même. C’est le pivot autour duquel tout se tourne.
Nous avons battu la seconde Internationale, parce que « le crépuscule des dieux » du capitalisme a commencé.
Nous avons battu la IIde Internationale parce que la bourgeoisie ne peut et ne pourra liquider nulle part dans le monde entier le testament de la guerre impérialiste. »
Dans un discours le dernier jour, le 7 août 1920, il dit même que le second congrès qui se termine est le précurseur d’un autre congrès mondial, celui des républiques soviétiques à l’échelle de planète.
Cette vision est clairement urgentiste et sera remise en cause par la suite ; ainsi le IIIe congrès de l’Internationale Communiste n’adoptera pas le point de vue comme quoi la IIde Internationale était totalement écrasée.
Cependant, la clef de l’attitude de l’Internationale Communiste face aux questions, c’est qu’il est considéré qu’il y a une crise générale du capitalisme. Au départ, c’est Eugen Varga qui fut chargé d’établir une analyse approfondie de ce phénomène, avec ses conséquences. L’idée générale, c’est que le capitalisme ne parvient pas à se remettre de la guerre mondiale. Il surmonte certains aspects, mais il reste prisonnier de tels problèmes qu’il va à son effondrement.
Lénine intervient de fait au tout début du congrès, pour faire un long exposé de l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme. Il souligne qu’il ne faut pas être unilatéral : il ne s’agit pas de dire que la bourgeoisie n’a plus d’issue, car celle-ci peut forcer le cours des choses sur plusieurs aspects encore.
L’Internationale Communiste se réunit justement, selon Lénine, comme preuve historique que la bourgeoisie ne sera pas en mesure de le faire ; Lénine pose en fait une alternative historique. D’où son exigence que d’authentiques Partis Communistes soient formés, pour profiter de la crise révolutionnaire.
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de l’Internationale communiste